C’est pour votre bien

Instauration d’une zone 30 généralisée sur la région bruxelloise, taxation du diesel, rétrécissement des voies de circulation, suppression des emplacements de stationnement liée à une augmentation des tarifs, projet de taxation kilométrique dans Bruxelles ou péage urbain, … au nom de l’écologie et de la sécurité, tout est fait pour décourager et culpabiliser l’automobiliste.

Quelles alternatives lui propose-t-on ?

Un RER qui joue l’arlésienne ? Premier appel à projet datant de 1995 et mise en service planifiée pour 2002. Vingt-cinq ans plus tard, c’est toujours… rien sauf des nuisances pour ceux qui ont subi les bribes de construction comme la percée du tunnel ferroviaire entre Schuman et Plasky.

Voilà un projet qui, dès son origine, était destiné à dissuader les centaines de milliers de véhicules individuels convergeant chaque jour vers la capitale et à éviter ainsi les problèmes de pollution et de mobilité qui n’ont fait que s’intensifier au cours des années.

Un service de trains efficace et garantissant un minimum de ponctualité ? comme tous les « services » publics aujourd’hui, la SNCB n’échappe pas à une « nécessité » de rentabilité. Les gares peu fréquentées sont donc fermées, les guichets disparaissent de celles qui restent en fonction. Aux heures de pointe, les trains sont bondés. Sachez aussi, par exemple, qu’aucun train direct ne relie Bruxelles, capitale de la Belgique et de l’Europe, à Wavre, ville du Premier Ministre. Pour rejoindre le chef-lieu de la province de Brabant wallon, il vous faudra transiter par Ottignies. Plus d’une heure de trajet sera nécessaire pour effectuer les trente kilomètres reliant les deux métropoles.

Des parkings de dissuasion ? De nombreuses villes en Belgique proposent des P+R, vastes parkings reliés directement à des lignes de transport en commun et proposant d’acquérir, à des tarifs très avantageux, un billet de tram, bus, métro valable pour un aller-retour dans la journée.

A Bruxelles ? rien de ce genre si ce n’est des zones de stationnement appartenant à la STIB avec des emplacements insuffisants et payants …

Des véhicules électriques ? D’aucuns vous vanteront alors, certes avec raison, les qualités environnementales des voitures électriques. Ce serait certes une bonne idée si, à l’instar d’une ville comme Amsterdam où des bornes de rechargement fleurissaient à tous les coins des canaux et des rues. C’est loin d’être le cas chez nous ! D’autre part, ces véhicules sont relativement chers et peu d’incitants, à l’exception d’une adaptation de la taxe de circulation sont prévus.

Ajoutons encore que si l’ensemble du parc automobile était remplacé par des voitures fonctionnant uniquement à l’électricité, la production de celle-ci devrait être accrue dans des proportions énormes. Comment faire face à une telle demande ? Centrales nucléaires ? on essaie de s’en débarrasser ! énergies fossiles ? plus personne n’en veut !

Sont-ils vraiment la solution écologique ?

Si on ne tient compte que de la production du véhicule, une voiture électrique est deux fois plus dommageable pour l’environnement qu’un véhicule thermique. Ceci s’explique par les matériaux intervenant dans la fabrication des batteries, comme le lithium par exemple, une ressource naturelle qui va commencer à s’épuiser au fil du temps.

L’origine de l’électricité utilisée est également un élément dont il faut tenir compte car il influence grandement l’impact écologique du véhicule : dans le cas où les véhicules sont construits dans des régions où le charbon est disponible en grande quantité, l’électrique serait même contre-productif…

 

Et les moyens de transport alternatifs ?1

Outre les monoroues, gyroroues, hoverboards, et skateboards électriques, c’est surtout la trottinette électrique qui a la cote et qui est devenue
en quelques mois un des moyens de déplacement favori de ceux qui se prétendent les plus écolos. Elle s’est imposée comme le moyen de locomotion à la mode dans des villes comme Bruxelles, Liège, Anvers et un peu partout en Europe. Elle envahit nos rues et surtout nos trottoirs (ce ne sont pas moins de 100.000 utilisateurs à Bruxelles aux dires de la société américaine Lime qui les loue) et, une fois dépassé le côté sympa de l’engin et le sentiment de liberté qu’il procure probablement à son utilisateur, ce sont surtout ses nuisances qui apparaissent. Elles sèment la pagaille sur les routes et les trottoirs. Cela fonctionne selon le système dit de « Free Floating » c’est-à-dire la mise à disposition par une société privée d’un parc de véhicules en location sans station de prise en charge et de dépose. On prend l’objet posé tel quel dans la rue, que ce soit un scooter, un vélo ou une trottinette. On se déplace avec. Et on le relâche où bon nous semble dans les limites géographiques autorisées par l’opérateur.

Si certains utilisent leur engin de manière respectueuse, il faut bien reconnaître que ce sont des exceptions : quelques-uns n’hésitent pas à emprunter les tunnels, roulent à des vitesses excessives sur les trottoirs et n’ont que faire des piétons, abandonnent la trottinette n’importe où puisqu’aucun point de dépôt n’est prévu sans se soucier des dangers qu’elle pourrait causer, … Faute de cadre légal en Belgique, c’est le chaos et les trottinettes apportent leur lot de dangers, que ce soit sur la route ou sur les trottoirs. En effet, ce nouveau moyen de transport est également une nouvelle source d’accidents.

Écologiques les trottinettes ? Pas si sûr !

Certes leurs émissions de CO2 par kilomètre parcouru sont très faibles et elles pollueraient 97% de moins que le trajet en voiture. Mais leur impact écologique est loin d’être nul ! n’en déplaise aux bobos !

Mais cela, c’est sans tenir compte de l’énergie dont elles ont besoin pour être chargées, la fabrication de leur batterie au lithium, loin d’être sans impact sur l’environnement, des trajets effectués par les camionnettes qui doivent les ramasser pour les recharger, les réparer et les remettre à disposition,

Comment cela fonctionne ?

Le rechargement des batteries fait partie de la face cachée de ce service ! Une partie des engins est prise en charge par des salariés des opérateurs chargés de la maintenance et de la recharge. Mais une autre partie est sous-traitée à des autoentrepreneurs. Ainsi, à la fin de chaque journée, des dizaines de chargeurs de trottinettes, appelés Juicers (les fournisseurs de jus), tentent de récupérer le maximum de trottinettes dans leur coffre ou souvent dans une camionnette de location pour les mettre charger chez eux ou dans des c compte de la fabrication de leur batterie au lithium qui est loin d’être sans impact sur l’environnement. Il faut encore ajouter que ces engins partagés,
outre le fait qu’ils sont souvent volés ou dégradés, ont une courte durée de vie. Même si les opérateurs rechignent à communiquer sur le sujet, on peut considérer que le véhicule survit entre un et six mois dans une ville avant d’être envoyé à la casse. Une étude la ville de Louisville aux USA va plus loin et estime que la durée de vie de la trottinette partagée est de 28 jours et que la distance parcourue par le véhicule est en moyenne de 227 kilomètres.2

Pourquoi une telle multiplication de ces engins ?

Le marché de la micromobilité est potentiellement énorme : plus de la moitié des déplacements en Chine, en Europe et aux Etats-Unis font
moins de 8 kilomètres, une distance idéale pour ce genre de véhicule. Le cabinet McKinsey estime qu’en 2030, il pourrait se situer entre 300 et 500 milliards de dollars.3

Mais la question est : veut-on réellement éradiquer la voiture ?

Double langage de nos dirigeants : vilains pollueurs, n’utilisez plus vos véhicules à moteur thermique, chers contribuables, aidez-nous à
remplir nos caisses grâce à vos taxes de circulation et aux accises sur les carburants.

La TVA sur les carburants a rapporté à elle seule 2,7 milliards d’euros en 2018. « La Belgique s’est engagée sur la voie de la disparition progressive du diesel. Les ventes de voitures à essence augmentent donc et, avec elles, le montant des recettes d’accises et de TVA, puisque ces véhicules consomment davantage de carburant que les voitures au diesel » explique Michel Martens, directeur du service d’études de la Febiac (fédération belge de l’automobile et du cycle). L’Etat est-il prêt à se priver d’une telle manne ? quant à l’automobiliste, il verra les taxes augmenter, il râlera un bon coup et tout continuera comme avant.

Haro sur le diesel

L’écologiste Jean-Marc Nollet déclarait à la RTBF, ce 10 septembre, à la suite de la participation de son parti au nouveau gouvernement wallon, vouloir limiter les émissions de C02 à 50 millions de tonnes d’ici à 2030 et dans le même temps jette l’opprobre sur les véhicules diesel.

Or, sachant qu’une voiture à essence consommant 6 litres aux 100 kilomètres, rejette 138g par kilomètre et qu’un véhicule diesel n’en produira que 130, on ne peut que s’étonner de l’acharnement à son encontre, d’autant que sa durée de vie plus longue et doit être prise en compte dans le calcul de la pollution. Ou est-ce justement sa plus faible consommation en carburant qui le rend fiscalement moins intéressant pour les caisses de l’Etat ?

Et les monstres des mers ?

Les paquebots modernes sont devenus de véritables villes flottantes futuristes, capables de transporter des milliers de passagers avec un coût énorme pour l’environnement.

L’industrie des croisières provoque des impacts variés – pollution de l’air, rejet d’eaux usées, carburants relâchés en mer, déchets alimentaires et plastiques, … Les émissions de soufre, néfastes pour la santé et dangereuses pour les espèces marines, sont l’une des inquiétudes majeures.

Une étude portant sur 203 bateaux de croisière naviguant au large des côtes européennes a montré que ceux-ci ont rejeté 20 fois plus d’oxyde de soufre que les voitures du continent.

C’est sans compter les dégâts qu’ils causent aux villes qui les accueillent – volontairement ou non – Venise en est un exemple emblématique ….

Et cependant, pas plus que les industries, les camions, … ils ne sont inquiétés !

Alors que chacun de son côté a une responsabilité vis-à-vis de la planète et des générations futures.

Les automobilistes mais aussi les camionneurs, les industriels, les avions, les agriculteurs responsables de la déforestation, la surproduction,

Dormez tranquilles, braves gens, l’avenir de l’humanité est entre les mains de nos dirigeants

Patricia Keimeul
Directrice FAML

1 Les EDPM (engins de déplacement personnel motorisés)
2 https://www.liberation.fr/planete/2019/03/07/une-trot tinet te-par tagee-a-une-duree-de-vie-de-28-jours_1713419
3 https://www.liberation.fr/planete/2019/03/07/une-trot tinet te-partagee-a-une-duree-de-vie-de-28-jours_1713419