Une COP de plus…
Patricia Keimeul - Administratrice FAML
Et de 27, 27ème grand-messe pour le climat et toujours le même constat, la situation est grave, très grave, si grave qu’elle justifie la présence d’une délégation belge composée d’une centaine de personnes, quarante pour le gouvernement fédéral, une soixantaine pour les entités fédérées et pour la société civile mais sans Zuhal Demir, la ministre flamande de l’environnement, elle qui selon un tour de rôle établi entre les différents gouvernements aurait dû y représenter la Belgique ; sa décision serait motivée par le non respect des droits humains.
Ce sont donc Zakia Khattabi ministre fédérale du climat, de l’environnement et du développement durable (écolo) et Tinne Van Der Straeten (Groen) qui occupe le poste de l’énergie qui seront en première ligne pour les discussions épaulées par Alexander De Croo.
Ces personnalités effectueront bien évidemment ce déplacement de 3600 kilomètres vers la station balnéaire égyptienne de Charm-el-Cheik … en avion. Empreinte carbone disiez-vous ?
Ces militants du climat n’en n’ont cure puisque à leurs yeux seules les voitures produisent des émissions de CO2, les avions aussi mais seulement lorsque ce sont les autres qui utilisent de mode de transport, vous et nous pour partir en vacances. Les prix des billets de train dépendant d’une entreprise de service public sur lesquels l’État pourrait influer sont malheureusement prohibitifs en période de congés scolaires alors que les compagnies aériennes proposent quant à elles des tarifs nettement plus avantageux.
A situation grave donc, réponses radicales. Concoctées par les différents niveaux de gouvernement y compris communaux, des mesures drastiques ont été prises notamment à Bruxelles, en commençant par la limitation de la vitesse à 30km/heure respectée par beaucoup mais toujours méprisée par les chauffards.
Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? La deuxième phase consiste à faire de notre belle capitale, cette métropole parmi les plus embouteillées au monde, une ville apaisée. Quoi de plus merveilleux qu’une ville apaisée où chantent les petits oiseaux, où l’on peut « boire au premier ruisseau »[1] ? A part le canal on ne voit pas beaucoup d’eau dans la capitale de l’Europe puisque nos cours d’eau (Senne, Maelbeek) ont été enterrés. Ça c’est Bruxelles, on détruit le patrimoine architectural et on enterre ce que d’autres mettent en valeur. Mais ceci est une parenthèse.
Comment s’y prendre pour rendre paisible cette cité turbulente ?
Rien de plus simple, il suffit de diviser la population en deux catégories.
Dans une première, il y aura les citoyens apaisés, une sorte d’élite, d’élus sortis vainqueurs d’une élection à laquelle les autres n’étaient pas conviés. Ceux-là bénéficieront d’un calme retrouvé, presque comme s’ils étaient à la campagne… idyllique !
Et ça le serait si, pour rejoindre leur petit coin de paradis, ils n’avaient parfois à allonger leur parcours de plusieurs kilomètres. Eh oui, les multiples sens interdits empêchent désormais de se rendre à un point A à un point B par le chemin le plus direct.
Un exemple parmi de nombreux autres. Il vous prend l’idée, venant de la place Poelaert, de vouloir rejoindre la FAML hébergée dans la Maison de la Laïcité Lucia de Brouckère située rue de la croix de fer. En toute logique, vous emprunterez la rue de la Régence, traverserez la place royale pour rejoindre la rue royale ; ce faisant, vous longerez le parc tout aussi royal jusqu’à la rue de la loi. Jusque là, rien à dire. Vous vous trouvez alors à moins de 100 mètres de votre destination. Et c’est là que les choses se gâtent, c’était trop beau pour être vrai et vous voilà stoppés dans votre quête d’ouvrages laïques.
Une portion d’une cinquantaine de mètres de la rue royale est interdite à la circulation automobile !
Que faire alors ? Mettre son clignotant et tourner à droite dans la rue de la loi jusqu’au premier feu et prendre à gauche dans la rue ducale. A la première intersection, retourner à gauche, c’est la rue de Louvain, prendre ensuite à droite – pas le choix, le reste de la rue est en sens unique pour les autos – dans la rue du Parlement et vous atteindrez votre destination en tournant ensuite à droite dans la rue … de la Croix de fer. Heureusement pour vous, la Maison de la Laïcité se trouve dans cette portion de la rue, l’autre partie étant elle aussi à sens unique et ne sera accessible qu’en poursuivant le trajet dans la rue du Parlement et en s’engageant ensuite dans la rue de l’enseignement – celle du cirque royal – pour rejoindre le début de la rue de la Croix de fer. Il vous en coûtera un détour de plus d’un kilomètre, beaucoup de temps perdu, un supplément de carburant et bien évidemment des émissions de CO2 … mais combien d’accises dans la poche de ces gouvernements si soucieux de notre bien-être.
Dans cette période de crise énergétique, l’enrichissement de l’État est inversement proportionnel à l’appauvrissement de ceux qui se permettent d’utiliser une voiture.
Comme quoi il vaut mieux, quand on est écolo, se déplacer en avion !
Et puis, il y a les autres, les citoyens de seconde catégorie. Ils n’ont rien fait de mal mais sont néanmoins punis. C’est comme au lotto, il y a peu de gagnants. Ils habiteront désormais le long de voies dites « structurantes », ils auront devant leur porte de longues files de voitures déversées là par les multiples interdictions, celles entre autres de circuler chez les apaisés. Certains, à la recherche d’un stationnement devenu denrée rare et souvent chère, effectuent leur troisième passage ou peut-être plus,… d’autres encore trompés par les informations d’un GPS ignorant les nouvelles dispositions cherchent désespérément à atteindre leur but, une inaccessible étoile[2]…
Et tant pis pour le bruit, celui des moteurs, celui des klaxons, tant pis pour la pollution, bref tant pis pour eux, ils n’avaient qu’à pas s’installer le long de voies « structurantes ». Et puis, dans la vie, il ne faut pas être égoïstes, il faut savoir se réjouir du bonheur et de l’apaisement des autres.
L’augmentation des températures moyennes est due, selon les experts du climat, à l’utilisation excessive d’énergies fossiles – gaz pétrole, charbon, …
C’est pourquoi notre pays, qui n’a pas usurpé sa réputation d’être celui du surréalisme, avait décidé, par dogmatisme idéologique de remplacer le nucléaire qui certes n’est pas la panacée en raison des déchets qu’il produit mais offre les avantages incontestables de n’émettre aucune pollution aérienne et d’offrir une énergie moins chère puisque produite sur notre territoire, par… des centrales au gaz dont on peut d’ores et déjà prévoir qu’elles produiront environ 3,2 millions de tonnes de CO2.
L’urgence absolue n’est-elle pas la neutralité carbone ?
Pas si grave disait Jean-Marc Nollet (celui-là même qui se réjouissait de voir arriver à Bierset le géant chinois du commerce électronique avec son cortège de deux mille camions par jour et une quarantaine d’avions par nuit…), les autres pays européens compenseront… Les normes d’émissions autorisées sont une moyenne donc si les uns polluent plus les autres devront le faire moins. C’est cela la solidarité !
D’où viendra ce gaz ? Pas de Russie, on boycotte, de Norvège peut-être mais plus sûrement de beaucoup plus loin, États-Unis, Qatar, …
Peu importent donc les émissions de CO2, mais peu importe manifestement aussi le renforcement de notre indépendance énergétique.
Étonnant ? Peut-être pas tant que ça quand on sait que la ministre fédérale de l’énergie, Tinne Van Der Straeten (Groen), travailla durant plusieurs années en tant qu’avocate associée au cabinet Blixt, lequel cabinet a défendu la cause de clients nommés WINGAS/Gazprom. Gazprom étant une société russe pour l’extraction et le transport du gaz naturel.
Faut-il voir une relation de cause à effet entre cette ancienne profession et sa proximité avec le lobby gazier et sa volonté de subventionner la construction de centrales au gaz? Bien entendu, la ministre s’en défend et n’y voit aucun conflit d’intérêt.
Valse hésitation chez les verts.
Pendant longtemps, il n’était pas question de reporter la sortie du nucléaire, ils en faisaient un principe intangible même si rien ou pas grand-chose – des centrales au gaz – n’était prévu pour pallier le manque et voilà que soudain on négocie avec Engie la prolongation de deux réacteurs.
La coprésidente du parti, Rajae Marouane, va même plus loin ! D’autres réacteurs pourraient, dit-elle, être prolongés – en plus de Tihange 3 et Doel 2 – pour le bien de la population …
Décisions contradictoires, cafouillages, ….
Où en est la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le réchauffement climatique signé en grande pompe en 2015 ?
La plupart de ses dispositions en sont restées au stade de promesses.
Et ce n’est pas la coupe du monde de foot au Qatar avec ses stades climatisés au milieu du désert, ce n’est pas non plus Dubaï et sa piste de ski réfrigérée au milieu d’un centre commercial bénéficiant lui-même de l’air conditionné ni même l’Arabie saoudite qui organisera les prochains jeux asiatiques… qui contribueront à stopper le réchauffement climatique.
De toute façon, ce sont les voitures qui polluent. Les nôtres, pas celles des ministres, parlementaire, celles du roi et de sa sécurité qui peuvent quant à elles circuler sur ces voies interdites aux véhicules automobiles comme ce tronçon de 50 mètres de la rue royale ! La loi n’est pas la même pour tous, d’ailleurs il y en a une destinée spécialement aux trottinettistes et aux cyclistes qui apparemment leur dit … « tout vous est permis ».
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