Le tourisme et les femmes

Le tourisme est la plus grande industrie mondiale ?avec 1,4 milliard de personnes ayant passé au moins une nuit dans un pays étranger en 2018.

Mais qu’est-ce qui se cache réellement derrière le terme tourisme ? Le tourisme caractérise un « ensemble d’activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires ou pour d’autres motifs. »[1]

Le tourisme est un grand défi pour l’avenir car il représente de plus en plus une source « majeure, sinon la principale, de croissance, d’emploi, de revenus et de recettes pour beaucoup de pays en développement à travers le monde ».

En 2010, le secteur du tourisme était à l’origine de plus de 235 millions d’emplois dans le monde, soit 8,1 % de l’emploi total, les femmes représentant 54% des employés du tourisme. Les emplois concernent aussi bien l’hébergement des visiteurs, les activités de restauration, le transport ferroviaire, routier, aérien ou par voie d’eau, les agences de voyage, les activités culturelles…

Le tourisme est souvent présenté comme un levier puissant pour favoriser l’autonomisation des femmes. Ces dernières années, de nombreux progrès ont été réalisés à ce niveau, mais l’égalité n’est pas encore acquise. [2] Les femmes sont encore loin de jouir des mêmes droits, privilèges et avantages fondamentaux que les hommes. Les femmes gagnent toujours beaucoup moins que les hommes, effectuent une quantité disproportionnée de travaux ménagers, disposent de moins de droits, de moins de mobilité sociale et d’un accès limité aux ressources. Le tourisme est un secteur où les femmes sont vulnérables et doivent faire face à des types d’emplois précaires, à l’inégalité, à la violence au travail, au stress ainsi qu’au harcèlement sexuel.

Les difficultés rencontrées par les femmes

Les femmes gagnent en moyenne 10 et 15 % en  moins que leurs homologues masculins. [3]

L’Organisation Internationale du Travail (OIT) montre également que les femmes sont plus susceptibles de chercher des emplois à temps partiels ou flexibles. Par conséquent, elles cherchent régulièrement des emplois qui permettent cette flexibilité pour s’occuper de leurs enfants ou de leurs parents. Mais ces emplois ont tendance à payer moins et à être souvent plus précaires.

Les femmes travaillent également souvent bénévolement dans des entreprises familiales liées au tourisme. En réalisant par exemple les ménages dans un hôtel géré par un homme de la famille, elles travaillent de nombreuses heures sans salaire, ni réelle reconnaissance.

Elles sont moins susceptibles d’être promues à des postes de direction que leurs homologues masculins. Les postes qu’elles occupent ne permettent pas de réelles promotions.

Il existe bien des femmes qui créent leur propre entreprise mais elles sont bloquées à de nombreux niveaux : les moyens financiers, des compétences qui leur manquent car elles n’ont pas accès à certains domaines d’études. Mais malgré toutes ces difficultés, on observe une augmentation des femmes entrepreneurs dans le domaine du tourisme.

Elles sont moins soutenues que les hommes car il leur est plus difficile d’obtenir le financement nécessaire pour développer leur entreprise. Les banques sont beaucoup plus frileuses pour prêter de l’argent à une entrepreneuse qu’à un homme malgré le succès de bon nombre d’entreprises dirigées par des femmes : « 70% des petites et moyennes entreprises appartenant à des femmes ne sont pas desservies ou mal desservies par les institutions financières ». [4]

Si les femmes sont très nombreuses à suivre des études dans le domaine du tourisme, elles n’atteignent pas des niveaux d’études suffisants pour leur permettre d’accéder à des fonctions de leadership. On retrouve donc la majorité des femmes dans des emplois d’accueil ou de femmes de ménage alors que les hommes exercent des fonctions de guide ou de manager. [5] Ces dernières années, des investissements dans la formation professionnelle des femmes a permis d’avoir de bons résultats pour aider les femmes à accéder à des fonctions plus élevées. Pour cela, il a fallu permettre aux femmes d’acquérir des compétences techniques, de leadership mais aussi alphabétiser des femmes qui souvent n’ont pas eu accès à une scolarité classique. [6]

De grandes sociétés prennent conscience des inégalités qui persistent entre les hommes et les femmes.

 

 

Tourisme et prostitution

Si le tourisme peut aider la femme dans un processus d’autonomisation, il peut également la placer dans un cycle négatif de dépendance.

Certaines zones touristiques amènent une plus grande proportion de jeunes femmes qui se prostituent. Des « jeunes filles employées dans des bars travaillent  dans des conditions et des structures qui, loin d’améliorer leur situation financière, les engagent dans un cycle de dépendance dont il est difficile de s’échapper ». Elles travaillent pour un employeur qui les exploite pour eux-mêmes en retirer un maximum de profit. Travailleuses occasionnelles, les femmes travaillent à la commission et ne cotisent en aucun cas pour leur pension.

On a pu observer dans des zones de destination touristiques, que l’extension de la prostitution a provoqué la recrudescence de maladies graves, en particulier chez les femmes. En effet, la prostitution implique souvent des abus et de la violence exercés contre les femmes. Ces dernières sont souvent peu informées en matière de maladies sexuellement transmissibles.

Comment les acteurs du tourisme peuvent-ils agir pour l’équité homme/femme ?

Il existe un grand nombre de façons d’agir pour l’équité homme/femme, dont certaines sont très simples comme « l’écoute mutuelle, le respect, la créativité et l’instauration d’actions collectives au sein d’une équipe composée de femmes et d’hommes, tous à égalité sans exception ». Mais si on veut agir pour l’égalité homme/femme, il faut aussi changer les idées préconçues et reconsidérer sa communication. Veiller à ne pas diffuser des supports de communication qui indiquent à la femme le rôle qu’elle devrait tenir.

Certaines entreprises font le choix de valoriser le travail des femmes dans des milieux généralement réservés aux hommes.

Au sein de la société British Airways, on observe une absence de représentation des femmes aux échelons supérieurs de la hiérarchie, tant au niveau des pilotes que des cadres, ce qui explique les différences de salaire entre les hommes et les femmes. La société a voulu lutter contre ces inégalités et montrer aux femmes qu’elles étaient capables de mener des carrières de pilote en menant des campagnes de sensibilisation au sein des écoles et des universités.

C’est également une campagne de sensibilisation qui  a été choisie par ?????

D’autres entreprises agissent par la mise en place d’une politique responsable active sur le recrutement, l’accès à la formation, les congés maternité.

Des grandes chaînes d’hôtels comme Hilton ou Marriott ont mis en places des programmes de soutien aux femmes. Ils paient les congés de maternité ainsi que les congés parentaux, remboursent les frais de scolarité. Ce qui a permet aux femmes de pouvoir mener plus aisément vie familiale et professionnelle.

Les femmes ont souvent besoin d’une formation pratique qui leur permet de monter les échelons et d’oser se lancer comme entrepreneur. Elles ont également besoin d’être accompagnées, la création de communauté d’expertes bénévoles peut les aider à développer leur projet.

De manière plus globale, le tourisme durable se présente également  comme une solution pour favoriser l’égalité homme/femme. Le tourisme durable prône la parité entre les hommes et les femmes et l’accompagnement de ces dernières vers plus d’autonomie(…).

Il est important de veiller à renforcer la protection légale des femmes dans les emplois liés au tourisme. Et pour cela, les politiques liées au tourisme durable doivent inclure une réglementation du salaire minimum et une législation sur l’égalité des salaires et de lutter pour améliorer les conditions des congés de maternité, la flexibilité des horaires.[7]

Pour l’avenir

Des études sur le tourisme durable ont démontré que « les femmes dirigeantes font des choix stratégiques plus responsables avec une approche pérenne et plus éthique. Elles ont des objectifs de croissance durable, priorisent les relations humaines et s’appuient sur un modèle de management collectif. » [8] Il semble donc important d’amener plus de femmes à entreprendre dans le domaine du tourisme. Mais pour cela, il faut amener à changer les mentalités.

On peut apporter son soutien aux projets de développement, participer à des voyages solidaires qui aident les femmes dans leur quotidien et leurs démarches d’entreprenariat.[9] Il est important de (re)donner confiance aux femmes dans leurs capacités à mener à bien des projets dans le domaine du tourisme.

Marie Béclard
FAML

[1]Information consultée le 10 octobre 2019 sur le site http://fits-tourismesolidaire.org/ressource/pdf/B1bALaurentSyntheseCaracteriserletourismeresponsablefacteurdedeveloppementdurable.pdf

[2] Bureau international du travail, Outils sur la réduction de la pauvreté par le tourisme, Genève, 2011, p. 6.

[3] Global Report on Women in Tourism, p. 9 consulté le 12 octobre 2019 sur le site https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284420384

[4] Bureau international du travail, Outils sur la réduction de la pauvreté par le tourisme, Genève, 2011, p.8.

[5] Global Report on Women in Tourism, p. 14 consulté le 12 octobre 2019 sur le site https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284420384

[6] Global Report on Women in Tourism, p. 15 consulté le 12 octobre 2019 sur le site https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284420384

[7] Informations consultées le 10 octobre 2019 sur le site https://www.tourisme-durable.org/actus/item/880-quelle-place-a-la-femme-dans-le-tourisme

[8] Informations consultées le 10 octobre 2019 sur le site https://www.tourisme-durable.org/actus/item/880-quelle-place-a-la-femme-dans-le-tourisme

[9] Informations consultées le 10 octobre 2019 sur le site https://www.tourisme-durable.org/actus/item/880-quelle-place-a-la-femme-dans-le-tourisme.