Pauvre Belgique

Avec un patrimoine global de quelque 238.500 euros, le Belge est en septième place des nationalités les plus riches, selon Crédit Suisse. Notre pays devance ainsi le Royaume-Uni, Singapour et la France. La Belgique se hisse aussi à la 14e place mondiale en termes de nombre de millionnaires sur son sol. En termes de PIB, la Belgique est le 25ème pays le plus riche au monde1. La Belgique est toujours le 3ème pays à la pression fiscale la plus élevée au sein de l’OCDE. Selon les chiffres de l’Organisation du commerce, les recettes fiscales totales en Belgique étaient de 183,8 milliards d’euros en 2015 dont 65,6 milliards d’euros d’impôt sur le revenu, bénéfices et gains en capital, 58,6 milliards d’euros de cotisations sociales, 14,4 milliards d’euros d’impôts sur le patrimoine (immobilier notamment) et 43,7 milliards d’impôts sur les biens et services (TVA, accises, …)2.

Dans un pays développé comme le nôtre, il appartient aux différents gouvernements (fédéral, régional, communal…) de permettre à tous ses
citoyens de manger, de se loger, de se vêtir, de se soigner, d’offrir une éducation de bon niveau à leurs enfants, mais surtout de vivre dans la
dignité.

Or c’est loin d’être le cas !

Malgré cette richesse accumulée et malgré le montant particulièrement élevé de nos impôts sur les revenus, de nombreux citoyens de ce pays
vivent sous ou proche du seuil de pauvreté obligeant nombre d’associations à faire appel à la générosité publique pour pallier les carences de
l’Etat dans la lutte contre ce fléau.

Quelques chiffres sur la pauvreté

L’office de statistique a publié les chiffres de la pauvreté pour 2017. Il ressort de l’enquête sur les revenus et les conditions de vie que 15,9% de la population soit 1.797.700 personnes, peut être considérée comme à risque de pauvreté monétaire et que 5,1% souffre de privation matérielle grave.

Que faut-il entendre par pauvreté monétaire ?

Se trouve dans cette situation toute personne isolée dont le revenu mensuel est inférieur à 1.139 euros.

Les chômeurs, les familles monoparentales et les personnes les moins éduquées sont les plus vulnérables à la pauvreté. Les personnes sans emploi sont beaucoup plus exposées à la pauvreté monétaire que la population active (5%). Il en va de même pour les membres des familles monoparentales (39,7%), qui courent un risque plus élevé que les membres d’une famille composée par exemple de deux adultes et deux enfants (8,5%), ainsi que pour les locataires (36,4%) par rapport aux personnes qui sont propriétaires de leur logement (8,8%).

Enfin, depuis le début des mesures, le fossé entre les personnes les moins éduquées, qui disposent tout au plus d’un diplôme de l’enseignement secondaire inférieur, et celles qui ont un diplôme de l’enseignement supérieur se creuse de plus en plus. Les premières
affichent un taux de pauvreté monétaire de 27,2% contre 6,4 % pour les plus éduquées.3

La Belgique a un des taux de pauvreté infantile les plus hauts en Europe : à Bruxelles, quatre enfants sur dix grandissent dans la pauvreté, un sur quatre en Wallonie et un sur dix en Flandre. Se battre contre cette pauvreté doit donc aussi être une priorité stratégique.

Quant aux personnes âgées, leur situation n’est guère plus brillante. Les chiffres les concernant sont eux aussi édifiants : quatre pensionnés sur dix vivent aujourd’hui sous, ou tout juste, le niveau du seuil de pauvreté. C’est ce que révèle l’enquête réalisée par Enéo, le mouvement social des aînés. Une enquête menée auprès de 665 personnes dont 415 ménages en Wallonie et à Bruxelles. Elle nous apprend aussi que la pension moyenne d’un isolé est de 1.600 euros. Mais cette moyenne cache des réalités très différentes. En effet, 9,3 % des retraités ont une pension nette inférieure à 1.000 euros. A l’autre bout de la chaîne des revenus, 8,8% des retraités gagnent plus de 2.250 euros nets, en sachant que le seuil de pauvreté pour un ménage est fixé à plus de 2.300 euros. Difficile, dans ces conditions de boucler les fins de mois sachant que le logement coûte en moyenne 725,7€/mois en forte hausse depuis 2010 (586€), à quoi il faut ajouter une nette tendance à la hausse pour l’alimentation dont le budget représente près de 30% des revenus.4

En sept ans, les biens de première nécessité ont augmenté, par ménage, de 500 euros alors que 42% des ménages disposent de moins de 2.000 euros par mois. Face à des pouvoirs publics incapables de procurer à chacun les moyens suffisants pour vivre dans la dignité, de nombreuses associations se sont mises en place pour venir en aide aux plus démunis en faisant appel à la générosité des citoyens. Ces associations sont actives dans de nombreux domaines et couvrent les problématiques de la pauvreté des enfants, des personnes sans abri, de l’accès au logement, de la santé, des loisirs, …

Si pour remplir les missions qu’elles se sont assignées, les dons en argent revêtent une importance capitale pour les associations d’aide aux démunis, les dons en nature (aliments, vêtements, …) et l’investissement personnel des bénévoles sont également indispensables. Parmi les associations actives dans le domaine de la lutte contre la pauvreté citons par exemple :

OXFAM solidarité

L’association interpelle les autorités pour exiger la fin des injustices sociales et économiques et relève qu’une personne sur trois dans le monde vit dans la pauvreté. Oxfam est déterminée à changer cette situation en mobilisant le pouvoir citoyen contre la pauvreté. Nous nous employons à trouver des solutions concrètes et innovantes pour que et chacun puisse sortir de la pauvreté et se réaliser pleinement.

Solidarité logement

Créée en 2009, cette association fonctionne grâce à une cinquantaine de bénévoles. Elle a pour but de lutter contre le mal-logement et le sans-abrisme car, force est de constater que, si le droit au logement est garanti par l’article 23 de la Constitution belge (chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine. Ce droit comprend le droit à un logement décent), le déficit de logements sociaux est criant lesquels sont même souvent inaccessibles aux plus démunis vu l’augmentation des loyers.

L’accession à un logement correct est un pas important dans la lutte contre la précarité et l’exclusion sociale. Le logement est un outil indispensable à l’émancipation et à l’épanouissement, il permet le développement de l’individu et de sa famille.

L’association s’est donc donné pour mission de faciliter la mise à disposition de logements à des personnes indigentes, confrontées à un problème de sans-abrisme ou de mal logement. Pour ce faire, elle peut participer, directement ou indirectement, notamment par une intervention financière, l’acquisition et/ou la location de logements et leur restauration si nécessaire.

Les banques alimentaires

Se nourrir n’est pas toujours chose facile. De cette constatation sont nées les banques alimentaires. Elles ont pour but de lutter contre la faim et le gaspillage de vivres et de réinsérer les personnes en précarité via l’emploi social.

Les Banques Alimentaires sont des entreprises de distribution d’un type spécial. Elles sont comparables au commerce en gros en alimentation générale, mais elles n’achètent rien et ne vendent rien. Les surplus de vivres reçus gratuitement de l’Union Européenne, de l’industrie agro-alimentaire, de la distribution agro-alimentaire, des collectes de vivres et des criées, sont – avec l’aide d’un réseau d’associations caritatives – distribués gratuitement aux personnes dans le besoin.

Outre les surplus mis à leur disposition, les banques alimentaires bénéficient chaque année vivres collectées auprès des citoyens en collaboration avec les supermarchés partenaires. Les clients sont invités à acheter des bons lors de leur passage en caisse. En fonction du supermarché, ces bons permettent d’offrir un ou plusieurs repas ou produits selon le montant choisi. De nombreuses entreprises soutiennent l’action de ces associations. Citons par exemple Delhaize, Carrefour, Colruyt, Cora, Lidl, Belorta, Agristo, Marcolini, …

La Fédération se charge de mettre sur pied, avec la collaboration d’entreprises alimentaires ou non alimentaires, des campagnes visant à récolter des fonds ou des vivres. Ces campagnes peuvent être soit ponctuelles et avoir lieu à un moment précis de l’année, soit permanentes et se dérouler durant toute l’année.

La banque alimentaire belge, c’est 32 millions de repas distribués gratuitement, 157.000 personnes démunies aidées, 16.500 tonnes de nourriture récoltées, … chaque année.

Les restos du cœur

« Personne ne pensait en 1986 que les demandes d’aide seraient nécessaires 30 ans plus tard. Malheureusement, nous sommes aujourd’hui encore confrontés à des situations qui motivent la Fédération des restos du cœur de Belgique à demander l’aide de chacun. Les plus démunis d’entre nous ont besoin d’aide pas de pitié. Nous vous remercions de tout cœur pour votre aide financière. Vous trouverez dans les pages suivantes toutes les interventions que nous assurons tout au long de l’année. »5

L’Association Les Restos du Coeur agit depuis plus de 30 ans pour la solidarité sociale, en distribuant en Belgique des repas (630.000 par an) et par des actions d’aide à l’insertion sociale auprès des personnes précarisées. Les restos sont une association non gouvernementale
qui intervient pour soulager les problèmes de la société grâce aux donateurs, aux partenaires (des grandes marques) et par l’action de centaines de bénévoles sur le terrain.

Viva for life

Le taux de pauvreté infantile en Belgique est un des plus hauts d’Europe. Un enfant sur trois à Bruxelles et un enfant sur quatre en Wallonie
sont touchés par ce fléau. Cette réalité est inconcevable quand on sait les répercussions négatives sur les jeunes enfants, particulièrement vulnérables.

Elle entraine des inégalités sur le plan de l’alimentation, de la santé, de l’enseignement, de l’accès au logement, de la pratique d’activités
sociales & de loisirs mais aussi de l’estime de soi.

Viva For Life est l’opération de solidarité lancée par Vivacité, la radio de la RTBF. Depuis 2013, par le biais d’un appel à projet annuel qui redistribue les fonds récoltés durant la campagne, Viva For Life offre la possibilité de soutenir financièrement des associations qui contribuent à rompre le cercle intergénérationnel de la pauvreté en accompagnant les jeunes enfants de 0 à 6 ans et leurs familles.

C’est une évidence : le contexte socio-économique dans lequel évolue un enfant a une influence majeure sur son bien-être et ses perspectives d’avenir.

C’est aussi lors des six premières années que l’enfant est amené à vivre quelques-unes desplus grandes transitions de sa vie, notamment
vers l’école maternelle et primaire. Vivre ces passages de manière harmonieuse est essentiel pour donner à l’enfant un bon départ dans la vie.6

Grâce au soutien de Viva for Life, les associations retenues pourront maximiser leurs interventions auprès de ces enfants dans le cadre de l’accueil de la petite enfance et d’activités pré-, péri- et extrascolaires, avec une attention particulière portée au soutien à la parentalité (dès la période prénatale).

Les associations travaillent bien souvent ensemble sur le terrain de la pauvreté, celle-ci étant de plus en plus présente dans notre pays. Outre celles déjà citées, grandes et petites associations, comme Médecins du Monde, Accompagner.be, La Main Tendue, SOS Villages d’Enfants, SOS Faim, préservent heureusement la solidarité humaine et la motivation de bénévoles, pour remplir leur mission d’intervention sociale ou de santé. Comme les Restos du Coeur, elles permettent d’aider des familles entières à résister à la pression de la misère qu’elle soit proche
ou loin de nous.

Quelle répartition des dons ?

Il est sans cesse fait appel à la générosité des citoyens, que ce soit pour lutter contre la pauvreté mais aussi pour la recherche médicale – les téléthons se multiplient – pour l’aide aux handicapés, pour la protection des animaux, de l’environnement, pour les victimes de catastrophes naturelles, pour l’aide au développement, pour le sport (celui des vrais amateurs, pas celui qui brasse des millions et qui donne lieu aux malversations que l’on connaît) …

Et la liste est encore longue !

Selon une étude de la Fondation Roi Baudouin, la santé représente 29,6% des dons, l’aide aux démunis 21%, 1% pour la culture, …

Pourquoi donne-t-on ?

Les valeurs associées au don aujourd’hui de façon sont basées sur le principe de l’égalité de droits entre citoyens. Le don apparaît comme une volonté de restaurer cette égalité de condition face à l’injustice du sort : pauvreté, maladie, catastrophes naturelles, naissance dans un pays sous-développé….

L’image des associations et fondations qui travaillent dans l’aide à ceux qui sont le besoin est essentiellement positive. La société leur reconnaît un rôle de relais de l’action de l’Etat, ou de palliatif à ses carences mais aussi de porte-parole de groupes minoritaires qui peinent à se faire entendre.

Pallier les carences des pouvoirs publics

Que fait-on de nos impôts ? ne faut-il compter que sur la solidarité et la générosité des associations et des citoyens qui les financent pour apporter nourriture, logement, vêtements, soins médicaux, … à ceux qui en ont besoin ? Est-il tolérable qu’une part de plus en plus importante de la population belge se trouve en situation de pauvreté ou en soit proche ?

N’est-il pas urgent de mettre en place une nouvelle répartition des richesses qui permette à chacun de vivre dignement ?

Le pauvre n’est pas forcément responsable de sa situation comme se plaisent à le répéter les égoïstes et les méprisants. Les aléas de la vie – perte d’un emploi, divorce, maladie, accident… peuvent rapidement faire basculer la vie, même des moins précaires !

Nous sommes tous des pauvres potentiels.

Patricia Keimeul
Directrice FAML

1 https://fr.express.live/2018/05/27/la-belgiquefait-partie-des-pays-les-plus-riches-du-monde-selon-unnouveau-classement
2 https://www.rtbf.be/info/economie/detail_la-belgique-toujours-3e-pays-a-la-pression-fiscale-la-plus-elevee-au-sein-de-l-ocde?id=9770850
3 https://statbel.fgov.be/fr/themes/menages/pauvreteet-conditions-de-vie/risque-de-pauvrete-ou-dexclusion-sociale
4 https://www.r tbf.be/info/societe/detail_la-plupart-des-retraites-belges-vivent-a-la-limite-du-seuil-depauvrete?id=9780764
5 http://www.restosducoeur.be/fr/
6 https://agir.vivaforlife.be/pages/a-propos-de-viva-for-life