Importance d’une information objective en éducation à la vie affective et sexuelle

 Myriam Wauters

L’éducation à la vie affective et sexuelle favorise le développement d’une sexualité libre, autonome et responsable. Elle permet aussi de prévenir les infections sexuellement transmissibles et les grossesses non désirées,  ansi que la lutte contre les inégalités, l’intolérance et les violences liées à la sexualité.

Face aux ravages de l’hyper sexualisation et à l’apparition de la pornographie sur le web, il est important de traiter la vie affective et sexuelle au sens large à l’école. Il est préférable, pour ce faire, d’être un enseignant extérieur à l’école qui puisse susciter le dialogue dans la confiance.

Différentes méthodologies sont utilisées pour cette formation. Certains enseignants visionnent un film qui sert de support aux questionnements des élèves et suscitent ainsi la discussion, d’autres utilisent les jeux de rôles à propos de différents sujets en ce qui concerne la sexualité. Ce sont des mises en situation où l’élève est amené à réfléchir, à se questionner.

Personnellement, j’ai toujours pensé qu’il fallait ouvrir et cadrer le sujet de manière plus vaste avant d’aborder la contraception proprement dite, sous forme d’un cours mais de manière plus libre quant à  la participation des élèves. Ils sont informés qu’ils peuvent parler de tout ce qui concerne le sujet, mais de manière correcte, qu’ils peuvent m’interrompre s’ils ont une opinion à émettre, même si elle diffère de ce qui est dit, et aussi que nous parlons de la sexualité en général et pas de notre propre sexualité.

Depuis de nombreuses années je vais en troisième secondaire rencontrer des adolescents de quinze ans. Nous commençons par réfléchir ensemble à une sexualité saine, épanouissante qui procure le bonheur.

Chacun s’exprime sur le sujet. Nous différencions ensuite la vie affective de la vie sexuelle. L’une est-elle tributaire de l’autre ? La vie affective sans sexualité existe, mais la sexualité sans affection ne correspond pas à celle que nous allons développer. La sexualité se découvre progressivement : se découvrir soi-même et découvrir l’autre pour se découvrir à deux. Les premiers pas en matière de sexualité demandent confiance et respect de l’autre. Le plaisir doit être partagé dans un climat d’égalité des partenaires. Mais attention aux attentes réciproques !

Il est important de comprendre toutes les difficultés de vivre son adolescence par le deuil de son enfance, par la mise en route d’une production hormonale qui bouleverse l’équilibre de l’enfance. L’adolescent peut éprouver des pulsions qu’il doit apprendre à contrôler par sa raison, tout en sachant que c’est normal et qu’il retrouvera un équilibre à l’âge adulte. L’adolescent assiste à une modification de son corps qu’il accepte parfois difficilement.

Le sexe est un sujet de préoccupation et de trouble. Les relations avec l’autre sexe sont parfois teintées de timidité, de rejet, ou d’indifférence.

Avant de commencer une relation amoureuse, il est important d’être prêt dans son cœur, dans son corps et dans sa tête, sans subir la pression des autres.

L’adolescent doit savoir qu’il a une liberté totale face à des demandes, des propositions qu’il ne souhaite pas. Il importe d’avoir une attitude respectueuse des autres par rapport à sa vie sexuelle et à la vie sexuelle de chacun.

Il est important d’apprendre  à discerner les fausses idées, les clichés concernant la sexualité, savoir différencier la sexualité animale qui ne sert qu’à répondre à l’instinct de reproduction de la sexualité humaine que la culture a fait évoluer, elle a pour but l’épanouissement du couple et son bonheur.

Il est aussi important d’arriver à une maturité affective, à trouver son identité, son désir d’autonomie par rapport aux parents, à ses idéaux avant de se fixer avec un partenaire et aussi élaborer son propre système de valeurs sociales, éthiques, religieuses ou non, culturelles, professionnelles à travers la prise de conscience de soi et l’affirmation de son identité. Il n’est pas inutile de rappeler que ces valeurs sont un principe qui oriente toute une vie et inspire nos engagements, nos décisions de tous les jours.

A ce moment de la discussion, je demande à chacun ce qui est important pour lui ou elle, ce qui amène l’élève à réfléchir au fait qu’il se construit suivant ses propres valeurs.

J’aborde aussi l’influence des religions qui refusent d’envisager la sexualité comme désir, plaisir, nécessaires à l’épanouissement. Les religions ne conçoivent la sexualité que dans une vision naturaliste à savoir liée à la procréation, avec une très forte culpabilisation en ce qui concerne la sexualité hors des normes imposées, surtout celle de la femme. Hors de ce principe, le croyant est dans le péché. Ni la contraception ni l’avortement ne sont tolérés.

L’idée de la virginité  représentant l’honneur de la famille dans certaines cultures, est discuté aussi, ainsi que l’influence de l’entourage, de la pression du groupe, de la famille pour reproduire le même schéma que les parents.

D’autres formes de sexualité existent comme la masturbation. Cette pratique est interdite par les religions. La masturbation chez l’adolescent permet de mieux connaître son corps. Pas question d’en avoir honte ou de se sentir coupable.

Il est important aussi de rappeler des notions d’anatomie avec une étude comparative des organes génitaux masculins externes et des organes génitaux internes féminins, et aussi un rappel du cycle menstruel qui a été enseigné au cours de biologie.

On aborde ensuite des notions d’hygiène de vie afin de se protéger des maladies sexuellement transmissibles telles que : la syphilis, la gonorrhée, la chlamydia, l’hépatite B et C, l’herpès, le condylome, le papilloma virus et le sida. On ne guérit toujours pas de ce dernier.

J’essaie de développer un esprit critique vis-à-vis de la société hyper sexualisée, d’identifier les messages sexistes, de  réfléchir à propos de l’usage d’objets de plaisir : les sex-toys, vibromasseurs, huiles aphrodisiaques, boules de gheisha : symptômes de notre société de consommation (de consolation).  Le but de ces couples est de pimenter leur vie sexuelle, de stimuler l’imaginaire, comme si la tendresse s’obtenait sur commande à l’aide d’objets.

Il faut naturellement aborder  des notions d’éthique en matière de sexualité : abus sexuel, inceste, femme objet, violence, domination avec une analyse des médias, de la publicité, du cinéma. Les médias et la publicité associent le corps à la sexualité avec une idéalisation d’un corps féminin ou masculin. L’adolescent doit savoir qu’il existe des personnes incapables de vivre leur sexualité sans violence infligée à autrui.

Qu’est-ce qui est bien ? Qu’est-ce qui est mal ? Les pratiques sexuelles hors normes : l’échangisme, la prostitution, la  transsexualité, le sado masochisme, la pornographie, l’homosexualité. A propos de la pornographie, il faut faire la part des choses entre réalité et images pornographiques.

Après toutes ces discussions à propos de la sexualité, une question importante se pose : est-il conseillé d’assumer une maternité et une paternité à quinze ans ?

Après des avis qui fusent de toute part, on en déduit qu’il est primordial de s’informer sur la contraception  étant donné l’importance de donner la vie au moment le plus favorable pour assumer ses responsabilités de parents.

Il est important d’utiliser une contraception avant toute relation sexuelle, d’en discuter dans le milieu familial, mais si les parents n’informent pas, l’adolescent peut se tourner vers des amis de préférence fiables. C’est aussi le rôle de l’école de compléter ou de rectifier les informations reçues.

Nous passons ensuite à la contraception par un classement des méthodes efficaces, par une explication d’une utilisation correcte du mode de contraception choisi, elle est expliquée  aux élèves avec le matériel contraceptif apporté en classe : le préservatif masculin, le préservatif féminin, le stérilet, l’implant, l’anneau vaginal, le patch contraceptif, la pilule, la piqûre  hormonale.

Chaque méthode a ses contraintes qui doivent être rigoureusement respectées.

Les méthodes peu fiables telles qu’Ogino, abstinence périodique, coït interrompu, prise de température, spermicide seul, et les raisons de leur inefficacité dans le temps sont expliquées.

Les autres méthodes qui demandent réflexion sont la stérilisation féminine par la ligature des trompes et la vasectomie masculine, pour le fait que le procédé est irréversible.

La pilule du lendemain, la pilule abortive étant fortement dosée en hormones ne sont pas à utiliser de manière répétée. L’avortement n’est donc pas non plus une méthode contraceptive, c’est justement l’échec de la contraception. Il peut être pratiqué  avant 12 semaines de grossesse ou 14 semaines après le début des dernières règles. Il peut être pratiqué en milieu hospitalier ou dans un centre de planning familial. Les adresses de ces centres sont données aux élèves.

Je leur explique que le gynécologue a le droit de refuser de pratiquer un avortement, mais qu’il doit alors orienter la demande d’IVG vers un autre gynécologue, qu’il y a un entretien avec un psychologue pour vérifier si c’est bien l’intention de la future mère et si elle ne subit pas de pression extérieure de l’entourage, que l’on propose aussi d’autres solutions que l’avortement, par exemple, l’adoption. Il n’est pas obligatoire de demander l’autorisation aux parents. Une période de 7 jours permet de réfléchir, de maintenir sa demande ou de changer d’avis.

Après 12 semaines, l’avortement ne pourra être pratiqué que si la grossesse représente un danger pour la vie de la mère ou s’il y a une certitude de malformation de l’enfant à naître. Il faudra alors l’avis d’un second médecin, qui confirme la malformation du fœtus, ou le danger pour la santé de la mère.

Après avoir rappelé le phénomène de fécondation enseigné au cours de biologie, Il est important aussi de réfléchir à la définition de la vie et de la personne humaine : au stade de la fécondation, soit on considère que c’est un matériel biologique, des cellules potentielles de vie, soit, dans la version religieuse que c’est une personne humaine déjà animée. Dans le premier cas, vous admettrez la recherche sur embryon pour éviter des malformations et des maladies congénitales, vous admettrez la fécondation in vitro ainsi que l’utilisation des embryons surnuméraires pour la recherche thérapeutique et vous admettrez l’avortement.

Dans le second cas, vous n’admettrez  rien de ce qui est cité dans le premier cas, puisque c’est Dieu qui crée la vie.

Il leur est aussi expliqué qu’en cas de stérilité, des méthodes de fécondation in vitro ou procréation médicalement assistée permettent de remédier à la stérilité. La stérilité peut provenir de la mère qui a par exemple les trompes de Falope bouchées ou pour d’autres raisons, mais aussi du père dont les spermatozoïdes ont des flagelles mal formés, ou  sont en  nombre insuffisant.

Originellement paru dans ML 189

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