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Bénévolat et précarité

Vous avez un peu de temps, envie de vous rendre utile dans une école de devoir, un club sportif, une ONG, …  en leur apportant vos compétences ?

Vous voulez devenir bénévole ou volontaire ? Existe-t-il une différence entre ces deux statuts ?

S’il est généralement perçu positivement, le bénévolat est-il exempt de certaines dérives ?

En Belgique, 10 à 14% de la population sont impliqués dans des activités de volontariat. Ce qui représenterait un chiffre entre 1 million et 1,8 million de personnes en 2018. Mais ces chiffres varient très fort d’une étude à l’autre car il n’existe aucun registre centralisé des bénévoles. Les résultats varient selon les méthodes utilisées pour la réalisation du comptage.

Le terme bénévolat vient du latin bene valeus qui signifie « qui veut bien ».

Le volontariat peut être défini selon les critères suivants : il s’agit d’une activité qui ne vise pas la récompense financière ; elle n’est donc pas rémunérée. Le volontariat est le fruit d’un libre choix et il bénéficie à une tierce personne qui ne fait pas partie de la famille ou du cercle d’amis. Il est ouvert à tous : on observe du bénévolat dans presque toutes les catégories sociales. [1]

Le bénévolat joue un rôle important dans notre société. En plus de tout ce qu’il apporte à l’association qu’il aide, le volontaire peut y trouver certains avantages : des contacts sociaux, l’acquisition de connaissances et de compétences professionnelles, ou encore de l’estime de soi. Mais le bénévole apporte lui aussi des compétences à l’association.

Si l’on veut mettre en évidence le poids réel que représente le travail non rémunéré dans l’économie, il est nécessaire de le quantifier en termes de nombre de personnes concernées, de volume horaire ou encore d’équivalents temps plein. Une telle mesure n’est toutefois pas aisée à effectuer.

Il est une réelle force de travail, qui permet de rendre des services utiles à la collectivité en offrant son aide à des associations dans des domaines divers comme l’action sociale, la santé, l’éducation, le sport ou encore la culture.[2]

Les actions menées par des citoyens pour lutter contre la pauvreté sont nombreuses.

Les frigos solidaires

Vous entendez parler de frigo solidaire, ouvert, partagé, collectif, communautaire, urbain, de rue, public… Toutes ces dénominations sont en réalité des synonymes et le choix revient au porteur de projet. Pour la petite histoire, les premiers frigos solidaires émergent en Allemagne et en Espagne en 2012. L’initiative s’installe en Angleterre, en Inde ou encore la Nouvelle-Zélande. En Belgique, le premier frigo solidaire a vu le jour en 2014 à Bruxelles et on en trouve aujourd’hui sept dans la capitale mais également un peu partout en Belgique.

Le frigo solidaire est un réfrigérateur proposé en libre-service et accessible depuis un espace public. Dans d’autres cas, il est à l’intérieur d’une association, d’un garage transformé en chambre froide ouverte et au public pendant des permanences. Les bénévoles accueillent alors ceux qui viennent faire des dons et ceux qui souhaitent se servir. Chacune des options présente des avantages : ouverture plus large et anonymat pour la première version, plus de contacts humains dans la deuxième.

Il est rempli par des citoyens, souvent des voisins, des associations, des restaurateurs ou encore des commerçants. Et chacun peut venir s’y servir à la seule condition de s’engager à consommer ce qui a été pris et de penser dans la mesure du possible aux autres bénéficiaires pour que chacun puisse bénéficier du service.

On y place des produits frais, des dons d’invendus et des produits dont la date de consommation est limite. On peut parfois lire que les produits cuisinés par des particuliers ne sont pas autorisés mais l’AFSCA l’autorise quand le frigo est une initiative citoyenne et s’engage à ne pas faire de contrôles dans ce genre d’initiative en partant du principe que « Les personnes qui déposent des produits alimentaires dans un frigo partagé sont considérées comme des personnes responsables et prudentes. Lorsque ce frigo partagé est une initiative privée, l’agence alimentaire est très flexible ; l’initiative ne devra pas être enregistrée auprès de l’Agence, ni avoir une autorisation spécifique[3] ». Lorsqu’il y a plainte, l’AFSCA vérifiera quelques points et rappellera les conditions nécessaires d’hygiène. Par contre, lorsque le frigo est tenu par une banque alimentaire, les règles ressemblent beaucoup plus à celles mises en place dans la restauration classique mais là aussi l’AFSCA se veut conciliante et flexible.   Afin d’éviter que l’offre de banques alimentaires et d’organisations caritatives ne diminue en raison d’obligations administratives, l’AFSCA est très flexible. Par exemple, des directives adaptées ont été élaborées, en particulier pour les organisations caritatives, afin qu’elles puissent distribuer des denrées alimentaires de manière sûre et avec le moins de gaspillage possible. [4]

Les frigos solidaires une réponse à une double problématique

Les frigos répondent à un double besoin actuel à savoir aider des personnes dans la précarité mais aussi lutter contre le gaspillage alimentaire. Deux problèmes importants chez nous.  La Belgique occupe la triste place de deuxième pays européen le plus gaspilleur. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), chaque année c’est environ 1,3 milliard de tonnes d’aliments qui sont jetés durant les différentes étapes de la chaîne de production. En Belgique, sur toute la filière alimentaire, ce sont 345 kilogrammes par habitant qui sont perdus. Des chiffres qui donnent le vertige et se partagent entre les ménages belges, l’industrie agroalimentaire, les commerces, la grande distribution, la vente au détail ainsi que la restauration.

En Belgique, les chiffres exacts sont difficiles à obtenir mais la Fédération des Services Sociaux estime que 450 000 personnes bénéficient d’une certaine forme d’aide alimentaire chaque année. [5] Les frigos solidaires représentent donc une solution à ces deux problématiques. Même si ce type d’actions ne permettra ni de réduire à zéro le gaspillage alimentaire, ni la faim en Belgique mais s’inscrivent totalement dans cette double démarche de réduction du gaspillage alimentaire et de lutte contre la faim. On ne peut que saluer ces initiatives individuelles qui tentent de pallier le manque d’ambition des décideurs.

En 2017, à Schaerbeek, le free go a permis de sauver 32 tonnes de nourriture.

A qui sont destinés les frigos ?

Si le projet vise essentiellement les sans-abris mais pas seulement, ils sont cependant ouverts à tous mais puisque l’objectif est bien d’offrir une aide quotidienne qui “permette aux personnes d’assumer d’autres types de frais, comme des factures médicales, des activités extrascolaires, etc. d’aider des personnes dans le besoin mais qui n’osent pas ou ne veulent pas demander les aides auxquelles elles ont droit. Ce sont donc aussi bien des étudiants que des pensionnés ou encore des travailleurs en difficulté. Qu’importe l’endroit où est installé le frigo, on s’aperçoit qu’il y a souvent de la misère cachée, même dans les quartiers les plus aisés, on trouve par exemple des personnes âgées qui ont du mal à joindre les deux bouts.[6]

Chaque type de bénéficiaire va avoir ses préférences : un étudiant va généralement préférer des produits simples à cuisiner en petite portion alors qu’une famille aura besoin de plus grandes portions, de viande et de légumes. Chaque type de dons pourra donc trouver acquéreur.

Et les voisins dans tout cela ?

Nous l’avons dit, une partie des dons proviennent des voisins. Cependant, la création d’un frigo solidaire ne plait pas toujours à tout le monde. En effet, dans certains quartiers les riverains craignent que ceux-ci attirent des personnes en grande précarité et que cela cause des soucis : vols, déchets, bruit. Les associations qui mettent en place ce type de projets doivent donc porter un soin important à la sensibilisation des riverains

 

 

Des douches pour les sans –abris ou personnes en grande précarité

Si manger est une première nécessité, le manque d’hygiène pose aussi un problème aux personnes vivant dans la rue. Leur permettre de prendre une douche va leur « permettre de retrouver la dignité en commençant par la (ré)appropriation du corps ».[7]

Pour permettre aux personnes sans-abris de pouvoir avoir accès à l’hygiène, certaines associations proposent un accès à des sanitaires. Ils peuvent ainsi prendre une douche ou utiliser des toilettes, dans certains cas utiliser des machines pour laver leur linge.

L’association Rolling douche a créé un service d’hygiène mobile. Ils utilisent pour cela un motor-home spécialement équipé de sanitaires. Chacun pourra y prendre une douche, gratuite, sans inscription, sans liste d’attente. Le projet a pour but d’aller vers les personnes qui en ont besoin et de ne pas limiter leur accès pour qu’un maximum de personnes puisse en être bénéficiaire.

Que les douches soient mobiles ou fixes, le rôle des bénévoles ne se limite pas à proposer à ces personnes en grande difficulté un service mais aussi d’offrir une écoute et parfois des aides ponctuelles comme remplir des papiers pour avoir accès à l’aide sociale, …

Les dérives du volontariat

Si la plupart des personnes se lancent dans le bénévolat sans rien attendre d’autres en ont fait un véritable commerce.

Le volontourisme

Il s’agit de la contraction entre les mots tourisme et volontariat. Le volontouriste est le terme donné aux voyageurs qui profitent de leur séjour pour enseigner, participer à un projet environnemental, de construction. Le projet propose ainsi « de contribuer à construire des infrastructures vitales pour les communautés défavorisées », ou encore d’aider à l’émancipation des femmes. Les destinations proposées sont nombreuses : du Cambodge au Sénégal en passant par les îles Fidji.

Les différentes associations qui proposent du volontourisme, s’occupent de gérer les détails logistiques pour que le voyageur puisse se concentrer sur son expérience, tout cela, en échange de quelques milliers d’euros.

Ces voyages sont–ils vraiment au service des populations ? Selon une organisation : « A première vue, il est parfois difficile de mesurer la différence que peut faire un volontaire en quelques semaines. Mais quand des milliers de personnes accordent un peu de leur temps à des objectifs communs, elles peuvent accomplir de grandes choses ». Un avis que ne partagent pas les ONG. Le volontourisme est présenté comme une sorte de mythe de l’Homme blanc qui veut sauver les pauvres petits étrangers.

De nombreux touristes veulent désormais voyager autrement, se rendre utiles auprès de populations pauvres. Pour cela, certains sont prêts à payer des fortunes pour partir faire du volontariat. Des agences de voyage et d’autres organismes à but lucratif proposent de nombreuses formules pour aider des enfants, faire fonctionner un dispensaire, pour enseigner. Un voyage qui a un coût par exemple : « deux semaines en Afrique du Sud au prix de 2200€ sans le billet d’avion et où une infime partie de la somme seulement sera finalement reversée aux projets de développement ou aux populations locales ».[8]

On met souvent en avant l’inutilité des volontaires et des projets qui sont mis en place par les organismes de volontourisme. Certains prétendent même que pour entretenir les projets : « On observe ainsi l’ouverture massive d’orphelinats en Asie, remplis avec des enfants arrachés à leurs parents pour satisfaire les envies d’humanitaire des touristes ».[9] Ces projets pourraient alors être responsables de la séparation d’enfant et de parents dans le seul objectif de faire de l’argent. Beaucoup se lancent, sans préparation, dans des projets dits humanitaires dans le seul but de se donner bonne conscience.

Les ONG demandent avec insistance aux voyageurs de laisser agir les professionnels en matière d’humanitaire.

Se rendre utile, aider son prochain, apporter sa pierre à l’édifice pour réduire l’impact de la pauvreté est certes très louable. Mais il est important de chercher à s’associer à des personnes dont c’est le métier.

Aider oui mais pas en tirer profit pour satisfaire son ego et chercher à se valoriser sur les réseaux sociaux, aider sans propager des stéréotypes sur la pauvreté.

Chaque citoyen peut bien évidemment jouer un rôle important dans la lutte contre la pauvreté mais certainement pas n’importe comment.

Avant de se lancer dans du bénévolat, il convient de s’assurer qu’il s’agit bien de répondre à un réel besoin et non de le créer pour satisfaire une envie purement égoïste. Il est tout aussi important de s’en référer à des vrais professionnels et non à des personnes motivées par un intérêt purement financier.

Marie Béclard
FAML

[1]               Le volontariat en Belgique. Chiffres-clés. Informations  consultées sur le site https://www.kbs-frb.be/fr/Virtual-Library/2015/20151019DS

[2]                 Informations consultées le 12 décembre 2019 sur le site https://www.kbs-frb.be/fr/Virtual-Library/2015/20151019DS

[3]                 Informations consultées le 15 janvier 2020 sur le site http://www.afsca.be/consommateurs/viepratique/autres/frigoscommunautaires/

[4]                 http://www.afsca.be/consommateurs/viepratique/autres/frigoscommunautaires/

[5]                 Informations consultées sur Comment créer et gérer un frigo solidaire en Région de Bruxelles-Capitale ? à la page 5 sur le site https://www.goodfood.brussels/sites/default/files/be_cool_guide_24-05-19_0.pdf

[6]                 Informations consultées sur Comment créer et gérer un frigo solidaire en Région de Bruxelles-Capitale ? à la page 5 sur le site https://www.goodfood.brussels/sites/default/files/be_cool_guide_24-05-19_0.pdf

[7]                 Informations consultées le 12 février 2020 sur le site http://doucheflux.be/notre-action/services/douches/

[8]                 Informations consultées le 12 mars 2020 sur le site https://tour-monde.fr/les-bons-et-les-mauvais-cotes-du-volontariat-et-volontourisme/

[9]                 Informations consultées le 12 mars 2020 sur le site https://www.carenews.com/fr/news/8344-lu-tourisme-humanitaire-les-ong-s-inquietent