Legalize it ?
Daniel Leclercq
Pourquoi un numéro de notre revue consacré au cannabis ? Et pourquoi pas ? Drogue de plus en plus consommée, au point que bientôt celui qui n’aura pas au moins essayé sera minoritaire dans le pays, elle nous a semblé être un sujet de société pour lequel un changement d’approche est nécessaire.
La prohibition a clairement échoué, engendrant par ailleurs ses habituelles dérives et il serait peut-être temps d’essayer une autre approche, comme en témoigne la proposition de loi déposée par le PS en septembre ainsi que la déclaration commune d’une majorité des sections jeunesse des partis politiques du pays, nord et sud confondus.
Changer d’angle d’attaque pourrait ainsi bénéficier aux consommateurs grâce à un meilleur contrôle des prix et de la qualité du produit, mais aussi aux producteurs et aux finances publiques. Les seuls perdants seraient finalement les différentes structures criminelles qui profitent de l’existence d’un florissant marché illégal. De plus en plus d’Etats dans le monde ont changé leur approche, en régulant ou en légalisant le cannabis sans conséquences néfastes pour leur population. Le progressisme dont notre pays sait faire preuve dans certains domaines ne pourrait-il pas s’appliquer à cette problématique ?
Mais même si ce numéro pourrait pousser d’aucuns à nous imaginer pédalant dans les nuages en compagnie des petits lapins, nous n’en gardons pas moins nos yeux bien ouverts sur un des secteurs fondamentaux de notre société, l’enseignement, et plus particulièrement sur le cours de philosophie et de citoyenneté.
Le chaos actuel doit bien évidemment cesser et, si la proposition de loi du MR tendant à instaurer deux heures obligatoires dans l’enseignement public nous semble aller dans la bonne direction, elle n’en résout pas tout pour autant. Quid des formations ? Quid des inspections ? Et quid de l’obligation de le donner également dans l’enseignement privé subsidié ? Comme le déclare Olivier Chastel, « les enjeux du vivre-ensemble sont aujourd’hui cruciaux : le renforcement de l’éducation citoyenne et l’approche socio-historique des faits religieux sont les meilleurs remparts contre les discours haineux, les fake news, les théories du complot, le rejet de l’autre et de la société ». L’on ne voit pas bien en quoi un enseignement donné dans une école « catholique » conduit automatiquement à respecter les dires du Président du MR…
Et, last but not least, quid des actuels profs de morale et de religion ? Car, même si certains feignent de l’ignorer, ces cours existent encore, et le passage à deux heures obligatoires de CPC ne les tuera pas puisque pour cela il faudrait une révision constitutionnelle. Tous ces profs ne veulent pas forcément donner un CPC. Ou ne le peuvent pas. Que vont-ils devenir ?
Toutes ces interrogations n’empêchent pas toute l’équipe de ML de vous souhaiter de bonnes fêtes de fin d’année et une excellente année 2018. Nous nous retrouverons aux environs de mars pour un numéro consacré à l’éthique…