Archive d’étiquettes pour : Liberté

Vaccination, passeport sanitaire, obligation ? Pour qui ? ….

Patricia Keimeul - Administratrice FAML

Alors que la vaccination a enfin atteint son rythme de croisière avec la livraison de doses émanant de différents laboratoires (Pfizer, Moderna, Astra Zeneca, Johnson & Johnson,…) de nombreux citoyens sont encore réticents à l’idée de recevoir celle qui leur est dévolue, certains par peur irrationnelle, d’autres convaincus qu’en mème temps que le vaccin, c’est une puce gps qu’on leur inoculera, d’autres encore refusant l’injection du vaccin provenant du laboratoire Astra Zeneca, avec lequel de très rares cas de thromboses mortelles sur des millions de doses sont à déplorer. Les péripéties autour de l’utilisation de ce vaccin ont légitimement pu faire naître une certaine inquiétude chez ceux à qui l’on devait l’administrer d’abord sans limite d’âge, réservé ensuite aux plus de 60 ans pour être finalement injecté aux plus de 40 ans. A cela, il faut ajouter la très récente décision européenne de ne plus s’approvisionner de ce vaccin tout en garantissant que ceux qui en ont bénéficié en première dose auraient bel et bien la seconde du même vaccin.

Il faut savoir que, comme tout vaccin celui contre le COVID comporte le risque de voir apparaître quelques effets secondaires, comme un état grippal, quelques douleurs musculaires ou localisées à l’endroit de l’injection.

Le taux d’immunité collective est fixé à 70 %. Il s’obtient en additionnant le nombre de personnes vaccinées à celles ayant une immunité naturelle ou obtenue par une contamination préalable. C’est pourquoi la vaccination est fondamentale dans la lutte contre la pandémie et dans la perspective de retrouver une vie sans contraintes. Et, cela semble fonctionner puisque tous les chiffres, que ce soient ceux des contaminations, des hospitalisations, du nombre de patients en soins intensifs ou encore, et c’est le plus important, ceux des décès liés à la pandémie baissent quotidiennement.

La vaccination est, depuis toujours, importante pour la santé publique .

Chaque année, la vaccination permet de prévenir deux à trois millions de décès dus à des maladies comme la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la grippe et la rougeole. La mortalité due à la rougeole a d’ailleurs diminué de 80% dans le monde, passant d’environ 545 000 décès en 2000 à 110 000 en 2017.

Si la couverture vaccinale mondiale s’améliorait encore, 1,5 million de décès supplémentaires pourraient être évités.

La vaccination obligatoire des enfants instaurée en 1967 a permis l’éradication en Belgique de la poliomyélite. La presque totalité des parents y soumettent de bonne grâce leurs bambins. Les 98 % d’enfants vaccinés protègent en quelque sorte les 2 % de réfractaires de cette maladie très contagieuse et incurable  et pour laquelle seule la prévention est efficace.

Si aujourd’hui en Belgique seule la vaccination contre la polio est encore obligatoire, nombre de collectivités – crèches, écoles, prégardiennats – et milieux d’accueil agréés par l’ONE (office national de l’enfance) exigent une attestation de vaccination contre la diphtérie, la coqueluche, les infections à Haemophilus influenzae de type b, la rougeole, la rubéole et les oreillons et ce, dans le but tout à fait légitime de préserver la santé de tous les enfants.

Rares sont ceux qui refusent de se conformer à cette obligation.

Pourquoi dès lors ne pas rendre aussi la vaccination contre une maladie aussi contagieuse que la/le COVID obligatoire ?

L’ampleur de la pandémie et une létalité bien supérieure à celle d’une grippe saisonnière pourraient le suggérer or elle ne se fait que sur base volontaire, dans le respect de la liberté individuelle.  Celle-ci, dit le ministre de la santé, repose sur les principes de respect de l’autonomie individuelle et de l’intégrité physique de la personne.

Nous savons que le seul moyen éthiquement acceptable pour atteindre l’immunité collective réside dans la vaccination. Laisser circuler le virus dans l’espoir d’obtenir cette immunité est une option qui ne peut être envisagée car elle impliquerait potentiellement la mort de milliers de personnes.

Cependant, de nombreux Belges se méfient de cette technologie élaborée en un temps record (après plus de 40 ans, il n’existe toujours pas de traitement préventif contre le VIH) et dont ils craignent encore les effets et l’efficacité à long terme.

La vaccination prioritaire du personnel de santé qui, pour la plupart s’y est soumis volontairement, devrait être de nature à rassurer sur une éventuelle dangerosité du produit. Une hécatombe parmi cette catégorie professionnelle n’était pas envisageable et aurait été une véritable tragédie.

Si les réticences devaient s’avérer trop nombreuses rendant le taux de vaccination insuffisant, les experts du Comité de bioéthique précisent qu’alors on ne pourra pas faire l’impasse tout au moins sur un débat pour la rendre obligatoire.

« L’immunité collective est un bien commun. La solidarité impose un devoir de protection à l’égard des plus fragiles, écrivent les experts du Comité de Bioéthique, et dans ce cas, l’obligation vaccinale sera éthiquement acceptable, compte tenu du danger que représente la/le Covid-19 pour certains groupes de population. »

Si l’immunité collective n’intervient pas suffisamment vite, l’épidémie pourrait reprendre vigueur et mettre a néant les efforts consentis durant de longs mois dit Florence Caeymaex, chercheuse au FNRS, professeure de philosophie éthique à l’ULiège et Présidente du Comité Consultatif de Bioéthique.

Dans la lutte contre cette longue pandémie, la solidarité doit être de mise. Chacun doit y mettre du sien et ne pas compter sur le fait que son voisin a été vacciné pour pouvoir s’en dispenser. Si tel est le cas, il ne faudra pas s’étonner que des mesures plus radicales soient prises et que la piqûre soit rendue obligatoire.

Faudrait-il rendre la vaccination obligatoire pour le personnel soignant ?

La vaccination du personnel médical répond à une double but :

Il s’agit tout d’abord de prémunir les travailleurs du risque de contamination en leur assurant une protection individuelle et ensuite d’éviter au personnel soignant de transmettre aux patients une maladie potentiellement dangereuse pour eux.

L’arrêté royal du 4 août 1996 a rendu obligatoire en milieu de soins, la vaccination contre l’hépatite B et contre le tétanos de même que le dépistage de la tuberculose par test tuberculinique.

En ce qui concerne le COVID, l’impact du virus sur les personnes hospitalisées ou sur les résidents des maisons de repos semble suffisamment important pour justifier lui aussi l’obligation vaccinale.

Quoiqu’il en soit, les soignants devraient à tout le moins avoir une obligation morale de se faire vacciner, la santé de leurs patients en dépend.

Donner plus de libertés aux personnes vaccinées ?

L’idée de rendre la vaccination obligatoire pour permettre de revenir à certaines activités comme faire des voyages de longues distances en avion, assister à des événements de grande ampleur comme des festivals, des concerts, … est dans l’air. La vaccination deviendrait alors un précieux sésame.

Un certificat COVID européen permettra aux ressortissants européens de circuler librement à travers le territoire de l’Union. Il pourra également faciliter l’accès à de grands événements comme des festivals, des compétitions sportives de grande ampleur, …

Ce certificat attestera qu’une personne a été vaccinée. Dans le cas contraire, celle-ci devra apporter la preuve d’un test négatif ou d’une immunité liée au fait d’avoir eu la maladie.

Il est évident que la vaccination facilitera les déplacements de ceux qui pourront en faire la preuve. Pour les autres, des tests négatifs devront être présentés à l’entrée de chaque pays.

Une fois la campagne de vaccination à laquelle chaque citoyen européen aura accès gratuitement, sera terminée, les détenteurs du passeport verront leur vie grandement facilitée.

Faut-il y voir une discrimination par rapport à ceux contraints d’effectuer le test ? L’accès à la vaccination est gratuit. Ceux qui, pour des raisons qui leur sont personnelles, ont choisi, au nom de leur liberté, de la refuser en assument les conséquences.

Quoiqu’il en soit, plus la couverture vaccinale sera importante, plus vite nous retrouverons le « monde d’avant ».

 

 

La laïcité à l’heure du « confinement » puis du « déconfinement » – Une atteinte à nos libertés ?

Avant de pénétrer plus avant dans le sujet, il n’est pas superflu de revoir la définition de la laïcité issue du dictionnaire, de la comparer dans les pays phares où elle a pu éclore, c’est-à-dire en France et en Belgique bien plus tard, pour en comprendre la substantifique moelle et y détecter en quoi les contraintes vécues dans le cadre des mesures COVID-19 y auraient porté atteinte et sous quels angles.

On pense à la « liberté », cette liberté dont s’est emparée la laïcité comme si avant elle, la liberté n’avait pas eu le même sens, celle-là même qui permet de croire ou pas en un dieu, d’adhérer ou pas à une religion, mais aussi celle qui anime les forces intellectuelles progressistes que ce soit en France, en Belgique et ailleurs, dont les Iles Britanniques, les Etats-Unis et bien d’autres pays, en se confondant avec la liberté au sens large, issue des textes constitutionnels et légaux de pays démocratiques, comportant celle de s’associer, de circuler, de s’exprimer, ou encore, celle de la presse.

On pense à l’égalité, qui en son concept de laïcité vise l’égalité entre les cultes et les confessions notamment, et qui au sens large, devrait permettre à tout un chacun de bénéficier des mêmes droits et d’être astreint aux mêmes devoirs que tout autre citoyen dans des conditions légales identiques.

Pensera-t-on à la fraternité, qui implique altruisme, humanisme et solidarité entre tous quelle que soit la position sociale de chacun ?

Pensera-t-on au libre-examen ?

La laïcité, son contenu évolutif

La langue française utilise le même vocable « laïcité » pour définir deux conceptions assurément complémentaires mais néanmoins distinctes : la laïcité politique et la laïcité philosophique. Les dictionnaires offrent des définitions.

Exemple chez Larousse : 1/ Conception et organisation de la société fondée sur la séparation de l’Église et de l’État et qui exclut les Églises de l’exercice de tout pouvoir politique ou administratif, et, en particulier, de l’organisation de l’enseignement. 2/ Caractère de ce qui est laïque, indépendant des conceptions religieuses ou partisanes.

Selon le Robert, la laïcité est le « principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, l’État n’exerçant aucun pouvoir religieux et les Églises aucun pouvoir civil ».

Pour la France, selon « l’Observatoire de la Laïcité », la laïcité garantit la liberté de conscience. De celle-ci découle la liberté de manifester ses croyances ou convictions dans les limites du respect de l’ordre public. La laïcité implique la neutralité de l’Etat et impose l’égalité de tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction. La laïcité garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs croyances ou convictions. Elle assure aussi bien le droit d’avoir ou de ne pas avoir de religion, d’en changer ou de ne plus en avoir. Elle garantit le libre exercice des cultes et la liberté de religion, mais aussi la liberté vis-à-vis de la religion : personne ne peut être contraint au respect de dogmes ou prescriptions religieuses. La laïcité implique la séparation de l’Etat et des organisations religieuses. L’ordre politique se fonde sur la seule souveraineté du peuple des citoyens, et l’Etat ne régit pas le fonctionnement interne des organisations religieuses.

La laïcité prend du sens en France pour la première fois pendant la Révolution de 1789 ; l’abolition de l’ancien régime s’accompagne de la fin des privilèges ecclésiastiques et de l’affirmation de principes universels, dont celui de la liberté de conscience et de l’égalité des droits exprimés par la Déclaration des droits de l’Homme de 1789. Ce processus de pensée aboutit en 1905 à la Loi de séparation des Églises et de l’État, qui marque l’aboutissement d’une laïcisation affirmée. C’est donc la loi du 9 décembre 1905 qui codifiera les principes de la laïcité en France, déjà bien ancrés. La notion de laïcité ne cesse de s’étendre en France. Depuis la Constitution de 1958, la laïcité fonde le pacte républicain et garantit l’unité nationale. Elle est entrée dans l’ADN républicain. Elle ne constitue pas une mouvance ou une tendance, mais une ossature structurelle.

En Belgique, celle qui s’est révoltée en 1830 contre la Hollande (1815-1830) protestante de Guillaume d’Orange, franc-maçon, après avoir vécu à l’heure française très maçonnique de Napoléon, succédant à la longue période autrichienne des Habsbourg (1740-1784), elle-même faisant suite à cent cinquante ans d’occupation espagnole catholique, la laïcité depuis les modifications de la Constitution de 1831 en 1993, est reconnue comme une mouvance de pensée, une communauté ; elle est financée par l’Etat, comme les autres…cultes. Mais sur le contenu philosophique, elle reste très proche de la laïcité française.

Feu Philippe Grollet, Président du « Centre d’Action Laïque » (CAL), distingue en 2007 : « la laïcité politique, ou laïcité institutionnelle, est cette exigence démocratique aussi appelée « séparation des Églises et de l’État ». Celle-ci implique l’impartialité des pouvoirs publics à l’égard des conceptions philosophiques confessionnelles ou non confessionnelles auxquelles l’État doit un respect identique dans la mesure, bien sûr, où ces conceptions sont elles-mêmes compatibles avec les principes démocratiques et les libertés et droits fondamentaux reconnus par la Constitution et les conventions internationales. Dans un État laïque, qu’on soit croyant ou incroyant, qu’on soit catholique, musulman, protestant, israélite, adventiste du septième jour, bouddhiste, agnostique ou athée, on est citoyen » (…) la croyance, l’incroyance, l’adhésion à tel ou tel culte ou la dissidence ne peuvent donner lieu à aucun avantage ni à aucune sanction, tous jouissant des mêmes droits et tous étant soumis aux mêmes devoirs. La laïcité entendue comme conception de vie (la laïcité dite « philosophique ») est une conception fondée sur des valeurs de libre examen, d’émancipation, de citoyenneté et de justice.

Les statuts du CAL, article 4, ont défini la laïcité comme impliquant ceci  : D’une part : « La volonté de construire une société juste, progressiste et fraternelle, dotée d’institutions publiques impartiales, garantes de la dignité de la personne et des droits humains assurant à chacun la liberté de pensée et d’expression, ainsi que l’égalité de tous devant la loi sans distinction de sexe, d’origine, de culture ou de conviction et considérant que les options confessionnelles ou non confessionnelles relèvent exclusivement de la sphère privée des personnes. » Et d’autre part : « L’élaboration personnelle d’une conception de vie qui se fonde sur l’expérience humaine, à l’exclusion de toute référence confessionnelle, dogmatique ou surnaturelle, qui implique l’adhésion aux valeurs du libre examen, d’émancipation à l’égard de toute forme de conditionnement et aux impératifs de citoyenneté et de justice ».

C’est l’Américain Roger Williams (environ 1603-1683) qui pourrait être considéré comme le père de la liberté religieuse, à travers son ouvrage «  Etudes théologiques et religieuses ».

De la convergence franco-belge apparaît que la laïcité est un principe humaniste fondé sur le régime des libertés et des droits humains, sur l’impartialité du pouvoir civil démocratique dégagé de toute ingérence religieuse ; il oblige l’État de droit à assurer l’égalité, la solidarité et l’émancipation des citoyens par la diffusion des savoirs outre l’exercice du libre examen.

La laïcité n’est pas une opinion, c’est le droit d’en avoir une. La laïcité s’articule autour de trois socles : la liberté, l’égalité et la solidarité, version proche de la fraternité au sens large, sans oublier le libre-examen.

Nous retenons donc de la laïcité : la séparation de l’Eglise et de l’Etat ; la liberté (de religion, de pensée et d’expression liés à une croyance ou une confession), l’égalité (devant la loi et la justice) et la solidarité entre les citoyens au sein d’une société progressiste de personnes qui se posent librement des questions et les passent au crible de la critique selon leur liberté de conscience.

Cette laïcité conçue comme concept global de libre pensée et de liberté de culte est moyennement exportable hors France et hors Belgique, mais elle l’est beaucoup moins dans le registre de la neutralité de l’Etat et de la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses. Sans doute l’égalité devant la loi et la justice rencontre-elle plus de succès au sein des démocraties, de même que la notion de solidarité entre citoyens. Quant à la liberté de conscience ou au libre-examen, ce mode de réflexion pourrait être universel, exonéré de tous dogmes.

Le confinement dû au covid-19 a-t-il égratigné cette laïcité-là ?

La COVID-19

De quoi parle-t-on ? Les media nous ont littéralement gavé du sujet jusqu’à l’indigestion ; les autorités ont communiqué, chacune à sa manière, et on peut émettre des critiques, mais le fait est là : par la volonté du prince, comme disent les juristes, le citoyen s’est vu imposer de lourdes restrictions et nul n’a pu les examiner pour opérer des choix, faute de passer pour un presque délinquant ou un irresponsable. Etre prudent par respect est une chose ; obéir aveuglément à des oukases relevant de l’excès ou du paradoxe c’est autre chose.

Néanmoins, le principe de précaution s’est imposé, même si d’emblée d’aucuns y ont vu l’arbre qui cachait une forêt sans chants d’oiseaux, sans soleil, où l’humanité devait s’attendre, après le pain blanc, à manger du pain noir, ce pain que l’on réservait aux Ukrainiens en les affamant en URSS, constitué de paille et de terre, alors que le blé de ce grenier productif poussé à outrance allait ailleurs, mais il convenait de ne pas en parler sous peine de disparaître.

Saura-t-on un jour ce que la crise sanitaire aura engendré en son nom mais qui relevait de paramètres antérieurs, tant au point de vue économique que social ?

On a confiné les gens ; ils ont dû se masquer, y compris ceux qui se battaient hier pour que le voile ne soit pas une obligation ; la liberté du commerce a fondu comme une peau de chagrin ; l’économie a connu la panne, l’arrêt, et a laissé les imaginatifs au pouvoir, lorsque c’était possible. Les autorités ont asséché une partie de nos libertés.

Nul n’ignore que d’une certaine manière, l’idée de liberté est plus importante à l’esprit que la liberté elle-même ; priver une personne du droit de faire ce qu’elle veut, même si au fond de sa pensée elle n’y pas songé, la motive pour s’en plaindre voire se révolter ; braver l’interdit relève de la tentation ; aucun oiseau ne peut vivre sans ailes car il lui serait impossible d’aller où il veut ; l’humain a toujours rêvé de voler ou d’escalader ou d’ouvrir les portes du voyage ; aujourd’hui, il part en vacances, participe à la fête de quartier, invite ses amis, se réunit en divers groupes, se rend au temple à la messe ou au cinéma, au théâtre ou nulle part parce que il l’a décidé lui-même.

Mais hélas, en 2019, une manipulation virale s’échappe et part à la conquête de la planète, prolifère, se transmet pour la première fois directement de personne à personne sans intermédiaire, peut tuer et s’avère plusieurs fois plus contagieuse que les grippes saisonnières.

2019 : apparition en Chine près de Wuhan d’une nouvelle maladie infectieuse respiratoire appelée SARS-COV-2, différente du SARS-COV de 2003 et du MERS-COV de 2012 au Moyen-Orient ; elle provoque une épidémie rapide de symptômes de type pneumonie virale d’une étiologie inconnue ; on le nomme COVID-19 ; on en tait l’existence, puis on en parle avec prudence, gêne ou diplomatie, et enfin, une information plus inquiétante se répand, contrainte par les événements et par les propos vrais d’une femme médecin du laboratoire de niveau 4 où l’accident semble s’être déroulé.

En Chine dans la province du Hubei, axe économique majeur, non loin de la ville de Wuhan, avec ses onze millions d’habitants, septième ville chinoise, ville de première importance en histoire politique où en 1911 démarre la révolution, dans les campagnes avoisinantes, des personnes ont en effet osé se plaindre de fatigue intense, de toux, de fièvre, et ont dû être admises aux urgences quand elles ne sont pas mortes en silence ou faute de soins.

Cette ville comporte un des plus grands laboratoires d’étude et d’analyses de virus, ceux qui existent et ceux que peut-être la nature pourrait créer ; on y joue à dieu ; on y concocte des monstres nanoscopiques d’une mortalité qui fait peur, qui dépasse l’horreur imaginée par les stratèges militaires les plus amoraux, s’il en est.

Tout droit donc sorti du laboratoire de niveau 4 de Wuhan en Chine, pour des motifs qui demeurent flous, ce virus de haute létalité a été identifié comme très dangereux parce très contagieux et donc en capacité de générer une pandémie mondiale, outre que très vite il a été présenté comme mutagène.

Et l’histoire du pangolin du marché de Wuhan ?

Nombre de pays l’ignorent encore, mais ils vont devoir faire face sans préparation, à une crise sanitaire « multinationale » qui conduira dans de nombreux pays à prendre progressivement ou de façon plus brutale diverses mesures plus ou moins radicales, et dans d’autres à ne pas ou presque pas agir.

Qui de s’empresser de dresser des tableaux animés de prolifération des cas, qui d’enfiler le costume du scientifique anxiogène, qui d’imaginer avec force détails des lendemains d’une humanité décimée, et qui d’annoncer des dispositions liberticides plus contraignantes les unes que les autres.

2020 : premiers messages d’alertes timides, non concertés, paradoxaux, tantôt minimisés, tantôt majorés, filtrés, amplifiés ou étouffés. Le monde tend le dos ; quelque chose d’infiniment petit se répand et tue les plus fragiles ; aucun vaccin n’existe, notre immunologie naturelle ne nous en protège pas et rien ne permet de détecter la contagion de manière efficace et rapide ni de s’en protéger.

On se prépare au pire, à vivre une nouvelle période de guerre, type 1914-1918 ou 1940-1945…au choix des plus imaginatifs.

Certains pays sont durement et rapidement touchés ; les autorités politiques sur conseils des scientifiques inventent un mot qui se traduit par un acte terrible : le « confinement ». Le monde comptera des centaines de milliers de morts, mais le confinement va éviter le débordement des services hospitaliers, qui vont gérer de manière exemplaire.

On reste chez soi et on n’en sort pas ; on ne rencontre personne et on évite donc tout contact ; on ordonne la fermeture des commerces non essentiels ; les entreprises s’arrêtent les unes après les autres ; on se met à dire dans certains discours que l’on est en guerre contre un virus ; des décrets, lois ou pouvoirs spéciaux sont accordés aux gouvernements qui entendent y recourir ; les personnes sont confinées par contrainte ; toute infraction est sanctionnée. La liberté que l’on pense acquise se voit limitée.

La peur envahit les esprits ; on craint une rupture des approvisionnements alimentaires, des soins pour tous, de la capacité hospitalière qui serait dépassée, des catastrophes sanitaires et économiques, sans parler d’un manque potentiel d’approvisionnement en fuel et en autre matières.

Presque 24h/24, la presse s’empare du sujet dans son rôle d’information, relais du monde politique et médical ; l’actualité croise la désinformation ; les nouvelles se mélangent aux « fake news » des quidams ou des agences étrangères intéressées par la déstabilisation politique en Europe  ; les agitateurs alimentent des théories soit anxiogènes (on va tous mourir), soit complotistes (ce virus est envoyé à dessein ou encore, ce qui arrive arrange les puissants et les autorités pour enfin changer les règles économiques et sociales en profondeur), soit les deux, et soit encore, et c’est heureux, réalistes : ce fléau frappe les plus faibles, l’économie, oblige ou permet de rebattre les cartes des paramètres du monde social, du travail, des entreprises, des habitudes, et offre la naissance d’un mode de vie nouveau…dont les dirigeants et les peuples feront ce qu’ils auront à faire.

Le confinement de la liberté laïque

Un coronavirus d’un nouveau type conquiert l’humanité, rapidement devenu inquiétant par ses caractéristiques inconnues.

Les réactions des Etats sont donc apparues désordonnées, chaotiques, inexpliquées voire même non justifiées aux yeux de certains ; le tout s’est manifesté par une sorte de désordre apparent dû à un manque d’information et de communication convoquant des mesures qui à la fois ont mis en action le principe de précaution, la peur d’une épidémie majeure à l’échelle de l’humanité, l’ignorance, le manque de bonne gouvernance stratégique en matière de produits et de matériaux, et la réalité économique et sociale.

L’Europe des frontières est sortie de ses oubliettes ; on l’a crue enterrée ; la souveraineté étatique l’a emporté, quitte à violer les traités. Les dirigeants ont démontré leur indépendance décisionnelle, plutôt que de se concerter face à un problème supranational grave. Les calendriers de chacun des gouvernements ont été gérés selon des paramètres qui confinent à des questionnements générateurs d’incertitudes. Les discours ont varié. Les annonces et les types de mesures ont concouru à plus de réactions hostiles, d’inquiétude, de peur et de pensées négatives qu’à une prise de conscience de l’existence d’un souci que tous ensemble nous pouvions résoudre avec prudence et maturité.

Il n’en demeure pas moins que le confinement n’a pas porté atteinte à la laïcité en son sens premier ; en effet, tous les cultes ont été mis sur le même pied, comme toutes les réunions, tous les citoyens quelles que soient leurs opinions et leur condition ; il en est de même dans le déconfinement.

Quant à la liberté constitutionnelle, on aura compris que, sans être annihilée, les autorités, d’un coup sec, lui ont rogné les ailes, par des mesures prises à la hâte. Peut-être est-ce là le plus inquiétant qui conduit à méditer. Ce qui s’est fait peut revoir le jour, sans guerre…

Je note aussi avec une vive inquiétude que lors du confinement, il s’est trouvé de bonnes âmes pour dénoncer leurs voisins, trop nombreux à leur goût ou dont le barbecue les incommodait. Cela ramène à des terribles souvenirs. La solidarité humaine à défaut d’être laïque, ne passe absolument pas par la délation et par l’appel à un ami policier pour que l’on vienne verbaliser chez l’autre ; entre le procès-verbal et la voiture de la gestapo, il existe une galaxie de différence, mais pas dans l’esprit stupide qui dénonce son prochain.

Confinement, déconfinement, égalité et solidarité

Le confinement et le déconfinement n’ont pas non plus porté atteinte aux notions laïques de solidarité et d’égalité.

Par contre, au sens laïc étendu, qui rejoint l’égalité historique devant la loi et la solidarité proche de la fraternité, la crise COVID-19 laisse des traces.

Les media se sont faits le relais d’une peur panique qui a tenté de convaincre. Le virus a remplacé tous les intégristes radicaux dans l’actualité et pris la vedette de toutes les émissions jusqu’à la nausée ; il fallait faire peur, mais à quoi bon procéder ainsi auprès des personnes raisonnables à qui il suffisait d’expliquer clairement ? Faut-il croire que le peuple n’est composé que de grands enfants ingérables et irrespectueux de leur vie, de celle des autres et de règles qui bien exposées peuvent devenir librement consenties ? L’égalité entre les citoyens se nivelle-t-elle par le bas ? La société de progrès peut se prendre en charge ; cela reste le pari laïc.

En matière d’égalité, certains ont bénéficié d’informations leur permettant de passer entre les mailles du filet…et de voyager…. En cette matière, l’exemple de privilégiés qui profitent de passe-droits passe mal auprès de la masse coincée, qui dans des appartements deux pièces sans jardin ni sortie, qui dans son studio ou sa maison de repos …sans visite.

Les privilèges et l’égalité ont montré le côté explosif du cocktail.

Quant à la solidarité, elle se distingue de la fraternité. On a vu de grands élans de solidarité en matière de santé, et des attitudes d’un égoïsme total ; l’Homme loup vit en meute, mais jamais il ne faut oublier la structure de la meute ni surtout que l’Homme est un loup pour l’Homme. La solidarité relève du concept naturel en matière de survie, mais pas en matière de santé, ni lorsque le faible menace le groupe. Et pourtant, la loi de complémentarité de la jungle l’emporte sur celle du plus fort. La société humaine paraît ne pas le comprendre…naturellement.

La fraternité passe par la démarche vers l’autre pour partager des valeurs et un sens qui se double d’une signification. Lorsque tout s’écroule, ou plutôt lorsque l’on fait croire que tout s’écroule, le chacun pour soi jette par-dessus bord les valeurs partagées puisqu’elles meurent, et il n’existe plus de sens que dans la survie de ce que l’on veut continuer à être, dans la mesure où ce que l’on a s’effrite. Et pourtant, l’amour de l’autre, le soin à apporter à son prochain, son frère, sa sœur en humanité, demeurent des lampes allumées sur un avenir à vivre tous ensemble.

L’aspect le plus important de cette crise se niche dans la liberté de conscience ou libre-examen, ce qui touche les valeurs de la laïcité en plein cœur.

Depuis des années la société évolue vers une régression de l’esprit critique que l’on n’enseigne plus assez, qu’il s’agisse des professionnels ou des parents. Entre les pousses de baobabs d’une potentielle future idiocratie et les germes démultipliés d’une société à la 1984 de Georges Orwell, le monde socio-culturel chemine.

Il est des pays où il n’y a plus de budget public pour la culture, une affaire privée disent certains. Il est des milieux sociaux où se poser des questions ou remettre en cause des idées préconçues, du prêt-à-penser, est insupportable. Le savoir et la connaissance forgent la capacité d’analyse de l’esprit et notamment, évitent de revivre les tourments du passé, en débusquant les éternels retours toujours possibles.

La crise, et elle n’est pas terminée, loin de là, a montré combien d’aucuns sont prêts à croire n’importe quoi ou n’importe qui ; le premier messie ou le premier personnage charismatique venu semble pouvoir conquérir une audience, voire un électorat, ce qui rappelle d’autres époques. Cette période d’angoisse a mis en évidence les dérives de la mondialisation, l’absence de pensée stratégique des Etats dépendant de matières produites ailleurs, et la méconnaissance générale en matière de santé, d’économie et de politique concertée.

Peu nombreux sont ceux qui ont soulevé, par mise en pratique de leur esprit critique et par leur liberté de conscience, les nombreux points qui inquiètent et que nul n’explique, comme on n’a pas expliqué en URSS ; je sais le propos fort mais il vise à contribuer à une prise de conscience de ce que nous pouvons faire tous la main dans la main pour ne pas que l’on nous fasse prendre des vessies pour des lanternes, pour que demain nos enfants et petits enfants vivent dans un monde heureux où il fait bon vivre.

Ce confinement n’a pas duré quatre ou cinq ans, sans quoi que serions-nous devenus ?  Le virus circule encore et la crise débute. Nous ne savons que peu de demain. Soyons solidaires, fraternels, ouverts d’esprit, forts et courageux.

Que notre chère liberté soit le fer de l’épée qui défend nos plus belles valeurs, celles du bonheur pour tous dans l’égalité, la fraternité et l’absolue liberté de conscience.

Que notre solidarité soit le bâton sur lequel chacun peut s’appuyer et partager l’infortune comme le bon pain.

Juin 2020, Philippe Liénard
Juriste, auteur et éditeur – conférencier

Manifeste pour une citoyenneté de la diversité

La Belgique, comme bon nombre de pays européens, souffre d’un mal profond, le communautarisme. Qu’il soit ethnique ou religieux, ses répercussions sont largement connues et documentées. Terreau fertile du délitement du lien social, force est de constater que le « réflexe » du repli identitaire gagne, de plus en plus de terrain, sans que des solutions viables ne soient envisagées. C’est comme si nous n’avions pas encore pris collectivement la mesure de cet enjeu de société. Pourtant l’ensemble du corps social est éprouvé par les dérives communautaristes et le clientélisme de certains partis politiques. Surtout ces dernières années, avec la montée du fondamentalisme musulman, du racisme, de la xénophobie et de l’antisémitisme avec une percée des partis d’extrême droite et une interférence, néfaste et sans cesse grandissante, des États étrangers.

Lorsque la communauté nationale n’est vue qu’à travers une juxtaposition de communautés ethniques et religieuses, le citoyen devient l’otage de sa supposée communauté d’appartenance. Comment exercer son libre arbitre ? Que reste-t-il, alors, de la citoyenneté, seul moteur d’un vivre ensemble harmonieux ?

Comment ne pas être sensible à la solitude et à l’isolement de celles et ceux qui choisissent d’exercer leur libre arbitre, de rompre avec la norme imposée par l’assignation identitaire ?

Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, partageons, dans ce Manifeste, notre vision de la situation et proposons des mesures pour s’ouvrir à la diversité, promouvoir la citoyenneté et combattre le communautarisme ethnique et religieux. Nous sommes engagés depuis de nombreuses années dans la société civile et participons, activement, à l’amélioration de nos milieux de vie. Nous voulons en faire davantage. C’est pourquoi nous avons entrepris de mettre sur pied le Collectif Laïcité Yallah, le 12 novembre 2019. Ce dernier a été créé à l’initiative du Centre d’action laïque (CAL).

Notre collectif est non partisan. Nous envisageons notre action d’une façon indépendante des partis

politiques et des groupes de pression quels qu’ils soient. Nous sommes engagés à travailler avec d’autres associations et personnes qui poursuivent les mêmes objectifs. Nous lançons, donc, un large appel à la mobilisation à l’échelle européenne et invitons nos concitoyennes et concitoyens à faire entendre leurs voix.

LAÏCITÉ ET ÉDUCATION

  1. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, qui jouissons d’une pleine autonomie de pensée si chère à l’exercice de la citoyenneté, réaffirmons avec force notre attachement à la laïcité, aux droits des femmes, à la protection des enfants et au respect de la diversité sexuelle. Il convient de préciser que la laïcité n’est pas une guerre contre les religions mais un principe humaniste de séparation des sphères politique et Principe qu’il s’agit d’introduire dans notre Constitution, de réhabiliter et reconsidérer avec la même exigence pour l’ensemble des citoyennes et des citoyens.
  1. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, sommes attachés à la raison, à la pensée critique, à la science et aux connaissances. Nous valorisons l’éducation et la culture. C’est pourquoi nous proposons que le cours de Philosophie et de citoyenneté devienne un cours obligatoire et ce pour une durée de deux heures par semaine dans l’enseignement obligatoire. L’école doit préparer les élèves à distinguer entre ce qui relève de la croyance et ce qui est de l’ordre de la connaissance. Ce qui peut avoir valeur d’universel et ce qui peut être lié à la particularité d’un individu.
  2. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, considérons que le recrutement ainsi que la formation des imams et des enseignants de religion musulmane doivent répondre à des exigences de respect des droits humains. Toutes références aux versets coraniques appelant à la violence, à la mise à mort des homosexuels, des apostats et des juifs doivent être abandonnées dans le cadre d’un enseignement ou d’un prêche, si tel n’est pas déjà le cas. D’ailleurs, nous suggérons l’élaboration d’une Charte qui établit, clairement, la responsabilité de l’enseignant et de l’imam à ne pas exposer leurs publics à une quelconque littérature haineuse ou violente fut-elle religieuse. Cette Charte peut également comprendre un volet consacré à la propagande haineuse qui circule en toute impunité dans les librairies  »religieuses » ainsi que dans les

SORTIR DE L’ASSIGNATION IDENTITAIRE

  1. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, mettons en avant notre citoyenneté, refusons d’être réduits à une simple composante de notre identité complexe et rejetons avec force l’assignation identitaire dans laquelle nous enferment les tenants de l’islam politique, les faiseurs d’opinion et les décideurs, par paresse, ignorance, simple conformisme ou calculs.
  2. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, constatons avec regret que nos voix sont inaudibles dans le débat public. Car, trop souvent, les citoyens de tradition musulmane sont définis exclusivement par leur religion, réelle ou supposée. Plutôt, une interprétation rigoriste de cette dernière. Or, il y a autant de façons de vivre l’islam qu’il y a de musulmans.
  3. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, déplorons la « chasse aux voix » de certains partis politiques et dénonçons cette tentative d’enfermer la diversité des communautés musulmanes plurielles et hétérogènes, traversées par différents courants de pensée, dans un seul et unique référent d’ordre religieux qui constitue une grave atteinte à notre liberté de conscience et d’expression.

LIBERTÉ D’EXPRESSION, UNIVERSALITÉ DES DROITS HUMAINS

  1. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, sommes convaincus que la libre expression des idées est nécessaire. Il faut, cependant, distinguer deux choses : d’un côté, la critique des religions protégée par la loi (y compris acerbe et virulente) et, de l’autre, l’incitation à la haine et à la discrimination à l’endroit des personnes sur une base religieuse, sanctionnée par la loi. Par conséquent, critiquer des dogmes ou des pratiques religieuses réelles ou supposées ne devrait pas conduire à l’insécurité ou l’intimidation.
  1. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, sommes inquiets face au voilement des enfants devenu une réalité dans plusieurs villes. Des fillettes de plus en plus jeunes sont prisonnières de cet De sérieuses mesures doivent être prises, à l’échelle européenne, pour protéger les enfants de tout endoctrinement religieux. Mais ce n’est pas tout.
  2. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, observons une grave dérive. Ces dernières années, « la femme voilée » s’est substituée à « la femme musulmane », légitimant ainsi une interprétation rigoriste et politisée du Coran telle que défendue par les fondamentalistes. Si bien que le simple fait de contester le port du voile islamique dans l’enseignement, le milieu de travail ou aux parlements, est désormais associé à un acte raciste. Nous considérons ce glissement comme une tentative de museler le débat démocratique. Qu’en est-il des femmes non voilées ? Que dire de la pression sociale exercée sur elles ?

LIBERTÉ D’EXPRESSION, UNIVERSALITÉ DES DROITS HUMAINS

  1. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, rappelons de simples évidences : l’islam n’est pas une « race » mais une religion pratiquée par des millions de personnes. Il y a des musulmans arabes, berbères, iraniens, chinois, russes, européens, ouzbeks, maliens, soudanais, indonésiens etc., et chacun pratique un islam en fonction de sa compréhension, de ses traditions, de sa culture et de son environnement institutionnel ; toutes les musulmanes ne portent pas le voile ; tous les musulmans ne sont pas favorables au Nous connaissons le phénomène du voilement de « l’intérieur » et plusieurs parmi nous ont été témoin dans leurs pays d’origine de sa fulgurante ascension depuis l’avènement de la République islamique iraniennes en 1979 et l’exportation du wahhabisme.
  2. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, combattons les courants de pensée qui enferment les musulmans dans un statut de victime, réhabilitent les « races » – alors qu’il n’existe, à nos yeux, qu’une seule race : la race humaine–, dénigrent l’universalisme des Lumières et s’attardent sur nos différences faisant fi de ce que nous avons en commun : notre humanité.
  3. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, exprimons notre entière solidarité à l’ensemble des personnes qui se battent courageusement dans le monde contre les mouvements et les régimes autoritaires ou absolutistes faisant de l’islam une religion d’État. Et nous appelons les États européens et leurs sociétés civiles à manifester une plus grande considération vis-à- vis de leur engagement et les soutenir dans leurs

MEMBRES FONDATEURS DU COLLECTIF ET SIGNATAIRES DU MANIFESTE

Malika Akhdim, militante féministe et laïque ; Radouane El Baroudi, cameraman ; Djemila Benhabib, politologue et écrivaine ; Hamid Benichou, militant associatif ; Soade Cherifi, enseignante et coach ; Yeter Celili, militante féministe et laïque ; Bahareh Dibadj, psychologue ; Hassan Jarfi, président de la fondation Ihsane Jarfi ; Fadila Maaroufi, anthropologue et éducatrice de rue ; Kaoukab Omani, éducatrice ; Abdel Serghini, réviseur d’entreprises ; Jamila Si M’hammed, psychiatre ; Sam Touzani, artiste-citoyen.

 

Is Google God?

Pascal Simoens

L’ouverture de ce début 21ème siècle s’est défini par l’arrivée des technologies des commu- nications et de l’information dans notre quotidien. A ce changement de paradigme sociétal est venu s’adjoindre l’émergence de nouvelles approches philosophiques liant l’homme et les machines.

Qui est Google et quel est son dessein ?

Notre propos n’est pas ici de valoriser l’une ou l’autre pensée, mais bien de démontrer (ou démonter ?) les mécanismes qui amènent à cette grande crainte du développement du mythique « Big Brother », omniscient de chacun de vos gestes et faits quotidiens. Parler de Google pourrait paraître simple tant il est déjà présent dans la vie de chacun d’entre nous. Mais précisons d’emblée que Google ce n’est pas qu’un moteur de recherche. C’est aussi un OS (Operating System) qui couvre plus de 80% des téléphones mobiles de type « Smartphones » ; c’est aussi de la cartographie avec Google Maps et des plans de bâtiments avec Google Earth ; il est probablement votre boite mail (Gmail), un traducteur en ligne, un réseau social (le deuxième après FB), etc. Ce que l’on sait plus rarement, c’est que Google est aussi une entreprise qui réalise des séquençages ADN avec sa société 23andMe et « accessoirement », Google fait des lunettes, des téléphones, des TV, permet à des voitures de conduire sans chauffeur (840.000 km parcourus1), vous offre la télé et la vidéo via YouTube, … sans oublier le fameux Google Books, celui qui a fait probablement le plus de polémique et qui sera l’objet d’un développement plus approfondi dans cet article.

Google en chiffres donne le vertige : c’est 6,4% du trafic mondial sur internet en 2013, plus de 2% du parc mondial d’ordinateurs et 3% de la consommation d’électricité avec ses serveurs localisés dans le monde entier (dont un en Belgique à 4 kilomètres du centre-ville de Mons, province du Hainaut). C’est aussi un milliard de dollars par mois…

Si cela peut donner le vertige des chiffres, force est de constater l’omniscience de cette entreprise qui vit avec nous, au sens premier du terme. Toutefois, Google n’est pas qu’une somme d’ordinateurs régis par des algorithmes de recherche, car derrière cette entreprise il y a des hommes, des femmes, et nous allons tenter de les présenter afin de mieux comprendre ce que cette entreprise pourrait devenir.

Le lien entre l’université, la recherche et Google est fondamental pour comprendre les enjeux de la pensée de ses fondateurs. Ce sont deux hommes qui sont, avant tout, des scientifiques et mathématiciens dans une université technologique à la pointe de la recherche dans le monde. Une université où les religions n’ont pas de droit de cité eu égard au fait que cela va à l’encontre même de la recherche scientifique. Ou plutôt, une seule religion y a droit de cité : le progrès pour et par la science. Notons d’ailleurs que l’un des deux fondateurs de Google s’est ouvertement présenté comme « athéiste», ce qui est courageux dans le pays où le président des Etats-Unis prête serment sur la Bible en citant « God bless you2 ». Toutefois, Sergey BRIN a très vite rétracté ses propos afin de ne pas faire de tort au marketing de Google (société mondiale) dans un monde de plus en plus régi par les religions.

L’homme peut-il être omniscient par la connaissance? Cette approche est-elle si éloignée des fondements de la connaissance moderne telle que définie par les penseurs de l’époque des Lumières qui prônaient la connaissance pour l’émancipation des peuples et des hommes ? Les Lumières, dont l’Europe se revendique largement sont, sans nul doute, également le fondement de l’approche technologique de Google.

Pour l’objet qui nous concerne dans cet article, Google, deux éléments sont à prendre en considération pour mieux comprendre la démarche humaniste : la première est le fait que Condorcet développe deux fondements de notre société actuelle : la liberté d’expression et les moyens de les communiquer. Il part également du principe fondateur qui dit « plus les gens sont informés, mieux ils décident ». Notre intention n’était pas de traiter des fondements de la philosophie des Lumières dans le bref aperçu qui vient d’être esquissé mais bien de décortiquer ces fondements et de les analyser à l’aune de la démarche de Google. Car que fait Google, si ce n’est :

Un travail encyclopédique

  • Le développement des nouvelles technologies
  • La diffusion des informations

A cela, ajoutons quand même…

  • Un projet politique, au sens philosophique du terme
  • Une mission messianique

Google aurait-il les mêmes objectifs que les Lumières? Certainement oui mais avec les outils de son époque: la révolution numérique. Toutefois, compiler des données qui se trouvent sur internet ne suffit pas pour avoir une connaissance du monde, ou comme aime à le dire les patrons de Google « une conscience mondiale ». Google a donc besoin de se constituer lui-même une encyclopédie du monde. Et comment ? Par Google Books.

Google Books c’est le rêve inachevé de Paul Otlet avec son Mundaneum : répertorier toutes les données du monde. Mais Larry PAGE et Sergey BRIN vont plus loin, ils désirent absorber la conscience du monde.

… la conscience du monde… pourquoi ?

Pour comprendre cette démarche il faut une méthode et quoi de plus normal que de numériser tous les livres dans le monde pour comprendre l’esprit et l’intelligence qui décrivent ce monde ? C’est de la sorte que depuis plus de 5 ans, Google numérise tout ce qui s’écrit et, surtout, tout ce qui a été écrit dans les bibliothèques mondiales.

Complétons cette analyse en nous arrêtant un instant sur la notion de « conscience du monde ». Cette approche presque messianique n’est à prendre en considération que si l’ensemble de la connaissance du monde permet de faire ressortir de nouvelles idées, de bonnes idées… car comme le défendaient les Lumières, on s’émancipe des dogmes à savoir plus et mieux. Google ne fait rien d’autre pour le moment.

Les technologies au service de Google.

Avant de conclure cet article, il nous semble nécessaire de présenter la stratégie de Google  initiée par ses fondateurs et proches. Simplement, Sergey et Larry sont convaincus que la technologie va changer le monde ; et comment leur donner tort ? Ce qui pose plus de questions c’est quand l’on sait que ces deux Geeks ont une approche très messianique de leur vision. Résumons-la par ces quelques points :

  • L’homme est perfectible, il faut le rendre meilleur
  • Il est perfectible par son corps et son esprit
  • Il faut donc améliorer son corps par la technologie
  • Et par ailleurs, pouvoir corriger les erreurs de son

Ces deux théories sont amplement critiquées scientifiquement, toutefois, force est de reconnaitre qu’elles n’ont pas pu encore être démenties. D’une part, la frise chronologique de Ray Kruzweil3 n’a jamais été démentie et il est difficile de nier que l’électronique envahit de plus en plus le quotidien de l’homme, ne serait-ce que pour des questions médicales.

C’est ainsi que selon certains chercheurs la singularité est programmée pour la troisième décennie du 21ème siècle, soit dans moins de 10 ans. Le même objectif que Google pour la création de sa propre I.A4… Et, ajoutons, avec une intelligence machiavélique pour y arriver.

En effet, même avec toute la performance informatique du monde, sans base de données suffisamment complexe ; cela reste du silicium et des nanotubes de carbone pour les prochaines puces quantiques. Dès lors, Google s’est mis en tête d’agréger l’ensemble des connaissances du monde pour l’offrir à la connaissance de programmation de son I.A.. Ils espèrent de la sorte, créer une singularité par l’apprentissage et à partir de la connaissance.

Sur le principe, pouvons-nous critiquer ? La Renaissance et les Lumières, n’ont-elles pas créé elles-mêmes une « singularité » scientifique et spécifique à leur époque ?

Plus généralement, cette échéance semble inéluctable et ne devrait pas faire peur auprès des personnes prônant les valeurs humanistes. Toutefois, il parait important que les conditions soient garanties quant à l’information du protocole de l’expérience. Et pour comprendre toute

l’expérience actuelle de Google, il faut également prendre en compte dans notre analyse le fait que Google investit massivement dans la génétique et la robotique.

« Is Google God ?»

Selon White, nous leur donnons des qualités divines et nous sommes fascinés par leur puissance. Il suffit de voir la ferveur digne des jours du Mondial de la jeunesse chrétienne la sortie du dernier IPhone! La recherche a d’ailleurs montré que la marque à la pomme provoque la même réaction chimique dans le cerveau de certaines personnes, que celle d’une expérience religieuse profonde. Et dans le cas d’Apple, Steve Jobs était le Messie.

Le 1er mai 2002, Larry Page répond à une interview à l’université de Stanford sur sa vision de Google. Il répond sans ambages : « La Mission que je me suis promise pour vous va prendre encore un peu de temps jusqu’à la découverte de l’IA. Je ne sais pas si vous voyez ce que cela signifie ? L’intelligence artificielle (…). Si vous trouvez la solution de cette recherche, vous pouvez répondre à toutes les questions, cela signifie que vous pouvez  potentiellement  tout faire.»

Conclusion

La question de l’évolution de notre société est menée actuellement par les scientifiques, enfants des Lumières. Et pourtant, l’adage veut que « le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas ». Une nouvelle catégorie de religieux est apparue, celle des scientifiques religieux, une religion technologique basée sur les écrits, voire les commandements des Lumières. Ces mêmes Lumières qui façonnent également la pensée laïque européenne, là est tout le paradoxe. Nous sommes donc en questionnement vis-à-vis du principe qu’une pensée libre peut devenir un dogme et devons à chaque instant, toujours remettre en question les choses, jusqu’à leurs fondements… pour rester libres dans le monde qui s’ouvre à nous et qui n’a rien à voir avec le monde que nous connaissons. Mais qui, aujourd’hui, oserait dans une conversation de table de laïques remettre en cause les fondements des Lumières qui remettraient en cause l’identité même de l’Homme dans les décennies à venir ? Un avenir qui est, plus qu’à tout autre moment, incertain. Cette incertitude, il faut la cerner, et ensuite certainement agir, quitte à remettre tous les dogmes actuels en cause. Dans cette démarche de remise en cause, nous reprendrons à notre compte cette phrase de Charles Darwin :

«Ce n’est pas le plus fort des espèces qui survit, ni la plus intelligente qui survit c’est celui qui est le plus adaptable à changer. »

1 Source wikipedia, en date de mars 2010. Depuis, le prototypage de la Google Car a été présenté au public.

2« Dieu nous protège »

3Raymond C. Kurzweil (ou Ray) (kɚzwaɪl), né le 12 février 1948, est un informaticien américain, créateur de plusieurs entreprises pionnières dans le domaine de la reconnaissance optique de caractères (OCR), de la synthèse et de la reconnaissance vocales, et des synthétiseurs électroniques. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages sur la santé, l’intelligence artificielle, la prospective et la futurologie. Il est l’un des théoriciens du transhumanisme et de la singularité technologique. Source Wikipédia, 30 novembre 2014

4 I.A. Intelligence Artificielle