Prix de l’énergie
Patricia Keimeul - Administratrice FAML
Hausse du prix du gaz, du pétrole, des matières premières agricoles… L’invasion de l’Ukraine par la Russie risque de déstabiliser l’économie mondiale encore en rémission à la suite de la pandémie de COVID.
L’offensive lancée par Poutine contre l’Ukraine a des répercutions humaines et matérielles inadmissibles sur les populations civiles des villes assiégées, maisons détruites, morts, blessés, femmes et enfants envoyés sur les routes de l’exil en abandonnant tout ce qui fut leur vie tandis que les hommes restent pour défendre le territoire contre l’envahisseur.
Cette guerre entreprise par un président russe à la fois nostalgique de la grandeur de l’« empire » soviétique et aussi inquiet de voir l’OTAN s’installer à ses frontières, cette guerre a et aura aussi de lourdes conséquences pour nos porte-monnaie.
Depuis le début de la crise, les prix des céréales (blé, maïs), du gaz, de matières premières (nickel, titane) et surtout du pétrole ou du charbon connaissent des hausses historiques démontrant si besoin est, la grande dépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis de la Russie qui dispose ainsi d’une arme redoutable, celle de la menace de fermeture du robinet qui nous approvisionne en gaz et en pétrole.
Parmi les sanctions mises en place ou proposées à l’encontre de la Russie, il y a l’embargo sur le gaz et le pétrole. Réclamé par plusieurs pays de l’Union européenne, à l’exception de l’Allemagne qui ne ne peut se passer des énergies fossiles, par l’Ukraine mais aussi et surtout par les États-Unis, ceux-ci n’étant pas tributaires du gaz ou du pétrole russes, il ne fait qu’accroître l’envolée des prix.
C’est tout à la fois le prix des carburants à la pompe, celui du gaz de chauffage et de l’électricité qui deviennent impayables par une très grande partie de la population.
Ainsi le carburant passe d’environ 1,6 euros au litre à 2,25 euros en l’espace de quelques jours.
Quant aux factures de gaz et d’électricité, l’organisme de défense des consommateurs Test-achats prévoit qu’elles augmenteront, pour un ménage moyen, de 6 à 8 mille euros. Des acomptes mensuels augmentés de plus de 500 euros, voilà à quoi il faudrait s’attendre si aucune mesure n’est prise.
Que fait le gouvernement ?
Après des heures et des heures de discussion, trois premières mesures ont été prises : une baisse temporaire de la TVA sur l’électricité, une prolongation du tarif social élargi qui profite aux plus bas revenus et surtout, un chèque énergie de 100 euros, saluons comme il se doit cette générosité.
Le gain pour un ménage est évalué à plus ou moins 300 euros. Tarifs avantageux pour les moins nantis, aucune difficulté de paiement pour les riches, la classe moyenne, durement éprouvée par ces augmentations vertigineuses est, comme d’habitude celle qui subira le plus durement les effets de cette crise.
Pour le reste, il réfléchit, il discute et surtout, il temporise…
Le mécanisme dit du « cliquet inversé » qu’il est tellement prompt à mettre en œuvre pour contrer la baisse du prix du baril de pétrole semble légèrement grippé quand il s’agit de l’activer pour atténuer une hausse encore jamais vue… et pour cause, chaque augmentation engendre des millions de revenus supplémentaires grâce à la TVA et aux accises !
Finalement, les mesures tant attendues ont vu le jour.
Le gaz bénéficiera lui aussi d’une diminution temporaire de la TVA. Celle-ci entrera en vigueur le 1er avril et devrait prendre fin en septembre, elle couvrira donc la période printemps été et se terminera à l’aube de la saison froide.
Les citoyens se chauffant au mazout recevront quant à eux, une réduction « automatique » unique de leur facture d’un montant de 200 euros.
La tarif social qui bénéficie à deux millions de familles sera prolongé jusqu’au 30 septembre.
Quant au carburant à la pompe, ce sera une baisse des accises de 0,175 euros qui devrait aider les automobilistes. C’est donc à une diminution de 10 euros par plein de 60 litres qu’il faut s’attendre, soit moins de 10 % du prix total, le litre avoisinant encore les 2 euros.
Les billets de train ne subiront pas l’augmentation prévue pour les usagers. Celle-ci sera prise en charge par l’État.
Mesures certes mais mesures insuffisantes face à l’ampleur de la hausse, que sont quelques centaines d’euros face à des milliers ?
Et l’Europe ?
Le gouvernement assure qu’il fait pression sur l’Europe afin de trouver une solution structurelle pour faire face durablement à la hausse des prix de l’énergie. La sécurité d’approvisionnement et la garantie d’un prix abordable pour l’énergie à l’approche de l’hiver sont deux préoccupations importantes des vingt-sept qui attendent de la Commission qu’elle avance à ce sujet des propositions ambitieuses.
Des solutions ?
Pour nos voitures
Le remplacement du carburant habituel par du bioéthanol est une première solution. Solution qui bien évidemment a un coût. Équiper son véhicule d’un boîtier permettant l’utilisation de ce produit coûtera entre 700 et 1100 euros. L’investissement en vaut la peine puisque un litre de ce carburant revient 80 centimes. Encore faut-il trouver la pompe qui le propose.
Le GPL (gaz de pétrole liquéfié) est une autre possibilité. Le prix de l’installation de ce réservoir avoisine les 2000 euros.
Ces deux options ne fonctionnent que pour les véhicules équipés de moteur à essence et non pour ceux qui roulent au diesel.[1]
La troisième solution consiste en l’achat d’un véhicule électrique ! Ironique en pleine crise de l’énergie, d’autant que ces voitures sont plus chères à l’achat.
Bien sûr, comme le suggèrent les écolos, il y a le vélo, la trottinette dont on connaît les désagréments (conducteurs avec leur propre code de la route qui consiste à leur octroyer tous les droits, abandons sauvages,…). C’est oublier un peu vite que certaines personnes ont besoin de leur voiture pour se rendre à leur travail lorsque leur gare a été supprimée pour insuffisance de rentabilité, oui, oui, un service public sera rentable ou ne sera plus ou lorsque seul un bus le matin et un autre le soir dessert le village.
Rallier Bruxelles par les transports en commun demande, pour certains, beaucoup de patience et peu de sommeil, le périple pouvant durer plusieurs heures soit bien au-delà du temps potentiellement passé dans les embouteillages matinaux.
Pour nous chauffer, nous éclairer,…
Alors que le chauffage au gaz nous a été vanté durant de nombreuses années comme étant l’énergie de l’avenir, voilà qu’aujourd’hui, on envisage de le bannir.
La France interdit, depuis le 1er janvier 2022, la pose de chaudières au gaz dans les nouveaux logements.
La Flandre envisage d’interdire l’installation dans les nouvelles constructions et ce, à partir de 2023, de tout système de chauffage fonctionnant aux énergies fossiles. [2]
Les nouveaux modes sont certes plus performants tant en termes de rendement que de rejet polluant mais ils ont un coût. Le prix d’une chaudière à condensation avoisine les 8.000 euros.
Quant aux panneaux solaires et photovoltaïques, outre leur prix élevé, ils nécessitent évidemment la présence de soleil afin d’offrir une production optimale.
Que n’avons-nous suivi les conseils du ministre bruxellois écolo Maron qui nous suggérait d’installer dans nos petits jardins de ville, sur nos terrasses ou balcons, de jolies petites éoliennes…qui nous auraient permis d’assurer notre indépendance énergétique !
Une baisse de 3° de la température de nos habitations est également évoquée. Rhumes, refroidissements nous guettent.
En tout cas, voilà une crise qui a des conséquences plus qu’inattendues, miraculeuses même, puisque les plus farouches opposants au nucléaire viennent de signer, avec l’ensemble du gouvernement, la prolongation de deux réacteurs jusque 2035.
Ce n’est pas seulement l’énergie et les carburants qui nous ruineront mais aussi le pain, la farine, l’huile, certaines matières premières, … à croire que nous dépendons totalement d’un pays dont l’Europe se méfie, une Europe qui une fois de plus montre son incapacité à apporter des réponses unanimes à une crise grave.
Et on reparle, une fois de plus, d’une Europe de la défense, …
- https://rmc.bfmtv.com/actualites/economie/comment-la-hausse-du-prix-des-carburants-chamboule-notre-quotidien_AV-202203120014.html#:~:text=%22L’installation%20co%C3%BBte%20plus%20cher,chef%20du%20magazine%20AUTO%20PLUS. ↑
- https://www.rtbf.be/article/vers-la-fin-du-chauffage-au-gaz-en-flandre-lopen-vld-veut-interdire-les-chaudieres-a-energie-fossile-dans-les-nouvelles-constructions-des-2023-10872121 ↑
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