Et on voudrait que j’aie le moral…
Patricia Keimeul - Administratrice FAML
Il y a tout juste un an, un touriste un peu facétieux ramenait en souvenir de ses vacances en Chine un petit virus répondant aux noms charmants de Corona ou Covid.
D’abord considéré comme pas beaucoup plus dangereux qu’une grosse grippe, le petit se montra fort sociable et s’attacha à qui s’en approchait et, ce qui n’était qu’une épidémie, devint vite une pandémie.
C’est alors qu’épidémiologistes, virologues, infectiologues, microbiologistes, géographes de la santé, et autres spécialistes en santé publique envahirent les plateaux de télévision, les radios, la presse écrite et les réseaux sociaux, chacun apportant Sa solution à la crise.
Fallait-il porter un masque ? Certains le recommandaient, d’autres n’en voyaient pas la nécessité et d’ailleurs, il n’y en avait pas ! Le personnel soignant lui-même en manquait. On ne s’attardera pas sur les épisodes ubuesques des masques détruits, de ceux non conformes,..
Les plus habiles d’entre nous en cousirent. Et soudain, par on ne sait quel miracle, et alors que les pharmacies n’en avaient toujours pas, ils apparurent en nombre dans … les supermarchés.
Le virus circulait de plus en plus et faisait des morts, beaucoup de morts … surtout parmi les pensionnaires des maisons de repos considérés à juste titre comme les plus vulnérables. Ce sont pourtant eux qu’on négligea d’envoyer dans les hôpitaux pour en éviter la saturation !
Nos vieux sont morts seuls, sans pouvoir dire adieu à leur famille à qui on refusa en outre le droit de les accompagner dans leur dernier voyage.
Si beaucoup périrent du virus, d’autres se laissèrent mourir enfermés dans leur chambre, interdits de visites familiales, de contacts avec les autres pensionnaires, sans accès aux salles à manger, aux salons communs,… Ils avaient simplement perdu le goût à la vie.
Il fallait donc agir, c’était urgent !
On ferma d’abord l’Horeca, ce fut ensuite,à la mi-mars, au tour de la population d’être confinée. Interdiction de sortir si ce n’est pour pour les besoins essentiels : médecin, alimentation, …. Cela devait durer jusqu’à la fin du mois … ce fut prolongé une fois, deux fois…
Le déconfinement connut plusieurs phases permettant d’abord la réouverture des magasins, le retour au travail, l’accès aux transports en commun (qui ne présentent aucun danger de contamination) bien avant de pouvoir revoir sa famille ! Et là, il nous fallut choisir entre nos enfants lequel pourrait venir nous rendre visite ! Celui qui n’était pas encore notre premier ministre nous suggéra même d’aller rencontrer notre famille dans les magasins, ah l’humour belge !
Le masque était désormais de mise dans les lieux publics et dans les magasins où l’on se rend seul, même pas accompagné d’une personne de sa bulle, pour une durée maximum de trente minutes.
Certains comme Ikea Zaventem, « soucieux » de respecter ces règles, ont même instauré un système infaillible qui consiste, après avoir limité à un seul l’accès au parking, à l’installation de deux check points, le second étant destiné à la distribution d’un petit bracelet garantissant le shopping en solo, bracelet qui vous est retiré à la sortie du magasin ….
L’horeca put rouvrir moyennant de nombreux aménagements : espacement des tables, montage de parois en plexiglas,. .. Plus de cartes sur les tables (remplacées par un QR code donnant accès au menu, ce qui supposait la possession d’un smartphone) plus de sel ni de poivre…
Les enfants privés d’école jusqu’au moins de juin paient eux un très lourd tribut à cette crise sanitaire : enseignement à distance, isolement, … et si certaines familles, les plus aisées bien entendu, peuvent offrir à leurs enfants des conditions de travail plus favorables (chambres individuelles, matériel informatique performant, suivi parental, cours particuliers si nécessaire,…) c’est loin d’être le cas pour tous. Le décrochage scolaire est important, certains n’arriveront pas à le surmonter …
L’école reprit finalement, contrainte de mettre en place un protocole très particulier respectant la distanciation entre les élèves. Certains aménagements qui avaient pu être mis en place grâce au dévouement et à l’énergie du corps enseignant purent très vite disparaître car devenus inutiles, les mesures ayant été allégées. Perte de temps ?
Et si les maternelles et le primaire reprennent le chemin des classes à temps plein, il n’en va pas de même pour les plus grands qui, outre le masque qu’ils doivent porter tout le temps de leur présence, ne retrouvent professeurs et camarades que quelques heures par semaine.
Les jeunes, rarement atteints par la maladie en sont néanmoins des victimes collatérales. Pas question de fête de rhéto, de voyage de fin d’études, pas de proclamations ni de lancer de chapeau pour les universitaires, pas d’anniversaires entre copains, …
Pas non plus de discothèques, de bars, annulation de tous les festivals de l’été… et surtout pas de contacts rapprochés … disparue la vie sociale dont nos jeunes ont pourtant tellement besoin. Et pour combien de temps encore ?
L’été nous accorda un petit répit, les frontières européennes ont été rouvertes permettant à quelques inconscients, de partir à l’étranger.
Avec la rentrée, c’est la deuxième vague qui fit son apparition et avec elle, de nouvelles mesures drastiques. Si la fermeture des commerces dits non essentiels fut de courte durée, il n’en fut rien pour l’Horeca malgré les investissements réalisés pour se conformer aux exigences précédentes. Aucune perspective de réouverture et d’ailleurs nombre d’entre eux ne rouvriront pas…
Théâtres, cinémas, milieu culturel en général, métiers de contact, salles de sport, parcs d’attraction restent inaccessibles autant que les parcs animaliers bien qu’en plein air !
Pas de confinement strict mais nous voilà contraints de respecter un couvre-feu que le fédéral fixe à minuit mais pour les régions wallonne et bruxelloise, ce sera vingt-deux heures.
C’est à nouveau à une personne en dehors de notre bulle que se limiteront nos contacts rapprochés avec la différence que les enfants de moins de douze ans sont désormais assimilés à des adultes. Comment choisir ?? une maman sans ses enfants, un mari sans son épouse ?
Vient la fin de l’année et la perspective des fêtes. Cette période se devrait d’être réjouissante. Il n’en sera rien !
Pas de marchés de Noël, peu d’illuminations, … mais on va quand même aller voir ce sapin et ces lumières. Mais la ville est triste… le beau sapin trône au milieu d’une Grand Place presque déserte (où il est par ailleurs interdit de s’attarder, ) après le rush des premiers jours, seuls quelques clients font la file sous une fine pluie glacée devant le magasin Dandoy…
On nous suggère très sérieusement de fêter Noël en été (sans préciser de quelle année). Norman avec ses décorations au milieu du jardin, dinde au barbecue, et la bûche ?
Aucun assouplissement donc des mesures pour l’occasion. On s ‘en plaint ? c’est qu’on est égoïste et qu’on ne pense pas à ceux qui ne peuvent pas se payer le homard et le foie gras traditionnellement présents sur nos tables de fête. Des pauvres, il y en a toute l’année, pas seulement à Noël, qui s’en soucie ?
La pauvreté est, elle aussi, une maladie mortelle, qu’on pourrait, qu’on devrait éradiquer. Est-il normal que des enfants aient faim et froid, que des gens n’aient d’autre choix que de dormir dans la rue et risquent des amendes pour non-respect du confinement ou du couvre-feu ?
Les habitants de la région bruxelloise, contrairement à la Flandre et à la Wallonie, n’auront même pas droit au couvre-feu à minuit alors même qu’à ce moment les contaminations y étaient les plus basses.
Et c’est là que certains de nos concitoyens nous ont montré leur vrai visage, celui de la jalousie voire de la haine. Tout comme ceux qui dénonçaient les juifs durant la guerre, se prenant pour des justiciers, ils appellent la maréchaussée lorsqu’ils soupçonnent leurs voisins d’enfreindre les règles, ou non …. La police fut même appelée par un « bon » citoyen pour démanteler, photos à l’appui, un salon de coiffure clandestin, il s’agissait d’une maman et de sa fille …
Encouragés en cela par la ministre de l’intérieur qui voulait autoriser la police à pénétrer dans le domicile des éventuels fêtards. Il faudra que le collège des procureurs généraux rappelle que la Constitution garantit l’inviolabilité du domicile et que des conditions très strictes doivent être réunies pour y entrer comme par exemple l’accord écrit et préalable de l’occupant des lieux, une ordonnance d’un juge d’instruction qui autorise une perquisition et, en cas de flagrant délit, avec l’accord du procureur du roi.
Certains avaient même envisagé l’utilisation de drones équipés de caméras thermiques pour espionner à l’intérieur des maisons !!!! dommage pour eux, cela leur fut refusé.
Vacances de Noël …. les voyages à l’étranger, bien qu’autorisés, sont fortement déconseillés (Belgique en zone rouge, pays voisins en zone très rouge…) Certains, égoïstes, inconscients, voire criminels partent quand même , on prend donc, après leur départ des nouvelles mesures à leur encontre ; tous devront se faire tester le jour de leur retour, respecter une quarantaine de sept jours à l’issue desquels il y aura un nouveau test qui décidera de leur sort …
On les rendra responsables de l’augmentation des contaminations, sur les réseaux on se répand en propos malveillants, les experts surenchérissent.
Il suffisait d ‘interdire !
Beaucoup décident donc de ne pas partir mais il faut bien occuper nos chers bambins durant ces deux semaines hivernales : cinémas, théâtres, parcs animaliers, parcs d’attraction …toujours fermés. Seuls les musées, sur rendez-vous, accueillent des visiteurs.
Enfin une bonne nouvelle, il neige dans les Fagnes ! …. pas question de chausser ses skis mais la perspective d’une grande balade dans la poudreuse, de batailles de boules de neige,… ne pouvait que réjouir petits et grands.
La joie fut de courte durée, les promeneurs étant trop nombreux, le site fut purement et simplement rendu inaccessible. Retour donc à la télé, aux jeux vidéo, …
Le passage à l’an neuf, celui qu’on attendait tellement et qui est censé nous faire oublier 2020 , cette année pourrie, ne fut guère plus réjouissant, mêmes contraintes, mêmes interdictions avec en plus celles des feux d’artifice, des rassemblements,…
D’ailleurs on ne pouvait même pas aller chez le coiffeur pour fêter cet événement, on écoutera donc pousser nos cheveux (Brel, les bonbons 67) et on regardera avec désespoir s’allonger les repousses blanches. Combien de temps encore ? A ce propos, il est drôlement bien coiffé notre premier ministre et la miss météo de la RTBF arbore une frange parfaitement coupée…. Les citoyens sont égaux en droits mais manifestement certains plus que d’autres !
Voici venue la période des soldes. Il faut y aller seul, pas question d’aller profiter des bonnes affaires avec quelqu’un de sa bulle ni même avec son contact rapproché…
Ce sera donc à la maison, en ligne auprès des grandes enseignes. Pendant que les petits commerçants font la moue, d’autres se réjouissent. Jeff Bezos par exemple, sa petite entreprise, elle connaît pas la crise (Bashung) : Amazon a accru ses bénéfices de 30 % au cours de la période. Les transporteurs aussi, les camionnettes de livraison de DHL, UPS, DPD, et autre Bpost, sillonnent nos rue chargées de colis. Cette dernière a dû engager du personnel en renfort et louer des véhicules car son parc était devenu insuffisant pour rencontrer la demande .
Bien sûr il faut lutter énergiquement contre cette saleté qui tue des gens, qui met le personnel hospitalier au bord de l’épuisement mais pourquoi ne pas le faire avec des mesures plus cohérentes ? Mieux expliquées. Est-il vraiment plus dangereux d’aller à Pairi Daiza en plein air ou chez le coiffeur, avec toutes les mesures qui ont été prises que de monter dans des transports en commun parfois bien remplis et où on n’oblige pas à se passer les mains au gel hydroalcoolique (d’ailleurs il n’y en a pas!!!) ? Prenons-nous plus de risque en nous asseyant, avec notre bulle, entre des parois en plexiglas, au restaurant qu’en allant faire nos courses au supermarché où de nombreux clients n’ont pas totalement intégré le principe des courses en solitaire ?
Nous avons besoin d’espoir, de perspectives, pas de ce climat anxiogène que les médias entretiennent avec délectation. Nous sommes fatigués, ces contraintes, ces interdictions nous minent. Les psys n’ont jamais été aussi sollicités. On donne la parole aux experts et aux téléspectateurs les plus alarmistes : les hospitalisations et le nombre de décès diminuent, ne nous réjouissons pas, on est à la veille d’une nouvelle catastrophe, les contaminations sont en baisse, n’en tirez pas de conclusion quant à l’évolution de la pandémie, c’est simplement parce qu’on a moins testé (le contraire ne justifiant pas une augmentation de la positivité).
L’émission de la RTBF questions en prime (on aurait dû l’appeler on va tous mourir) ne retient des questions que celles appelant à plus de sévérité dans les mesures, suggérant un nouveau confinement « dur », celles prédisant des aggravations, des nouvelles vagues,…
Un mot d’espoir, une parole positive de l’un sont aussi vite balayés par de sombres prévisions des autres.
La vaccination débute et avec elle peut-être le bout du tunnel si une part suffisante de la population accepte de se faire piquer et il semble, d’après les derniers sondages que les volontaires seraient près de 80 %, soit une diminution du nombre des tenants de la théorie du complot qui voudrait qu’en même temps que le vaccin on nous inocule une puce destinée à nous pister (le GPS de la voiture, les cartes de banque ou de clients, le smartphone,… permettent déjà de nous suivre partout où nous allons).
L’occasion de se réjouir ? Pas si sûr. Si la plupart des experts, et c’est eux qu’on veut croire, nous promettent le retour à une vie normale d’ici à la fin l’été, d’autres parlent de la fin de l’année et d’autres encore prédisent qu’il nous faudra encore porter le masque et respecter la distanciation « sociale » le vaccin n’empêchant peut-être pas la transmission du virus.
Certains voudraient instaurer un certificat de vaccination qui permettrait à ceux qui ont accepté de s’y soumettre de circuler librement. Fausse bonne idée selon d’autres, cela reviendrait à stigmatiser les réfractaires, la vaccination n’étant pas obligatoire mais vivement conseillée.
Pourquoi pas obligatoire d’ailleurs ? Celle contre la poliomyélite l’est bien ! Et nous en voilà débarrassés.
Et on voudrait que j’aie le moral
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