Agir localement, penser globalement.

Issue de Dynamo AMO, spécialisée dans le travail social de rue à Bruxelles depuis plus de 30 ans, Dynamo International est une ONG atypique dans le champ de la coopération. 

Dans les années 84-86, alors professeur dans une école professionnelle d’enseignement spécialisé à Uccle, j’ai eu le plaisir de développer avec d’autres éducateurs et enseignants, des activités parascolaires, dont un club de cyclotourisme (d’où le nom Dynamo). Le weekend, jeunes et enseignants se sont retrouvés ensemble tout simplement pour mieux se connaître à travers des sorties à vélo. 

A partir de 1988, le groupe d’enseignants et d’éducateurs bénévoles commence à se professionnaliser. Ensemble, nous lançons Dynamo, bientôt agréée par le secteur de l’Aide à la Jeunesse en Communauté française, qui, en se concentrant dans certaines rues bruxelloises, allait développer les prémices d’une réflexion sur une méthodologie innovante en travail social : le travail social de rue.

Une équipe d’éducateurs de rue est alors constituée et les premières tournées de quartier s’organisent dans les rues d’Ixelles, Forest et Uccle. Ils mènent un travail préventif, combinant un accompagnement individualisé et collectif avec des groupes de jeunes dans les quartiers.

Cette proximité avec le terrain avait tout son sens. Bien que particulièrement développé à Bruxelles, le monde associatif de l’époque s’éloignait de plus en plus d’une nouvelle jeunesse qui avait grandi dans les quartiers les plus défavorisés. Les évènements de mai 1991 allaient mettre cette problématique à l’ordre du jour de l’agenda politique et nous allions nous retrouver aux premiers rangs pour y être impliqués.

Très vite des connexions internationales se développent. Dynamo est alors sollicité par des travailleurs sociaux de rue du Sénégal, Vietnam, Québec, Suisse, Haïti (entre autres) pour organiser une mobilisation à un niveau international. L’ONG Dynamo International nait en mars 2001 et sera agréée par la coopération belge en 2004.

Dès 2002, Dynamo International organise avec les travailleurs de Dynamo AMO le premier forum international des travailleurs sociaux de rue « Paroles de rue ». Plus de 750 professionnels issus d’une cinquantaine de pays se réunissent à Bruxelles, Place Flagey. Lors de cet événement, les participants manifestent le souhait de tisser un réseau international de travailleurs sociaux de rue dans le but de partager expériences et pratiques et d’accroitre la reconnaissance et la visibilité du travail de rue.

Depuis 2002, Dynamo International coordonne le réseau international de travailleurs sociaux de rue (Dynamo International – Street Workers Network) et fédère depuis 2015 plus de 11.500 professionnels du travail social de rue dans 51 pays sur 4 continents.

Contexte international

Dans un contexte de stigmatisation accrue des populations vivant dans les rues, l’identité sociale virtuelle remplace l’identité sociale réelle. Différentes formes d’exclusion sociale apparaissent, ces exclus étant considérés dès lors comme de « figures dangereuses » que les populations craignent et dont ils se méfient : jeunes et moins jeunes chômeurs, drogués, sans domicile fixe, enfants soldats, enfants sorciers, domestiques, sans papiers, réfugiés, illégaux, délinquants, personnes à bas revenus, marginaux, population en situation de rue, population d’origine étrangère…

Les principes du travail de rue

Le travail social de rue est celui réalisé par des acteurs sociaux qui ont, à un moment donné, privilégié une approche extra muros dotée d’une éthique forte faite de respect et de tolérance au profit des populations les plus exclues.

Pour ces acteurs, il s’agit d’être le plus facilement et le plus simplement accessible pour un public d’enfants, de jeunes filles et de garçons vivant dans des conditions précaires et subissant des formes multiples d’exclusion.

L’idée qui sous-tend le travail de rue n’est pas de sortir la personne de la rue ou de son milieu de vie « à tout prix », surtout s’il s’agit de la cloisonner dans un nouvel espace social où celle-ci se sentira plus mal à l’aise.

La rue, marqueur de l’exclusion sociale

La vie dans la rue n’est pas la conséquence du seul facteur économique, elle est le résultat de différents processus d’exclusion (sociale, culturelle, environnementale, éducative, politique…).

Bien que la rue comporte des risques et des dangers, elle est aussi un lieu de socialisation et de résistance. Pour certains professionnels, occuper la rue n’est pas que la résultante négative et aliénante d’un processus de désaffiliation[1] ; cela représente aussi, pour bon nombre d’entre eux, des stratégies positives de survie dans l’immédiat, de reconstruction de liens sociaux structurants et de transition pour apprendre à mieux contrôler leur avenir.

Nos actions de coopération

Dynamo et Dynamo International, tous deux agréés comme service d’accompagnement de jeunes dans le secteur de l’Aide à la Jeunesse en Fédération Wallonie Bruxelles poursuivent leurs actions de terrain en Belgique.

Dynamo International pour sa part coordonne et mobilise ce vaste réseau de travailleurs sociaux de rue à travers les 4 continents. Si une part importante de notre action consiste à renforcer la méthodologie du travail social de rue dans le monde, il s’agit aussi de contribuer à construire des réponses sociales à des problèmes sociaux à travers une stratégie de plaidoyer au niveau local et au niveau international auprès des plus hautes instances[2] (Comité des Droits de l’enfant de Genève, Commission européenne etc…).

Partant du constat que partout dans le monde, les enfants les plus fragilisés et en situation de rue sont de plus en plus maltraités et leurs droits de moins en moins respectés, nos actions visent à lutter contre cette dégradation.  Dynamo International contribue dès lors à ce que l’enfant soit considéré comme sujet de droits, reconnu dans ses richesses et potentialités. Qu’il soit acteur de son propre développement.

Que ce soit à Haïti, au Népal, au Vietnam ou en RDC où nous sommes particulièrement actifs, notre conception de la coopération tient d’une coopération de métier.

La coopération au développement n’a de sens que dans le cadre d’un vrai partenariat.  Les réalités des terrains Nord ou Sud sont certes différentes et les priorités apparentes ne sont pas les mêmes pour tout un chacun.   Néanmoins, il ressort de notre expérience de réseau, la construction d’une réelle identité collective[3] mobilisée autour d’enjeux similaires, des enjeux à la fois locaux et internationaux de lutte contre la pauvreté et les discriminations.

En la matière, une mise en réseau constitue une stratégie de mobilisation solidaire où l’ensemble des partenaires ont à gagner tant dans l’échange que dans la construction de nouvelles perspectives sociales, éducationnelles et de développement durable humain, ce qui est facilité par le fait que nous partageons tous une même expérience de terrain.

La république Démocratique du Congo, un nouveau programme 2017-21.

Les enfants en situation de rue échappent à la plupart des services et institutions d’aide sociale en République Démocratique du Congo (RDC). Seuls, 7% des enfants en situation de rue ont accès à un service social de base qui consiste, pour la grande majorité des cas en un service d’hébergement uniquement. Les services sociaux de base sont peu accessibles aux enfants en situation de rue et les travailleurs sociaux sont peu outillés, mal rémunérés et peu reconnus. Il est donc primordial de renforcer et de promouvoir le travail social de rue en RDC, ce qui est en partie le rôle du Comité d’Appui au Travail Social de Rue (CATSR), partenaire du programme sur place. Ce programme s’inscrit également dans le cadre du projet n°19 « Droits et protection de l’enfant en RDC » de la commission mixte entre le Fédération Wallonie Bruxelles et le Gouvernement congolais. Notre deuxième partenaire local est le Ministère des Affaires Sociales et plus particulièrement la DISPE, Direction des Interventions Sociales pour la Protection de l’Enfant.

Le programme s’organise autour de différents types d’activités :

  • Un renforcement de capacité des acteurs publics et privés du secteur de la protection de l’enfant, et en particulier les travailleurs sociaux de rue, pour améliorer la prise en charge des enfants en situation de rue (échange entre pairs, échanges Nord/Sud entre praticiens, formations de base, formations continuées, formations de formateurs),
  • L’animation de concertation entre professionnels pour assurer une transversalité et une approche holistique dans la prise en charge des enfants en situation de rue,
  • Un plaidoyer envers les autorités publiques à différents niveaux pour renforcer la mise en œuvre de la loi portant protection de l’enfant, dans l’optique d’obtenir une réelle coordination ministérielle autour de la question de la protection de l’enfance.
  • Une sensibilisation du grand public pour réinstaurer du lien social et inclure les enfants en situation de rue dans la société.

Dynamo International est dans une position de soutien/renforcement du Ministère des Affaires Sociales et du partenaire, le CATSR, en charge de la mise en œuvre du programme sur place.

A titre d’exemple, un centre d’accueil d’urgence pour enfants en situation de rue « LIKEMO-CATSR » a été construit en collaboration avec le Ministère des Affaires Sociales de la RDC qui a mis un terrain à disposition sur la commune de Bandalungwa à Kinshasa. Chaque jour de nombreux enfants viennent se laver, se reposer, suivre des cours d’alphabétisation et bénéficient d’un accompagnement par les travailleurs sociaux de rue.

L’équipe d’Aide en Milieu Ouvert de Kinshasa est composée de 10 Travailleurs Sociaux de Rue. Ils forment tour à tour des binômes pour assurer des permanences au sein du centre d’accueil d’urgence.  Les autres, en tournée de quartier dans les milieux de vie des enfants en situation de rue, sont au besoin, des relais privilégiés vers la structure d’urgence.

Le centre compte également sur une cuisinière pour les repas et une infirmière, pouvant assurer quelques soins.  Son rôle est d’évaluer l’état de santé de l’enfant, d’intervenir pour les premiers soins et, au besoin le transférer dans les structures plus équipées.

Des équipes de travailleurs sociaux de rue sont également soutenues dans 5 autres villes en RDC (Lubumbashi, Mbuji-Mayi, Boma, Bukavu et Kananga).

 

Edwin de Boevé

Directeur Dynamo

 

[1] Désaffiliation : déficit de filiation et déficit d’affiliation, soit le déficit d’inscription dans des liens sociaux primaires (notamment familiaux) et donc de protection (par des proches) et le déficit d’inscription dans des formes collectives de protection et, en particulier, la protection issue des collectifs de travail.

[2] Dynamo International a dernièrement contribué à l’élaboration d’une Observation général par le Comité des Droits de l’enfant de Genève sur les enfants en situation de rue. http://tbinternet.ohchr.org/_layouts/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CRC/C/GC/21&Lang=fr

[3] Jean Blairon, in Actes du forum international des acteurs clés de l’enfance et du travail de rue – Dynamo international – Novembre 2002.

 

Dynamo International – Street Workers Network

Centre LIKEMO-CATSR

38 rue Mbanza-Boma

Kinshasa- Bandalungwa

Délégation Wallonie Bruxelles

206 Avenue de la Nation

Kinshasa- Gombé

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Tél Belgique ; +32 477 547 139

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