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Pauvre Marx…

Patricia Keimeul - Administratrice FAML

Marx disait « La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l’exigence que formule son bonheur réel. »

Pratiquer une religion c’est comme se droguer. Si la religion est l’opium du peuple, c’est que ce peuple a besoin d’un puissant narcotique pour supporter les souffrances sociales qu’on lui inflige, que les classes dominantes lui infligent. Elle permet donc de justifier les inégalités sociales et aux classes dites inférieures de les accepter.

Celui qui use de ce stupéfiant ressent un effet relaxant qui lui procure un bien-être intense, il en oublie, tout à sa béatitude, la situation misérable dans laquelle il se trouve. Il perd ainsi toute capacité et toute envie de se révolter et reste dans ce rapport de soumission consenti.

Une misère cependant bien réelle, matérielle qui trouve son origine dans l’existence de ces rapports de domination, d’inégalité et d’exploitation des travailleurs et qui, grâce aux effets lénifiants de la drogue, est supportée.

La religion est tout à la fois le remède qui soigne la souffrance de la classe populaire et ce qui l’anesthésie par la promesse d’un monde meilleur, celui auquel on accède une fois mort. Celui situé la-haut, rempli de jeunes vierges pour les uns – la reconstruction des hymens doit y être une industrie florissante – et pour les autres, de riz au lait (de soya pour les végans) à déguster avec des petites cuillers en argent, c’est du moins ce que me racontait ma grand-mère et nul doute qu’elle devait avoir des informations sérieuses vu sa fréquentation assidue des églises. Elle a rejoint le paradis il y a de nombreuses années et depuis, plus la moindre nouvelle, pas le moindre petit signe pour infirmer ou pour confirmer l’information…

Les régimes communistes ont donc décidé de bannir les deux drogues, opium et religion. Une fois affranchi des promesses chimériques de la religion, l’individu se trouvera en mesure d’agir contre l’injustice sociale dont il est la victime.

Ce n’est pas, selon le philosophe, contre les pratiques religieuses qu’il faut lutter mais bien contre les conditions qui ont amené leur existence. Et ce contre quoi il faut lutter c’est le capitalisme industriel qui fait que ce n’est plus le système productif qui est au service de l’homme mais bien celui-ci qui est au service de ce système.

Lutter contre les religions revient donc à lutter contre les injustices de la société dans laquelle vivent les travailleurs.

Lorsque le régime communiste a aboli les religions (essentiellement catholique et orthodoxe) en Union soviétique et dans les républiques qui en dépendaient, aucun parti de gauche en Occident n’y a trouvé grand-chose à redire.

Il faut dire qu’à l’époque, les socialistes étaient encore laïques, ceci expliquant sans doute cela…

Et voilà que ce sont les mêmes héritiers de Marx qui, aujourd’hui oubliant que la drogue annihile toute capacité de révolte contre les injustices sociales, en recommandent l’usage à la fois pour ses qualités apaisantes mais aussi, semblerait-il, pour ses vertus émancipatrices.

Et ce doit être vrai. En voici quelques preuves :

Ne nomme-t-on pas une femme voilée commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité hommes/femmes ? Emancipation par le port d’un signe de soumission, non pas aux classes dominantes mais à …Dieu. Cette même personne, dans une interview accordée au journal Le Soir le 4 juillet dernier, remet en question le principe de la séparation de l’Église et de l’État qui, même s’il n’est pas inscrit formellement dans notre Constitution est fondateur de notre démocratie, au motif qu’il ne tient pas compte du changement démographique !

Ne choisit-on pas, en 2015, l’Arabie saoudite, royaume wahhabite bien connu pour sa tolérance, à la direction du panel droits de l’homme de l’ONU ? Droits de l’homme ! C’est bien de cela qu’il s’agit car la femme, elle, n’y détient aucun droit, obligée, en vertu d’une interprétation rigoriste du Coran, de se voiler entièrement afin de se soustraire aux regards concupiscents des mâles incapables de réprimer leurs ardeurs.

Un énorme pas en avant a cependant été fait dans l’émancipation de la femme  saoudienne: elle a obtenu l’autorisation de conduire une voiture. Pas question toutefois d’aller se balader seule ou avec ses copines, un mari, un frère, … elle est bien entendu « priée » de se faire accompagner d’un mari, d’un frère, … qui veillera à la préservation de sa vertu.

Et, lorsque cette femme, lassée d’un mari qu’on lui a imposé, se jette dans les bras d’un amant, elle commet là l’irréparable. Pour sa punition  la femme adultère périra par lapidation sous les yeux d’un public curieux, on a le sens du fun ou on ne l’a pas ….

Et d’ailleurs c’est bien fait pour elle, elle n’avait qu’à être fidèle et à ne pas avoir la burqa aguicheuse.

De même, celui qui ose porter une critique à l’égard de la religion sera, au mieux, fouetté, au pire exécuté.

Les femmes et les opposants au régime subissent le même sort dans l’Iran des ayatollahs, dans l’Afghanistan des talibans, …. tous ceux que les pays occidentaux ont eux-mêmes et pour diverses raisons – notamment celles de tenter d’enrayer l’influence de ce qui était encore l’Union soviétique – portés au pouvoir.

De libres et émancipées qu’elles étaient, les femmes ont perdu tous leurs droits. Les talibans leur interdisant de travailler, le pays s’est retrouvé sans enseignants et sans médecins, professions essentiellement exercées par la gent féminine.

C’est grâce aux vertus émancipatrices de la religion que les parents soucieux du bonheur de leurs filles leur choisissent un époux. Pas question de se soustraire à ce mariage  arrangé entre les familles. Certaines l’ont fait et l’ont payé de leur vie. Des frères tout dévoués à leur famille, ont, sans le moindre état d’âme, ôté la vie à celles qui lui avaient jeté le déshonneur.

Elles n’avaient qu’à obéir et devenir les épouses dévouées et aimantes d’un homme, souvent trop vieux pour elles. Et d’ailleurs, l’amour est-il nécessaire lorsqu’un bon accord entre familles fonde la relation conjugale?

Le mur de Berlin tombe et les religions qui étaient bannies de l’autre côté refleurissent un peu partout, plus radicales les unes que les autres.

Les très catholiques Pologne, Hongrie, … sont bien connues pour favoriser l’émancipation des minorités sexuelles.

Pourquoi leur accorder des droits ? ils n’ont qu’à être hétéros comme tout le monde.

Les orthodoxes ne sont pas en reste en ce qui concerne les droits émancipateurs des LGBTQ+

Et ce n’est pas parce que des lois homophobes limitant la liberté d’expression dans le but de « préserver les enfants » sont votées en Hongrie, que des lois limitant drastiquement le droit à l’avortement voient le jour, qu’il n’y a pas émancipation de l’homme, du vrai, du viril…

Les femmes aussi, que ce soit en Pologne, en Hongrie, en Turquie,… ont acquis leur émancipation : elles ont le droit de rester à la maison et de faire des enfants … ce qui est tout à fait normal vu qu’elles sont bien moins intelligentes que leurs virils homologues masculins, c’est du moins ce qu’ils affirment.

Plus près de chez nous, les cathos fondamentalistes tendance Mgr Lefebvre, refusent en vrac le mariage gay, l’adoption d’enfants par ces couples, l’avortement, la PMA … dénier à la femme le droit de disposer de son corps fait partie de son émancipation… d’ailleurs, si on laisse faire cette frivole insouciante, elle est capable de faire interrompre sa grossesse au cours du huitième mois (dixit une femme médecin et politicienne belge…). On n’appellerait pas ça un accouchement prématuré ?

En Italie, le journal milanais Corriere della Serra rapporte que, et c’est une première dans les relations entre les deux États, « le Vatican a activé ses canaux diplomatiques pour demander formellement au gouvernement italien de modifier une proposition de loi ». Cette loi censée lutter contre l’homophobie, la transphobie, la misogynie mettrait en péril, selon le Saint-Siège, la liberté d’expression des catholiques italiens. Autrement dit, le catholique italien doit avoir le droit d’être homophobe et de le faire savoir.

Le texte qui vise à combattre les discriminations liées à l’orientation sexuelle des individus mais aussi celles à l’encontre des personnes handicapées n’est pas du goût de la diplomatie vaticane qui enjoint le gouvernement italien de modifier son texte qui représenterait une violation des accords du Latran qui organisent les rapports entre l’Église catholique et l’État italien.

Outre l’ingérence dans les affaires d’un gouvernement , le texte se penche et donne un avis plutôt tranché sur la notion de différence sexuelle qui dérive de la révélation divine et qui en conséquence ne peut être discutée . Homosexualité, non, pédophilie oui même si les victimes sont pour la plupart des petits garçons …

Émancipation ? De qui ? Lorsque des vieillards en robe du soir (pas très viril tout ça) vivant dans un monde à part, s’arrogent le droit d’imposer à la société séculière des règles tout droit venues du ciel, c’est à toute la société qu’ils refusent l’émancipation.

Quant aux protestants évangélistes, leurs prédicateurs se remplissent les poches de l’argent « volé » aux fidèles à qui ils expliquent lors de leurs prêches, comment s’en passer, comment vivre avec peu peut rendre plus heureux. N’est-ce pas toujours ce même rapport de domination que Marx critiquait il y a plus de cent ans déjà ? Qu’il soit le fait du pouvoir patronal ou religieux, c’est toujours le dominé qui fait les frais d’un rapport de soumission « librement » consenti.

Les religions sont en vente libre dans notre pays – elles bénéficient même de plantureux financements à charge de chacun d’entre nous – ce qui n’est pas le cas de l’opium et des autres substances hallucinogènes dont certains de nos hommes politiques semblent abuser… l’incohérence de certains de leurs propos, leurs promesses oubliées, bafouées,… en témoignent. Ou alors c’est l’attrait irrésistible du pouvoir, ce qui est une autre addiction, une autre drogue.

La libéralisation du commerce des drogues douces serait sans doute une bonne chose, elles paraissent bien moins dangereuses ….

 

 

 

 

 

 

 

Manifeste pour une citoyenneté de la diversité

La Belgique, comme bon nombre de pays européens, souffre d’un mal profond, le communautarisme. Qu’il soit ethnique ou religieux, ses répercussions sont largement connues et documentées. Terreau fertile du délitement du lien social, force est de constater que le « réflexe » du repli identitaire gagne, de plus en plus de terrain, sans que des solutions viables ne soient envisagées. C’est comme si nous n’avions pas encore pris collectivement la mesure de cet enjeu de société. Pourtant l’ensemble du corps social est éprouvé par les dérives communautaristes et le clientélisme de certains partis politiques. Surtout ces dernières années, avec la montée du fondamentalisme musulman, du racisme, de la xénophobie et de l’antisémitisme avec une percée des partis d’extrême droite et une interférence, néfaste et sans cesse grandissante, des États étrangers.

Lorsque la communauté nationale n’est vue qu’à travers une juxtaposition de communautés ethniques et religieuses, le citoyen devient l’otage de sa supposée communauté d’appartenance. Comment exercer son libre arbitre ? Que reste-t-il, alors, de la citoyenneté, seul moteur d’un vivre ensemble harmonieux ?

Comment ne pas être sensible à la solitude et à l’isolement de celles et ceux qui choisissent d’exercer leur libre arbitre, de rompre avec la norme imposée par l’assignation identitaire ?

Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, partageons, dans ce Manifeste, notre vision de la situation et proposons des mesures pour s’ouvrir à la diversité, promouvoir la citoyenneté et combattre le communautarisme ethnique et religieux. Nous sommes engagés depuis de nombreuses années dans la société civile et participons, activement, à l’amélioration de nos milieux de vie. Nous voulons en faire davantage. C’est pourquoi nous avons entrepris de mettre sur pied le Collectif Laïcité Yallah, le 12 novembre 2019. Ce dernier a été créé à l’initiative du Centre d’action laïque (CAL).

Notre collectif est non partisan. Nous envisageons notre action d’une façon indépendante des partis

politiques et des groupes de pression quels qu’ils soient. Nous sommes engagés à travailler avec d’autres associations et personnes qui poursuivent les mêmes objectifs. Nous lançons, donc, un large appel à la mobilisation à l’échelle européenne et invitons nos concitoyennes et concitoyens à faire entendre leurs voix.

LAÏCITÉ ET ÉDUCATION

  1. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, qui jouissons d’une pleine autonomie de pensée si chère à l’exercice de la citoyenneté, réaffirmons avec force notre attachement à la laïcité, aux droits des femmes, à la protection des enfants et au respect de la diversité sexuelle. Il convient de préciser que la laïcité n’est pas une guerre contre les religions mais un principe humaniste de séparation des sphères politique et Principe qu’il s’agit d’introduire dans notre Constitution, de réhabiliter et reconsidérer avec la même exigence pour l’ensemble des citoyennes et des citoyens.
  1. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, sommes attachés à la raison, à la pensée critique, à la science et aux connaissances. Nous valorisons l’éducation et la culture. C’est pourquoi nous proposons que le cours de Philosophie et de citoyenneté devienne un cours obligatoire et ce pour une durée de deux heures par semaine dans l’enseignement obligatoire. L’école doit préparer les élèves à distinguer entre ce qui relève de la croyance et ce qui est de l’ordre de la connaissance. Ce qui peut avoir valeur d’universel et ce qui peut être lié à la particularité d’un individu.
  2. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, considérons que le recrutement ainsi que la formation des imams et des enseignants de religion musulmane doivent répondre à des exigences de respect des droits humains. Toutes références aux versets coraniques appelant à la violence, à la mise à mort des homosexuels, des apostats et des juifs doivent être abandonnées dans le cadre d’un enseignement ou d’un prêche, si tel n’est pas déjà le cas. D’ailleurs, nous suggérons l’élaboration d’une Charte qui établit, clairement, la responsabilité de l’enseignant et de l’imam à ne pas exposer leurs publics à une quelconque littérature haineuse ou violente fut-elle religieuse. Cette Charte peut également comprendre un volet consacré à la propagande haineuse qui circule en toute impunité dans les librairies  »religieuses » ainsi que dans les

SORTIR DE L’ASSIGNATION IDENTITAIRE

  1. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, mettons en avant notre citoyenneté, refusons d’être réduits à une simple composante de notre identité complexe et rejetons avec force l’assignation identitaire dans laquelle nous enferment les tenants de l’islam politique, les faiseurs d’opinion et les décideurs, par paresse, ignorance, simple conformisme ou calculs.
  2. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, constatons avec regret que nos voix sont inaudibles dans le débat public. Car, trop souvent, les citoyens de tradition musulmane sont définis exclusivement par leur religion, réelle ou supposée. Plutôt, une interprétation rigoriste de cette dernière. Or, il y a autant de façons de vivre l’islam qu’il y a de musulmans.
  3. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, déplorons la « chasse aux voix » de certains partis politiques et dénonçons cette tentative d’enfermer la diversité des communautés musulmanes plurielles et hétérogènes, traversées par différents courants de pensée, dans un seul et unique référent d’ordre religieux qui constitue une grave atteinte à notre liberté de conscience et d’expression.

LIBERTÉ D’EXPRESSION, UNIVERSALITÉ DES DROITS HUMAINS

  1. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, sommes convaincus que la libre expression des idées est nécessaire. Il faut, cependant, distinguer deux choses : d’un côté, la critique des religions protégée par la loi (y compris acerbe et virulente) et, de l’autre, l’incitation à la haine et à la discrimination à l’endroit des personnes sur une base religieuse, sanctionnée par la loi. Par conséquent, critiquer des dogmes ou des pratiques religieuses réelles ou supposées ne devrait pas conduire à l’insécurité ou l’intimidation.
  1. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, sommes inquiets face au voilement des enfants devenu une réalité dans plusieurs villes. Des fillettes de plus en plus jeunes sont prisonnières de cet De sérieuses mesures doivent être prises, à l’échelle européenne, pour protéger les enfants de tout endoctrinement religieux. Mais ce n’est pas tout.
  2. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, observons une grave dérive. Ces dernières années, « la femme voilée » s’est substituée à « la femme musulmane », légitimant ainsi une interprétation rigoriste et politisée du Coran telle que défendue par les fondamentalistes. Si bien que le simple fait de contester le port du voile islamique dans l’enseignement, le milieu de travail ou aux parlements, est désormais associé à un acte raciste. Nous considérons ce glissement comme une tentative de museler le débat démocratique. Qu’en est-il des femmes non voilées ? Que dire de la pression sociale exercée sur elles ?

LIBERTÉ D’EXPRESSION, UNIVERSALITÉ DES DROITS HUMAINS

  1. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, rappelons de simples évidences : l’islam n’est pas une « race » mais une religion pratiquée par des millions de personnes. Il y a des musulmans arabes, berbères, iraniens, chinois, russes, européens, ouzbeks, maliens, soudanais, indonésiens etc., et chacun pratique un islam en fonction de sa compréhension, de ses traditions, de sa culture et de son environnement institutionnel ; toutes les musulmanes ne portent pas le voile ; tous les musulmans ne sont pas favorables au Nous connaissons le phénomène du voilement de « l’intérieur » et plusieurs parmi nous ont été témoin dans leurs pays d’origine de sa fulgurante ascension depuis l’avènement de la République islamique iraniennes en 1979 et l’exportation du wahhabisme.
  2. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, combattons les courants de pensée qui enferment les musulmans dans un statut de victime, réhabilitent les « races » – alors qu’il n’existe, à nos yeux, qu’une seule race : la race humaine–, dénigrent l’universalisme des Lumières et s’attardent sur nos différences faisant fi de ce que nous avons en commun : notre humanité.
  3. Nous, citoyens laïques, croyants et non croyants, riches de notre héritage musulman, exprimons notre entière solidarité à l’ensemble des personnes qui se battent courageusement dans le monde contre les mouvements et les régimes autoritaires ou absolutistes faisant de l’islam une religion d’État. Et nous appelons les États européens et leurs sociétés civiles à manifester une plus grande considération vis-à- vis de leur engagement et les soutenir dans leurs

MEMBRES FONDATEURS DU COLLECTIF ET SIGNATAIRES DU MANIFESTE

Malika Akhdim, militante féministe et laïque ; Radouane El Baroudi, cameraman ; Djemila Benhabib, politologue et écrivaine ; Hamid Benichou, militant associatif ; Soade Cherifi, enseignante et coach ; Yeter Celili, militante féministe et laïque ; Bahareh Dibadj, psychologue ; Hassan Jarfi, président de la fondation Ihsane Jarfi ; Fadila Maaroufi, anthropologue et éducatrice de rue ; Kaoukab Omani, éducatrice ; Abdel Serghini, réviseur d’entreprises ; Jamila Si M’hammed, psychiatre ; Sam Touzani, artiste-citoyen.

 

Voile sur Bruxelles

Parmi les différentes mesures sorties des négociations pour la constitution du gouvernement de la région de Bruxelles capitale, celle qui autorise désormais le port du voile aux étudiantes de l’enseignement supérieur non universitaire est assurément la plus symbolique de ce que d’aucuns voient comme une communautarisation croissante de notre société. Et l’on ne peut que s’étonner que cette revendication portée par ECOLO ait été acceptée par le PS et, singulièrement, par Défi…

Mais, sans doute, comme l’écrivait Marie-Cécile Royen dans Le Vif du 15/8, Bruxelles vaut bien un voile…

Nous avons donc demandé à François Braem et à Nadia Geerts ce qu’ils en pensaient…

 

Port du voile et enseignement supérieur : un péril en la demeure ?

François Braem
Anthropologue

L’ accord de coalition du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale a soulevé un certain émoi en ce début d’été. Cet accord annonce en effet la fin de l’interdiction du port du voile pour les étudiantes dans l’enseignement supérieur non-universitaire.

De manière à mieux pouvoir préciser la portée de cet accord, remarquons tout d‘abord qu’il ne s’agira pas de la fin de l’interdiction pour tous les établissements d’enseignement supérieur non-universitaire ou de promotion sociale. En effet, il n’existe aucune législation uniforme en Fédération Wallonie-Bruxelles en la matière. Tout comme pour l’enseignement obligatoire et l’enseignement universitaire, toute interdiction du port de signes convictionnels relève de règlements d’ordre intérieur. C’est donc à chaque pouvoir organisateur qu’il revient de se prononcer. Dans le cas de la Région de Bruxelles-Capitale qui nous occupe ici, seul l’enseignement francophone est concerné. Et la mesure annoncée ne concerne pas l’ensemble du supérieur non-universitaire. Mais bien le seul réseau de la Cocof. Ceci dans la mesure où le Gouvernement bruxellois n’a de compétence que vis-à-vis de ce réseau au travers du Collège communautaire francophone bruxellois.

Qu’en est-il aujourd’hui dans les universités francophones ?

Toujours dans le cadre des divers règlements d’ordre intérieur, rappelons ici que les universités francophones ont toutes décidé d’autoriser le port du voile à leurs étudiantes. Ceci y compris à l’Université de Liège en tant qu’université d’Etat et à l’Université Libre de Bruxelles en tant qu’université libre de tradition laïque. L’argument devenant ensuite qu’il n’y a aucune raison pour l’enseignement non-universitaire de ne pas suivre les universités sur cette question. En effet, les étudiantes concernées sont majeures et l’obligation de neutralité ne saurait leur être appliquée en tant que simples usagères de service public.

Décrets et règlements d’ordre intérieur

Un contre-argument qui est ensuite régulièrement présenté est celui de la nécessité d’une règle générale qui puisse être applicable à tous les établissements d’enseignement. Quel que soit le niveau de ceux-ci. A savoir tant dans l’enseignement obligatoire que dans l’enseignement supérieur dans sa globalité. A ce propos, se pose de manière plus globale encore une question qui agite le monde laïque : une réforme de la Constitution intégrant la notion de laïcité sera-t-elle tout à la fois pertinente et suffisante pour arriver à imposer l’interdiction du port de signes convictionnels à la totalité des élèves et des étudiantes ? Atteindre un tel objectif supposerait tout d’abord une majorité qualifiée au sein des deux composantes linguistiques de la Chambre. Et nous savons déjà qu’il sera sans doute difficile de réunir une majorité du côté de la Flandre sur cette question. En admettant que les majorités requises se prononcent en faveur d’une telle réforme constitutionnelle, reviendrait ensuite aux Communautés de traduire en décrets des dispositions générales s’appliquant alors à l’ensemble de leurs divers réseaux d’enseignement.

Qu’en sera-t-il pour les Hautes écoles qui ne dépendent pas de la Cocof ?

Mais avant de tracer des plans sur la comète, examinons tout d’abord les conséquences de la décision Cocof s’agissant des réseaux d‘enseignement supérieur non-universitaire qui ne sont pas le sien. Comme il s’agit dans tous les cas de règlements d’ordre intérieur, la question restera ici – provisoirement – ouverte. A ce stade, chaque réseau demeure donc libre de suivre ou de ne pas suivre la Cocof. Ne se manifeste donc aucune réaction en chaine qui puisse être vue comme étant de caractère automatique. Chaque réseau – et au sein de chaque réseau, chaque pouvoir organisateur – reste autonome en matière de décision à prendre.

Le positionnement du réseau libre subventionné catholique

A ce propos, il peut être utile d’observer les pratiques au sein de l’enseignement catholique. S’agissant de l’enseignement obligatoire, ce sont là également les P.O. des divers établissements qui décident d’autoriser ou non à leurs élèves le port du voile : aucune règle générale ne prévaut donc dans les enseignements primaire et secondaire du réseau catholique. Seules quelques écoles y autorisent encore le port du voile, mais l’enseignement catholique semble ne pas avoir de position de principe très affirmée en la matière : si le voile y est aujourd’hui refusé dans la grande majorité des cas, c’est sans doute avant tout pour des raisons de caractère pédagogique. Et chaque école en décide sur base de ses réalités de terrain et de son contexte spécifique. Voilà qui correspond bien à la volonté affirmée d’autonomie qui caractère l’enseignement catholique. Y compris entre les écoles catholiques elles-mêmes. Au niveau de l’enseignement supérieur non-universitaire par contre, il n’existe aucun P.O. du réseau catholique qui interdise aujourd’hui le port du voile.

La question du statut des enseignants

La question la plus sensible que pose toute autorisation du port du voile dans l’enseignement supérieur est sans doute celle de la continuité entre études à vocation pédagogique et fonction d’enseignant. Ceci concerne tout particulièrement les réseaux de l’officiel de l’enseignement obligatoire au sein desquels les enseignants sont astreints à une neutralité vestimentaire d’apparence au titre de leur neutralité en tant qu’agents de service public. Selon certains, il y aurait bien là une contradiction. Au moins apparente. Si pas strictement formelle. Face à ce questionnement, il peut être rappelé que le supérieur universitaire délivre lui aussi des diplômes à vocation pédagogique. Et donc que le problème s’y pose dans des termes similaires. En effet, les cursus universitaires pédagogiques prévoient eux aussi des stages dans les établissements scolaires. Même si c’est dans une moindre mesure que pour les Hautes écoles pédagogiques. Achevons enfin le parallélisme en indiquant que de plus en plus de co-certifications entre Hautes écoles et universités sont en train de se mettre en place. Ce qui plaide objectivement en faveur de règles qui puissent devenir communes.

Quel statut pour les étudiantes-stagiaires ?

La question concrètement posée reste alors la suivante : comment admettre que des étudiantes stagiaires puissent porter le voile dans des écoles au sein desquelles tout signe convictionnel est interdit aux enseignants eux-mêmes ? La réponse semble ici assez simple : en ne les considérant en aucune manière comme des enseignantes. Ceci même au cas où elles seront amenées – de manière ponctuelle – à dispenser l’un ou l’autre cours dans le cadre de leurs stages. En effet, une étudiante stagiaire ne peut pas être considérée comme partageant un statut d’enseignante : elle n’est pas rattachée à l’école et n’a pas vocation à l’être. Le statut des enseignants de l’établissement ne devrait donc en aucune façon être remis en cause par la présence ponctuelle de stagiaires voilées. Voilà qui ne devrait pas être trop compliqué à expliquer aux élèves de l’enseignement obligatoire eux-mêmes.

La tenue des stages

S’agissant de l’organisation concrète des stages pour des étudiantes voilées, il devrait pouvoir en aller de même que pour certains cours sportifs ou de sciences dans le cadre de leurs propres cursus académiques. A savoir que certaines limitations à tout port du voile pourront être exigées. Soit pour des raisons de juste compétition entre étudiantes, soit pour des raisons de sécurité. Existent donc déjà des restrictions au port du voile dans les deux cas. Et elles restent tout aussi justifiables dans un cas que dans l’autre. Une école pourra donc imposer à une étudiante stagiaire de retirer ou d’adapter son voile lors d’une séance de laboratoire, par exemple.

La question des débouchés pédagogiques

Autre questionnement posé dans les cercles laïques : comment refuser tout accès à la fonction enseignante à quiconque aura pu – sans encombre – mener l’ensemble de ses études supérieures pédagogiques en portant le voile ? Ne s’agira-t-il pas d’une transgression du principe même de neutralité tel qu’il devrait s’appliquer de manière rigoureuse au monde enseignant ? Et ceci tout particulièrement dans l’enseignement officiel ? Une fois encore, la réponse semble assez simple : en veillant à distinguer le statut d’enseignant de sa fonction.

Dernière considération : en tant que majeure, toute étudiante voilée doit être considérée comme pleinement responsable de ses actes. De sa part, entamer des études à vocation pédagogique se signifiera pas qu’un emploi d’enseignante lui sera pour autant garanti. Et certainement pas en persistant à vouloir porter le voile. Traitons donc ces jeunes filles comme des adultes. De plus, rien de nous dit qu’elles décideront d’enseigner un jour. Ni même qu’elles ne changeront pas d’avis à propos du voile. Soit au cours même de leurs propres études, soit après la fin de celles-ci.

L’école, Temple de la laïcité ?

On le voit, l’autorisation du port du voile dans l’enseignement supérieur repose la question de la neutralité exigible dans l’enseignement obligatoire. Selon moi, cette exigence de neutralité demande avant toute chose à porter ??sur les enseignants eux-mêmes en tant qu’acteurs pédagogiques. Et non nécessairement sur l’école elle-même. En tant qu’usagers de service public, les autres acteurs de l’école – dont les élèves eux-mêmes – ne demandent certainement pas à être soumis aux mêmes exigences. En effet, le monde scolaire ne peut être que le reflet de la société elle-même. Dans toute sa diversité et son pluralisme convictionnel. Et les bâtiments scolaires – en tant que tels – ne sauraient être à devoir considérer comme des Temples de la laïcité.

Le grignotage progressif d’un précieux principe

Nadia Geerts
Maître-assistante en philosophie et
initiatrice du R.A.P.P.E.L. (https://www.le-rappel.be)

La décision récente de la Cocof est à mes yeux inquiétante, en ce qu’elle ne distingue pas entre les différentes filières d’enseignement qui composent l’enseignement supérieur et de promotion sociale. Or, s’il me paraît tout-à-fait défendable de considérer qu’un étudiant majeur faisant des études d’ingénieur ou de traducteur a parfaitement le droit de porter des signes convictionnels, les choses me semblent très différentes s’agissant de filières professionnalisantes dans lesquelles les étudiants se forment à un métier tel qu’enseignant, assistant social, infirmier ou éducateur spécialisé.

Ces professions, en effet, sont ou devraient être astreintes à une obligation de stricte neutralité d’apparence, cette dernière étant seule à même de rassurer l’usager ou le bénéficiaire quant au fait qu’il sera accueilli et servi avec tout le professionnalisme qui s’impose, c’est-à-dire sans que les convictions religieuses du professionnel auquel il a affaire jouent aucun rôle dans l’accueil et le service en question. L’argument selon lequel seul le service rendu doit être neutre néglige en effet totalement une évidence, qui est que toute communication se compose, dans des proportions non-négligeables, de ce qu’on a coutume d‘appeler le « non-verbal ». Les idées que l’on exprime par le biais de ce que l’on porte – vêtements, bijoux ou accessoires – font incontestablement partie de ce non-verbal.

S’agissant de l’enseignement supérieur pédagogique, les étudiants y sont formés à la neutralité, les décrets définissant celle-ci interdisant aux enseignants de « témoigner en faveur d’un système religieux ». Cette formation me paraîtrait vidée de son sens si elle ne s’accompagnait pas d’une évaluation « in situ » des capacités du futur enseignant à se conformer à ses obligations de neutralité. Comment, sinon, s’assurer que le futur enseignant est bien disposé à mettre ses convictions religieuses (ou politiques) au vestiaire lorsqu’il sera devant ses élèves ? Devrait-on se contenter d’une vague promesse, tout comme nous devons déjà, hélas, diplômer des étudiants qui persistent à prendre la théorie de l’évolution pour une fable de mécréants, mais servent à l’examen le discours qu’ils savent devoir produire ?

L’évaluation des compétences des étudiants en matière de neutralité ne saurait selon moi se réduire à une évaluation de leur maîtrise du contenu des décrets en la matière. La grille d’évaluation utilisée lors des stages comprend d’ailleurs le critère de neutralité parmi les devoirs professionnels évalués. Il me paraît totalement légitime d’attendre donc de l’étudiant qu’il fasse la preuve de sa neutralité, tant dans la manière dont il aborde certaines questions sensibles que dans la manière dont il se présente devant les élèves.

A ceux qui répondraient à cela que l’étudiant doit maîtriser les termes du décret, c’est-à-dire en somme la « théorie » de la neutralité, mais ne doit pas encore faire preuve d’une maîtrise pratique de cette neutralité, j’oserai un parallèle : quelle différence avec l’étudiant en mathématiques qui maîtriserait la théorie de la pédagogie, sans être capable de susciter l’intérêt de ses élèves, ou avec l’étudiant en éducation physique qui maîtriserait la théorie de la culbute avant sans être capable de la réaliser lui-même ?

À l’heure où la valorisation des compétences supplante de plus en plus celle des connaissances, comment peut-on imaginer priver les formateurs de futurs enseignants d’une possibilité d’évaluer les compétences en matière de neutralité de leurs étudiants ? Car s’il est évident que la neutralité ne se réduit pas à ôter ses signes convictionnels, il est tout aussi évident que l’étudiante qui refuserait – ou ne verrait pas la nécessité – d’ôter son voile en stage enverrait un signal très clair et peu rassurant concernant sa disposition à « s’abstenir de témoigner en faveur d’un système religieux ».

De même, dans tous les secteurs où il s’agit de venir en aide à un public fragilisé, qu’il s’agisse d’un jeune confronté à la découverte de son homosexualité, d’une adolescente confrontée à la nécessité d’une IVG, d’une personne toxicomane ou prostituée ou d’un malade en fin de vie souhaitant recourir à l’euthanasie, il est absolument essentiel que les professionnels chargés de l’accompagner mettent tout en œuvre pour l’assurer qu’ils ne portent aucun jugement sur la situation du bénéficiaire. Et une fois encore, cette assurance de non jugement passe par une apparence neutre, qui signifie que le professionnel est disposé à laisser ses propres convictions de côté pour accompagner au mieux, selon leurs valeurs, les personnes qu’il a pour mission d’aider.

Et cette neutralité ne tombant pas du ciel, elle nécessite un apprentissage et le développement, dès le cursus scolaire, de certaines attitudes professionnelles incompatibles avec l’affichage de ses convictions politiques ou religieuses.

Qui plus est, il est évident que la décision de la Cocof risque de faire tache d’huile, car on peut douter, vu la situation de marché scolaire dans laquelle nous nous trouvons, que les écoles supérieures « hors Cocof » maintiennent coûte que coûte une interdiction qui, leur vaudra probablement à terme de substantielles pertes d’étudiants – et donc d’enseignants. Prétendre que chaque école ou chaque pouvoir organisateur pourrait décider librement, c’est faire fi de la compétition que se livrent les écoles, compétition dans laquelle l’argument « diversité » – entendez : autorisation du voile islamique – joue malheureusement un rôle non négligeable, en particulier à Bruxelles.

Cette question de l’ouverture à la diversité désormais érigée en dogme – car accueillir un public aux origines et profils variés ne signifie pas renoncer à toute exigence quant à la tenue adoptée – m’amène à aborder un dernier point, à savoir l’argumentaire utilisé par Madame Kattabi quant au rôle émancipateur de l’école.

En effet, si l’on admet que l’enseignement supérieur a pour vocation, non pas de former des professionnels compétents, mais d’émanciper des individus en leur autorisant le port de signes religieux, il n’y a aucune raison de s’arrêter en si « bon » chemin, puisqu’après tout, nul ne contestera que l’emploi est au moins autant émancipateur que l’école. Le droit individuel d’afficher ses convictions religieuses primera alors sur tout autre principe, et en particulier, sur le sens-même du « service public », lequel exige que le fonctionnaire se mette consciemment au service du public et renonce donc à l’encombrer de ses convictions, lesquelles n’ont tout simplement pas leur place dans l’exercice de certaines fonctions.

Et nous verrons demain des policiers sikhs enturbannés, des juges voilées, des fonctionnaires publics arborant fièrement leur kippa ou leur crucifix, et des enseignants clamant joyeusement, par l’entremise de leur t-shirt, que Dieu est mort.

À moins évidemment que ce dernier exemple ne soit considéré comme une déplorable provocation, ce qui signerait une inacceptable différence de traitement entre les croyants et les autres, différence qu’un Etat neutre – à défaut d’être laïque – ne saurait accepter.

Mais si la décision de la Cocof est emblématique d’une chose, c’est hélas bien de cette rhétorique qui a le vent en poupe, selon laquelle le port de signes religieux – et en particulier du voile islamique – est un droit inaliénable et inconditionnel faisant partie intégrante de la liberté de culte. Ce qui semble évident à chacun concernant l’affichage de ses opinions politiques – c’est le droit le plus strict de chacun, mais pas dans l’exercice de certaines fonctions – devient soudain extrêmement sensible lorsqu’il s’agit des opinions religieuses. Le statut juridique des unes et des autres est portant tout-à-fait similaire. Cette différence de traitement en dit probablement long sur la défiance de ce siècle vis-à-vis du politique, défiance associée à une curieuse déférence envers le religieux. Pourtant, arborer des signes religieux partout ne doit-il pas être considéré comme un acte politique de réaffirmation du religieux, y compris dans des lieux et des fonctions d’où la laïcité exigerait qu’il soit écarté ?