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Sans gluten, sans lactose, sans sucre, sans graisse, sans calories, …

A quoi ressemble notre alimentation aujourd’hui ?

Véritable fléau mondial, « la malbouffe », souvent à l’origine de maladies liées au surpoids ou à l’obésité comme le diabète, l’hypertension artérielle, … est largement influencée par notre environnement et notre mode de vie.

La restauration rapide et les plats préparés, généralement riches en graisse, sucre, sel ou autres produits chimiques (additifs, conservateurs, colorants, …) ont, pour de nombreuses familles, remplacé le « fait maison ».

A côté de cela, un nombre croissant de consommateurs plus soucieux de leur santé ont commencé à prendre conscience du danger que leur faisait courir l’industrie agro-alimentaire et se tournent davantage vers une alimentation naturelle saine et de proximité. Il existe incontestablement un regain d’intérêt pour ce qui est défini comme bon pour la santé, authentique, à savoir ce qui provient du cycle naturel de nos campagnes environnantes. Cette quête du manger « sain et naturel » s’est ainsi érigée en modèle alimentaire induisant de nouveaux comportements et modes de consommation et d’achats, plus respectueux de l’homme, de la biodiversité et des terres.

Se présentant comme les meilleurs, promoteurs de médecines alternatives, diététiciens, spécialistes auto-proclamés, … mettent au point des régimes prônant un retour à une alimentation (pseudo) naturelle. Les stars américaines, les blogueuses – influenceuses – leur font une publicité qui les rend incontournables pour tout quiconque se targue de prendre tant soit peu soin de sa santé.

Que ce soit le végétalisme qui limite l’alimentation à la consommation de végétaux, le véganisme qui interdit non seulement l’ingestion de toute protéine animale (pas de produits laitiers, pas d’œufs, pas de miel,…) mais refuse aussi l’utilisation de tout ce qui provient, d’une manière ou d’une autre, de l’animal (on ne porte pas de laine, de cuir, …), ou au contraire le régime hyper protéiné, que ce soit le régime préhistorique basé sur l’alimentation de nos ancêtres, le « crudivorisme »  dans lequel on ne consomme que des aliments crus, le sans gluten, sans lactose, sans sel, sans sucre, le tout bio, le régime « unicolore » (on ne mange que du vert,…), le jeûne périodique censé éliminer les toxines, …  chacun des adeptes de ces régimes tente de convaincre le consommateur que ce qu’il propose est le meilleur choix possible pour sa santé.

Les modes et les régimes se succèdent à un rythme effréné, les nouveaux faisant passer les plus anciens pour des hérésies.

Après l’engouement pour le magnésium, après celui pour les omégas 3, après le régime sans beurre suivi du retour en grâce de celui qui accompagne si bien nos tartines, après le régime dissocié (on mange de tout mais séparément) pour ne citer qu’eux, voici ceux du sans gluten, du sans lactose, …

Alors bons ou dangereux pour la santé ?

Entre effet de mode et réponse à une pathologie, les régimes restrictifs attirent de nombreux adeptes, pas toujours avertis.

Améliorer sa santé grâce à des régimes miracles, quoi de plus tentant ?  Vouloir préserver la nature, cesser d’infliger de la souffrance aux animaux d’élevage, … ne peut qu’inspirer le respect.

Cependant, tout intéressantes qu’elles paraissent, ces nouvelles pratiques alimentaires ne sont pas toujours sans danger.

Les partisans du sans gluten et du sans lactose sont, en raison de prétendus risques allergiques, de plus en plus nombreux. Or, il faut savoir que l’intolérance au gluten ou maladie cœliaque ne touche que très peu de personnes (entre 0,5 et 1% de la population occidentale) qui, elles, encourent un véritable danger en cas d’absorption et risquent un lymphome au niveau de l’intestin.

Au contraire, loin d’être salutaire, la privation de gluten pour les sujets sains peut s’avérer dangereuse. Des études réalisées notamment par les Universités de Harvard et de Colombia mettent en évidence les dangers qui peuvent résulter de la mode du sans gluten : augmentation du risque d’attaque cardiaque en raison d’une alimentation qui comporterait moins de graines protectrices, augmentation du risque de développer un diabète de type 2.

Quant à ceux qui prétendent mieux digérer ou maigrir, ils se fourvoient, selon le docteur Florence Foucaut : « En fait, ils ont juste arrêté les féculents, le pain, les gâteaux. Forcément, ça fait perdre du poids ».[1]

Quant au lait, il se voit lui aussi accusé de provoquer une série de maladies alors qu’à ce jour aucune analyse scientifique sérieuse n’a pu amener la preuve d’un risque quelconque pour la santé.

Si les régimes végétariens (sans viande et sans poisson) et végétaliens (sans aucun produit d’origine animale) suscitent un véritable engouement notamment à la suite des scandales successifs qui ont entaché l’industrie agroalimentaire allant de la vache folle à la peste porcine en passant par la grippe aviaire, les lasagnes à la viande chevaline,  par les conditions horribles d’élevage dans les fermes-usines et par les scènes de cruauté filmées dans certains abattoirs,… à quoi il faut ajouter la présence dans la viande et le poisson de substances chimiques comme des métaux lourds (mercure dans le poisson,…), d’OGM, d’hormones de croissance, d’antibiotiques, ils ne sont pas toujours sans danger pour la santé.

Une consommation excessive de viande rouge peut certes être à l’origine de maladies cardiovasculaires et de cancers notamment du colon et des intestins mais l’absence de protéines animales provoque quant à elle des carences en vitamines B12 et D, en oméga 3, en fer dont le défaut peut provoquer de l’anémie,  …

Les protéines animales nous apportent une variété inégalable d’acides aminés dont certains sont indispensables parce que nous ne savons pas les fabriquer.[2]

Un régime végétalien va nécessiter de consommer énormément de végétaux et qui dit végétaux dit fibres, et celles-ci ont pour effet collatéral de piéger certains minéraux et vitamines, empêchant leur assimilation par l’organisme. Sans compter l’inconfort intestinal qu’une alimentation très riche en fibres peut induire. En outre, il y a un risque accru d’anémie, la viande étant une source incomparable de fer facilement assimilable.

De plus, pour éviter une carence en vitamine B12, un végétalien devra compenser par des compléments alimentaires qui proviendront du système digestif des ruminants, puisqu’on ne sait pas la synthétiser artificiellement.

L’adulte peut s’en sortir avec peu de protéines animales car son organisme est incroyablement adaptable mais il n’en va pas de même pour l’enfant ou le vieillard qui encourent un grand risque de malnutrition et de multiples carences.

Pour de nombreux consommateurs, un aliment naturel – non transformé – est forcément synonyme de sain et d’écologique or, les polémiques récentes autour de l’huile de palme et du soja montrent que ceux-ci ne sont pas aussi bons qu’on le pense.

Aujourd’hui, le soja en raison de sa richesse en protéines et sa faible teneur en graisse, attire des consommateurs en quête d’une alternative aux produits substitutifs à la viande et aux protéines animales comme le steak végétal, le tofu, le lait végétal, … Toutefois, sachant que le soja contient des perturbateurs endocriniens (phyto-œstrogènes) capables d’influer sur le système hormonal, il est recommandé aux adultes de limiter leur consommation à 60 mg par jour, soit l’équivalent d’environ deux verres de lait de soja. Il est vivement déconseillé aux enfants de moins de trois ans.[3]

De plus, il faut savoir que cette plante, utilisée par les éleveurs européens et dans les produits industriels comme additif alimentaire, provient en grande partie du Brésil et d’Argentine et est généralement issue d’une production transgénique qui est la norme dans ces pays. Lorsqu’on sait que Bayer a racheté les semences génétiquement modifiées de Monsanto qui risquent donc de voir leur usage intensifié en Europe, il y a de quoi trembler !

Quant à l’impact environnemental négatif – déforestation – de la production de l’huile de palme, il n’est plus à démontrer. Or celle-ci se trouve en tant qu’additif alimentaire dans bon nombre de denrées appartenant non seulement à la filière conventionnelle mais aussi à la filière bio.

Et les compléments alimentaires, utiles ou dangereux ?

Mincir sans effort, faire disparaître ses rides, avoir un joli teint bronzé, mieux dormir, …  les compléments alimentaires promettent beaucoup et connaissent un réel succès auprès de consommateurs qui en attendent des bienfaits pour leur santé. En quelques années, les gélules dédiées au bien-être ont envahi les rayons des pharmacies et parapharmacies. Secteur en pleine croissance, il représente en France plus d’un milliard et demi d’euros annuels et ce sont chaque année près de 500 nouveaux produits qui apparaissent sur le marché.

Vendus sans ordonnance, leur mise sur le marché ne nécessite aucune autorisation préalable. Certains d’entre eux peuvent même s’avérer dangereux car élaborés à partir de plantes qui ne sont pas toujours inoffensives. C’est le cas par exemple du millepertuis utilisé dans le traitement de la dépression et dont l’interaction avec d’autres médicaments peut être risquée.

Les allégations « santé » présentes sur les boîtes doivent cependant être validées par l’Agence européenne de sécurité alimentaire. Mais pour vanter toujours plus les mérites de leurs produits, certains fabricants ont trouvé une parade : le « dispositif médical » qui les dispense de toute formalité d’agréation.[4]

Si certains peuvent être nocifs pour la santé, d’autres n’ont d’effet que celui d’un placebo.

Quant aux produits censés faire perdre du poids, leur efficacité est très variable. deux études présentées au Congrès international sur l’obésité qui s’est tenu à Stockholm du 11 au 15 juillet 2010, montrent l’inefficacité de ces produits.

Particulièrement ciblés pour leur éventuelle dangerosité, les produits vendus sur internet.

Le « magazine de la santé » a procédé à l’analyse de quelques-uns de ces produits étiquetés « 100% naturels ». Les premiers sont des poudres amaigrissantes. L’analyse révélera que, loin d‘être naturelles, les gélules contenaient des médicaments, le premier étant un coupe-faim interdit à la vente depuis 2010 pour avoir provoqué des morts et le second, un laxatif lui aussi retiré du marché.

L’analyse a également porté sur des compléments destinés à favoriser l’érection et a révélé la présence de Viagra et de Cialis lui aussi utilisé dans le traitement des troubles érectiles et dont l’interaction avec des médicaments pour le cœur peut s’avérer très dangereuse.[5]

Le service de la répression des fraudes révèle que 80% des produits vendus sur internet sont frauduleux.

Une alimentation équilibrée et de qualité est à même de nous apporter tous les nutriments nécessaires à la préservation de notre santé sans qu’il soit besoin d’avaler moultes pilules.

Un business lucratif

Dans tous les cas, qu’ils soient justifiés ou non par des intolérances alimentaires ou des considérations morales, tous ces régimes nourrissent indéniablement un business très lucratif. A l’instar du « sans gluten » et du « sans lactose », ils fonctionnent pour la plupart par l’exclusion – « sans protéines », « détox » ou « sans toxines », … et ces mots font vendre. En effet, le consommateur, persuadé du bénéfice santé, se retrouve prêt à payer plus cher des produits qui ne sont pas forcément meilleurs pour la santé que du contraire !

Le consommateur doit prendre conscience que nombre des régimes miracles qui lui sont « vendus » sont élaborés sans aucun fondement scientifique et peuvent l’exposer à des carences parfois très graves.

Conclusion

C’est quand on mange de tout, avec modération, que l’on se situe le plus loin possible du risque de carences. L’être humain est omnivore ! certes les végétaux tiennent une place importante dans notre alimentation mais le poisson ou les œufs sont aussi d’excellentes sources de protéines animales, en alternative à la viande rouge qui apporte en plus la vitamine B12 et le fer dont nous avons besoin.

Quant aux compléments alimentaires, beaucoup sont totalement inutiles voire dangereux.

L’essentiel est de manger équilibré en respectant le plus possible les circuits courts et bio et surtout de ne se priver d’aucun groupe d’aliments.

Patricia Keimeul
Directrice FAML

 

[1]https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/les-dangers-des-regimes-sans_2045329.html

[2]  http://sante.lefigaro.fr/actualite/2015/10/26/24247-alimentation-sans-proteines-animales-difficile-deviter-carences

[3] https://www.adeic.fr/2016/12/20/lemergence-de-nouveaux-modes-alimentaires-de-consommation-dachats/

[4] https://www.allodocteurs.fr/alimentation/complements-alimentaires/complements-alimentaires-utiles-ou-dangereux_1593.html#paragraphe1

[5]https://www.allodocteurs.fr/alimentation/complements-alimentaires/complements-alimentaires-utiles-ou-dangereux_1593.html#paragraphe1