Rencontre avec un Compagnon du Tour de France

Pierre Guelff - FAML

Le Compagnonnage est d’actualité avec la restauration de Notre-Dame de Paris. Pour cette institution où la devise « La main est la prolongation de l’esprit » est particulièrement chérie, c’est une étape parmi d’autres.

Alexandre Decharneux est Compagnon menuisier du Devoir de Liberté, dit Brabançon Noble Cœur et il nous accorda un entretien en évoquant son parcours dans les arcanes de ce système de transmission d’un savoir-faire incomparable. Reportage

Le Compagnonnage est cet ensemble de travailleurs particuliers où la main et l’esprit se retrouvent en tout ou en partie dans la construction ou la réfection d’édifices et d’œuvres éparpillés sur toute la planète.

Quelques exemples parmi tant d’autres : pendentif du château d’Avignon, pont et grand théâtre de Bordeaux, hôtel de ville de Marseille, pont-canal d’Agen, la basilique de Saint-Maximin à La Sainte-Baume, les arènes, la Tour Magne, la porte de la Maison Carrée et le Temple de Diane à Nîmes, les grilles du chœur de la cathédrale d’Amiens, la coquille de la place du Palais à Montpellier, le front de mer du port d’Alger, la restauration de la statue de la Liberté à Ney York, le pont du Gard, la serrurerie de la machine de Marly par Louis le Liégeois, les grilles de la place Stanislas à Nancy, les flèches torses de l’église de la Chartreuse à Rouen, à Paris, l’opéra, la tour Eiffel, le pont Alexandre III et, bien entendu, Notre-Dame…

C’est à l’Espace Entrée Libre d’Etterbeek, qu’Alexandre Decharneux, commissaire de l’exposition « Le Compagnonnage » qui s’est déroulée durant l’été dernier, un événement culturel hors du commun par la présentation d’une dizaine de chefs-d’œuvre ou maquettes remarquables, nous accorda un entretien.

– Parlez-nous de votre formation, de votre itinéraire professionnel, de ce fameux Tour de France qui, contrairement à ce que d’aucuns croient, n’a aucun rapport avec le cyclisme…

– J’ai commencé ma formation il y a presque neuf ans en allant faire mon CAP en France dans un centre d’apprentissage des Compagnons du Tour de France[1]. J’y ai obtenu mon certificat d’aptitude professionnelle au bout de deux ans et ensuite je suis parti sur le Tour de France.

J’ai voyagé à Toulouse, Grenoble, Nantes, Paris…, j’ai eu la chance de rencontrer énormément de personnes durant ce parcours et d’apprendre le métier me permettant, à présent, d’être installé en Belgique (Frasnes-lez-Gosselies).

– Évoquez-nous davantage ce parcours initiatique et l’objectif de votre exposition bruxelloise.

– La journée, nous sommes salariés dans des entreprises et, le soir, il s’agit du « vrai » Compagnonnage, là où nous dessinons, construisons des maquettes, faisons des exercices, c’est-à-dire des chefs-d’œuvre.

Certains d’eux sont exposés dans le but de les mettre à l’honneur après la Sainte-Anne qui vient de se dérouler fin juillet à Bruxelles.

Ce fut un événement historique puisque depuis cinq cents ans, jamais cette fête patronale n’était sortie de France.

Nous avons donc eu l’audace d’organiser cela et, pour en faire écho, nous tenions à réaliser une exposition afin de mettre l’accent sur ce centre d’apprentissage du Jura et de faire découvrir le Compagnonnage, ici, au cœur de l’Europe, car il n’a jamais réellement pu se développer au-dessus du nord de Paris.

Nous tentons progressivement de faire découvrir les belles valeurs que nous essayons de véhiculer à travers des métiers et des humains.

– Les légendes, les coutumes, les us sont-ils toujours d’application ? Par exemple, la Mère ? La Mère, en milieu compagnonnique, est la personne qui veille sur la vie intérieure de la Cayenne – Maison des Compagnons -, accueille, soutient moralement et est un éventuel lien avec les familles.

– Oui, nous avons les Mères dans nos sièges. Il y a la Mère chez les charpentiers, il y a la Mère chez les menuisiers. C’était la seule figure féminine dans le Compagnonnage, mais, à l’heure actuelle, le Tour de France s’est agrandi et les femmes y sont de plus en plus présentes.

Nous sommes très heureux de les accueillir, d’ailleurs.

L’année prochaine, je pense que nous pourrons recevoir les premières femmes Compagnonnes à la Fédération compagnonnique.

– Participez-vous au renouveau de la cathédrale de Paris ?

– Certains Compagnons y participent, effectivement. Si un Compagnon peut être salarié dans une entreprise ou artisan, pour ma part, j’ai eu l’occasion de travailler sur d’autres beaux monuments, puisque j’ai été chef d’atelier durant deux années dans l’entreprise consacrée aux Monuments historiques de Paris.

J’ai eu l’occasion d’aller à Matignon, à Versailles, à l’Élysée, dans divers endroits qui sont tout aussi beaux que Notre-Dame.

– Quel était votre rôle ? Restauration et/ou apporter quelque chose de nouveau avec un autre regard par rapport au Compagnonnage ancien ?

– Nous étions dans la restauration pure et dure et suivions les directives des architectes des Bâtiments de France, mais c’est vrai que nous intégrons des techniques modernes, on l’a vu avec des 3D qui ont été réalisées à l’occasion de Notre-Dame de Paris.

Ce sont des éléments-clés vers une ère de modernité. C’est tout l’enjeu du Compagnonnage : innover et faire perdurer nos traditions.

– Au-delà du métier, peut-on dire que le Compagnonnage est une École de Vie ?

– Tout-à-fait ! On apprend énormément quand on se trouve éloigné de sa famille, que l’on doit prendre ses responsabilités et vivre en communauté, découvrir ces aspects fraternels aussi.

On apprend à s’émanciper, à devenir des Hommes, au travers de ce fil conducteur qu’est toujours le métier.

– Le Tour de France pourrait-il devenir européen ?

– Le Compagnonnage a des points de chute dans d’autres pays. Ainsi, on a des Compagnons aux États-Unis, en Inde… Là où il y a un Compagnon, il peut y avoir des itinérants (étudiants dans le but de parfaire sa formation).

– La transmission s’opère donc au-delà de la France ?

– Oui, même si c’est encore au stade embryonnaire. En Belgique, le Compagnonnage est très peu connu, pourtant, cela peut être un moyen d’apprentissage incroyable en alternance.

Ainsi, on peut être à la fois salarié six semaines dans une entreprise, puis deux semaines en formation.

C’est quand même une belle arme pour se former professionnellement de manière concrète.

– Quel message souhaitez-vous passer à un jeune ? Au-delà des voyages, quelle différence y a-t-il entre l’école traditionnelle et le Compagnonnage ?

– C’est une question qui se pose souvent à l’itinérant, car c’est dur de partir de chez soi durant dix ans. C’est long ! Mais, c’est tellement formateur et quand on revient…

On part d’une église et d’un clocher et quand on revient, on les regarde tout-à-fait différemment !

C’est une expérience magnifique qu’il faut oser entreprendre et quand on l’a réalisée, on est vraiment content.

Tout l’enjeu pour les jeunes qui ont été reçus Compagnons, est de transmettre à leur tour.

On m’a expliqué ça la première fois que je suis parti sur le Tour de France.

À savoir ?

– Je voulais payer le plein d’essence au Compagnon qui m’amenait à mon premier patron. Il me dit : « Non, tu apprendras que dans le Compagnonnage, d’abord on reçoit, ensuite on donne. »

C’est tellement fort, c’est tout l’enjeu d’aujourd’hui et du futur : retransmettre ce que l’on nous a donné gratuitement !

Pays et patronymes

Pour compléter cette interview, il faut préciser que les Compagnons et Affiliés Menuisiers et Serruriers du Devoir de Liberté sont des « Enfants de Salomon », le rite du Devoir de Liberté ayant pour fondateur légendaire le roi Salomon dont le règne se serait étendu de 970 à 931 av. J-C.

Les Compagnons s’appellent entre eux « pays » et ont un patronyme compagnonnique constitué du nom de région ou province dont ils sont originaires et d’un trait de caractère.

Dans le cas d’Alexandre Decharneux : « Brabançon Noble Cœur ».

En Franc-Maçonnerie Opérative, considérée par des historiens comme la cousine du Compagnonnage, ce patronyme est aussi de mise au Rite Opératif de Salomon fondé dans les années 1970 au Grand Orient de France.

La différence fondamentale qui existe entre l’école technique et professionnelle classique et le Compagnonnage, peut donc se résumer en une seule phrase : « C’est en forgeant qu’on devient forgeron » !

Dans le premier type d’enseignement cité, la théorie prédomine la pratique alors que l’apprentissage en milieu compagnonnique se caractérise à travers la déclaration d’Émile-le-Normand, Compagnon Passant Serrurier du Devoir : « Je bâtis pour les Hommes, je bâtis avec les Hommes et, ce qui se voit moins en faisant cela, je bâtis des Hommes. »

Photos 

Chef-d’œuvre compagnonnique (Photo Marie-Paule Peuteman)

Maquette compagnonnique (Photo Marie-Paule Peuteman)

Evras : utopie ou hérésie? Mais pourquoi les opinions divergent tellement?

Marie Béclard - FAML

Qui n’a pas entendu parler d’Evras (l’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle)? Entre les écoles incendiées à Charleroi et à Liège, ainsi que les manifestations s’y opposant, il était difficile de ne pas être confrontée à cette question incontournable. Il est également difficile de ne pas remarquer le mécontentement de certaines personnes qui font largement circuler des informations négatives autour de l’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle. Cette avalanche d’informations alimente indéniablement la peur et suscite des inquiétudes chez de nombreuses personnes y compris les parents.Une peur directement alimentée par les sources secondaires parce qu’au final, qui a vraiment lu les 300 pages du rapport destiné aux animateurs EVRAS

C’est quoi l’Evras?

L’Evras est défini “comme L’éducation la vie relationnelle, affective et sexuelle est un processus éducatif qui implique notamment une réflexion en vue d’accroître les aptitudes des jeunes à opérer des choix éclairés favorisant l’épanouissement de leur vie relationnelle, affective et sexuelle et le respect de soi et des autres”.[1]

Mais l’EVRAS c’est nouveau ? Non, L’EVRAS a fait son apparition en 2012 dans les écoles suite au Décret Missions (adopté en 1997) qui prévoit “que l’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle est obligatoire dans toutes les écoles, dès la maternelle. Chaque direction et équipe éducative doivent mettre en place un projet et des actions dans ce cadre”[2] Mais dans la pratique, on observait que certaines écoles organisaient des animations et d’autres pas du tout.

En 2022, il a donc été décidé que 2 animations seraient obligatoirement dispensées à raison de 2h en 6e primaire et 2h en 4e secondaire pour tous les élèves inscrits dans l’enseignement francophone en Belgique dès la rentrée scolaire 2023-2024. Les écoles peuvent cependant continuer à dispenser d’autres animations supplémentaires tout au long de la scolarité quand le besoin s’en fait sentir.

Cela concerne 85.000 élèves en Wallonie et 25.000 élèves à Bruxelles. Selon la Fédération Wallonie Bruxelles “5,8 millions d’euros de budget supplémentaires ont été dégagés par les Régions pour financer les interventions données par les plannings et rendues obligatoires dans les écoles dès la rentrée 2023” sans préciser quel était le budget initial. [3]D’autres sources parlent de 4,8 millions annuellement consacré à ces animations.[4]

Pourquoi rendre obligatoire ces deux animations? En 2017-2018 c’était au total 28 611 élèves qui avaient reçu des animations EVRAS et seulement dans 230 établissements sur les 597. [5] Il semblait donc important pour la Fédération Wallonie Bruxelles que toutes les écoles donnent des animations afin que tous les élèves puissent en bénéficier.

Historique

Mais l’EVRAS c’est nouveau? Non, l’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle a fait son apparition dans les écoles suite au Décret Missions (en 1997) qui prévoit que l’EVRAS est une des missions de l’école comme bien d’autres. C’est pourquoi depuis 2012 toutes les écoles de l’enseignement officiel, dès la maternelle devaient l’intégrer au programme tout au long de la scolarité. Depuis lors, chaque direction et équipe éducative devaient mettre en place un projet et des actions dans ce cadre”[6] En 2022, il a été décidé qu’à partir de la rentrée 2023-2024, l’ensemble des établissements scolaires en Fédération Wallonie Bruxelles devraient dispenser deux animations, une en 6e primaire et une en 4e secondaire. Jusqu’alors, l’école pouvait choisir qui allait dispenser ces animations mais désormais, les personnes qui donnent les animations ‘Evras’ doivent obligatoirement être labellisées et utiliser ce nouveau guide comme référentiel.

Qui sont ses détracteurs

Selon la RTBF, on peut identifier un “réseau” de 25 personnes et entités qui sont actives dans la lutte contre l’EVRAS: un ancien animateur de télévision, Karl Zéro, un magazine axé sur la santé alternative, d’anciens complotistes du Covid et le groupuscule d’extrême droite Civitas.[7] Mais l’auteur de l’article précise bien que tous les détracteurs ne sont pas complotistes, d’extrême droite ou encore des adeptes de théories pédocriminelles.

Cet article a fait beaucoup de vagues et les personnes et groupes cités dénoncent l’accusation de faire partie d’un réseau. Pour eux, ils se battent contre le même projet que cela soit pour des raisons similaires ou différentes mais ils et elles n’en forment pas pour autant un réseau.

Il n’est pas possible de s’intéresser à tous les détracteurs de l’EVRAS. Nous en avons donc sélectionné quelques-uns.

Frédéric Goaréguer

C’est un nom qui revient souvent dans les médias et qui est présenté comme un fervent détracteur de l’EVRAS. Il est pédopsychiatre et le cofondateur et porte parole du collectif “Sauvons nos enfants” qui se définit comme un collectif apolitique et areligieux seulement guidé par l’intérêt primordial des enfants.[8] Qu’est-ce qu’il critique dans l’EVRAS?

Un argument qui revient souvent “Beaucoup d’enfants ont été choqués par ces contenus”.[9] Nous ne jetons pas la pierre aux intervenants qui pour beaucoup sont bien intentionnés.Mais nous avons recueilli déjà des témoignages d’enfants traumatisés.[10] Que cela soit pour Frédéric Goaréguer ou Ariane Bilheran, tous deux ne prennent pas la peine d’exemplifier, combien d’enfants ont été “choqués” ou “traumatisés”, pour quelles raisons? Est-ce que c’était le contenu ou la forme de l’animation, l’âge des enfants? Aucun n’explique vraiment ces arguments. Des vidéos françaises tournent actuellement sur les réseaux sociaux qui se veulent des témoignages de cours d’éducation sexuelle complètement fous qu’auraient suivi des jeunes… Des faits dont la véracité n’ont pas pu être vérifiés et qui de toute façon ne concernent pas la Belgique mais la France.

Frédéric Goaréguer refuse qu’on parle de masturbation pour des jeunes enfants. Tout comme d’autres spécialistes, il préfère qu’on utilise le terme de sensorialité plutôt que de sexualité. Selon eux, quand un enfant se touche, il expérimente une découverte de son propre corps et non un désir sexuel. On peut entendre qu’il n’y a pas dans ces gestes les mêmes attentes que dans la sexualité des adultes. Goaréguer prend comme référence Regis Brunod. Ce dernier prend l’exemple des jambes qui sont déjà présentes à la naissance mais qui ne serviront à la marche que dans une étape suivante et dit que c’est le même lien entre sensorialité et sexualité, une étape suivante.

A 2 ans si un enfant se tripote ce n’est pas associé à un plaisir et encore moins à une sexualité, mais à une sensorialité. Il ne s’attarde d’ailleurs pas plus à toucher ses organes génitaux qu’à sucer son pouce ou son gros orteil.”

«»

Il ajoute également que le fait d’associer la notion de recherche de plaisir chez l’enfant «est liée à la perception d’une sexualité adultomorphique chez les enfants et ne correspond à aucune donnée scientifique. Le risque de la confusion de ces concepts dès le plus jeune âge est de favoriser, voire légitimer les approches de prédateurs.”[11]

Mais donc si on écoute Goaréguer parler de sexualité aux enfants légitimise l’action de pédophiles. Pourtant, “l’un des buts des animations EVRAS est justement de permettre aux jeunes de reconnaître et de se protéger de comportements ou de personnes problématiques et les dénoncer.

Comment définir l’inceste ? “Les actes à caractère sexuel commis sur un mineur par un parent ou allié ascendant en ligne directe, par un parent ou allié en ligne collatérale jusqu’au troisième degré, ou toute autre personne occupant une position similaire au sein de la famille des personnes précitées”.La future définition légale par la chambre des représentants en Belgique “les actes à caractère sexuel commis sur un mineur par un parent ou allié ascendant en ligne directe, par un parent ou allié en ligne collatérale jusqu’au troisième degré, ou toute autre personne occupant une position similaire au sein de la famille des personnes précitées”.

L’inceste se réfère donc à des relations sexuelles qui ont lieu entre un parent et un enfant, entre un grand-parent et un petit-enfant, ou encore entre un oncle ou une tante et leur neveu ou nièce. Dans le contexte des familles recomposées, d’autres situations peuvent également se présenter, telles que des relations entre le nouveau conjoint ou la nouvelle conjointe d’un parent et l’enfant, et ainsi de suite etc. [12]

On estime que 2 à 4 élèves par classe sont victimes d’inceste. A la lecture de ces chiffres, on a envie de croire à une erreur. Mais d’où viennent ces chiffres?Selon une étude UNESC0 2015 et une étude française IPSOS de 2020: 10% de la population déclare avoir été victime d’inceste et que 8 victimes d’inceste sur 10 sont des femmes (78 %). Et en Belgique? Il n’existe pas de données précises sur les agressions sexuelles incestueuses d’enfants mais l’asbl SOS Inceste Belgique a recensé 1.255 appels téléphoniques, 453 entretiens et 61 nouveaux dossiers ouverts. Selon eux, l’ampleur est telle qu’on peut estimer entre deux et quatre le nombre d’élèves victimes de telles maltraitances.[13]

Il est donc important d’enseigner aux enfants des notions de base en matière de consentement et de respect de leur propre corps, tout en maintenant une compréhension appropriée du développement de l’enfant. Car refuser de le faire n’est-ce pas au contraire une manière de maintenir les enfants dans une position d’ignorance pour mieux favoriser les viols? Car rappelons-le, ce que veut Sauvons les enfants :”Nous considérons que l’éducation sexuelle des enfants touche à leur intimité, leurs émotions, leur développement psychologique et contient des aspects religieux et spirituels, et nous estimons que ce n’est pas le rôle de l’école de s’en occuper de manière standardisée et obligatoire, car cette question relève d’abord de la famille”. Cette même famille qui est responsable des violences sexuelles vécues par 2 à 4 enfants par classe en moyenne. Peut-on donc penser qu’on peut considérer qu’ils feront ce qu’il faut pour protéger les enfan

ts.C’est comme un blog qui se présente comme un site de réinformation proposé par des laïcs catholiques belges. “Ce blog est dévolu à la défense et à l’illustration des valeurs catholiques et authentiquement humaines dans notre pays, la Belgique”. [14]

Ils insistent sur le fait que 95 % des personnes interrogées demandent le retrait de l’EVRAS.Ce qui correspondrait à plus de 6500 personnes. “Or plusieurs associations et plus de 6500 parents, sont en désaccord avec le programme EVRAS, tant sur le fonds que sur la méthode.”[15] Il est possible que 6500 personnes soient contre mais où a été publié ce sondage? Qui a eu l’occasion de donner son avis? Ni en tant que professeur, ni en tant que parent je n’ai eu l’occasion de donner mon avis et vous? En Belgique, il y avait en 2021 11,59 millions d’habitants, si 6500 personnes correspondent à 95% du panel ou peut estimer que 6842 personnes ont pu donner leur avis.N’est-ce pas un peu trop peu pour affirmer que l’ensemble des parents refusent l’EVRAS?

Nicolas Janssen

Le député MR interpelle la ministre sur la question de l’EVRAS.”La question que l’on peut se poser n’est pas seulement de savoir si les âges entre 5 et 12 ans sont effectivement les âges adéquats pour consolider sa propre identité de genre, recourir à des opérations chirurgicales pour changer de genre ou encore reconnaître que les partages de sextos et nudes peuvent être source de plaisir, mais également quels pourraient être les conséquences de ces informations sur les élèves en fonction de leur âge”.

Nicolas Janssen reproche plusieurs choses à l’EVRAS.

Le fait de nier l’existence de fille et de garçon

Comme Nicolas Janssen, Alain Destexhe reproche au guide EVRAS de nier l’existence de fille et de garçon.

“Le but de l’EVRAS est donc bien de nier l’existence de filles et de garçons au profit de la fluidité des genres, d’accorder une primauté absolue au genre sur le sexe qui n’est qu’un truc « assigné à la naissance » et de sensibiliser dès le plus jeune âge les enfants aux revendications du lobby LGBTQ+-x”[16]

Les mots d’Alain Destexhe reflètent un conservatisme intrinsèque à cette manière de penser, suggérant que si quelque chose existe, elle doit avoir une fonction et une position immuable dans l’ordre de l’univers.[17]

Certains vous diront “Si on a des filles et des garçons c’est biologique et c’est comme cela”. Beaucoup d’entre nous avons grandi avec deux concepts différents : d’un côté le sexe biologique qui nous a été présenté comme tangible, immuable et non négociable et le genre qui lui est une construction qui dépend de notre société. Peut-on imaginer à l’instar de Judith Butler que le sexe est lui même une construction? Judith Butler affirme que le sexe et le genre sont des concepts socialement construits. Elle encourage la déconstruction des normes de genre rigides. Elle soutient que cela ouvre la voie à une plus grande liberté d’expression de genre et à la remise en question des stéréotypes et des attentes de genre. Questionner les attentes différenciées que la société a envers les filles et les garçons peut s’avérer sain.

Derrière ces critiques, il y a aussi et surtout de la transphobie. Certains enfants savent très tôt que le sexe qu’on leur a attribué à la naissance ne correspond pas à ce qu’ils ou elles sont vraiment. Ce qui explique qu’à la page 160 on trouve “qu’un enfant de 5 ans devrait « prendre conscience que son identité de genre peut être identique ou différente de celle assignée à la naissance. »

Dès le moment où la transidentité est une réalité dans notre société, si on veut créer une société inclusive, il est important d’y sensibiliser tôt les jeunes et de s’assurer qu’aucun enfant ne se sente hors norme à cause de son identité de genre.

Certains opposants crient que c’est dangereux de parler de transition ou d’identité de genre, qu’on peut pousser des jeunes à transitionner et qu’après ils vont le regretter. On trouve sur le site Sauvons nos enfants : Il y a également des procès de personnes qui ont transitionné sous influence et souhaitent « détransitionner » mais s’aperçoivent que ce n’est pas réversible contrairement à ce qu’on leur avait promis.[18]L’exemple cité est celui d’une jeune espagnole qui a ensuite regretté sa transition. Si ce phénomène est si fréquent, pourquoi aller jusqu’en Espagne et ne pas citer des cas de personnes en Belgique? Loin de nous de dire que personne ne regrette sa transition mais plutôt d’essayer d’évaluer les risques et les bénéfices d’aborder de telles thématiques à l’école. Rappelons que l’objectif des animateurs et animatrices EVRAS n’est en aucun cas de faire transitionner les jeunes mais plutôt de répondre au questionnement qui est déjà présent chez certains jeunes. Pour un enfant qui se questionne sur son identité, cela peut faire une grande différence de savoir comment on peut vivre sa transidentité.

Des raisons religieuses

Nous craignons également que le programme EVRAS puisse éroder la liberté religieuse et les droits des parents à guider l’éducation de leurs enfants conformément à leurs croyances. Il est essentiel de protéger ces droits constitutionnels et fondamentaux dans une société démocratique. La religion peut-elle vraiment dicter les programmes scolaires? Si c’était le cas, quels chapitres disparaîtraient du cours de biologie : l’appareil reproducteur? Le chapitre sur l’évolution? Si l’enseignement doit respecter les convictions religieuses, il est non négociable d’avoir à faire l’impasse sur certaines matières pour des raisons religieuses.

Conclusion

Il semble normal que les parents se questionnent sur l’EVRAS et qu’ils puissent s’informer sur les animations qui donnent dans le cadre scolaire. Cependant, il est important de faire la différence entre une inquiétude légitime basée sur des informations objectives et une manipulation visant à semer la peur. Dans notre ère numérique, les théories du complot et les fausses informations se propagent très rapidement.

Il est donc important que les parents questionnent l’école et les enseignants pour comprendre les mesures mises en place dans le cadre des animations EVRAS mais également à tout autre moment pour favoriser une transparente entre l’école et les parents pour faire cesser le climat de peur.

        1. Informations consultées le 28 septembre 2023 sur le site https://www.evras.be/fileadmin/user_upload/3/2013_-_FWB_-_Definition_EVRAS.pdf
        2. Informations consultées le 20 septembre 2023 sur le site http://www.egalite.cfwb.be/index.php?id=15420#:~:text=Depuis%202012%2C%20le%20%22D%C3%A9cret%20Missions,des%20actions%20dans%20ce%20cadre.
        3. https://pactepourunenseignementdexcellence.cfwb.be/mesures/evras/#chiffres-cles
        4. https://www.levif.be/belgique/enseignement/evras-laccord-de-cooperation-adopte-a-lunanimite-en-commission-du-parlement-wallon/https://pan.be/article/evras-quand-la-sexualite-est-endoctrinement-scolaire-804
        5. Informations consultées le 05 octobre 2023 sur le site https://www.evras.be/fileadmin/user_upload/3/Couverture_des_etablissements_-_tout_enseignement_confondu.jpeg
        6. Informations consultées le 20 septembre 2023 sur le site http://www.egalite.cfwb.be/index.php?id=15420#:~:text=Depuis%202012%2C%20le%20%22D%C3%A9cret%20Missions,des%20actions%20dans%20ce%20cadre.
        7. Informations consultées le 27 septembre 2023 sur le site https://www.rtbf.be/article/complotistes-extreme-droite-et-adeptes-de-theories-pedocriminelles-voici-le-reseau-des-desinformateurs-sur-levras-en-belgique-11256548
        8. Informations consultées le 12 octobre 2023 sur le site https://sauvonsnosenfants.weebly.com/a-propos.html
        9. Frédéric Goaréguer, sur son site “Sauvons nos enfants”
        10. Informations consultées sur le site https://www.arianebilheran.com/post/le-degr%C3%A9-z%C3%A9ro-du-r%C3%A9seau-ma-r%C3%A9ponse-%C3%A0-la-rtbf-radio-tv-belge-de-la-f%C3%A9d%C3%A9ration-wallonie-bruxelles
        11. Informations consultées le 12 octobre 2023 sur le https://sauvonsnosenfants.weebly.com/reacuteponses-aux-meacutedias-et-politiques.html
        12. Définition prévue dans le texte de Projet de loi modifiant le Code pénal en ce qui concerne le droit pénal sexuel déposé en juillet 2021, dont le texte est disponible sur la page suivante de la Chambre des représentants de Belgique Informations consultées le 5 octobre 2023 sur le sitehttps://www.dekamer.be/kvvcr/showpage.cfm?section=flwb&language=fr&cfm=flwbn.cfm?lang=N&dossierID=2141&legislat=55.
        13. Informations consultées le 12 octobre 2023 sur le site https://lacode.be/wp-content/uploads/2022/09/Analyse-Droits-de-lenfant-face-a-linceste.pdf
        14. Informations consultées le 12 octobre 2023 sur le site http://www.belgicatho.be/archive/2023/09/05/sauvons-nos-enfants-non-a-evras-tous-a-bruxelles-ce-jeudi-7-septembre.html
        15. Informations consultées le 12 octobre 2023 sur le site http://www.belgicatho.be/archive/2023/09/05/sauvons-nos-enfants-non-a-evras-tous-a-bruxelles-ce-jeudi-7-septembre.html
        16. https://pan.be/article/levras-magnette-ou-cnews-lequel-est-le-plus-extreme-846
        17. L. BERENI, Introduction aux études sur le genre, Louvain-La-Neuve, 2020, p.107.
        18. Informations consultées le 12 octobre https://sauvonsnosenfants.weebly.com/reacuteponses-aux-meacutedias-et-politiques.html

Quand extrémisme et militantisme se mélangent : les cas de l’éco-terrorisme et du féminisme

Marie Béclard - FAML

Au cœur des sociétés contemporaines, les mouvements pour la défense des droits des femmes et la préservation de l’environnement œuvrent pour un monde meilleur. Pourtant, dans leur quête passionnée de changement, certains de ces mouvements ont connu des dérives, adoptant des approches radicales et parfois violentes. Quoi de plus antagoniste que “écolo” et “terroriste”? Comment ces deux mots se sont retrouvés accolés? De la défense de causes nobles à l’extrémisme, comment des idéaux louables peuvent-ils dériver vers des comportements excessifs et controversés ?Est-ce que cette violence est marginale, accidentelle et “exogène au mouvement dont l’action s’en trouverait ainsi polluée” ou au contraire elle fait pleinement partie du processus? Comment rompre avec l’ordre établi sans un minimum de violence: émeute, terrorisme?

Quelles sont les implications politiques, sociales et médiatiques de qualifier certaines actions ou idées de « extrêmes » ?

Pour tenter de répondre à ces questions nous avons choisi de s’intéresser à certains courrants écologiques qui sont qualifiés d’éco terrorisme et au féminisme qui dans certains pays est parfois taxé d’extrémisme.

Commençons par définir ce que l’on entend par extrémisme. L’extrémisme est une adhésion rigide et radicale à des idées, valeurs ou positions, souvent accompagnée d’une propension à adopter des mesures drastiques, y compris la violence, pour promouvoir ou défendre ces convictions. Selon le centre national des ressources textuelles et lexicales, l’extrémisme c’est la tendance à adopter des opinions, des conduites extrêmes.[1] Mais où sont vraiment les limites entre la norme et l’”extrême”? En effet, la perception de ce qui est extrême varie en fonction des normes sociales, culturelles et politiques d’une société donnée à un moment donné. Ce qui peut être considéré comme extrême dans un contexte peut être considéré comme normal dans un autre.

Les normes et les valeurs sociales évoluent au fil du temps. Ce qui était autrefois considéré comme extrême peut devenir accepté ou même normatif à mesure que la société évolue. Par exemple, les droits civils pour tous et toutes et l’égalité des sexes étaient autrefois considérés comme des idées extrêmes et maintenant c’est l’inverse qui nous semble inimaginable.

Les mouvements considérés comme extrémistes peuvent parfois émerger en réponse à des injustices, des inégalités ou des crises sociales. Leur radicalisme peut être alors perçu comme une réaction à des problèmes systémiques. D’où la question l’extrémisme peut-il être parfois légitime? Dans d’autres situations, l’étiquetage d’une personne ou d’un groupe comme extrémiste peut être utilisé pour les marginaliser ou les discréditer.

Dans cet article, nous entreprenons donc une analyse des mouvements féministes et écologiques contemporains, en examinant la question de savoir si l’étiquette « extrémisme » est légitimement appliquée à ces mouvements, ou si elle est souvent utilisée comme un moyen de discréditer leurs actions et revendications. Nous explorerons les nuances de ces mouvements, cherchant à comprendre les motivations sous-jacentes et les implications de l’étiquetage « extrémiste » dans le contexte de la société et de la politique d’aujourd’hui. Cette enquête vise à éclairer le débat sur la légitimité de l’étiquetage « extrémiste » et à encourager une réflexion plus approfondie sur ces mouvements sociaux cruciaux.

L’éco-terrorisme

Comment passer d’un idéal de protection de la nature au terrorisme? L’éco-terrorisme est une forme d’activisme radical qui émerge au croisement de l’extrémisme et de la protection de l’environnement. Il se caractérise par des actions violentes ou illégales perpétrées au nom de la protection de la nature et de la lutte contre les activités jugées nuisibles à l’écosystème.

Origines de l’éco-terrorisme

L’éco-terrorisme trouve ses racines dans les mouvements de défense de l’environnement qui ont émergé dans les années 1960 et 1970, tels que Greenpeace ou Earth First. Ces groupes utilisaient des tactiques non-violentes pour sensibiliser l’opinion publique aux problèmes environnementaux et exercer des pressions sur les décideurs politiques et les entreprises. Cependant, certains de ces activistes ont progressivement adopté des méthodes plus radicales, basées sur des actions illégales pour obtenir des résultats plus immédiats. Mais c’est en 1983 que le terme « ecoterrorism » apparait aux États-Unis en 1983. [2]

ll est intéressant de voir que dès sa création, le terme “ecoterrorisme” a eu deux sens différents. “D’un côté, nous trouvons ceux qui cherchent à stigmatiser les activistes radicaux et de l’autre, ceux qui cherchent à résister à l’État autoritaire et aux industries (…) et qui utilisaient ce terme pour désigner les dommages causés à la nature”. Aujourd’hui, un seul des deux sens s’est imposé, celui qui désigne les personnes qui utilisent la violence pour faire des actions visant la protection des animaux et de l’environnement. Un choix qui n’est pas sans conséquences.

Pendant les années 80, des actions, ‘plus ou moins graves ou spectaculaires, se multiplient de par le monde, des glaces du Groenland à la forêt amazonienne”.[3]

Des groupes comme le “Front de Libération des Animaux” (FLA)ont mené des actions directes et parfois violentes pour protester contre la cruauté envers les animaux et la destruction de l’environnement. Ces actions consistaient souvent dans la libération d’animaux de laboratoire, le sabotage d’installations industrielles, et des campagnes de sensibilisation pour mettre en lumière les abus perpétrés contre les animaux et la planète. Le FLA a été l’un des groupes les plus emblématiques de cette époque et a revendiqué de nombreuses actions, bien que ses méthodes aient suscité des controverses et des débats sur la légitimité de la violence dans la lutte pour les droits des animaux et la protection de l’environnement.Pourquoi utiliser la violence? L’argumentaire du groupe est qu’il y a une urgence et que le système en place est violent et qu’il faut donc agir en conséquence, en quelque sorte de la légitime défense. Des actions qui ont eu un impact puisqu’elles ont contribué à sensibiliser le public aux problèmes liés à la cruauté envers les animaux et à la dégradation de l’écosystème mondial. Permettant finalement des changements dans la législation et les attitudes envers la protection de la faune et de l’environnement.

Ils considèrent souvent que les méthodes conventionnelles de protestation et de lobbying ne suffisent pas ou plus à contrer les dommages environnementaux causés par les activités humaines. En effet, la réussite très partielle des Marches pour le climat a amené de nombreux jeunes ou moins jeunes à vouloir passer la vitesse supérieure avec des actions plus directes et plus radicales.

Certains groupes éco-terroristes sont animés par des idéologies politiques comme l’Earth Liberation Front (ELF). Pour eux, la lutte pour l’environnement est indissociable d’une opposition radicale au système capitaliste et à la mondialisation, qu’ils perçoivent comme les principales causes de la dégradation environnementale. Aucune action efficace ne pourra être mise en place si on ne change pas fondamentalement le système politique actuel.

Les méthodes des éco-terroristes

Les méthodes utilisées par les éco-terroristes varient, allant des sabotages et incendies criminels visant des installations industrielles, des laboratoires scientifiques ou des moyens de transport, aux actions de désobéissance civile violente lors de manifestations. [4]Parmi les exemples les plus connus d’actes éco-terroristes, on peut citer les incendies criminels perpétrés par le Front de libération de la Terre (ELF) ou les sabotages du Animal Liberation Front (ALF) contre des laboratoires pratiquant la vivisection.

Au sein même des groupes écologiques, l’éco-terrorisme suscite un débat intense quant à son efficacité et à ses conséquences. Certains soutiennent que ces actes de violence attirent l’attention sur des problèmes environnementaux négligés et peuvent forcer les entreprises et les gouvernements à prendre des mesures pour protéger l’environnement. Cependant, d’autres estiment que l’éco-terrorisme nuit à la légitimité des mouvements de conservation de l’environnement en associant leurs actions à la violence et au terrorisme.Ils estiment que l’utilisation de tactiques violentes éloigne l’opinion publique et les gouvernements des problématiques environnementales.

Un autre débat éthique concerne la distinction entre l’éco-terrorisme et la désobéissance civile. Certains activistes considèrent que les actions illégales sont justifiées dans le cadre d’une résistance morale contre des pratiques qui mettent en danger la planète et ses habitants.[5]

La criminalisation des mouvements écologistes

En France, en juin 2023, Gérald Darmanin dissout Les Soulèvements de la terre, un mouvement écologiste qui rassemble 150 000 personnes suite à différentes actions coup de poing menée par le groupe: on leur reproche plusieurs envahissements d’entreprises, exactions fortes contre les forces de l’ordre, destructions de biens, des centaines de gendarmes ou de policiers blessés, plusieurs appels à l’insurrection ». [6] Mais aucun jugement pénal n’a été rendu pour justifier la dissolution. Darmanin utilise la loi dite “Séparatisme” adoptée le 24 août 2021 qui élargit considérablement les possibilités de dissolution administrative. Mais le 8 août 2023, le conseil d’état a suspendu le décret de dissolution confirmant le caractère profondément inadapté, injustifiable et présomptueux de la procédure de dissolution. « Il existe une frontière subtile mais importante entre l’activisme, la désobéissance civile et l’extrémisme.

Suite à l’échec des marches contre le climat et puisque les politiques ne bougent pas assez vite certaines personnes sont passées à l’étape suivante : la violence. Une violence qui fait peur et qui est donc sévèrement réprimée.

Mais selon les mouvements écologiques il y a quelque chose d’autre qui se passe. Selon Alessandro Manzotti, de l’association Bloom: Aujourd’hui, attaquer les groupes qui luttent pour un futur plus souhaitable, c’est juste une manière pour le gouvernement de se cacher face à l’évidence. »[7] Greenpeace indique aussi que les écologistes qui lancent l’alerte depuis plusieurs décennies n’ont jamais autant été la cible d’actes de répression et de violence.[8]

Le gouvernement français mais ce n’est pas le seul, tente de modifier progressivement l’image collective qu’on a des écologistes: de doux rêveurs, d’utopistes ou de mangeurs de graines on bascule progressivement vers celle de fous furieux, dangereux car prêts à tout pour instaurer une dictature verte et une écologie punitive.[9] Gérald Darmanin va même jusqu’à accuser les défenseurs de l’environnement de faire du « terrorisme intellectuel» et tente d’accorder les mêmes moyens de lutte contre le terrorisme et le traffic de drogue. Pourquoi mettre autant d’énergie pour connoter négativement ces groupes? Qualifier les écologistes de « terroristes » apporte au gouvernement une justification pour déployer des méthodes d’investigation étendues comme le marquage des participants aux manifestations, de justifier les violences perpétrées par les forces de l’ordre pour lutter contre les “Ennemis de la République”.

En criminalisant toutes les actions des écologistes cela pourrait avoir comme conséquence de dissuader bon nombre de citoyens et de citoyennes de s’impliquer dans des mouvements et des manifestations pourtant à la basse pacifiques puisqu’il n’y sera plus possible d’y participer sans risquer une amende ou une arrestation. En France, depuis la loi dite Séparatisme, les groupes doivent respecter un « contrat d’engagement républicain » qui est vague mais qui pourrait empêcher les associations de mener par exemple des actions de désobéissance civile sous peine de perdre leur agrément.

Cela soulève des questions sur l’équilibre entre la protection de la sécurité publique et la garantie des droits civils et politiques, notamment la liberté d’expression et le droit de manifester pacifiquement.

Conclusion

La question de l’éco-terrorisme reste un enjeu complexe et fortement débattu, qui entrelace des problématiques environnementales avec des éléments d’extrémisme et de violence. Ce concept incite à réfléchir sur les interactions entre les convictions environnementales profondes et les moyens d’action choisis pour les défendre.

D’une part, certains soutiennent que l’éco-terrorisme émerge comme une réponse nécessaire à l’urgence climatique et à la destruction croissante de la biodiversité. Ces défenseurs considèrent que les méthodes traditionnelles de plaidoyer et de sensibilisation n’ont pas réussi à générer les changements requis à la vitesse nécessaire. Pour eux, des mesures plus radicales pourraient enfin attirer l’attention du public et des décideurs sur les graves conséquences de l’inaction.

Si les groupes écologiques utilisent parfois la violence pour se faire entendre, on observe également que le spectre de l’extrémisme et de la violence est également manipulé politiquement. Les gouvernements ont recours à des étiquettes d’extrémisme ou de terrorisme pour réprimer des groupes qui remettent en question l’ordre établi ou dérangent le statu quo. Cela peut conduire à des atteintes aux droits de l’homme et à la liberté d’expression, ainsi qu’à la diabolisation injustifiée de mouvements légitimes dont la tentative de dissolution du groupe “Les soulèvements de la terre” est un exemple criant d’une telle pratique.

Ce qui met en lumière le délicat équilibre entre l’urgence de protéger l’environnement et le respect des valeurs démocratiques et des normes de non-violence. Les débats qui l’entourent reflètent la complexité inhérente à la poursuite de changements sociaux significatifs, et mettent en évidence la nécessité d’une réflexion approfondie sur les moyens les plus efficaces et éthiques de parvenir à un avenir durable.

Le féminisme peut-il être extrémiste et violent?

Pour répondre à cette question, il faudrait pouvoir définir ce qu’est le féminisme mais ce n’est pas chose facile. Christine Bard évoque cette difficulté: « La définition même du féminisme contemporain est loin d’être consensuelle, ce qui complique d’autant l’identification de ses détracteurs[10].

On a souvent du mal à imaginer que les femmes puissent être violentes. Les stéréotypes de douceur, de non violence ont encore la dent dure. Quand une femme est violente on observe que cela choque encore bien plus que dans le cas d’un homme.

Dans son ouvrage Scum Manifesto publié en 1967 Valerie Solanas défend l’idée que les hommes sont des sous-êtres qui ne devraient pas exister. [11] L’homme n’est qu’un accident biologique. Le chromosome Y étant jamais qu’un X incomplet. Elle y chante sa haine pour le genre masculin et propose une société dystopique où elle ferait disparaître les hommes.[12]Pourquoi une telle violence contre les hommes? Le monde actuel est sous domination patriarcale. Tout comme le monde de Barbie est fait pour les Barbies, notre monde actuel reste fait pour les hommes. [13] Comme la violence est inhérente au patriarcat, certains courants prônent que pour se libérer de ce carcan, le féminisme se doit donc d’être également violent. Selon Irène: “La violence comme outil du féminisme est tout simplement un moyen d’autodéfense, un moyen de survie”. [14]

Peter Gelderloos militant anarchiste expose les raisons pour lesquelles la violence est nécessaire pour mener une révolution. [15]Selon lui, on demande aux femmes de vivre des situations très violentes mais de se taire et de ne pas faire trop de bruit. Le féminisme est violent car il veut en finir avec les inégalités, et cela implique d’en finir avec les privilèges et de détruire les structures institutionnelles qui les rendent possibles. Mais est-ce que les féministes souhaitent comme Valerie Solanas l’extermination des hommes? Certainement pas mais cela arrange bien les antiféministes de diffuser de telles idées.

Dans la vraie vie, les femmes qui tuent leur ex/compagnon le font généralement pour survivre pas parce qu’elles se sentent supérieures ou pensent posséder un droit sur eux. Des femmes tuent pour obtenir la justice que le système judiciaire bourgeois, blanc et patriarcal leur refuse”. Ana Orantes a été tuée par son ex mari après qu’elle ait passé plus de 15 ans à dénoncer légalement toutes les violences qu’il lui a fait subir. Cela montre à quel point parfois les démarches légales ne sont pas suffisantes. [16] Jacqueline Sauvage a tué son mari de trois balles dans le dos pour mettre fin à des décennies de violence sur elle et ses filles. Si elle reçoit finalement une grâce présidentielle cela montre un président qui reconnait les responsabilités de l’état dans les violences subies par une femme. Elle n’était pas en situation de légitime défense mais elle vivait de la violence en permanence. Ces exemples n’illustrent pas directement ce qu’est le féminisme mais ils mettent en lumière le système violent dans lequel de nombreuses femmes vivent encore actuellement et cela partout dans le monde. Un système contre lequel les féministes doivent lutter.

Rendre illégitime le féminisme

Les féministes ont souvent été critiquées pour leur prise de parole jugée excessive et des attitudes perçues comme ridicules. Cette réalité est particulièrement prégnante au Mexique, où une moyenne de 10 féminicides et 50 viols sont dénombrés quotidiennement. Face à cette situation alarmante, les femmes, profondément affectées par ces circonstances, ont décidé de sortir dans la rue pour dénoncer cette violence. Cependant, au lieu de recevoir un soutien dans leur combat, ces manifestations ont elles aussi été critiquées pour leur véhémence, certaines personnes accusant les participantes d’affaiblir leur propre cause en utilisant des méthodes jugées trop agressives. “Il s’agit moins de questionner les histoires racontées que la façon dont ces histoires sont racontées”.[17]

Si les féministes font trop de bruit, on les taxe d’extrémisme à l’instare des mouvements écologistes. On accole souvent le mot violent pour le rendre illégitime. L’utilisation du terme ”féminazies” n’est pas récent et c’est une insulte souvent utilisée contre les féministes par leurs opposants et opposantes. [18] Rush Limbaugh, célèbre animateur radio, fait naître le terme feminazi en anglais dans les années 90. Ce mot valise n’a pas été construit au hasard. Cette insulte a surtout pour objectif d’associer féminisme et violence extrême.

“L’injure « féminazi » (…) fait partie des termes emblématiques utilisés par les communautés conservatrices et réactionnaires (ce que l’on peut appeler le « réactionnariat ») pour mettre en circulation une représentation négative des combats féministes et des femmes qui les portent..”[19] Lors de l’assassinat de Georges Besse par Joëlle Aubron et Nathalie Ménigon en 1987, c’est le féminisme qui est mis en cause alors qu’il n’était pas en avant dans les déclarations de l’organisation ou de ses membres. Dans ce cas là, cela montre également la difficulté d’imaginer que les femmes puissent s’engager politiquement et qu’elles ne sont pas limitées à être des personnes influençables et victimes de leurs sentiments. [20] Les deux femmes sont appelées les Amazones, un peuple de femmes guerrières menaçant les hommes. On fait donc ici un raccourci qui renvoie à la guerre entre les femmes et les hommes. Le féminisme devenait ainsi le bouc-émissaire de la féminisation du terrorisme. La violence des femmes est utilisée pour prouver les conséquences des excès de l’émancipation féminine.”Le propos consiste donc à mettre en relation féminisme, dérèglement social et violence, animé par la crainte que les femmes deviennent – si elles ne le sont pas déjà devenues – plus dangereuses que les hommes”. [21]

En Russie, Vladimir Poutine n’hésite pas, depuis des années, à soutenir des groupes antiféministes et homophobes comme le groupement de motards Night Wolves.[22]

En 2018, une vidéo présentant une femme aspergeant d’eau de javel l’entre-jambes d’hommes en plein « manspreading »[23] dans le métro à Saint-Petersbourg a fait grand bruit. Cette vidéo pourrait bien être une supercherie dont le contenu à été créé pour présenter le féminisme comme extrémiste et hystérique et produire un rejet chez toutes les personnes qui refusent la violence. C’est en tout cas l’avis de l’European External Action Service East Stratcom Task Force qui a jugé que la vidéo était un fake. Avant cet acte, Anna Dovgalyuk, la jeune fille qu’on voit sur la vidéo, ne se revendiquait pas féministe. De plus, la vidéo ayant été largement diffusée dans un média pro-russe financé par le gouvernement russe on peut en déduire que soit elle est le fruit d’une manipulation soit elle arrange bien le gouvernement. [24]

Le 04 avril 2023, un député de la Douma d’État, Oleg Matveïtchev, a rédigé et déposé un projet de loi proposant de qualifier officiellement le féminisme de mouvement “extrémiste”. Qu’est-ce qu’il reproche aux mouvements féministes? Ils œuvrent à détruire les valeurs traditionnelles, agissent contre la politique démographique de la Russie”. Cette loi n’est pas passée, elle est encore en cours d’étude au sein de la commission de la Douma mais rien que cette proposition montre l’état d’esprit du gouvernement vis -à -vis du féminisme.

Alors activisme ou extrémisme?

Les activistes féministes et écologiques peuvent se montrer extrême et violent. Ils le revendiquent, notre monde actuel est violent et le changement ne peut pas se faire sans casser des oeufs. Mais on assiste surtout beaucoup à l’utilisation de l’empoisonnement du puits pour les discréditer et détourner l’attention des problèmes sociaux et environnementaux auxquels ils tentent de remédier..

Il est indéniable que certains activistes féministes et écologistes adoptent des approches radicales et revendiquent l’utilisation de méthodes provocantes pour mettre en lumière les inégalités de genre et les problèmes environnementaux qui persistent dans notre société. Ils estiment que la violence symbolique est une manière de dénoncer une violence systémique bien réelle, mais cette approche divise souvent l’opinion publique et suscite des controverses.

Cependant, il est essentiel de reconnaître que le mouvement féministe et écologiste est vaste et diversifié, comprenant un éventail d’approches allant de la non-violence stricte à des formes plus radicales d’activisme. De nombreux militants et militantes travaillent de manière pacifique et constructive pour promouvoir l’égalité des sexes et la préservation de l’environnement.

      1. Définition consultée le 07 août 2023 sur le site https://www.cnrtl.fr/definition/extr%C3%A9misme
      2. P. VOITURON, «  »Écoterrorisme » à l’épreuve des représentations sociales: gouvernement et résistance », mémoire de criminologie publié en 2021-2022 et consulté sur le site file:///C:/Users/FAML/Downloads/Voituron_86801600_2022.pdf
      3. X. RAUFER, J. DUFOUR, S. QUERE, “L’éco-terrorisme : effet de loupe, pétard mouillé” dans Sécurité globale, 2018, 1, 13, p.78.
      4. C. DEMAY, B. FAVRE, « Chapitre 12. De l’état de nécessité à la désobéissance civile environnementale. Plaidoyer pour une réhabilitation macropolitique du droit », dans : Dominique Bourg éd., Désobéir pour la Terre. Défense de l’état de nécessité. Paris, 2021, p. 249-296.
      5. C. DEMAY Clémence, B. FAVRE « Chapitre 12. De l’état de nécessité à la désobéissance civile environnementale. Plaidoyer pour une réhabilitation macropolitique du droit », dans : Dominique Bourg éd., Désobéir pour la Terre. Défense de l’état de nécessité. Paris.
      6. Informations consultées le 07 août 2023 sur le site https://www.francebleu.fr/infos/societe/soulevements-de-la-terre-qui-sont-ces-militants-ecologistes-qualifies-de-radicaux-par-le-gouvernement-1200407
      7. Informations consultées le 07 août 2023 sur le site https://www.francebleu.fr/infos/societe/soulevements-de-la-terre-qui-sont-ces-militants-ecologistes-qualifies-de-radicaux-par-le-gouvernement-1200407
      8. Informations consultées le 08 août 2023 sur le site https://www.greenpeace.fr/repression-contre-les-militants-ecologistes-la-preuve-par-4/
      9. Informations consultées le 08 août 2023 sur le site https://www.greenpeace.fr/repression-contre-les-militants-ecologistes-la-preuve-par-4/
      10. Informations consultées le 12 juillet 2023 sur le site https://books.openedition.org/pur/45410?lang=fr#ftn7
      11. IRENE, La terreur féministe. Petit éloge du féminisme extrémiste, Paris, 2021, p.36.
      12. IRENE, La terreur féministe. Petit éloge du féminisme extrémiste, Paris, 2021,p.37.
      13. IRENE, La terreur féministe. Petit éloge du féminisme extrémiste, Paris, 2021,p.47.
      14. IRENE, La terreur féministe. Petit éloge du féminisme extrémiste, Paris, 2021, p.73.
      15. IRENE, La terreur féministe. Petit éloge du féminisme extrémiste, Paris, 2021, p.73.
      16. IRENE, La terreur féministe. Petit éloge du féminisme extrémiste, Paris, 2021, p.56.
      17. FAYOLLE, Le “feminist gaze” quand les femmes écrivent en féministes, 7 septembre 2023 consulté le 8 septembre 2023 sur le site
      18. A. WAGENER, « « Les féminazies sont la meilleure publicité pour le patriarcat » », Sextant [En ligne], 39 | 2023, mis en ligne le 25 mai 2023, consulté le 11 août 2023 sur le site : http://journals.openedition.org/sextant/84.
      19. A. WAGENER, « « Les féminazies sont la meilleure publicité pour le patriarcat » », Sextant [En ligne], 39 | 2023, mis en ligne le 25 mai 2023, consulté le 11 août 2023 sur le site : http://journals.openedition.org/sextant/84, p.
      20. F.Bugnon, « Chapitre 20. La médiatisation. Le cas des militantes d’Action directe », Coline Cardi éd., Penser la violence des femmes. La Découverte, 2012, pp. 361-374.
      21. Ibidem
      22. https://dandurand.uqam.ca/wp-content/uploads/2022/10/2022-10-11-CNC-femme-Washington-DGagne.pdf
      23. Le « manspreading » est un terme utilisé pour décrire le comportement où un homme s’assoit dans un espace public en écartant exagérément les jambes, occupant ainsi une partie disproportionnée. Ce comportement peut entraîner un inconfort ou une gêne pour les personnes assises à côté de lui, en réduisant leur propre espace. Le terme est souvent utilisé pour souligner les normes de genre et les privilèges associés, mettant en évidence comment certains hommes peuvent occuper l’espace public de manière plus expansive et dominante, au détriment des femmes.
      24. Informations consultées le 08 août 2023 sur le site https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/eau-de-javel-manspreading-video-operation-propagande/

Représentation de l’extrémisme, polysémie et prisme cinématographique

Lilia Vanbeveren - FAML

I.L’extrémisme, une problématique contemporaine ?

L’extrémisme est un sujet récurrent dans nos médias, nos discussions politiques et notre société en général[1]. Que ce soit en première page des journaux, au cœur de procès importants comme le verdict de la remise de peine pour les attentats de Bruxelles[2], en tant que domaine de recherche (thème central de la troisième édition de la revue scientifique Radices[3] par exemple) ou encore dans le cadre de campagnes de sensibilisation (la nouvelle campagne pour l’éducation permanente du Centre d’Action Laïque[4]), l’extrémisme en tant que concept, phénomène et débat, suscite constamment des controverses : contribuant à façonner les opinions et les représentations collectives.

Mais qu’est-ce que l’extrémisme et comment est-il représenté dans nos sociétés occidentales contemporaines ? Ces deux questions se penchent d’une part sur la définition et la délimitation du terme « extrémisme », et interrogent d’autre part les perceptions, images et idées préconçues associées à ce mot. Des perceptions qui sont, dans ce contexte-ci, étudiées principalement sous l’angle cinématographique ; un médium reconnu pour sa capacité à refléter et à questionner notre société[5], ainsi que pour ses innombrables possibilités d’inspiration et de réinvention de l’humanité, et des sociétés dans lesquelles elle évolue[6].

D’un point de vue méthodologique, cette analyse examinera dans un premier temps différentes définitions de l’extrémisme, et se concentrera par la suite sur une observation comparative de trois personnages – issues du cinéma occidental – incarnant chacun.e à leur façon une expression (d’être, de penser ou d’agir) de l’extrémisme. Les objectifs de l’article sont finalement de répondre aux deux questions initiales et de vérifier si les définitions proposées lors de la première partie correspondent aux représentations fictives, imaginaires voire potentiellement fantasmées, de l’extrémisme. Cela permettra également, en plus de présenter un point de vue socio[7] cinématographique sur ces thèmes, de déterminer dans quelle mesure les idées préconçues et stéréotypes liées à l’extrémisme influencent l’imaginaire collectif, et de quelle manière le cinéma reflète-t-il (ou pas) ces modes de pensée.

II. L’extrémisme, une complexité polysémique ?

L’extrémisme, comme mentionné précédemment, est un concept complexe qui englobe différents domaines tels que la politique[8], l’idéologie, l’éthique, la religion, la culture, les médias, l’économie et l’identité, et bien d’autres. Ses diverses transpositions soulèvent, depuis toujours, polémiques et interprétations variées selon le contexte, la culture et la perspective des analystes qui l’étudient. Malgré plusieurs tentatives de définition, sa nature multidimensionnelle le rend, du coup, encore difficile à saisir[9].

Lors de cette première partie, nous explorerons donc la polyvalence du terme « extrémisme », ainsi que les nombreux appareillements sémantiques et lexicaux qui l’étreignent – notamment avec des concepts connexes tels que le fanatisme, le fondamentalisme, le radicalisme ou encore le terrorisme ; l’intérêt étant de clarifier ces notions afin de déterminer plus précisément ce qu’est l’extrémisme, et de fournir par après des caractéristiques explicites à appliquer aux exemples cinématographiques choisis.

L’extrémisme, un terme fourre-tout ?

En dépit des divergences d’opinions, multiples sont les auteurs et autrices à relever l’ambiguïté et la porosité conceptuelles du terme « extrémisme ».

Par exemple, l’auteur Christophe BOURSEILLER a écrit – en quatrième de couverture de l’un de ses ouvrages – que « Pieuvre géante, Golem envahissant, fantasme collectif et nouvelle grande peur des bien-pensants, l’extrémisme sculpte l’actualité […] Toujours invoqué mais rarement défini, l’extrémisme serait-il la nouvelle hydre de Lerne des sciences politiques ?[10] ». Une indéfinition, mais surtout une confusion lexicale, que le philosophe Pierre-André TAGUIEFF reconnait également dans l’un de ses articles[11]. Ainsi, il y précise que la « notion d’« extrémisme » est certes une notion confuse » mais qu’« elle renvoie à des réalités qui doivent être reconnues et analysées[12] ». Une ambivalence de définition, remarque-t-il, qui résulte principalement d’une confusion systémique du mot, notamment relayée au sein de la littérature semi-savante et savante[13]. Un constat que les conférenciers Hervé LARROZE-MARRACQ et Yoan MIEYAA partagent aussi, expliquant entre autre que radicalisme et extrémisme sont généralement associés[14]. Imbrication que la chercheuse Emmanuelle HUISMAN-PERRIN relève pour sa part entre les termes radicalisme, fanatisme et extrémisme ; des dénominations souvent utilisées de manière équivalente bien que présentant chacune leurs propres « équivoques et difficultés[15] ». Enfin, le linguiste Philippe BLANCHET ajoute une dimension épistémologique à ces critiques. Il souligne que la notion de radicalisme a parfois été utilisée pour stigmatiser certaines communautés, plus particulièrement la communauté musulmane. Et que de cet amalgame – entre des pratiques culturelles ciblées et un phénomène spécifique d’utilisation et de manifestation de la terreur – est « né une perméabilité et une assimilation » entre les différents termes que sont le fondamentalisme, l’extrémisme ou encore le terrorisme[16].

Fanatisme, fondamentalisme, radicalisme et terrorisme, tous des facettes de l’extrémisme ?

La précédente partie a mis en évidence l’imprécision, même scientifique, concernant la définition de l’extrémisme et de son association (presque) systématique avec d’autres terminologies voisines. Il est de ce fait important de reprendre les terminologies citées plus haut – fanatisme, fondamentalisme, radicalisme et terrorisme – afin de les expliciter et de les nuancer par rapport à la notion d’extrémisme, qui sera définie en dernier.

Premièrement, le fanatisme se caractérise par une adhésion inconditionnelle à une cause ou à une doctrine, avec une conviction irraisonnée et une intolérance envers les autres, pouvant entraîner des actes destructeurs[17]. Forme d’extrémisme caractérisée par un engagement passionné, excessif et intransigeant envers une cause, une croyance ou une idéologie. Les fanatiques sont souvent disposés à sacrifier leurs propres intérêts, ainsi que ceux des autres, pour soutenir leur cause ou leur croyance. Le fanatisme peut être observé dans divers domaines, y compris la religion, la politique, le sport, etc.

Le fondamentalisme, quant à lui, est une forme particulière de fanatisme qui se réfère généralement à une interprétation stricte et littérale des enseignements ou des textes sacrés. Les fondamentalistes religieux, par exemple, adhèrent strictement aux principes fondamentaux de leur foi et rejettent souvent les compromis ou les interprétations modernes. Le fondamentalisme peut entraîner des attitudes rigides et parfois des actions extrêmes.se concentre principalement sur le retour aux principes fondamentaux d’une religion ou d’une idéologie politique, touchant souvent aux croyances et déclenchant des politiques éducatives conservatrices[18].

Le radicalisme, pour sa part, implique un engagement total dans les éléments essentiels de la vie, souvent associé à une dimension sacrée et à des actions sacrificielles. Il émerge d’une volonté de remettre en question ou de s’opposer radicalement à l’ordre établi, que ce soit sur le plan politique, social, religieux ou culturel. Les radicaux cherchent souvent des changements importants et sont prêts à adopter des méthodes inhabituelles ou non conventionnelles pour atteindre leurs objectifs. Le radicalisme peut être positif (comme dans le cas de réformes sociales) ou négatif (comme dans le cas du terrorisme). Il implique une processus progressif difficilement cernable, la radicalisation, car touchant d’un côté aux opinions considérées comme radicales, et de l’autre aux actes violents reliés à une idéologie. Deux aspects qui – bien que relativement proches – ne se chevauchent pas nécessairement[19].

Le terrorisme se distingue enfin par l’utilisation de la violence, des menaces ou de la coercition pour intimider ou contraindre des individus ou des gouvernements, avec le potentiel de causer des blessures graves, la mort ou la prise d’otages[20]. Il se caractérise, encore une fois, par une utilisation délibérée de la violence, de la terreur ou de l’intimidation pour atteindre des objectifs politiques, religieux, idéologiques ou sociaux. Les terroristes ciblent souvent des civils innocents dans le but de créer la peur et de faire pression sur les gouvernements ou les sociétés. Bien que le terrorisme soit souvent associé à l’extrémisme et au radicalisme, tous les extrémistes ne sont pas nécessairement des terroristes, et tous les actes terroristes ne sont pas perpétrés par des extrémistes.

Pour finir, Jacques Lesage De La Haye propose finalement une définition de l’extrémisme « comme une tendance à adopter des idées extrêmes, poussées au plus haut degré, notamment en politique et en matière de religion. Cependant, il note que l’histoire offre de nombreux exemples d’individus qualifiés à la fois d’extrémistes et de terroristes, ce qui complexifie la compréhension de ce concept[21] ». En guise de conclusion de cette phase théorique, bien que ces termes partagent des similitudes, ils ne sont pas interchangeables. Il est de ce fait essentiel de comprendre leurs distinctions pour éviter une stigmatisation souvent bien trop présente et favoriser une meilleure compréhension des comportements humains et des enjeux associés à ces notions.

III. L’extrémisme, une représentation biaisée ?

S’il est courant d’observer un large éventail lexical associé au concept d’extrémisme (ct. 1ère partie du présent article)[22] – démontrant ainsi l’omniprésence de ce sujet dans la sphère publique et médiatique – ce foisonnement documentaire s’avère cependant moins élevé lorsqu’il s’agit d’examiner les représentations de l’extrémisme dans le cinéma. Bien que les personnages de fiction ont souvent été perçus comme le reflet de préoccupations et d’enjeux de leur époque, agissant comme des miroirs des sociétés et de leurs évolutions[23], certains manquements[24] émergent quand il s’agit de trouver et de définir des personnages, ou archétypes, qui seraient « caractérisés » comme étant « extrémistes ». En effet, certaines considérations, par exemple liées aux pratiques culturelles et religieuses[25] telles que l’interdiction de personnification du sacré, peuvent parasiter la création d’images cinématographiques et limiter l’exploration scénaristique de sujets culturels « sensibles »[26]. Pourtant, malgré ces quelques entraves ou censures, il est indéniable que des représentations de ce qui est rattaché à de l’extrémisme sont largement diffusées au travers de figures fictives et de personnages de fiction. Le cinéma peut ainsi contribuer à la visibilisation et au questionnement de thématiques complexes tels que le fanatisme, la xénophobie, le racisme et l’extrémisme[27].

À titre d’exemple, il est intéressant d’examiner des personnages tels qu’Ahmed, du film Le Jeune Ahmed réalisé par Luc et Jean-Pierre Dardenne en 2019[28], V du film V pour Vendetta dirigé par James McTeigue en 2006[29], ou encore Thanos, un antagoniste majeur de l’univers Marvel créé par Jim Starlin en 1973[30]. Des exemples choisis pour leur aspect bankable mais qui semblent surtout, à première vue, très différents en termes d’origine, de position, d’idéaux et de contexte[31]. Les deux premiers sont des protagonistes ou anti-héros évoluant dans des univers qui, bien que distincts, partagent une certaine homologie avec notre réalité. Le troisième, Thanos, incarne un « méchant ultime » dans un univers métaphorique et fantastique. Trois personnages de fiction qui matérialisent chacun à leur manière une orientation possible de l’extrémisme. Alors que le jeune Ahmed illustre la manière dont les individus peuvent être manipulés pour adopter des idées extrêmes et commettre des actes violents au nom de la foi – le film explorant les mécanismes de la radicalisation chez les jeunes, mettant en lumière l’endoctrinement, la fermeture d’esprit et l’intolérance qui peuvent découler de l’extrémisme religieux – le personnage de V métaphorise quant à lui l’extrémisme politique dans un contexte dystopique. Il lutte contre un régime totalitaire oppressif mais sa quête de vengeance le pousse à utiliser des méthodes radicales, y compris la violence, pour atteindre ses objectifs. Bien qu’il soit perçu comme un héros par certains, V représente une forme d’extrémisme où les fins justifient les moyens, ce qui soulève des questions morales complexes. La fiction interroge les limites de la résistance et les conséquences de l’extrémisme politique, tout en suscitant des réflexions sur la tyrannie et la liberté individuelle. Enfin, Thanos est un antagoniste puissant de l’univers Marvel. Bien qu’il évolue dans un contexte de science-fiction, il incarne l’extrémisme idéologique à travers sa quête obsessionnelle d’acquérir les Pierres d’Infinité pour éliminer la moitié de la population de l’univers, qu’il estime être un acte de salut. Thanos représente un extrémisme de l’équilibre radical, où il est prêt à commettre des actes terribles au nom de sa vision du bien. Son personnage met en lumière les dérives de l’extrémisme idéologique, même dans des mondes imaginaires.

 

 

Illustration N° 1 : Le Jeune Ahmed, Luc et Jean-Pierre Dardenne, 2019. Illustration N° 2 : V pour Vendetta, James McTeigue, 2006. Illustration N° 3 : Avengers : Endgame, Anthony et Joe Russo, 2019.

En somme, ces trois personnages de fiction illustrent diverses interprétations de l’extrémisme. Leur présence dans le monde cinématographique offre aux spectateurs l’opportunité de réfléchir sur les mécanismes, les motivations, les conséquences et les dilemmes moraux qui peuvent en découler. Ces représentations contribuent à sensibiliser le public à ces nuances et à susciter des discussions sur ces questions complexes et pertinentes de notre société.

IV. En conclusion

En conclusion, l’extrémisme est donc bien un terme protéiforme, dont la définition, la délimitation et les embranchements sémantiques et lexicaux dépendent généralement du contexte socio-historique et culturel, ainsi que de la réception et de l’interprétation socio-situées des publics visés. Une polyvalence et une subjectivité qui se retrouvent également au cinéma. L’extrémisme peut ainsi y être représenté différemment selon les objectifs du film, le public ciblé, ou encore les attentions et la vision artistique des scénaristes et réalisateur.rice.s. Parmi ces innombrables façons et réinterprétations possibles, certains films dépeindront par exemple des portraits personnels d’’individus dont les actions sont, dans l’imaginaire populaire, apparentées à du radicalisme, du fanatisme ou de l’extrémisme (Un 22 juillet, Paul Greengrass, 2018[32]). Ces personnages peuvent ainsi être montrés en train de planifier des actes violents ou de recruter d’autres personnes dans leur poursuite de leur cause. D’autres (films) s’axeront plutôt sur la création de mouvements historiques et sur la manière dont les « groupes ou organisations extrémistes » se forment, fonctionnent et opèrent pour atteindre leurs objectifs communs (Chez nous, Lucas Belvaux, 2017[33] …). Des pratiques qui se caractérisent souvent par de la violence ou de la propagande. D’autres encore se concentreront davantage sur le processus : illustrant comment des individus ordinaires peuvent être entraînés vers l’extrémisme. Cela peut inclure des aspects psychologiques, sociaux et émotionnels du processus comme c’est le cas dans Le Jeune Ahmed (Luc et Jean-Pierre Dardenne, 2019). D’autres enfin réfléchiront aux conséquences (conflits, effets …), à la lutte ou encore aux dilemmes moraux (justice, vengeance, collaboration, dénonciation …) que peuvent engendrer les extrémismes.

Finalement , il est important de préciser que la représentation des personnages extrémistes au cinéma peut être controversée et dépend fortement de la manière dont elle est réalisée et du contexte socio-culturel dans lequel elle sera reçue. Certains films peuvent ainsi condamner et critiquer ce qui sera catalogué comme extrémisme par rapport à une norme donnée, tandis que d’autres peuvent essayer de comprendre les motivations et les facteurs qui mènent à ce phénomène. Selon leur caractéristisation, des personnages « extrémistes » peuvent ainsi être populaires et apprécié.e.s par les spectateur.rice.s pour plusieurs raisons. En effet, iels peuvent – à l’image de la personnalité humaine – être complexes et nuancé.e.s. Lorsqu’iels sont bien développé.e.s, leurs motivations peuvent être compréhensibles et faire écho à des problématiques existantes. L’adhésion et l’empathie spectatorielle n’en sont alors que renforcées. Les spectateur.rice.s loin de faire face à des personnages dichotomiques et manichéens, peuvent être interpellé.e.s, se sentir intéressé.e.s ou proches, comprendre les actions voire s’identifier à ces personnages étiquetté.e.s comme étant extrémistes et radicaux. Outre cet aspect, les personnages extrémistes servent souvent de moteur narratif à l’histoire et l’intrigue. Leurs actions, qu’elles soient jugées comme étant « bien » ou « mal », peuvent créer des tensions dramatiques qui maintiennent l’attention du public tout au long du film. Leurs (leit)motivs peuvent explorer des thèmes sociaux et politiques : leurs quêtes utilisées pour interroger des mutations sociales ou politiques et se faire mise en abyme de nos sociétés, de nos problématiques et de nos interrogations. Iels peuvent également sensibiliser, visibiliser ou même inciter le public à réfléchir à des problèmes tels que l’extrémisme, l’intolérance, l’identité, la radicalisation, etc. Et en même temps, iels peuvent également endosser un aspect exutoire ou fascinant ; représenter des facettes plus sombres de la personnalité humaine, qui existent mais qui sont souvent réprimées, mésestimées ou inconnues[34].

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    21. DE LA HAYE. Jacques Lesage. « Extrémisme… À la folie ». Dans Humanisme. Vol. 313. N° 4. 2016. Pp. 46-50. [Disponible en ligne]. Consulté le 18 août 2023. URL : https://www.cairn.info/revue-humanisme-2016-4-page-46.htm.
    22. BRONNER. Gérard. « Qu’est-ce qu’un extrémiste ? ». Dans Revue des Sciences Sociales. Coll. « Jeux et enjeux ». N° 45. 2011. Pp. 176-185. [Disponible en ligne]. Consulté le 18 juillet 2023. URL : https://www.persee.fr/docAsPDF/revss_1623-6572_2011_num_45_1_1377.pdf.
    23. BERTHET. Frédérique. « Les figures du double au cinéma ». Dans Imaginaire & Inconscient. Vol. 14. N° 2. 2004. Pp. 225-240. [Disponible en ligne]. Consulté le 18 septembre 2023. URL : https://www.cairn.info/revue-imaginaire-et-inconscient-2004-2-page-225.htm.
    24. En tout cas en français et dans le cadre de recherche actuel.
    25. Dans cet article, ce sont « les sociétés majoritairement juives ou musulmanes dès le début du XXe siècle » qui sont étudiées. SALHAB. Sabine. « Islam, judaïsme et cinéma. Interdits religieux, questionnements identitaires ». Dans Cahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires. 2012. [Disponible en ligne]. Mis en ligne le 4 juin 2012. Consulté le 18 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/cerri/1132.
    26. SALHAB. Sabine. « Islam, judaïsme et cinéma. Interdits religieux, questionnements identitaires ». Dans Cahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires. 2012. [Disponible en ligne]. Mis en ligne le 4 juin 2012. Consulté le 18 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/cerri/1132.
    27. CONDÉ. Michel. « Le cinéma, outil d’éducation au « vivre ensemble » ? ». Dans Les Grignoux – Cinéma et Culture au cœur de la ville. 2015. 16 pages. [Disponible en ligne]. Consulté le 18 septembre 2023. URL : https://www.grignoux.be/dossiers/288/cinema_outil_educatif.
    28. LECLERC. Alexandre. « Le jeune Ahmed ». Dans Ciné-Histoire. [Disponible en ligne]. Publié le 8 juillet 2020. Consulté le 18 septembre 2023. URL : https://www.cine-histoire.ca/film/le-jeune-ahmed/.
    29. SOTINEL. Thomas. « V pour Vendetta : Londres sauvée par le terrorisme ». Dans Le Monde. [Disponible en ligne]. Publié le 18 avril 2006. Modifié le 25 avril 2006. Consulté le 18 septembre 2023. URL : https://www.lemonde.fr/cinema/article/2006/04/18/v-pour-vendetta-londres-sauvee-par-le-terrorisme_762878_3476.html.
    30. « Thanos (Marvel Comics) ». Dans Wikipédia. [Disponible en ligne]. Mis à jour le 8 septembre 2023. Consulté le 18 septembre 2023. URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Thanos_(Marvel_Comics).
    31. Exemples choisis arbitrairement qui n’ont pas pour but de refléter exactement l’état des lieux actuels des représentations de l’extrémisme dans la fiction ni de recenser les personnages considérés comme extrémistes dans le domaine cinématographique ; sujet(s) et objectif(s) intéressants qui devraient, pour être complets, faire l’objet d’une étude plus approfondie.
    32. « Un 22 juillet ». Dans Wikipédia. [Disponible en ligne]. Modifié le 28 mai 2023. Consulté le 25 septembre 2023. URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_22_juillet.
    33. « Chez nous ». Dans Wikipédia. [Disponible en ligne]. Modifié le 25 juillet 2023. Consulté le 25 septembre 2023. URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_22_juillet.
    34. COTTE. Olivier. « Chapitre 8. Les personnages »,. Dans COTTE. Olivier. Adapter un livre pour le cinéma et la télévision. De l’œuvre originale au scénario : roman, théâtre, biographie, bande dessinée. Armand Colin. 2020. Pp. 139-169. [Disponible en ligne]. Consulté le 21 septembre 2023. URL : https://www.cairn.info/adapter-un-livre-pour-le-cinema-et-la-television–9782200627256-page-139.htm.