La maltraitance infantile: une souffrance contrainte à un manque d’accueil

Mathilde Anselot - Assistante en psychologie clinique

A l’heure actuelle, chaque année est porteuse d’un nombre plus important de cas demaltraitances infantiles à travers le monde et bien que cette élévation soit présente, les moyens pour y faire face demeurent précaires dans de nombreux pays qui ne bénéficient pas d’un soutien développemental suffisant pour les prendre en charge.

Des plans de défense et de protection des enfants visant au respect de leurs droits, de leur dignité et à l’abolition de toute forme de traitement allant à l’encontre de leur intégrité se sont déployés ces dernières années avec l’espoir d’une mise en application de ceux-ci à l’échelle mondiale mais leur intégration reste lente et encore trop souvent entravée par des facteurs principalement économiques et politiques.

Situation en Belgique

En Belgique, l’année 2021 a compris à elle seule 7038 signalements auprès des équipes SOS enfants et a été synonyme d’une forte augmentation de cas au regard des années précédentes.[1] La plus large partie de ceux-ci ont été effectués par le Service d’aide à la jeunesse, les systèmes protectionnels, les milieux éducatifs et médicaux ainsi que, dans une plus petite mesure, par des personnes faisant partie de l’entourage direct de l’enfant tels que des amis, voisins,…

Selon la définition reprise par l’OMS, la maltraitance comprend :

« Toutes les formes de mauvais traitements physiques et/ou psycho-affectifs, de sévices sexuels, de négligences ou d’exploitation commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de l’enfant, sa survie, son développement ou sa dignité dans un contexte d’une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir».

Dans la majorité des signalements recensés, les mauvais traitements subis sont reliés à des cas de maltraitances intrafamiliales[2] qui, de par leurs aspects, exercent un frein sur la parole de l’enfant. Celui-ci se retrouve alors pris dans un conflit de loyauté face à la peur des conséquences qu’engendrerait un témoignage sur les différents membres de la famille et les relations qu’ils entretiennent.

En plus de l’influence de ces contextes familiaux, la souffrance des enfants est souvent réduite à un silence soutenu par des systèmes sociaux et éducatifs qui ont tendance à restreindre les manifestations libres de leurs expressions émotionnelles et à maintenir une conception de la maltraitance infantile comme étant un sujet tabou.

A cela s’ajoutent le peu de visibilité dont font état de nombreux cas ainsi que le manque de places disponibles pour les accueillir qui tendent à les laisser démunis face à un isolement représentant une source d’anxiété supplémentaire au sein d’une situation déjà emplie d’incompréhension quant à ce qu’ils ont à subir.

Malgré l’existence de plusieurs organismes de protection et de programmes de sensibilisation à but préventif, leur capacité d’accueil et leur mise en oeuvre restent limitées, ce qui ne leur permet malheureusement pas de fournir une aide à l’ensemble des cas signalés et laisse en suspens le déploiement de thérapies adaptées à l’accompagnement des états fragiles dans lesquels se trouvent ces enfants.

Face à ces situations, les victimes qui éprouvent déjà des difficultés d’accès à ceux-ci sont régulièrement mises sur liste d’attente ou redirigées vers des services ne disposant pas forcément de fonctions appropriées et de personnes formées en conséquence pour répondre à leurs besoins spécifiques de soins.

Étant donné le manque de possibilités, de nombreux enfants sont également maintenus dans une famille d’origine qui peut les exposer à une menace pour leur santé ou être soumis à des allées et venues entre différentes familles d’accueil dans un contexte marqué par les ruptures familiales et l’absence de repères.

Face à ce quotidien souvent empreint d’insécurité, une présence disponible pour les accueillir dans leurs traumatismes et encourager l’expression de leurs ressentis en respectant leur rythme et en soutenant la création de nouveaux liens de confiance leur est essentielle.

Le recours au placement, lorsqu’il n’existe d’autre possibilité qu’ une mise à l’écart du milieu familial pour garantir sa protection, n’est pas dénué d’impact sur l’enfant et nécessite la mise en place d’un lieu de vie propice à l’accompagnement de ses besoins affectifs et de son développement personnel durant ce temps d’éloignement.

Lorsqu’il peut s’effectuer dans un environnement favorable et sur une durée continue, cet accueil dans un autre cadre de vie peut s’avérer être bénéfique et représenter un tremplin vers une nouvelle stabilité.

Des conséquences à long terme

Les conséquences[3] sociales et développementales qu’ont les actes de maltraitances sont multiples et sont influencées par le type de violence subie ainsi que l’âge et le sexe de l’enfant.

A l’origine d’une large part de difficultés relationnelles, émotionnelles, comportementales et cognitives qui constituent une entrave à leur fonctionnement quotidien, celles-ci font appel à l’usage d’interventions précoces qui puissent limiter leur installation sur le long terme et agir sur la préservation de la santé tout en favorisant le maintien de relations sociales enrichissantes.

Chaque cas est personnel et demande un suivi spécifique pour répondre de la manière la plus adéquate possible aux particularités et à la sensibilité qu’il revêt.

Un soutien bienveillant à leur épanouissement psychique, physique mais également à la fonction parentale ( avec des approches adaptées selon qu’elle se situe ou non à la source des maltraitances) représente l’opportunité d’agir auprès des différents membres de la famille et de les soutenir, lorsque cela est envisageable, dans la reconstruction de relations familiales dans l’après du traumatisme. Un accès à une résilience et à une reprise de confiance en leurs capacités suite aux événements vécus requiert une aide durant un certain temps mais aussi une mise à disposition de lieux d’accueil où il leur est possible d’être entendus et reconnus comme des individus à part entière dans la réalité de ce qu’ils vivent.

Un besoin de nouvelles perspectives

Ces constats marquent l’importance de tendre vers un développement plus large de l’aide actuelle et d’agir, tant au niveau de l’intervention précoce et de la réponse donnée aux violences subies que sur les conditions budgétaires et sociales qui freinent le bon déroulement et l’essor des prises en charge. Cela nécessite également des changements au sein des politiques de sensibilisation actuelles afin d’augmenter l’accès aux infrastructures existantes et d’améliorer, auprès de l’entourage de l’enfant et des professionnels qui font partie de son environnement, la mise à disposition d’informations concernant les signaux caractéristiques présents en cas de situations à risque.

C’est un accompagnement dans la durée qui demande des soutiens financiers, légaux et humains supplémentaires afin de renforcer les conditions d’accueil, de soutenir la régularité du suivi au sein des organismes et d’élargir les possibilités d’établissement de contacts directs avec les enfants et leurs familles à travers un travail de réseau effectué entre les intervenants.

Souvent condamnée à passer inaperçue, la réalité de cette problématique sociétale requiert une attention particulière pouvant constituer la source d’une amélioration de leur bien-être et une réponse à leurs droits fondamentaux qui comprennent entre autres le fait de vivre à l’abri de la violence et d’être respectés dans leur intégrité physique, morale, psychologique et sexuelle.

L’apport d’une approche qui soit à la fois en accord avec ces droits et qui favorise leur participation aux décisions les concernant est indispensable pour enrayer les systèmes discriminatoires dans

lesquels ils se retrouvent régulièrement et qui tendent à dévaluer leur parole en les maintenant dans un état d’infériorité et d’inégalité face à la loi.

Leurs besoins primordiaux ne peuvent être occultés et se résoudre à un placement dans l’attente d’un accès à de meilleures conditions de vie et à une liberté d’existence.

  1. « ONE en chiffres, rapport d’activités 2021 », mis en ligne sur www.one.be
  2. « Etat des lieux de l’enfance et de la jeunesse en fédération Wallonie-Bruxelles 2020-2022», mis en ligne surhttps://oejaj.cfwb.be/,
  3. « Global status report on preventing violence against children 2020 », mis en ligne surwww.unicef.org.

Protection de l’enfance : un secteur en crise et des mineur.e.s en danger

Lola Cantella - FAML

Alors que la parentalité exige un soutien solide, le cri de détresse du secteur de l’aide à la jeunesse résonne : le manque de moyens nuit aux familles en difficulté et met en danger des milliers de mineurs.

Vingt-cinq des vingt-six services de l’aide à la jeunesse et de la protection de la jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles, se sont mis en grève, du 22 juin jusqu’au 12 juillet 2023[1]. D’autres manifestations et grèves ont eu lieu depuis lors.

Le Service de l’Aide à la Jeunesse (SAJ) et le Service de Protection Judiciaire (SPJ) sont deux entités qui interviennent dans le domaine de la protection de l’enfance en Belgique francophone[2]. Le SAJ intervient principalement de manière préventive, et collabore avec les familles en difficultés. Le SAJ propose des mesures éducatives et de soutien. En revanche, le SPJ intervient lorsque la situation d’un enfant est jugée plus critique, nécessitant une intervention judiciaire pour assurer sa protection, à la suite d’une décision du Tribunal de la jeunesse. En résumé, le SAJ agit en amont pour prévenir les difficultés, tandis que le SPJ intervient de manière plus formelle lorsque la protection de l’enfant est en jeu et que des mesures judiciaires sont nécessaires.

Le SAJ et le SPJ travaillent en collaboration avec d’autres entités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, telles que des services de préventions, l’IPPJ (Institution publique de l’aide à la jeunesse), l’EMA (Equipe mobile d’accompagnement), le CCMD (Centre mobile de mineurs dessaisis), ainsi qu’avec différents services pédopsychiatriques. Ces différentes organisations publiques collaborent aussi avec des acteurs privés, qui sont des associations.

Des jeunes en souffrance

La pandémie de Covid-19 a entraîné des conséquences graves sur le bien-être des jeunes. Les données disponibles montrent que les différents confinements ont amené à une hausse des violences intra-familiales et conjugales[3]. Les politiques de restriction ont isolé les enfants et adolescant.e.s victimes de violences, et cela a conduit à des situations dramatiques. Au fur et à mesure des mois, le nombre de signalements a explosé[4]. Au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les situations d’enfants en danger ont augmenté de 5%[5].

Selon un rapport de l’OCDE, le nombre de symptômes de dépressions et d’anxiété a doublé chez les jeunes[6]. Le rapport démontre aussi que la jeunesse souffre d’une plus grande solitude que le reste de la population. Marie Delhaye, cheffe du service de pédopsychiatrie à l’hôpital Erasme, explique que le nombre d’adolescent.e.s avec des troubles alimentaires a significativement augmenté[7]. Il en est de même pour les comportements à risques et les tentatives de suicide. Tout cela a conduit à une saturation des services de santé mentale pour les jeunes. D’après Marie Delhaye, le nombre de mineur.e.s en détresse psychiatrique a triplé durant la pandémie. Les jeunes étaient surreprésenté.e.s parmi les personnes ayant recours à des lignes d’assistance téléphonique en santé mentale[8].

D’autre part, le chômage de longue durée conduit fréquemment à de la détresse psychologique. Les jeunes sont justement plus touchés par des difficultés sur le marché du travail. Si l’ensemble des jeunes a été fortement impacté par la pandémie, il est tout de même important de rappeler que la situation socio-économique constitue un facteur de risque significatif. Une étude menée au Pays de Galles montre que les jeunes précaires cumulent les facteurs de risques pouvant amener à des troubles de santé mentale[9]. Il est donc nécessaire d’adopter une lecture située ???des problèmes de santé mentale.

L’inflation vient donc compliquer en plus le bien-être des moins de trente ans. En effet, l’étude « Belhealth » publiée en 2023 par l’Institut de santé publique Sciensano, montre que chez les 18-29 ans, une personne sur trois présente un trouble d’anxiété ou de dépression[10]. La hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie est mentionnée parmi les causes principales de mal-être.

De la maltraitance institutionnelle

Les conditions de travail des travailleur.euse.s du secteur de l’aide à l’enfance sont impactées par l’intensification des violences intrafamiliales, ainsi que la hausse du mal-être chez les jeunes. Les besoins ont significativement augmenté, sans que les moyens pour y parvenir soient déployés. Le secteur ne parvient plus à accomplir correctement sa mission. Les travailleur.euse.s du SAJ et du SPJ ne savent plus prendre en charge tous les dossiers qui leur sont attribués. Comme le dit Jean-Pierre Frennet : « On manque de personnel. Un délégué devrait idéalement gérer 47 dossiers, pas 70 »[11]. Les situations sont aussi beaucoup plus urgentes et inquiétantes qu’auparavant. Les jeunes pris en charge sont dans une grande détresse, et porteur.euse.s de troubles bien plus sévères qu’avant.

Il manque aussi de structures d’hébergement pour mineur.e.s ayant besoin d’être accueillis. « Certains enfants attendent des mois, des années, avant d’avoir une place dans une famille d’accueil. On n’a jamais connu une situation pareille« [12], dénoncent Anne De Keyser et Angélique Semail, employées au SAJ de Bruxelles. Au SPJ de Bruxelles, il faut attendre en moyenne 1 an pour bénéficier d’un accompagnement familial. Pour trouver refuge en centre d’hébergement, le temps d’attente est de 3 ans. Il y a des jeunes qui sont contraint.e.s de continuer à vivre dans leurs familles. Certains enfants en bas âge doivent passer par cinq centres provisoires avant d’être accueillis dans une structure adéquate. D’autres sont placés à l’hôpital.

Pour Bernard De Vos, ancien délégué général aux droits de l’enfant, c’est de la maltraitance institutionnelle[13].Les hôpitaux n’emploient pas de puéricultrices et d’éducateur.ice.s, les enfants ne bénéficient donc pas des soins dont ils ont besoin. C’est la double peine pour des enfants qui sont déjà victimes de violences au sein de leurs foyers. Les enfants polytraumatisés sont encore plus fragilisés par les défaillances du système sensé les protéger.

Les travailleurs.euses en sont conscient.e.s, ce qui est insupportable à vivre au quotidien. Avec la surcharge de travail en plus, les cas de burn-out ont décuplé. Un cercle vicieux est enclenché : il est urgent de pallier au manque d’effectif, mais les conditions de travail sont intenables. Démissions et congés maladies sont donc fréquents. Le secteur n’est plus attractif et il est devenu difficile de recruter.

Face à ce bilan, plusieurs grèves et manifestations ont eu lieu. Des moyens supplémentaires ont été obtenus[14]. Néanmoins, la situation est toujours dramatique et les efforts faits restent insuffisants.

Pas assez de budget ?

C’est généralement l’argument du coût économique qui est avancé pour défendre le manque de moyens accordés à ce secteur. Seulement, en 2021 le budget annuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles n’accordait que 3% de son budget annuel à l’aide à la jeunesse[15]. En 2022, alors que les violences intra-familiales et la détresse psychologique augmentent, ce budget tombe à 2,7%[16].

La raréfaction des aides financières étatiques engendre des pressions auprès des services, qui doivent se plier à une logique de rapidité et de rendement. Là encore, il s’agit d’un facteur de burn-out[17]. Les enfants ne sont pas des marchandises à vendre. Les situations traitées par les services demandent du calme et de la réflexion. Dans la précipitation, il n’est pas possible de prendre les bonnes décisions.

Les jeunes ne bénéficient donc pas de la protection à laquelle ils ont droit. Selon la convention des droits de l’enfant, tout enfant a droit à une vie de famille, ainsi qu’à une vie décente[18]. Chaque enfant a droit à une protection contre toute forme de violence. Ainsi, en n’accordant trop peu de moyens à la protection de l’enfance, cela revient à une atteinte aux conventions internationales. Dans ce contexte, l’argument économique n’a pas lieu d’être.

Ainsi, le secteur de la protection de l’enfance en Belgique fait face à des défis immenses, exacerbés par la crise du COVID-19. Les jeunes, déjà vulnérables, subissent une détresse accrue, mais les ressources nécessaires pour répondre à ces besoins croissants font cruellement défaut. Les restrictions budgétaires de l’État représentent une barrière supplémentaire, compromettant la capacité à garantir les droits fondamentaux de chaque enfant. On assiste ainsi à une marchandisation du secteur public, et plus particulièrement lorsqu’il s’agit de publics fragilisés.

Il est impératif de reconnaitre l’urgence de cette situation et de s’engager à allouer les ressources adéquates pour assurer la protection et le bien-être de la jeunesse. Autrement, de plus en plus d’enfants en danger seront livrés à eux-mêmes. Des situations dramatiques vont continuer à perdurer, alors qu’elles pourraient pourtant être évitées.

  1. Belga, É. P. a. L., & Belga, É. P. a. L. (2023, June 29). Les services d’aide à la jeunesse sont en grève pour réclamer des moyens et des places d’accueil. RTBF. https://www.rtbf.be/article/les-services-daide-a-la-jeunesse-sont-en-greve-pour-reclamer-des-moyens-et-des-places-daccueil-11220814
  2. Accueil – portail de l’aide à la jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles. (2023, 11 septembre). https://www.aidealajeunesse.cfwb.be/index.php?id=ajss_accueil
  3. COVID-19 et la violence intrafamiliale – Droits des enfants – www.coe.int. (s. d.). Droits des Enfants. https://www.coe.int/fr/web/children/covid-19-and-intrafamily-violence
  4. Belga, B. (2021, 24 avril). Les signalements d’enfants maltraités en hausse : « Dans certaines régions, les demandes explosent » . La Libre.be. https://www.lalibre.be/belgique/societe/2021/04/24/les-signalements-denfants-maltraites-en-hausse-dans-certaines-regions-les-demandes-explosent-7G3HPBK6MRAKVBC2MIVRPFWAMQ/
  5. Schefferzick, P. T. (2023, 7 juillet). La grève des services d’aide et de la protection de la jeunesse s’intensifie. Le Soir. https://www.lesoir.be/524277/article/2023-07-07/la-greve-des-services-daide-et-de-la-protection-de-la-jeunesse-sintensifie
  6. Préserver la santé mentale des jeunes pendant la crise du COVID-19. (2021). OCDE. https://read.oecd-ilibrary.org/view/?ref=1099_1099618-muxbkalt4b&title=Preserver-la-sante-mentale-des-jeunes-pendant-la-crise-du-COVID-19
  7. Gordillo, A., & Gordillo, A. (2021, 11 février). Coronavirus : l’’épuisement pandémique’ explose en Belgique, surtout chez les jeunes. RTBF. https://www.rtbf.be/article/coronavirus-l-epuisement-pandemique-explose-en-belgique-surtout-chez-les-jeunes-10695492
  8. Préserver la santé mentale des jeunes pendant la crise du COVID-19. (2021). OCDE. https://read.oecd-ilibrary.org/view/?ref=1099_1099618-muxbkalt4b&title=Preserver-la-sante-mentale-des-jeunes-pendant-la-crise-du-COVID-19
  9. Morgan, K., Melendez‐Torres, G. J., Bond, A., Hawkins, J., Hewitt, G., Murphy, S., & Moore, G. (2019). Socio-Economic inequalities in adolescent summer holiday experiences, and mental wellbeing on return to school : Analysis of the School Health Research Network/Health Behaviour in School-Aged Children Survey in Wales. International Journal of Environmental Research and Public Health, 16(7), 1107. https://doi.org/10.3390/ijerph16071107
  10. Cohorte belge Santé et bien-être. (s. d.). sciensano.be. https://www.sciensano.be/fr/projets/cohorte-belge-sante-et-bien-etre
  11. Schefferzick, P. T. (2023, 7 juillet). La grève des services d’aide et de la protection de la jeunesse s’intensifie. Le Soir. https://www.lesoir.be/524277/article/2023-07-07/la-greve-des-services-daide-et-de-la-protection-de-la-jeunesse-sintensifie
  12. Belga, É. P. A. L., & Belga, É. P. A. L. (2023, 29 juin). Les services d’aide à la jeunesse sont en grève pour réclamer des moyens et des places d’accueil. RTBF. https://www.rtbf.be/article/les-services-daide-a-la-jeunesse-sont-en-greve-pour-reclamer-des-moyens-et-des-places-daccueil-11220814
  13. Huysen, I., & Huysen, I. (2021, 18 novembre). Enfants maltraités et placés à l’hôpital, ils peuvent parfois y rester des mois ! RTBF. https://www.rtbf.be/article/enfants-maltraites-et-places-a-lhopital-ils-peuvent-parfois-y-rester-des-mois-10880897
  14. Secteur de l’Aide à la jeunesse – BRAVO et MERCI. (2023, 11 octobre). acvcsc.web.sitefinity.webapp. https://www.lacsc.be/page-dactualites/2023/10/11/jeudi-28-septembre–grande-manifestation-du-personnel-des-secteurs-de-l-aide—la-jeunesse
  15. Les chiffres clef de la fédération Wallonie-Bruxelles. (2021). Fédération Wallonie-Bruxelles. https://statistiques.cfwb.be/fileadmin/sites/ccfwb/uploads/documents/CC2021_web_def.pdf
  16. Les chiffres clef de la fédération Wallonie-Bruxelles. (2022). Fédération Wallonie-Bruxelles. https://statistiques.cfwb.be/fileadmin/sites/ccfwb/uploads/documents/CC2022_version_finale_web.pdf
  17. MELOU François et DAGOT Lionel, (2018, 12 Janvier), La mise à distance dans le travail social : effet sur l’épuisement émotionne < en ligne >, Société et jeunesse en difficulté, Vol 21, consulté le 22/11/21, http://journals.openedition.org.ezproxy.ulb.ac.be/sejed/9325
  18. OHCHR. (s. d.). Convention relative aux droits de l’enfant. https://www.ohchr.org/fr/instruments-mechanisms/instruments/convention-rights-child

Une autre voie lactée

Zelda Moore Boucher - FAML

Dans cet article, l’autrice se réfère exclusivement aux ‘femmes cisgenres’ (une personne qui est en harmonie avec le genre qui lui a été attribué à la naissance) pour des raisons de clarté et de contexte, tout en reconnaissant l’importance de respecter les différentes identités de genre.

« À quoi ça sert d’avoir des vêtements si l’on ne peut rien faire dedans ?”

Au cours de l’automne de l’année 2020, la marque plus que centenaire Petit Bateau avait fait le pari de développer une campagne publicitaire qui envoyait un message fort en faveur des familles homoparentales. La griffe devenue intergénérationnelle avait en effet opté pour une communication originale en photographiant une famille composée d’un couple de deux mères et leurs enfants afin de faire la promotion de la collection été 2021 sur leurs réseaux sociaux.

Dans le texte qui accompagnait en légende l’une des photos, Petit Bateau portait un message engagé et bienveillant : « L’amour ne prévient pas, et l’adage dit vrai au regard de l’histoire de Pauline et Sarah. L’amour n’a pas de goût, pas d’odeur, pas de visage et pourtant il se lit, se sent, à peine nos yeux se posent sur cette photo.⁣ L’amour c’est aussi de voir deux femmes se conjuguer et devenir mamans, ensemble. Mettre au monde une petite fille aux yeux azur, et l’envelopper de douceur, de bienveillance, de confiance et materner, à deux.⁣ »[1]

À cette époque, la marque du secteur grand public avait ainsi décidé de s’engager activement en faveur des familles homoparentales en osant notamment remettre en question des préjugés persistants qui concernent l’allaitement. Au travers du poignant témoignage de deux femmes, le message de Petit Bateau, diffusé au grand public, mettait en effet en avant le procédé connu sous le nom de « lactation induite » :

« Avec Delphine et Laura, on a appris qu’il n’était pas nécessaire de porter son bébé et le mettre au monde pour l’allaiter. Nos yeux se sont mouillés, et on s’est dit que c’était ça aussi, la magie de l’amour.⁣ »[2]

La lactation induite qu’est-ce que c’est ?

Historiquement on considère généralement que le processus de lactation induite a été développé par un pédiatre canadien, le Docteur Jack Newman, un expert renommé en allaitement maternel. Concrètement cette pratique consiste à stimuler la production de lait chez une femme qui n’a pas récemment ou même jamais accouché. Cela s’applique dans des contextes divers et variés tels que l’appel à une mère porteuse, l’adoption, une personne ménopausée, un couple lesbien ou encore toute autre relation où l’un.e des partenaires souhaitent allaiter.

A l’époque actuelle, notre société se caractérise par une grande diversité de structures familiales pour qui la lactation induite est un soulagement dans la mesure où elle leur offre justement une solution qui n’existait pas auparavant. Contrairement à la pratique dit de « relactation », cette méthode unique et innovante permet aux femmes de produire du lait maternel même si elles n’ont auparavant jamais donné naissance à un enfant. La différence avec la relactation se manifeste donc par le fait que cette dernière se réfère au processus par lequel une femme qui a déjà allaité par le passé, mais a arrêté de produire du lait, tente de relancer sa production lactée. Si la relactation peut impliquer des techniques de stimulation similaires à celles utilisées dans la lactation induite, telles que la stimulation physique des mamelons et l’expression du lait, elle se limite cependant uniquement aux femmes qui ont déjà eu dans leur vie l’occasion d’allaiter.

Le processus

Le processus de lactation induite peut sembler complexe, mais il repose néanmoins sur des principes fondamentaux relativement simples. La première étape consiste à prescrire à la personne voulant induire une lactation une pilule contraceptive combinée (qui lui apporte à la fois de l’œstrogène et de la progestérone) ainsi que de la dompéridone, qui augmente les niveaux de prolactine[3] pendant au moins 16 semaines et continuer jusqu’à 6 à 8 semaines avant la naissance du bébé, puis l’arrêter complètement. Cela signifie une période de 22 à 24 semaines au total.[4] Ensuite, quelques semaines avant la naissance, il faut stimuler régulièrement les seins. Cette opération peut se faire par le biais de la succion manuelle, d’un tire-lait ou même d’un bébé qui tète, si cela est possible. Le but est ici de signaler au corps humain qu’il est le moment pour lui de commencer à produire du lait. Tout au long de cette période, il est essentiel de maintenir une routine de stimulation régulière pour encourager la production de lait.

Il est important de noter que la dompéridone est initialement prescrite pour soulager les nausées et les vomissements et que, prise à très haute dose, cette-dernière peut provoquer des effets secondaires assez lourds chez certaines femmes (tels que des troubles du rythme cardiaque ou encore des dépressions)[5]. D’ailleurs, depuis la publication de l’Arrêté royal du 26.11.2013 au Moniteur Belge, “Arrêté royal modifiant l’arrêté du Régent du 6 février 1946 portant réglementation de la conservation et du débit des substances vénéneuses et toxiques”, l’accès aux médicaments contenant de la dompéridone a été très fortement encadré et ceux-ci ne sont plus disponibles, en Belgique, que sur prescription médicale. Notons par ailleurs que dans cet Arrêté, entré en vigueur le 30 novembre 2013, la dompéridone est également ajoutée à la liste IV des toxiques.[6]

Il également intéressant de souligner qu’aux États-Unis par exemple, ni l’American Academy of Pediatrics, pas plus que l’American Academy of Family Physicians, l’American College of Obstetricians and Gynecologists ou encore l’Academy of Breastfeeding Medicine n’ont agréé ce protocole pour la lactation induite.[7]

Couvrez ce sein que je ne saurais voir

Les normes sociales et les traditions autour de la parentalité et de l’allaitement sont très profondément enracinées et la lactation induite est aujourd’hui considérée comme un processus qui vient directement défier ces normes établies. Les croyances culturelles et religieuses peuvent évidemment jouer un rôle prépondérant dans la façon dont la lactation induite est perçue. Certains groupes culturels ou religieux ont ainsi développé des conceptions particulièrement strictes de la parentalité et de l’allaitement, influençant de facto leur opinion sur cette pratique. Dans leur vision, la lactation induite est souvent associée à l’homosexualité alors qu’historiquement, plusieurs religions portent un regard négatif sur l’homosexualité, voire la condamnent fermement. C’est généralement le cas du christianisme, de l’islam et du judaïsme. Les personnes homosexuelles ont subi et subissent encore des discriminations voire des persécutions de la part d’autorités religieuses ou sous des motifs religieux et la lactation induite semble hélas ici ne pas échapper au même traitement.[8]

Love is love

Malgré les avancées en matière de droits LGBTQIA+, notre société demeure en grande majorité hétéronormative, favorisant bien souvent des normes traditionnelles en matière de relations et de genres. La lactation induite, une pratique controversée qui remet en question ces normes, suscite donc le débat et souffre d’un certain nombre de préjugés en raison de son caractère “non conforme”.

Cependant, il est essentiel de souligner que ces débats et préjugés n’ont pas lieu d’être, car chaque individu, y compris ceux de la communauté LGBTQIA+, devrait avoir le droit de décider de son propre chemin en matière de parentalité et de santé, sans subir quelque discrimination que ce soit en raison de son identité de genre ou de son orientation sexuelle. L’amour et les soins prodigués à un enfant ne sont-ils pas au final bien plus importants que la manière dont il est nourri ?

  1. https://www.facebook.com/petitbateau/photosa.433471668941/10160171350963942/
  2. idem
  3. https://www.lllfrance.org/vous-informer/fonds-documentaire/feuillets-du-dr-newman/1967-la-lactation-induite
  4. idem
  5. https://www.madmoizelle.com/avec-mon-epouse-nous-allaitons-toutes-les-deux-notre-fille-1578309
  6. https://www.afmps.be/fr/news/news_ardomperi_2013_11_30
  7. https://scholarworks.uvm.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1014&context=fammed
  8. https://fr.wikipedia.org/wiki/Homosexualit%C3%A9_dans_les_religions

Comment les réseaux sociaux influencent les parents

Marie Béclard - FAML

Les réseaux sociaux ont transformé la manière dont beaucoup de parents interagissent, partagent et cherchent des conseils en matière de parentalité. Une enquête récente révèle que la majorité des parents consacrent plus d’une heure quotidienne à des plateformes telles que TikTok, Instagram ou Facebook, soulignant ainsi l’importance croissante de ces médias dans la vie quotidienne des familles. Cependant, malgré cette immersion digitale, de nombreux participants à cette enquête estiment que cela n’a pas d’impact significatif sur leur manière d’être parent. Mais qu’en est-il réellement ? [1]

Les apports positifs des réseaux sociaux

Les parents ou les futurs parents se posent plein de questions dès l’annonce de la grossesse tant au plan biologique que sur le comment mettre en place une bonne parentalité. Des réponses qu’on trouvait seulement dans des livres ou auprès de ses proches mais qui aujourd’hui sont accessibles en quelques clics. Les réseaux sociaux offrent la possibilité de s’entourer d’une communauté d’autres parents disponibles, quasi 24h sur 24h pour répondre à toutes les questions qu’on peut se poser.

Les groupes de parents

Qu’importe la question que vous vous posez, il y a surement un groupe sur les réseaux sociaux qui aura un avis à vous partager, un conseil qu’il soit bon ou mauvais. Les réseaux sociaux permettent de sortir de l’isolement en prodiguant aide et conseils à des parents parfois stressés. Les parents partagent des conseils sur les réseaux sociaux, les sujets les plus courants sont les suivants : faire dormir les enfants (28%), conseils en matière de nutrition/d’alimentation (26%), discipline (19%), garderie/école maternelle (17%) et problèmes de comportement (13%).[2] Recevoir des avis de personnes qui vivent la même chose qu’eux aide d’autant plus les parents que de recevoir ces mêmes informations d’un site impersonnel car ils considèrent cela plus rassurant.

Les thématiques sur lesquelles les parents s’interrogent sont très nombreuses mais nous en avons sélectionné une en particulier: l’allaitement.

L’allaitement

L’allaitement est un sujet qui divise entre injonctions et interdictions. Allaitement ou biberon, c’est une question qu’un grand nombre de parents doivent se poser et les discussions commencent déjà avant la naissance. “Est-ce que le père pourra trouver sa place si je donne le sein?”. “Vais-je devenir l’esclave de mon bébé si j’allaite?”. “Suis-je égoïste si je n’allaite pas pour ne plus avoir à partager mon corps?” .Versus “Qui sont ces mères qui ne veulent pas donner le meilleur à leur enfant”, “le lait de vache, c’est pour les veaux”.

Actuellement, l’Organisation Mondiale de la Santé préconise un allaitement exclusif pendant six mois. Cela implique que l’enfant ne recevra que le lait maternel pendant cette période. Pourtant dans notre société peu de choses sont mises en place pour que les femmes qui choisissent d’allaiter puissent le faire sereinement pendant cette durée préconisée. Par exemple, le congé de maternité légal en Belgique est actuellement inférieur à cette durée de 6 mois.

L’allaitement dans notre société, c’est plein d’injonctions : “allaite mais pas trop longtemps”, “allaite mais pas en public”, “allaite mais va travailler”… Ce combat se retrouve bien entendu sur les réseaux sociaux. De nombreux groupes existent pour épauler les mamans, les conseiller, les soutenir, tenus par des spécialistes de l’allaitement ou par d’autres mamans qui sont passées par là. Des groupes qui accueillent les témoignages de nombreuses mamans qui ont été mal conseillées et qui témoignent de la souffrance d’un allaitement raté.

Analysons une publication de l’OMS qui date de 2016, celle-ci insiste sur l’importance d’allaiter exclusivement les six premiers mois de l’enfant afin de stimuler la santé d’un enfant, son QI, ses performances scolaires et son revenu à l’âge adulte. L’impact d’une telle publication sera-t-il positif ou négatif? Pour les parents qui ont choisi d’allaiter, ils vont se dire bravo, et d’autant plus heureux d’avoir fait ce choix, c’est un biais de confirmation. Pour ceux qui n’ont pas encore dû faire le choix, ne pas allaiter devient donc le choix de rendre son enfant moins intelligent, malade et pauvre. Légèrement culpabilisant, non? Pour les parents qui ont donné les biberons, et bien c’est trop tard selon l’UNICEF … ils ont semblerait-il gaché la vie de leur enfant. Bien que je sois pro allaitement, il est important de nuancer les propos tenus par UNICEF. Il y a quantité d’autres facteurs qui expliquent la réussite scolaire et la richesse future. Mais comment expliquer le raccourci qu’ils font? Prenons par exemple, le fait qu’il y a plus d’enfants allaités après 3 mois dans le Brabant Wallon que dans le Hainaut. Il se peut en effet comme dit par UNICEF que les enfants allaités plus de six mois réussissent mieux à l’école et gagnent plus que ceux non allaités 6 mois dans le Hainaut, mais cette différence peut s’expliquer aussi par le niveau socio-économique des familles, si mes parents mettent tout en place pendant ma scolarité si j’ai des troubles dys, si j’ai la possibilité de faire des études universitaires parce que mes parents ont les moyens de les assumer, j’ai plus de chances qu’un enfant qui n’aura pas ce soutien. Puisque le Hainaut est proportionnellement moins riche que le Brabant Wallon, on peut supposer que l’argent des parents peut-être un facteur favorisant l’allaitement. Si on peut dire qu’allaitement et argent ont un lien, on ne peut pas assurer que c’est l’allaitement maternel qui est responsable de l’intelligence pour autant.

Des impacts …négatifs

Une étude américaine réalisée sur près de 2000 personnes a montré que les mères qui utilisent les réseaux sociaux à la base pour se rassurer sont quatre fois plus susceptibles d’avoir l’impression d’être de“mauvaises mères”. [3] Elles ont l’impression que la société a trop d’attente envers elles. Comme nous l’avons vu avec la publication de l’UNICEF, certains posts peuvent être très culpabilisants.

La pression sociale jusqu’à en mourir

Prenons l’exemple des célébrations pour annoncer le sexe que sont les Gender reveals. Ces fêtes sont récentes et largement médiatisées sur les réseaux sociaux comme Instagram: le # gender reveal donne accès à 3 323 021 publications. On peut à première vue se dire que ce n’est pas méchant, que c’est une simple fête. Mais ces événements sont assez rapidement devenus des compétitions, celui qui fera la fête la plus impressionnante, qui trouvera le moyen le plus exceptionnel d’annoncer le sexe de l’enfant. Des comparaisons qui ont des coûts tant financiers qu’humains, amenant certains parents à se ruiner pour ce type d’événement et à subir une lourde pression sociale. De plus, ces événements sont aussi polluants et continuent à perpétuer des stéréotypes de genre (bleu pour les garçons, roses pour les filles… Sans compter les décès ? qui ont eu lieu lors de l’organisation de gender reveal démesurés.

Les parents influenceurs

Les instamamans, les instapapas, ou les parents influenceurs sur d’autres réseaux sociaux sont nombreux mais il n’existe aucune statistique qui permette actuellement de comptabiliser le nombre d’instamamans présentes sur Instagram par exemple. Mais le #instamom comprend 6 129 867 publications. Tous les jours, ces parents publient des photographies de leur quotidien, de leurs enfants pour le plaisir de leur communauté de followers.

Quand les instamoms parviennent à toucher un assez grand nombre de followers, elles sont contactées par les marques de puériculture ou de vêtements pour enfants par exemple. Des marques qui y voient une réelle aubaine car on sait que le placement de produit fonctionne mieux que la publicité traditionnelle.

Est-ce que ces parents influenceurs ont le droit de partager l’image de leur enfant sur un réseau social à un large public? Est-ce que cela ne viole pas la vie privée de leur enfant? Pour certains, il s’agit d’une exploitation économique de l’enfant lorsque son image est prêtée aux marques dans le cadre de collaborations marketing ?”[4] On appelle cette pratique du sharenting. Ce terme est né de la contraction de «share» (partage) et de «parenting» (parentalité), “le terme sharenting désigne en anglais le fait de poster des photos et/ ou des vidéos de son ou ses enfants sur les réseaux sociaux”. [5]

Prenons Amandine Pellissard, cette maman influenceuse suivie par 383 mille personnes. Sa famille a participé à l’émission Famille nombreuse XXL où ils exposaient leur famille au quotidien. Sur Instagram, elle a partagé la naissance prématurée de son enfant et les difficultés rencontrées. Des posts qui inspirent à la fois compassion et haine.

Quel est l’impact de ces parents influenceurs sur les autres parents? Selon l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique, un parent sur deux affirme avoir déjà posté une photo de son enfant sur les réseaux sociaux. Une pratique qui est normalisée par les autres.

Bien que beaucoup de parents déclarent ne pas croire que les “momfluenceurs” décrivent de manière réaliste la maternité, pourtant nombreux d’entre eux désirent reproduire ce qu’ils voient dans les stories. Les parents influenceurs vont parfois jusqu’au oversharenting. En quoi cela consiste? On parle de oversharenting quand des parents publient des informations trop personnelles ou embarrassantes sur leur enfant et qui pourraient avoir des conséquences sur son avenir.

Comment expliquer qu’on ne réalise pas les impacts négatifs que peuvent avoir les réseaux sociaux sur nous?

Il y a différents biais cognitifs qui peuvent expliquer qu’on ne remarque pas les effets.

La gratification immédiate : les réseaux sociaux offrent souvent une gratification immédiate sous forme de likes, de commentaires et d’interactions. Cela donne l’impression que les followers valident nos publications et cela apporte un sentiment de satisfaction mais cette récompense instantanée peut masquer les effets négatifs à long terme, car l’accent est mis sur la satisfaction immédiate. On ne réalise pas que c’est comme une drogue dont on ne peut vite plus se passer. Le plaisir d’avoir des « likes » libère de la dopamine dans le cerveau. La dopamine est un neurotransmetteur lié aux systèmes de récompense, ce qui crée une sensation de plaisir et de satisfaction. Une fois les effets dissipés, le corps va en redemander. Cela a pour implication de montrer toujours plus de sa vie pour augmenter les likes, garder sa communauté. Ne pas avoir assez de likes impacte la confiance en soi.

Un autre effet est le biais de confirmation : Les algorithmes des réseaux sociaux sont conçus pour montrer aux utilisateurs des contenus qui correspondent ce qu’ils pensent déjà, créant ainsi un biais de confirmation. Cela peut renforcer les croyances de l’utilisateur sans lui présenter des perspectives différentes, rendant difficile la prise de conscience des impacts négatifs.

Voir tout le temps, les mêmes faits en boucle et voir que les gens valident participent à la normalisation des comportements. Ce qui pourrait être perçu comme anormal dans la vie réelle peut sembler ordinaire en ligne.

L’usage des réseaux sociaux est-il genré?

Est-ce que les femmes et les hommes vivent les mêmes expériences sur les réseaux sociaux? Les normes de beauté irréalistes, les attentes liées à la maternité, les stéréotypes de genre et d’autres formes d’injonctions sociales peuvent être exacerbées en raison de la portée mondiale et de l’anonymat relatif sur Internet. Les médias sociaux peuvent créer un espace où les individus se comparent les uns aux autres en fonction des images idéalisées qu’ils voient en ligne.

Là où les femmes sont souvent critiquées, dévalorisées comme si elles n’en faisaient jamais assez, les hommes eux sont valorisés. Une simple publication de la préparation d’un repas sera liké et valorisé pour un homme comme on le voit dans cet exemple.

Où est le début de la phrase ?

interrogés explique qu’il n’a jamais eu à poser de questions sur “l”éducation de ses enfants car tout roule et qu’il a son épouse si besoin” et quand on lui demande s’il sait s’il y a des groupes d’hommes qui traitent de la parentalité, il ne sait pas répondre.

Les mères fréquentent Facebook, Instagram et Snapchat pour rester en contact avec leurs proches. Sur Instagram, elles aiment suivre des influenceurs. Les femmes likent davantage les publications de leurs “amies”.

Que font les parents sur les réseaux sociaux? Ils partagent leurs expériences qu’elles soient joyeuses ou tristes, échangent des conseils et créent des communautés virtuelles. Des hashtags populaires comme #babyshower génèrent des millions de publications, 40 779 505 rien que sur Instagram.[6]

En conclusion, les réseaux sociaux ont indéniablement modifié la manière dont les parents interagissent, recherchent des conseils et partagent leurs expériences en matière de parentalité. Les aspects positifs, tels que la création de communautés de soutien, l’accès facile à des informations utiles et le partage d’expériences communes, ont renforcé les liens entre parents. Cependant, ce n’est pas sans conséquences.

Les réseaux sociaux peuvent exacerber la pression sociale sur les parents, en particulier les mères, les confrontant à des normes souvent irréalistes. Des sujets tels que l’allaitement peuvent devenir des terrains de débat polarisants, et les injonctions parentales peuvent être renforcées par des contenus culpabilisants. Les célébrations, comme les « gender reveals », ont transformé des moments joyeux en compétitions coûteuses, ajoutant une pression sociale parfois insupportable.

Les parents influenceurs, bien que créant des communautés virtuelles engagées, soulèvent des questions éthiques, notamment en ce qui concerne le partage d’images d’enfants à un large public. Le phénomène du « sharenting » souligne les dilemmes liés à l’exploitation économique de l’image des enfants dans le cadre de collaborations marketing.

Enfin, les réseaux sociaux ne sont pas simplement des outils neutres. Ils façonnent les perceptions à travers des mécanismes tels que la gratification immédiate et le biais de confirmation, pouvant contribuer à la normalisation de comportements parfois problématiques.

Bien que les réseaux sociaux offrent une illusion de contrôle, il est crucial de reconnaître l’influence puissante des algorithmes et des dynamiques sociales. Les parents doivent être conscients des aspects positifs et négatifs des médias sociaux, cultivant un usage éclairé pour préserver leur bien-être et celui de leur famille dans ce paysage numérique en constante évolution.

  1. Résultats obtenus dans le cadre d’une recherche ? ou une enquête ? menée par la Fédération des Amis de la Morale Laïque auprès de 70 parents francophones en Belgique.
  2. M. DUGGAN, A. LENHART, C. LAMPE, N. ELLISON, Parents and Social MediaMothers are especially likely to give and receive support on social media dans Pew Research center, 16 juillet 2015.
  3. Informations consultées le 12 novembre 2023 sur le site https://www.marieclaire.fr/mauvaise-mere-perception-reseaux-sociaux-culpabilite-etude,1460178.asp
  4. S. UEREGEN, Instamamans, mamans blogueuses ou mettre sa vie de famille sur les réseaux sociaux en ligne: quelle place pour le droit à la vie privée et le droit à l’image de l’enfant?, 2019.
  5. Informations consultées le 12 novembre 2023 sur le site https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10218097/
  6. Le hashtag #babyshower a donné lieu à 40 779 505 publications sur Instagram et 19 millions de publications sur Facebook. Informations consultées le 05 décembre 2023 sur les réseaux sociaux Instagram et Facebook.

Clichés, préjugés et réalité concrète

Pierre Guelff - Auteur, chroniqueur radio et presse écrite

La tâche est immense face à la propagande militariste, aux clichés et préjugés racistes et populistes qui circulent comme des mantras, aux sournois ou virulents messages de haine distillés sur les réseaux sociaux de façon anonyme ou publiés par des personnes qui se cachent derrière des pseudonymes.

En compagnie de quelques centaines de pacifistes, j’ai marché entre Metz et Verdun aux côtés de Théodore Monod, scientifique, explorateur, humaniste, Cabu, Wolinski, Cavanna et Reiser, quatre membres de la rédaction de Charlie Hebdo, durant une semaine dans le cadre de la Marche internationale non violente pour la démilitarisation, en août 1976.

Notre itinéraire passait par les champs de bataille et les cimetières aux milliers de tombes et au gigantesque ossuaire de Douaumont, lieux sacrés où reposent tant de victimes de la Première guerre mondiale.

Nous étions allés leur rendre hommage, elles qui avaient été sacrifiées sur l’autel du business de l’industrie de l’armement et d’un nationalisme exacerbé, ce que nous dénoncions avec conviction.

À cette occasion, le futur ministre social-démocrate français de la Défense, Charles Hernu, nous traita de cohorte poussiéreuse enhaillonnée, alors que sur le parcours des membres de l’extrême droite et du SAC, le Service d’Action Civique, sorte de police parallèle chère au général de Gaulle et maintenue par ses partisans[1] durant quelques décennies, nous lançaient quolibets et insultes : « Poules mouillées », « Dégonflés », « Gonzesses »...

Cavanna expliqua cette agressivité par le fait que ces gens nous reprochaient de ne pas aimer tuer, que nous n’étions pas des hommes virils à leurs yeux et que les femmes qui marchaient avec nous devaient retourner à leurs casseroles !

Humanisme vs nationalisme

Si notre objectif relevait d’un humanisme incontestable, comme l’avait écrit à l’époque Isabelle Cabut[2], la femme du caricaturiste Cabu (abattu par le fanatisme religieux le 7 janvier 2015), ils se moquaient ouvertement de nos arguments. Pourtant, ils étaient simples à comprendre. Surtout à l’heure actuelle.

Étant donné que l’on pouvait admettre que cette marche n’abolirait pas la guerre et ne ferait pas de l’ombre à l’aura de l’armée dans la population, force aurait été de reconnaître qu’elle avait au moins le mérite d’attirer l’attention sur le refus des marcheurs et de ceux qui les soutenaient, tels René Dumont et Bernard Clavel, à cautionner l’ineptie de consacrer des budgets colossaux à l’armée dont le dessein est de préparer à la guerre, mais, surtout, que ces manifestants prônaient le dialogue et une véritable diplomatie ad hoc, des moyens davantage positifs que des ultimatums et des menaces larvées.

Ainsi, ces budgets auraient pu éviter des millions et des millions de morts, tout conflit se terminant nécessairement par un traité de paix ou un cessez-le-feu. Voyez Poutine qui commence, du bout des lèvres certes, à évoquer un arrêt des hostilités et aux pourparlers de stopper les hostilités à Gaza…

Autre argument de poids, tout cet argent dépensé à la destruction de l’humanité pouvait servir à combattre la précarité, même en Occident, et améliorer de manière faramineuse les soins de santé, l’enseignement, le sort des personnes âgées et handicapées…

Cet exemple de rejet de la non-violence est l’un parmi des multiples du genre. Même si, dans quelques cas, les arguments et actes pacifiques ont porté leurs fruits de manière historique.

Comme je l’ai dit au début de cet article, la tâche est donc immense face à la propagande, aux clichés et préjugés, aux sournois ou virulents messages distillés sur les réseaux sociaux.

Parfois, c’est exprimé avec subtilité pour faire comprendre que le pacifisme est ridicule, tel cet internaute qui partagea sur son mur Facebook qu’il aimait bien verser un verre d’eau dans l’océan en lui disant qu’à présent il était libre.

Référence faite implicitement à l’inutilité, selon lui, du discours pacifiste.

Ainsi, il est proposé les traditionnels synonymes d’antimilitariste, ceux de : philosophe, bon, doux, paisible…, mais on trouve aussi le terme pantouflard qui, pour le dictionnaire Larousse, signifie casanier.

Soit un personnage qui tient à ses habitudes et à ses manies.

Que de clichés ! Que de méconnaissance de cette technique de la non-violence rejetant, justement, la passivité et la soumission et n’ignorant ou n’évitant pas du tout les conflits pour autant, comme le définit l’ONU[3].

En prenant le temps de la réflexion, on se demande la raison de ce rejet du concept de la culture pacifique dans la société par rapport à un concept de violence et de mort qui, depuis des siècles, n’a montré et démontré que d’effroyables résultats.

À l’heure de l’intelligence artificielle (IA) et à celle des drones qui survolent et qui surveillent notre quotidien, de ces mêmes engins qui font de plus en plus de victimes pour des raisons militaires ou prétendument de sécurité, ai-je encore droit au chapitre quand j’évoque le pacifisme ?

Ai-je encore le droit d’évoquer les libertés fondamentales ? Est-ce que cela intéresse encore les gens ? Est-ce qu’ils savent que ces libertés existent ? Est-ce qu’ils perçoivent la nécessité absolue d’agir pour une société où ses dirigeants inclineraient à une politique davantage harmonieuse que l’hyper consumérisme dont ils font la pierre angulaire de l’économie ?

Que penser du ChatGPT ou chatbot IA (intelligence artificielle) spécialisé dans le dialogue ?

Ce robot conversationnel du numérique absolu (jusqu’à présent), a bien une lointaine origine militaire.

Elle date de 1966 et du projet Arpanet de nouvelles technologies destinées à l’usage militaire aux États-Unis.

Très naïvement, la société civile a cru qu’il s’agissait d’une technologie destinée au mieux-être et à une plus grande solidarité intergénérationnelle, cela sans la moindre frontière raciale, géographique, sociale et philosophique.

C’est un leurre planétaire, car c’est devenu une course au profit, un marché économique sans foi et très peu de lois, une mainmise sur des libertés essentielles.

En outre, c’est très subtilement enrobé pour enfumer les méninges des gens lambdas avec un vocabulaire qui a atteint son but : faire admettre et utiliser cette technologie sans rien connaître à son fonctionnement dans des termes connus des seuls initiés (web scraping, C/C++, C-sharp, frameworks, etc.)

Dans ce contexte, il est quand même angoissant de s’entendre dire qu’il est plus facile d’imaginer la fin du monde que celle du capitalisme[4] et que, grâce à l’IA, des membres amputés repousseront.

Il est affolant de constater que cela est davantage pris au sérieux que le concept d’une société plus égalitaire ou celui d’une nouvelle société basée sur la décroissance et sur le discernement technologique.[5]

Toutes générations confondues, il y a des gens (trop peu nombreux, hélas) qui prennent conscience de la nécessité vitale de repenser le système dans lequel fonctionne la plupart des pays.

Pour eux, les théories philosophiques et pratiques de la non-violence semblent devenues des évidences et leur paraissent inéluctables.

Ils s’inscrivent en droite ligne dans les actions des Gandhi, Jean Jaurès, Henri David Thoreau, Rosa Luxemburg, Romain Roland, John Lennon, Jane Fonda, Nelson Mandela, Martin Luther King, Joan Baez, Greta Thunberg, Cédric Herrou…

Citons, aussi, tous ces anonymes qui s’engagent pour un monde meilleur, pour une société égalitaire, pour la justice sociale, pour le respect de l’environnement, ceux-là même qui véhiculent sur les réseaux sociaux la maxime qui prétend que si toutes les bombes étaient des graines, le monde mangerait à sa faim au lieu de courir à sa fin.

Actions concrètes

Dans cette optique, l’auteur de L’usure d’un monde – Une traversée de l’Iran, François-Henri Désérable[6], posa quand même la question de savoir si nous étions en présence d’un monde usé ou non.

Oui, dit-il, il l’est car la torture prédomine encore dans différentes situations, et non, spécifia-t-il, car la jeunesse tient ce monde usé, à bout de bras, dans l’espoir de le réparer.

La parole est une arme et le slogan Femme, vie, liberté fait trembler les rues iraniennes, expliqua-t-il encore.

Dans les pays occidentaux, la jeunesse se soulève également, mais pour un tout autre motif : celui de la lutte pour le climat.

Des actions se déclenchent donc à maints niveaux, certaines sont fortement médiatisées et aussitôt banalisées ou méchamment moquées.

Ainsi, lors de la remise des diplômes 2022, huit étudiants d’Agro Paris Tech prononcèrent un discours où ils déclarèrent refuser de servir les intérêts de l’industrie et du capitalisme mais qu’ils adhéraient aux valeurs environnementales.

Fidèles à leur déclaration, ils prirent un chemin totalement différent auquel l’école les destinait : apiculture, installation d’exploitations agricoles, élevage de brebis, maraîchage…

D’autres étudiants, dans des écoles d’ingénieurs, emboîtèrent leurs pas et refusèrent catégoriquement de travailler pour l’entreprise Total Énergies.

Une société qui, en désespoir de cause, se rendit sur un campus belge pour recruter du personnel, mais, là aussi, elle trouva des jeunes qui la contestèrent.

L’une des clés de la théorie non-violente est de constater que le pouvoir des dirigeants dépend du consentement des populations, d’où le dessein des activistes pacifistes à saper tout pouvoir abusif et non démocratique en refusant auxdits dirigeants le consentement et la coopération des masses.

À cet effet, des actions, parfois insoupçonnées, se révèlent être couronnées de francs succès jusqu’à faire tomber de leur piédestal des dictateurs, annihiler les ignominies de régimes politiques totalitaires et contrecarrer les turpitudes et manigances de populistes, mais, surtout, de redonner la dignité à des êtres humains à qui on l’avait usurpée.

Un engagement citoyen tellement nécessaire pour sauver la planète du désastre et, ne l’oublions pas, ce sont souvent des actions radicales, de préférence humanistes, qui font avancer l’Histoire[7].

Photos © Pierre Guelff

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Des jeunes se mobilisent davantage pour un environnement sain et une société apaisée.

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Une évidence occultée ou cautionnée par trop de politiciens.

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Une réalité au cœur de la Belgique, pays qui dépense des sommes faramineuses pour la guerre.

    1. Je n’utilise pas l’écriture inclusive parce que je la trouve trop compliquée à rédiger et qu’elle ne facilite pas la lecture, ce qui ne m’empêche pas du tout d’être pour une absolue parité femmes-hommes.
    2. La Gueule Ouverte, numéro d’août 1976.
    3. Journée internationale de la non-violence, 2 octobre.
    4. Frédéric Jameson, critique littéraire américain dans L’Obs du 25 mai 2023.
    5. Iain M. Banks, auteur écossais dans L’Obs du 25 mai 2023, ainsi que Julian Carrey, physicien et auteur de Sans pétrole et sans charbon, INSA, Toulouse.
    6. Gallimard, 2023, dans Libé des 27, 28 et 29 mai 2023.
    7. TMC, 16 novembre 2023.

Parent hors norme

Marie Béclard - FAML

Avez-vous déjà essayé de définir le mot parent? Ce mot simple que nous connaissons tous et toutes, le dictionnaire Robert le définit comme: “un parent c’est un papa et une maman”. A moins d’être un fervent adepte du mariage pour tous, on réalise vite qu’il y a un problème. Que faire avec cette définition des familles homoparentales où il y a deux papas ou deux mamans? Que faire des familles monoparentales où il n’y a dès le projet de parentalité qu’un seul parent? Que faire avec la gestation pour autrui (GPA) une femme peut mettre au monde un enfant qui n’a pas ses gènes et qu’elle n’est pas destinée à élever? [1] Lors d’un atelier participatif, nous nous sommes prêtés au jeu de définir de manière plus complète et inclusive le mot parent. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il n’est pas possible de donner une et une seule définition du mot parent parce que cela recoupe toute une série de réalités différentes.

Une définition purement biologique, on parle de parent biologique pour les personnes qui donnent les gamètes nécessaires à la création d’un enfant.

Une définition juridique: un parent est une personne qui a la responsabilité légale d’un enfant. Cela passe par une adoption, par une décision de justice ou encore d’autres moyens légaux.

Peut être considéré comme « parent » toute personne qui prend soin d’un enfant, qu’ils soient biologiquement liés ou non. Par exemple, un beau-parent ou un tuteur peut être considéré comme un parent.

Un grand nombre de personnes vous répondront pourtant que cela ne suffit clairement pas à faire de quelqu’un, un parent. En effet, aucune de ces trois tentatives ne suffit seule à donner une définition acceptable du terme parent . En effet, peut-on vraiment parler de parent pour un donneur de sperme ou une donneuse de gamètes? La société belge ne leur reconnaît aucun droit sur l’enfant. Les dons se font même de manière anonyme (sauf quand ce sont les parents d’intention qui apportent les gamètes).

Tout comme le caractère biologique n’était pas suffisant pour se proclamer parent, s’occuper d’un enfant ne suffit pas à être qualifié de parent au nom de la loi. Pourtant, une personne peut se voir qualifiée de parent sans lien biologique ou légal. C’est le cas des beaux parents qui élèvent des enfants et qui tissent un lien spécial qui font que l’un comme l’autre peuvent se considérer comme une réelle famille.

Dans le cas d’une gestation pour autrui (GPA), les choses ne sont légalement pas simples. En Belgique, la mère est la femme qui a accouché de l’enfant. Il est cependant possible de rompre le lien de filiation entre mère et enfant. Si un des parents pourra reconnaître l’enfant dès la naissance, pour l’autre parent, il faudra attendre environ deux ans en moyenne pour que l’enfant soit juridiquement l’enfant du couple d’intention.

On peut donc légalement être parent sans être socialement considéré comme tel parce qu’on n’a aucun contact avec l’enfant, ou à l’inverse être rempli de toutes les injonctions sociétales d’un parent sans en avoir légalement le statut.

Maintenant que nous avons tenté de définir ce que l’on entendait par parent. Qu’entend-on par parent hors norme? Avoir 10 enfants? Etre un couple homoparental? Etre une famille monoparentale? Pas facile de répondre? Serait-il plus simple de définir ce qu’est la parentalité dans la norme? Etre en couple? Avoir 2 enfants? Je ne suis pas certaine qu’on arrive à se mettre d’accord. En effet, chaque société a sa norme, chaque époque a sa norme, chaque personne trouvera une chose ou une autre normale ou anormale. Nous avons ici choisi de mettre le focus sur des parentalités qui sont actuellement davantage que d’autres soumises au préjugés et aux discriminations.

Être handicapé et parent

Il n’est pas compliqué de trouver des parents qui entrent parfaitement dans la norme et qui pourtant sont jugés par d’autres humains qu’ils soient ou non parents eux-mêmes. Parce que ces parents n’ont pas fait le choix d’allaiter ou au contraire ont allaité trop longtemps, car ils sont partis en vacances sans leur enfant ou au contraire qu’ils refusent de le laisser dormir une nuit ailleurs. Mais on se doute que pour un parent en situation de handicap les choses sont encore plus compliquées. Même si le handicap ne constitue pas une identité aux contours uniques, qu’un handicap n’est pas l’autre et une personne porteuse d’un handicap n’en est pas une autre. Bien que la Belgique essaie d’être toujours plus inclusive, les personnes porteuses de handicap subissent encore beaucoup de discriminations.

Des études montrent que les femmes en situation de handicap sont plus nombreuses que la moyenne à prendre des contraceptifs.[2] C’est un choix personnel ? Probablement pas.

On refuse souvent la parentalité aux personnes handicapées parce qu’on suppose qu’elles ne seront pas capables de prendre soin de leur enfant, que celui-ci sera inévitablement placé et donc malheureux.[3]

De nombreux centres pour personnes en situation de handicap mental exigent la stérilisation de leurs patientes. Une pratique totalement illégale mais qui continue d’exister selon certains parents de ces enfants. Pourtant, aujourd’hui, la Belgique fait partie des quelques pays européens qui criminalisent la stérilisation coercitive. Seuls la Suède, l’Irlande, la Belgique, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Slovénie, la Pologne et l’Espagne interdisent une telle pratique. [4] Ce qui indique que partout ailleurs, stériliser une personne de force ne semble pas être une pratique problématique, ce qui montre à quel point beaucoup d’Etats sont encore influencés par des visions validistes.

Les centres qui demandent la stérilisation de leurs patients se justifient souvent cette stérilisation “comme un moyen de réduire le fardeau supplémentaire créé par la gestion de la menstruation et comme un effort pour éviter les grossesses”.[5] La sexualité au sein des institutions pour personnes avec un handicap mental est souvent présentée comme “inexistante”, “interdite” mais on sait que pourtant c’est bien une réalité. Si non, pourquoi rendre obligatoire la stérilisation ou la contraception si ce n’est pour se dédouaner, parce que l’institution préfère ne pas s’occuper de cette sexualité et fermer les yeux. [6]

“La contraception ou la stérilisation des femmes en situation de handicap est tout simplement un passeport pour le viol”. Les institutions savent que les viols existent, puisque 80% des femmes en situation de handicap qu’elles soient en institution ou non auraient subi des violences sexuelles, c’est quatre fois plus que les femmes valides. [7] Puisqu’on ne parvient pas à empêcher les agressions alors on s’assure seulement qu’il n’y aura pas de grossesse ou plutôt de traces. Comme on se doute bien, la stérilisation ne protège pas du tout des viols, elle permet simplement de les cacher ce qu’on ne veut pas voir. Une telle pratique a un réel impact négatif sur la pénalisation des crimes. On protège ainsi les violeurs bien plus qu’on aide les victimes.

La désapprobation de la maternité chez les femmes en situation de handicap est présente à la fois dans l’ensemble de la société et au sein même de leur propre famille.

La PMA leur est très souvent refusée. Actuellement, pour ces femmes, ne pas être mère n’est donc pas souvent un vrai choix, c’est plutôt un non choix. [8] La normalisation de l’idée que les personnes en situation de handicap ne peuvent pas s’insérer dans la société est si forte qu’il semble totalement impossible qu’elles puissent pleinement assumer leur rôle de mère.

Ainsi, les individus jugés dépourvus de capacités de discernement conservent une autonomie limitée dans l’exercice de leurs droits reproductifs, la prise de décision étant souvent déléguée à leur curateur·trice·x. Cette pratique contribue notamment à perpétuer un cycle de violence à l’encontre des femmes en situation de handicap.

“C’est l’hégémonie du validisme qu’il faut percevoir, ainsi que le sexisme ordinaire, partout présents dans notre société”. Il est important de s’assurer qu’elles sont en mesure de fournir un environnement sûr et approprié à leurs enfants. Cela peut nécessiter des adaptations ou des aides spécifiques.Il est donc important de prendre conscience des stéréotypes de genre, de ceux basés sur le handicap ainsi que tous les autres pour pouvoir opérer un changement sociétal.[9]

Les parents en situation de handicap sont bien souvent bien plus contrôlés que tout autre type de parent. Ce regard porté sur eux peut les « surhandicaper », cela ne favorise en effet pas l’autonomisation. S’ils étaient considérés comme des parents à part entière, alors cela pourrait contribuer à briser les stéréotypes et les préjugés qui les entourent, et leur permettre de vivre leur parentalité de manière plus épanouie. [10]

Pour les parents handicapés, le personnel médical ou les proches du futur parent, il y a la peur de transmettre un handicap ou une maladie héréditaire. Il n’est pas rare de lire des témoignages où les médecins déconseillent à ces patients d’avoir un enfant.

Être parent seul tous les jours ou une semaine sur deux …

A Bruxelles, une famille sur trois est une famille monoparentale alors peut-on encore vraiment parler de hors norme?

Qu’est-ce qu’on appelle une famille monoparentale? Il s’agit d’une famille où un enfant vit quotidiennement avec seulement l’un de ses deux parents, que ce soit par choix, suite à un divorce, une séparation, le décès d’un conjoint ou par choix quand le projet familial s’est fait dès le départ seul.

La présence d’enfants dans la vie d’un ménage amène de nombreux changements, notamment au niveau professionnel. Il est plus difficile pour un parent de prendre part au marché de l’emploi. A Bruxelles, le taux d’emploi des familles monoparentales avec un enfant est de 35,5%, et n’est plus que 24,6 % pour deux enfants et plus. [11]

Les parents solos ont plus de mal à exercer des fonctions à temps plein: globalement 41,4% des mères et 16,9% des pères en situation monoparentale âgés entre 25 et 44 ans qui sont salariés occupent un emploi à temps partiel. La question étant de savoir si c’est le temps partiel est occupé par contrainte ou si c’est un ‘choix’ dans un contexte de manque de places d’accueil des enfants et de difficultés d’articulation travail-famille.

Dans 86,6% des cas, c’est une femme qui est chef de ménage dans ce type de famille. Un seul parent implique souvent un revenu familial inférieur. Cela peut entraîner des difficultés financières et une plus grande précarité économique. En devenant famille monoparentale, les parents sont souvent obligés de changer de logement : 1 parent propriétaire sur 3 est devenu locataire. 1 parent solo sur 2 déclare avoir eu des difficultés à payer son logement durant l’année écoulée. Une paupérisation qui amène 1 parent sur 20 à devenir sans abri et à souvent perdre le contact avec ses enfants. [12] Il est compliqué de maintenir un lien surtout pour les hommes sans avoir de lieu où accueillir ses enfants. La perte de logement met donc à mal la parentalité.

Cependant, parfois on observe qu’une mère seule sera moins précarisée que lorsqu’elle était en couple. Les économistes féministes expliquent cela parce que traditionnellement on considère que tous les membres du foyer ont le même accès au revenu du ménage mais en pratique ce n’est souvent pas le cas. Lorsqu’elle est séparée, une femme a un meilleur accès à son argent.

Les stéréotypes qui entourent les mères dans des familles monoparentales sont nombreux. Au moindre problème, on les accuse d’être “débordées et impuissantes laissant ainsi leurs enfants, sans repère, aller à la dérive, subir de « mauvaises influences » et incapables de s’intégrer à la société.”[13] Ces stéréotypes sous-entendent qu’il faut un homme pour qu’un enfant soit bien éduqué alors les femmes seules sont souvent culpabilisées que cela soit leur propre choix ou non. Ces stéréotypes ignorent souvent les réalités complexes auxquelles les mères et les pères seuls font face, ne prenant pas en compte la force, la résilience et la détermination qu’ils et elles manifestent au quotidien pour assurer le bien-être de leur famille.

Le racisme et parentalité

Une étude américaine révèle “un niveau d’inquiétude plus élevé chez les parents racisés que chez leurs pairs blancs”: la crainte des violences policières, les discriminations au travail ou au logement, la ségrégation : tout cela s’accumule pour fragiliser la santé des femmes noires.». Comment on explique cela? Les parents craignent davantage que leur enfant se fasse tuer à cause du racisme soit lors d’un contrôle de police, ou d’une agression par un tiers dans la rue. [14] Un stress qui selon une étude américaine a des conséquences dès la grossesse puisque selon cette étude, les femmes noires présentent deux à trois fois plus de risques de donner naissance prématurément, indépendamment du statut socio-économique de la mère, du niveau d’éducation ou de la consommation d’alcool ou de tabac pendant la grossesse. Les auteurs de cette étude concluent que le stress chronique associé à l’expérience quotidienne du racisme a des effets sur les niveaux hormonaux, susceptibles de conduire à une naissance prématurée.[15]

On observe souvent une déshumanisation des populations noires ce qui a pour impact qu’on leur demande moins leur consentement et elles sont davantage soumises à des interventions médicales que les femmes blanches.

Les Etats-Unis sont le seul pays développé où la mortalité maternelle augmente, en particulier chez les femmes noires. Chaque année, entre 700 et 900 femmes meurent suite à des complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. Le taux de mortalité est trois à quatre fois supérieur à celui des femmes blanches. Le décès est le plus souvent causé par des maladies cardiovasculaires, des infections et des hémorragies.[16] Les femmes racisées ont plus difficilement accès à des soins préventifs et curatifs de qualité qui peuvent contribuer à une plus grande fréquence ou gravité de comorbidités.

Comment peut-on expliquer cela? “Les femmes noires sont plus bruyantes lorsqu’elles donnent naissance, quand elles ont mal”, c’est un stéréotype que l’on entend souvent dans le monde médical. La réalité d’une femme n’est pas celle d’une autre, de plus un tel stéréotype a de lourdes conséquences puisqu’il induit qu’une femme noire qui crie c’est normal, c’est culturel. Cela minimise leur douleur et augmente les chances de diagnostiquer suffisamment tôt un problème de santé: des femmes comme Oyce Echaquan et Naomi Musanga en ont perdu la vie mais combien d’autres dont les noms n’ont pas été médiatisés. Des femmes à qui des équipes médicales disent de se calmer, de patienter et de se taire. Il est important de conscientiser les stéréotypes pour que de telles erreurs ne se répètent pas.

Le racisme a un impact également sur les signalements pour mauvais traitement

La parentalité est-elle la même partout et de tout temps? Une étude au Canada montre qu’il y a une surreprésentation des signalements pour maltraitance dans les familles migrantes. Garder ses frères et soeurs quand on est un enfant est parfois considéré comme un manquement en tant que parent mais ce n’est pas le cas dans toutes les cultures. De plus, si on prend en compte les difficultés que vivent certains parents : les longues heures de travail, peu de liens sociaux et de famille, les obligent à déléguer cette tâche aux enfants les plus âgés. Ce qui est probablement considéré comme un choix réfléchi et comme la meilleure solution est souvent perçu comme une mauvaise parentalité. [17]

Pour changer les choses, il est impératif que nous prenions collectivement conscience de la manière dont le racisme systémique influe sur nos relations et le quotidien des personnes racisées. En effet, peu de personnes nient encore qu’il y a du racisme en Belgique mais il est bien plus compliqué que les personnes admettent que c’est tout le système qui peut être raciste. [18]

Parent queer

Le terme queer est un synonyme de LGBTQIA utilisé pour désigner “toutes les personnes qui sortent des normes sur le plan de l’identité de genre ou de l’orientation sexuelle qui ne sont pas strictement cisgenres ou hétérosexuelles”.[19]

Pendant longtemps, queer et parentalité ne rimaient pas ensemble. Les choses ont doucement évolué mais comme nous l’avons déjà vu, pour le dictionnaire Robert en ligne: un parent, c’est (toujours) un papa et une maman. Comment peut-on encore trouver à l’heure actuelle une définition qui exclut la réalité vécue par 8 à 10 000 enfants vivant dans une famille homoparentale et à 50 000, le nombre d’enfants ayant un·e parent homosexuel·le?[20] Hors parentalité LGBT, l’adoption, les familles recomposées, l’othermothering ont montré que la famille pouvait se construire en dehors des gènes d’“un papa et d’une maman”, tout comme partager des gènes ne signifie pas être une famille.[21] On a érigé la binarité de genre comme la norme, la seule façon d’agir et de penser et cela influence énormément nos comportements. Dans une société patriarcale, il y a une hiérarchie et cela n’est pas à l’avantage des femmes. On continue d’attendre des femmes qu’elles effectuent des tâches domestiques et liées au soin des enfants. Sortir de son rôle de genre, c’est encore souvent s’attirer les foudres de la société. Et c’est ce que font au quotidien les personnes lgbtqia.

Tout le monde ne peut pas rentrer dans ces cases : certaines personnes ne se définissent ni comme homme ni comme femme et pour d’autres, leur identité de genre fluctue: impossible de se coller une étiquette papa ou maman. Pour les personnes trans qui ont des enfants avant leur transition, il y a souvent une étape intermédiaire où les enfants continuent un temps d’utiliser le mot “maman” ou “papa” malgré le changement d’identité de genre, le ??? de papa en maman ou de maman en papa n’est pas toujours simple pour les enfants dans un second temps, un autre nom de parent peut être choisi.

A l’inverse des avancées pour l’inclusion des personnes LGBTQIA en Belgique, l’Italie veut retirer aux parents LGBT le droit d’inscrire leur nom sur l’acte de naissance. 33 couples sont concernés par cette mesure. Qu’est-ce que cela implique? La perte de l’autorité légale sur leur enfant et en cas de décès du parent biologique, ces enfants pourraient être considérés comme orphelins et placés. Il s’agit d’un réel retour en arrière qui montre à quel point les droits acquis sont précaires.

Les différentes formes de parentalité, telles que les familles homoparentales, monoparentales, celles avec des parents en situation de handicap, ainsi que les défis auxquels elles font face, révèlent la nécessité d’une perspective plus inclusive et respectueuse. Pour favoriser une société véritablement inclusive, il est impératif de remettre en question les stéréotypes, de reconnaître les droits de tous les parents et de travailler vers des politiques et des pratiques qui reflètent la diversité des familles d’aujourd’hui. Il est également important de ne jamais oublier que chaque droit obtenu peut aussi vite être annihilé et que donc la vigilance et le combat ne peuvent cesser.

  1. J. DOYON et al., « Normes de parentalité : modélisations et régulations (XVIIIe-XXIe siècles) », Annales de démographie historique, 2013/1 (n° 125), p. 7-23. DOI : 10.3917/adh.125.0007. URL : https://www.cairn.info/revue-annales-de-demographie-historique-2013-1-page-7.htm
  2. “Stérilisations et contraception forcées: ces armes pour contrôler le corps des femmes handicapées” dans Alter échos, 512, Septembre 2023, p.13.
  3. https://www.unfpa.org/sites/default/files/pub-pdf/UNFPA_Global_Study_on_Disability_Report_FR.pdf
  4. Informations consultées le 23 aout2023 sur le site https://fr.euronews.com/2023/06/05/la-sterilisation-des-femmes-handicapees-en-europe-une-pratique-abusive-toujours-dactualite
  5. Jeunes handicapés: étude pour mettre fin à la violence basée sur le genre et l’application des droits liés à la santé sexuelle et reproductive informations consultées sur le site https://www.unfpa.org/sites/default/files/pub-pdf/UNFPA_Global_Study_on_Disability_Report_FR.pdf
  6. “Stérilisations et contraception forcées: ces armes pour contrôler le corps des femmes handicapées” dans Alter échos, 512, Septembre 2023, p.12.
  7. Informations consultées le 12 octobre 2023 sur le site https://www.yapaka.be/sites/yapaka.be/files/publication/ta-133-handicap-web.pdf
  8. Femmes en situation de handicap une double discrimination violente dans https://www.esenca.be/wp-content/uploads/2020/12/Etude-2020-ASPH-Femmes-en-situation-de-handicap-double-discrimination-violente-ok.pdf
  9. Informations consultées le 10 octobre 2023 sur le site https://www.esenca.be/wp-content/uploads/2020/12/Etude-2020-ASPH-Femmes-en-situation-de-handicap-double-discrimination-violente-ok.pdf, p.67.
  10. D. CANDILIS-HUISMAN, Accompagner le parent porteur de handicap, informations consultées sur le site https://www.yapaka.be/sites/yapaka.be/files/publication/ta-133-handicap-web.pdf
  11. Informations consultées le 30 octobre 2023 sur le site https://www.brupartners.brussels/sites/default/files/publications/presentation2_Martin_Wagener_3.pdf
  12. Familles monoparentales et logement: des probmèmes à tous les étages sondage auprès de 1150 parents solo informations consultées le 19 novembre 2023 sur le site https://liguedesfamilles.be/storage/18799/220216-etude-le-logement-des-familles-monoparentales.pdf
  13. LE GOFF Jean-François, « La stigmatisation des familles monoparentales. Thérapie familiale dans desquartiers dits « difficiles » », Dialogue, 2011/4 (n° 194), p. 45-56. DOI : 10.3917/dia.194.0045. URL : https://www.cairn.info/revue-dialogue-2011-4-page-45.htm
  14. N. BESSAïH, H. MELAKU, Racisme systémique et périnatalité ? informations consultées le 12 novembre 2023 sur le site https://www.ababord.org/Racisme-systemique-et-perinatalite.
  15. EE. Petersen, NL. Davis, D. Goodman, et al. Vital Signs: Pregnancy-Related Deaths, United States, 2011–2015, and Strategies for Prevention, 13 States, 2013–2017. MMWR Morb Mortal Wkly Rep 2019;68:423–429. DOI: http://dx.doi.org/10.15585/mmwr.mm6818e1 external icon
  16. Informations consultées le 12 novembre 2023 sur le site https://www.orfq.inrs.ca/pour-nous-cest-normal-prejuges-malentendus-et-differences-en-matiere-de-parentalite/; https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/21784/Boatswain-Kyte_Alicia_2018_these.pdf?sequence=5&isAllowed=y
  17. E. AZRIA, P. SAUVEGRAIN, et al.; Pour la commission Inégalités sociales et parcours de soins du Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français CNGOF. Racisme systémique et inégalités de santé, une urgence sanitaire et sociétale révélée par la pandémie COVID-19 dans Gynecol Obstet Fertil Senol. 2020 Dec;48(12):847-849. French. doi: 10.1016/j.gofs.2020.09.006. Epub 2020 Sep 17. PMID: 32950731; PMCID: PMC7497546.
  18. LGBT-Phobies à l’école Informations consultées le 12 novembre 2023 sur le site https://www.liguedroitsenfant.be/3825/lgbt-phobies-a-lecole-2/
  19. RICHARD, G., Faire famille autrement, Paris, 2022, p. 55.

Rencontre avec un Compagnon du Tour de France

Pierre Guelff - FAML

Le Compagnonnage est d’actualité avec la restauration de Notre-Dame de Paris. Pour cette institution où la devise « La main est la prolongation de l’esprit » est particulièrement chérie, c’est une étape parmi d’autres.

Alexandre Decharneux est Compagnon menuisier du Devoir de Liberté, dit Brabançon Noble Cœur et il nous accorda un entretien en évoquant son parcours dans les arcanes de ce système de transmission d’un savoir-faire incomparable. Reportage

Le Compagnonnage est cet ensemble de travailleurs particuliers où la main et l’esprit se retrouvent en tout ou en partie dans la construction ou la réfection d’édifices et d’œuvres éparpillés sur toute la planète.

Quelques exemples parmi tant d’autres : pendentif du château d’Avignon, pont et grand théâtre de Bordeaux, hôtel de ville de Marseille, pont-canal d’Agen, la basilique de Saint-Maximin à La Sainte-Baume, les arènes, la Tour Magne, la porte de la Maison Carrée et le Temple de Diane à Nîmes, les grilles du chœur de la cathédrale d’Amiens, la coquille de la place du Palais à Montpellier, le front de mer du port d’Alger, la restauration de la statue de la Liberté à Ney York, le pont du Gard, la serrurerie de la machine de Marly par Louis le Liégeois, les grilles de la place Stanislas à Nancy, les flèches torses de l’église de la Chartreuse à Rouen, à Paris, l’opéra, la tour Eiffel, le pont Alexandre III et, bien entendu, Notre-Dame…

C’est à l’Espace Entrée Libre d’Etterbeek, qu’Alexandre Decharneux, commissaire de l’exposition « Le Compagnonnage » qui s’est déroulée durant l’été dernier, un événement culturel hors du commun par la présentation d’une dizaine de chefs-d’œuvre ou maquettes remarquables, nous accorda un entretien.

– Parlez-nous de votre formation, de votre itinéraire professionnel, de ce fameux Tour de France qui, contrairement à ce que d’aucuns croient, n’a aucun rapport avec le cyclisme…

– J’ai commencé ma formation il y a presque neuf ans en allant faire mon CAP en France dans un centre d’apprentissage des Compagnons du Tour de France[1]. J’y ai obtenu mon certificat d’aptitude professionnelle au bout de deux ans et ensuite je suis parti sur le Tour de France.

J’ai voyagé à Toulouse, Grenoble, Nantes, Paris…, j’ai eu la chance de rencontrer énormément de personnes durant ce parcours et d’apprendre le métier me permettant, à présent, d’être installé en Belgique (Frasnes-lez-Gosselies).

– Évoquez-nous davantage ce parcours initiatique et l’objectif de votre exposition bruxelloise.

– La journée, nous sommes salariés dans des entreprises et, le soir, il s’agit du « vrai » Compagnonnage, là où nous dessinons, construisons des maquettes, faisons des exercices, c’est-à-dire des chefs-d’œuvre.

Certains d’eux sont exposés dans le but de les mettre à l’honneur après la Sainte-Anne qui vient de se dérouler fin juillet à Bruxelles.

Ce fut un événement historique puisque depuis cinq cents ans, jamais cette fête patronale n’était sortie de France.

Nous avons donc eu l’audace d’organiser cela et, pour en faire écho, nous tenions à réaliser une exposition afin de mettre l’accent sur ce centre d’apprentissage du Jura et de faire découvrir le Compagnonnage, ici, au cœur de l’Europe, car il n’a jamais réellement pu se développer au-dessus du nord de Paris.

Nous tentons progressivement de faire découvrir les belles valeurs que nous essayons de véhiculer à travers des métiers et des humains.

– Les légendes, les coutumes, les us sont-ils toujours d’application ? Par exemple, la Mère ? La Mère, en milieu compagnonnique, est la personne qui veille sur la vie intérieure de la Cayenne – Maison des Compagnons -, accueille, soutient moralement et est un éventuel lien avec les familles.

– Oui, nous avons les Mères dans nos sièges. Il y a la Mère chez les charpentiers, il y a la Mère chez les menuisiers. C’était la seule figure féminine dans le Compagnonnage, mais, à l’heure actuelle, le Tour de France s’est agrandi et les femmes y sont de plus en plus présentes.

Nous sommes très heureux de les accueillir, d’ailleurs.

L’année prochaine, je pense que nous pourrons recevoir les premières femmes Compagnonnes à la Fédération compagnonnique.

– Participez-vous au renouveau de la cathédrale de Paris ?

– Certains Compagnons y participent, effectivement. Si un Compagnon peut être salarié dans une entreprise ou artisan, pour ma part, j’ai eu l’occasion de travailler sur d’autres beaux monuments, puisque j’ai été chef d’atelier durant deux années dans l’entreprise consacrée aux Monuments historiques de Paris.

J’ai eu l’occasion d’aller à Matignon, à Versailles, à l’Élysée, dans divers endroits qui sont tout aussi beaux que Notre-Dame.

– Quel était votre rôle ? Restauration et/ou apporter quelque chose de nouveau avec un autre regard par rapport au Compagnonnage ancien ?

– Nous étions dans la restauration pure et dure et suivions les directives des architectes des Bâtiments de France, mais c’est vrai que nous intégrons des techniques modernes, on l’a vu avec des 3D qui ont été réalisées à l’occasion de Notre-Dame de Paris.

Ce sont des éléments-clés vers une ère de modernité. C’est tout l’enjeu du Compagnonnage : innover et faire perdurer nos traditions.

– Au-delà du métier, peut-on dire que le Compagnonnage est une École de Vie ?

– Tout-à-fait ! On apprend énormément quand on se trouve éloigné de sa famille, que l’on doit prendre ses responsabilités et vivre en communauté, découvrir ces aspects fraternels aussi.

On apprend à s’émanciper, à devenir des Hommes, au travers de ce fil conducteur qu’est toujours le métier.

– Le Tour de France pourrait-il devenir européen ?

– Le Compagnonnage a des points de chute dans d’autres pays. Ainsi, on a des Compagnons aux États-Unis, en Inde… Là où il y a un Compagnon, il peut y avoir des itinérants (étudiants dans le but de parfaire sa formation).

– La transmission s’opère donc au-delà de la France ?

– Oui, même si c’est encore au stade embryonnaire. En Belgique, le Compagnonnage est très peu connu, pourtant, cela peut être un moyen d’apprentissage incroyable en alternance.

Ainsi, on peut être à la fois salarié six semaines dans une entreprise, puis deux semaines en formation.

C’est quand même une belle arme pour se former professionnellement de manière concrète.

– Quel message souhaitez-vous passer à un jeune ? Au-delà des voyages, quelle différence y a-t-il entre l’école traditionnelle et le Compagnonnage ?

– C’est une question qui se pose souvent à l’itinérant, car c’est dur de partir de chez soi durant dix ans. C’est long ! Mais, c’est tellement formateur et quand on revient…

On part d’une église et d’un clocher et quand on revient, on les regarde tout-à-fait différemment !

C’est une expérience magnifique qu’il faut oser entreprendre et quand on l’a réalisée, on est vraiment content.

Tout l’enjeu pour les jeunes qui ont été reçus Compagnons, est de transmettre à leur tour.

On m’a expliqué ça la première fois que je suis parti sur le Tour de France.

À savoir ?

– Je voulais payer le plein d’essence au Compagnon qui m’amenait à mon premier patron. Il me dit : « Non, tu apprendras que dans le Compagnonnage, d’abord on reçoit, ensuite on donne. »

C’est tellement fort, c’est tout l’enjeu d’aujourd’hui et du futur : retransmettre ce que l’on nous a donné gratuitement !

Pays et patronymes

Pour compléter cette interview, il faut préciser que les Compagnons et Affiliés Menuisiers et Serruriers du Devoir de Liberté sont des « Enfants de Salomon », le rite du Devoir de Liberté ayant pour fondateur légendaire le roi Salomon dont le règne se serait étendu de 970 à 931 av. J-C.

Les Compagnons s’appellent entre eux « pays » et ont un patronyme compagnonnique constitué du nom de région ou province dont ils sont originaires et d’un trait de caractère.

Dans le cas d’Alexandre Decharneux : « Brabançon Noble Cœur ».

En Franc-Maçonnerie Opérative, considérée par des historiens comme la cousine du Compagnonnage, ce patronyme est aussi de mise au Rite Opératif de Salomon fondé dans les années 1970 au Grand Orient de France.

La différence fondamentale qui existe entre l’école technique et professionnelle classique et le Compagnonnage, peut donc se résumer en une seule phrase : « C’est en forgeant qu’on devient forgeron » !

Dans le premier type d’enseignement cité, la théorie prédomine la pratique alors que l’apprentissage en milieu compagnonnique se caractérise à travers la déclaration d’Émile-le-Normand, Compagnon Passant Serrurier du Devoir : « Je bâtis pour les Hommes, je bâtis avec les Hommes et, ce qui se voit moins en faisant cela, je bâtis des Hommes. »

Photos 

Chef-d’œuvre compagnonnique (Photo Marie-Paule Peuteman)

Maquette compagnonnique (Photo Marie-Paule Peuteman)

Evras : utopie ou hérésie? Mais pourquoi les opinions divergent tellement?

Marie Béclard - FAML

Qui n’a pas entendu parler d’Evras (l’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle)? Entre les écoles incendiées à Charleroi et à Liège, ainsi que les manifestations s’y opposant, il était difficile de ne pas être confrontée à cette question incontournable. Il est également difficile de ne pas remarquer le mécontentement de certaines personnes qui font largement circuler des informations négatives autour de l’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle. Cette avalanche d’informations alimente indéniablement la peur et suscite des inquiétudes chez de nombreuses personnes y compris les parents.Une peur directement alimentée par les sources secondaires parce qu’au final, qui a vraiment lu les 300 pages du rapport destiné aux animateurs EVRAS

C’est quoi l’Evras?

L’Evras est défini “comme L’éducation la vie relationnelle, affective et sexuelle est un processus éducatif qui implique notamment une réflexion en vue d’accroître les aptitudes des jeunes à opérer des choix éclairés favorisant l’épanouissement de leur vie relationnelle, affective et sexuelle et le respect de soi et des autres”.[1]

Mais l’EVRAS c’est nouveau ? Non, L’EVRAS a fait son apparition en 2012 dans les écoles suite au Décret Missions (adopté en 1997) qui prévoit “que l’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle est obligatoire dans toutes les écoles, dès la maternelle. Chaque direction et équipe éducative doivent mettre en place un projet et des actions dans ce cadre”[2] Mais dans la pratique, on observait que certaines écoles organisaient des animations et d’autres pas du tout.

En 2022, il a donc été décidé que 2 animations seraient obligatoirement dispensées à raison de 2h en 6e primaire et 2h en 4e secondaire pour tous les élèves inscrits dans l’enseignement francophone en Belgique dès la rentrée scolaire 2023-2024. Les écoles peuvent cependant continuer à dispenser d’autres animations supplémentaires tout au long de la scolarité quand le besoin s’en fait sentir.

Cela concerne 85.000 élèves en Wallonie et 25.000 élèves à Bruxelles. Selon la Fédération Wallonie Bruxelles “5,8 millions d’euros de budget supplémentaires ont été dégagés par les Régions pour financer les interventions données par les plannings et rendues obligatoires dans les écoles dès la rentrée 2023” sans préciser quel était le budget initial. [3]D’autres sources parlent de 4,8 millions annuellement consacré à ces animations.[4]

Pourquoi rendre obligatoire ces deux animations? En 2017-2018 c’était au total 28 611 élèves qui avaient reçu des animations EVRAS et seulement dans 230 établissements sur les 597. [5] Il semblait donc important pour la Fédération Wallonie Bruxelles que toutes les écoles donnent des animations afin que tous les élèves puissent en bénéficier.

Historique

Mais l’EVRAS c’est nouveau? Non, l’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle a fait son apparition dans les écoles suite au Décret Missions (en 1997) qui prévoit que l’EVRAS est une des missions de l’école comme bien d’autres. C’est pourquoi depuis 2012 toutes les écoles de l’enseignement officiel, dès la maternelle devaient l’intégrer au programme tout au long de la scolarité. Depuis lors, chaque direction et équipe éducative devaient mettre en place un projet et des actions dans ce cadre”[6] En 2022, il a été décidé qu’à partir de la rentrée 2023-2024, l’ensemble des établissements scolaires en Fédération Wallonie Bruxelles devraient dispenser deux animations, une en 6e primaire et une en 4e secondaire. Jusqu’alors, l’école pouvait choisir qui allait dispenser ces animations mais désormais, les personnes qui donnent les animations ‘Evras’ doivent obligatoirement être labellisées et utiliser ce nouveau guide comme référentiel.

Qui sont ses détracteurs

Selon la RTBF, on peut identifier un “réseau” de 25 personnes et entités qui sont actives dans la lutte contre l’EVRAS: un ancien animateur de télévision, Karl Zéro, un magazine axé sur la santé alternative, d’anciens complotistes du Covid et le groupuscule d’extrême droite Civitas.[7] Mais l’auteur de l’article précise bien que tous les détracteurs ne sont pas complotistes, d’extrême droite ou encore des adeptes de théories pédocriminelles.

Cet article a fait beaucoup de vagues et les personnes et groupes cités dénoncent l’accusation de faire partie d’un réseau. Pour eux, ils se battent contre le même projet que cela soit pour des raisons similaires ou différentes mais ils et elles n’en forment pas pour autant un réseau.

Il n’est pas possible de s’intéresser à tous les détracteurs de l’EVRAS. Nous en avons donc sélectionné quelques-uns.

Frédéric Goaréguer

C’est un nom qui revient souvent dans les médias et qui est présenté comme un fervent détracteur de l’EVRAS. Il est pédopsychiatre et le cofondateur et porte parole du collectif “Sauvons nos enfants” qui se définit comme un collectif apolitique et areligieux seulement guidé par l’intérêt primordial des enfants.[8] Qu’est-ce qu’il critique dans l’EVRAS?

Un argument qui revient souvent “Beaucoup d’enfants ont été choqués par ces contenus”.[9] Nous ne jetons pas la pierre aux intervenants qui pour beaucoup sont bien intentionnés.Mais nous avons recueilli déjà des témoignages d’enfants traumatisés.[10] Que cela soit pour Frédéric Goaréguer ou Ariane Bilheran, tous deux ne prennent pas la peine d’exemplifier, combien d’enfants ont été “choqués” ou “traumatisés”, pour quelles raisons? Est-ce que c’était le contenu ou la forme de l’animation, l’âge des enfants? Aucun n’explique vraiment ces arguments. Des vidéos françaises tournent actuellement sur les réseaux sociaux qui se veulent des témoignages de cours d’éducation sexuelle complètement fous qu’auraient suivi des jeunes… Des faits dont la véracité n’ont pas pu être vérifiés et qui de toute façon ne concernent pas la Belgique mais la France.

Frédéric Goaréguer refuse qu’on parle de masturbation pour des jeunes enfants. Tout comme d’autres spécialistes, il préfère qu’on utilise le terme de sensorialité plutôt que de sexualité. Selon eux, quand un enfant se touche, il expérimente une découverte de son propre corps et non un désir sexuel. On peut entendre qu’il n’y a pas dans ces gestes les mêmes attentes que dans la sexualité des adultes. Goaréguer prend comme référence Regis Brunod. Ce dernier prend l’exemple des jambes qui sont déjà présentes à la naissance mais qui ne serviront à la marche que dans une étape suivante et dit que c’est le même lien entre sensorialité et sexualité, une étape suivante.

A 2 ans si un enfant se tripote ce n’est pas associé à un plaisir et encore moins à une sexualité, mais à une sensorialité. Il ne s’attarde d’ailleurs pas plus à toucher ses organes génitaux qu’à sucer son pouce ou son gros orteil.”

«»

Il ajoute également que le fait d’associer la notion de recherche de plaisir chez l’enfant «est liée à la perception d’une sexualité adultomorphique chez les enfants et ne correspond à aucune donnée scientifique. Le risque de la confusion de ces concepts dès le plus jeune âge est de favoriser, voire légitimer les approches de prédateurs.”[11]

Mais donc si on écoute Goaréguer parler de sexualité aux enfants légitimise l’action de pédophiles. Pourtant, “l’un des buts des animations EVRAS est justement de permettre aux jeunes de reconnaître et de se protéger de comportements ou de personnes problématiques et les dénoncer.

Comment définir l’inceste ? “Les actes à caractère sexuel commis sur un mineur par un parent ou allié ascendant en ligne directe, par un parent ou allié en ligne collatérale jusqu’au troisième degré, ou toute autre personne occupant une position similaire au sein de la famille des personnes précitées”.La future définition légale par la chambre des représentants en Belgique “les actes à caractère sexuel commis sur un mineur par un parent ou allié ascendant en ligne directe, par un parent ou allié en ligne collatérale jusqu’au troisième degré, ou toute autre personne occupant une position similaire au sein de la famille des personnes précitées”.

L’inceste se réfère donc à des relations sexuelles qui ont lieu entre un parent et un enfant, entre un grand-parent et un petit-enfant, ou encore entre un oncle ou une tante et leur neveu ou nièce. Dans le contexte des familles recomposées, d’autres situations peuvent également se présenter, telles que des relations entre le nouveau conjoint ou la nouvelle conjointe d’un parent et l’enfant, et ainsi de suite etc. [12]

On estime que 2 à 4 élèves par classe sont victimes d’inceste. A la lecture de ces chiffres, on a envie de croire à une erreur. Mais d’où viennent ces chiffres?Selon une étude UNESC0 2015 et une étude française IPSOS de 2020: 10% de la population déclare avoir été victime d’inceste et que 8 victimes d’inceste sur 10 sont des femmes (78 %). Et en Belgique? Il n’existe pas de données précises sur les agressions sexuelles incestueuses d’enfants mais l’asbl SOS Inceste Belgique a recensé 1.255 appels téléphoniques, 453 entretiens et 61 nouveaux dossiers ouverts. Selon eux, l’ampleur est telle qu’on peut estimer entre deux et quatre le nombre d’élèves victimes de telles maltraitances.[13]

Il est donc important d’enseigner aux enfants des notions de base en matière de consentement et de respect de leur propre corps, tout en maintenant une compréhension appropriée du développement de l’enfant. Car refuser de le faire n’est-ce pas au contraire une manière de maintenir les enfants dans une position d’ignorance pour mieux favoriser les viols? Car rappelons-le, ce que veut Sauvons les enfants :”Nous considérons que l’éducation sexuelle des enfants touche à leur intimité, leurs émotions, leur développement psychologique et contient des aspects religieux et spirituels, et nous estimons que ce n’est pas le rôle de l’école de s’en occuper de manière standardisée et obligatoire, car cette question relève d’abord de la famille”. Cette même famille qui est responsable des violences sexuelles vécues par 2 à 4 enfants par classe en moyenne. Peut-on donc penser qu’on peut considérer qu’ils feront ce qu’il faut pour protéger les enfan

ts.C’est comme un blog qui se présente comme un site de réinformation proposé par des laïcs catholiques belges. “Ce blog est dévolu à la défense et à l’illustration des valeurs catholiques et authentiquement humaines dans notre pays, la Belgique”. [14]

Ils insistent sur le fait que 95 % des personnes interrogées demandent le retrait de l’EVRAS.Ce qui correspondrait à plus de 6500 personnes. “Or plusieurs associations et plus de 6500 parents, sont en désaccord avec le programme EVRAS, tant sur le fonds que sur la méthode.”[15] Il est possible que 6500 personnes soient contre mais où a été publié ce sondage? Qui a eu l’occasion de donner son avis? Ni en tant que professeur, ni en tant que parent je n’ai eu l’occasion de donner mon avis et vous? En Belgique, il y avait en 2021 11,59 millions d’habitants, si 6500 personnes correspondent à 95% du panel ou peut estimer que 6842 personnes ont pu donner leur avis.N’est-ce pas un peu trop peu pour affirmer que l’ensemble des parents refusent l’EVRAS?

Nicolas Janssen

Le député MR interpelle la ministre sur la question de l’EVRAS.”La question que l’on peut se poser n’est pas seulement de savoir si les âges entre 5 et 12 ans sont effectivement les âges adéquats pour consolider sa propre identité de genre, recourir à des opérations chirurgicales pour changer de genre ou encore reconnaître que les partages de sextos et nudes peuvent être source de plaisir, mais également quels pourraient être les conséquences de ces informations sur les élèves en fonction de leur âge”.

Nicolas Janssen reproche plusieurs choses à l’EVRAS.

Le fait de nier l’existence de fille et de garçon

Comme Nicolas Janssen, Alain Destexhe reproche au guide EVRAS de nier l’existence de fille et de garçon.

“Le but de l’EVRAS est donc bien de nier l’existence de filles et de garçons au profit de la fluidité des genres, d’accorder une primauté absolue au genre sur le sexe qui n’est qu’un truc « assigné à la naissance » et de sensibiliser dès le plus jeune âge les enfants aux revendications du lobby LGBTQ+-x”[16]

Les mots d’Alain Destexhe reflètent un conservatisme intrinsèque à cette manière de penser, suggérant que si quelque chose existe, elle doit avoir une fonction et une position immuable dans l’ordre de l’univers.[17]

Certains vous diront “Si on a des filles et des garçons c’est biologique et c’est comme cela”. Beaucoup d’entre nous avons grandi avec deux concepts différents : d’un côté le sexe biologique qui nous a été présenté comme tangible, immuable et non négociable et le genre qui lui est une construction qui dépend de notre société. Peut-on imaginer à l’instar de Judith Butler que le sexe est lui même une construction? Judith Butler affirme que le sexe et le genre sont des concepts socialement construits. Elle encourage la déconstruction des normes de genre rigides. Elle soutient que cela ouvre la voie à une plus grande liberté d’expression de genre et à la remise en question des stéréotypes et des attentes de genre. Questionner les attentes différenciées que la société a envers les filles et les garçons peut s’avérer sain.

Derrière ces critiques, il y a aussi et surtout de la transphobie. Certains enfants savent très tôt que le sexe qu’on leur a attribué à la naissance ne correspond pas à ce qu’ils ou elles sont vraiment. Ce qui explique qu’à la page 160 on trouve “qu’un enfant de 5 ans devrait « prendre conscience que son identité de genre peut être identique ou différente de celle assignée à la naissance. »

Dès le moment où la transidentité est une réalité dans notre société, si on veut créer une société inclusive, il est important d’y sensibiliser tôt les jeunes et de s’assurer qu’aucun enfant ne se sente hors norme à cause de son identité de genre.

Certains opposants crient que c’est dangereux de parler de transition ou d’identité de genre, qu’on peut pousser des jeunes à transitionner et qu’après ils vont le regretter. On trouve sur le site Sauvons nos enfants : Il y a également des procès de personnes qui ont transitionné sous influence et souhaitent « détransitionner » mais s’aperçoivent que ce n’est pas réversible contrairement à ce qu’on leur avait promis.[18]L’exemple cité est celui d’une jeune espagnole qui a ensuite regretté sa transition. Si ce phénomène est si fréquent, pourquoi aller jusqu’en Espagne et ne pas citer des cas de personnes en Belgique? Loin de nous de dire que personne ne regrette sa transition mais plutôt d’essayer d’évaluer les risques et les bénéfices d’aborder de telles thématiques à l’école. Rappelons que l’objectif des animateurs et animatrices EVRAS n’est en aucun cas de faire transitionner les jeunes mais plutôt de répondre au questionnement qui est déjà présent chez certains jeunes. Pour un enfant qui se questionne sur son identité, cela peut faire une grande différence de savoir comment on peut vivre sa transidentité.

Des raisons religieuses

Nous craignons également que le programme EVRAS puisse éroder la liberté religieuse et les droits des parents à guider l’éducation de leurs enfants conformément à leurs croyances. Il est essentiel de protéger ces droits constitutionnels et fondamentaux dans une société démocratique. La religion peut-elle vraiment dicter les programmes scolaires? Si c’était le cas, quels chapitres disparaîtraient du cours de biologie : l’appareil reproducteur? Le chapitre sur l’évolution? Si l’enseignement doit respecter les convictions religieuses, il est non négociable d’avoir à faire l’impasse sur certaines matières pour des raisons religieuses.

Conclusion

Il semble normal que les parents se questionnent sur l’EVRAS et qu’ils puissent s’informer sur les animations qui donnent dans le cadre scolaire. Cependant, il est important de faire la différence entre une inquiétude légitime basée sur des informations objectives et une manipulation visant à semer la peur. Dans notre ère numérique, les théories du complot et les fausses informations se propagent très rapidement.

Il est donc important que les parents questionnent l’école et les enseignants pour comprendre les mesures mises en place dans le cadre des animations EVRAS mais également à tout autre moment pour favoriser une transparente entre l’école et les parents pour faire cesser le climat de peur.

        1. Informations consultées le 28 septembre 2023 sur le site https://www.evras.be/fileadmin/user_upload/3/2013_-_FWB_-_Definition_EVRAS.pdf
        2. Informations consultées le 20 septembre 2023 sur le site http://www.egalite.cfwb.be/index.php?id=15420#:~:text=Depuis%202012%2C%20le%20%22D%C3%A9cret%20Missions,des%20actions%20dans%20ce%20cadre.
        3. https://pactepourunenseignementdexcellence.cfwb.be/mesures/evras/#chiffres-cles
        4. https://www.levif.be/belgique/enseignement/evras-laccord-de-cooperation-adopte-a-lunanimite-en-commission-du-parlement-wallon/https://pan.be/article/evras-quand-la-sexualite-est-endoctrinement-scolaire-804
        5. Informations consultées le 05 octobre 2023 sur le site https://www.evras.be/fileadmin/user_upload/3/Couverture_des_etablissements_-_tout_enseignement_confondu.jpeg
        6. Informations consultées le 20 septembre 2023 sur le site http://www.egalite.cfwb.be/index.php?id=15420#:~:text=Depuis%202012%2C%20le%20%22D%C3%A9cret%20Missions,des%20actions%20dans%20ce%20cadre.
        7. Informations consultées le 27 septembre 2023 sur le site https://www.rtbf.be/article/complotistes-extreme-droite-et-adeptes-de-theories-pedocriminelles-voici-le-reseau-des-desinformateurs-sur-levras-en-belgique-11256548
        8. Informations consultées le 12 octobre 2023 sur le site https://sauvonsnosenfants.weebly.com/a-propos.html
        9. Frédéric Goaréguer, sur son site “Sauvons nos enfants”
        10. Informations consultées sur le site https://www.arianebilheran.com/post/le-degr%C3%A9-z%C3%A9ro-du-r%C3%A9seau-ma-r%C3%A9ponse-%C3%A0-la-rtbf-radio-tv-belge-de-la-f%C3%A9d%C3%A9ration-wallonie-bruxelles
        11. Informations consultées le 12 octobre 2023 sur le https://sauvonsnosenfants.weebly.com/reacuteponses-aux-meacutedias-et-politiques.html
        12. Définition prévue dans le texte de Projet de loi modifiant le Code pénal en ce qui concerne le droit pénal sexuel déposé en juillet 2021, dont le texte est disponible sur la page suivante de la Chambre des représentants de Belgique Informations consultées le 5 octobre 2023 sur le sitehttps://www.dekamer.be/kvvcr/showpage.cfm?section=flwb&language=fr&cfm=flwbn.cfm?lang=N&dossierID=2141&legislat=55.
        13. Informations consultées le 12 octobre 2023 sur le site https://lacode.be/wp-content/uploads/2022/09/Analyse-Droits-de-lenfant-face-a-linceste.pdf
        14. Informations consultées le 12 octobre 2023 sur le site http://www.belgicatho.be/archive/2023/09/05/sauvons-nos-enfants-non-a-evras-tous-a-bruxelles-ce-jeudi-7-septembre.html
        15. Informations consultées le 12 octobre 2023 sur le site http://www.belgicatho.be/archive/2023/09/05/sauvons-nos-enfants-non-a-evras-tous-a-bruxelles-ce-jeudi-7-septembre.html
        16. https://pan.be/article/levras-magnette-ou-cnews-lequel-est-le-plus-extreme-846
        17. L. BERENI, Introduction aux études sur le genre, Louvain-La-Neuve, 2020, p.107.
        18. Informations consultées le 12 octobre https://sauvonsnosenfants.weebly.com/reacuteponses-aux-meacutedias-et-politiques.html

Quand extrémisme et militantisme se mélangent : les cas de l’éco-terrorisme et du féminisme

Marie Béclard - FAML

Au cœur des sociétés contemporaines, les mouvements pour la défense des droits des femmes et la préservation de l’environnement œuvrent pour un monde meilleur. Pourtant, dans leur quête passionnée de changement, certains de ces mouvements ont connu des dérives, adoptant des approches radicales et parfois violentes. Quoi de plus antagoniste que “écolo” et “terroriste”? Comment ces deux mots se sont retrouvés accolés? De la défense de causes nobles à l’extrémisme, comment des idéaux louables peuvent-ils dériver vers des comportements excessifs et controversés ?Est-ce que cette violence est marginale, accidentelle et “exogène au mouvement dont l’action s’en trouverait ainsi polluée” ou au contraire elle fait pleinement partie du processus? Comment rompre avec l’ordre établi sans un minimum de violence: émeute, terrorisme?

Quelles sont les implications politiques, sociales et médiatiques de qualifier certaines actions ou idées de « extrêmes » ?

Pour tenter de répondre à ces questions nous avons choisi de s’intéresser à certains courrants écologiques qui sont qualifiés d’éco terrorisme et au féminisme qui dans certains pays est parfois taxé d’extrémisme.

Commençons par définir ce que l’on entend par extrémisme. L’extrémisme est une adhésion rigide et radicale à des idées, valeurs ou positions, souvent accompagnée d’une propension à adopter des mesures drastiques, y compris la violence, pour promouvoir ou défendre ces convictions. Selon le centre national des ressources textuelles et lexicales, l’extrémisme c’est la tendance à adopter des opinions, des conduites extrêmes.[1] Mais où sont vraiment les limites entre la norme et l’”extrême”? En effet, la perception de ce qui est extrême varie en fonction des normes sociales, culturelles et politiques d’une société donnée à un moment donné. Ce qui peut être considéré comme extrême dans un contexte peut être considéré comme normal dans un autre.

Les normes et les valeurs sociales évoluent au fil du temps. Ce qui était autrefois considéré comme extrême peut devenir accepté ou même normatif à mesure que la société évolue. Par exemple, les droits civils pour tous et toutes et l’égalité des sexes étaient autrefois considérés comme des idées extrêmes et maintenant c’est l’inverse qui nous semble inimaginable.

Les mouvements considérés comme extrémistes peuvent parfois émerger en réponse à des injustices, des inégalités ou des crises sociales. Leur radicalisme peut être alors perçu comme une réaction à des problèmes systémiques. D’où la question l’extrémisme peut-il être parfois légitime? Dans d’autres situations, l’étiquetage d’une personne ou d’un groupe comme extrémiste peut être utilisé pour les marginaliser ou les discréditer.

Dans cet article, nous entreprenons donc une analyse des mouvements féministes et écologiques contemporains, en examinant la question de savoir si l’étiquette « extrémisme » est légitimement appliquée à ces mouvements, ou si elle est souvent utilisée comme un moyen de discréditer leurs actions et revendications. Nous explorerons les nuances de ces mouvements, cherchant à comprendre les motivations sous-jacentes et les implications de l’étiquetage « extrémiste » dans le contexte de la société et de la politique d’aujourd’hui. Cette enquête vise à éclairer le débat sur la légitimité de l’étiquetage « extrémiste » et à encourager une réflexion plus approfondie sur ces mouvements sociaux cruciaux.

L’éco-terrorisme

Comment passer d’un idéal de protection de la nature au terrorisme? L’éco-terrorisme est une forme d’activisme radical qui émerge au croisement de l’extrémisme et de la protection de l’environnement. Il se caractérise par des actions violentes ou illégales perpétrées au nom de la protection de la nature et de la lutte contre les activités jugées nuisibles à l’écosystème.

Origines de l’éco-terrorisme

L’éco-terrorisme trouve ses racines dans les mouvements de défense de l’environnement qui ont émergé dans les années 1960 et 1970, tels que Greenpeace ou Earth First. Ces groupes utilisaient des tactiques non-violentes pour sensibiliser l’opinion publique aux problèmes environnementaux et exercer des pressions sur les décideurs politiques et les entreprises. Cependant, certains de ces activistes ont progressivement adopté des méthodes plus radicales, basées sur des actions illégales pour obtenir des résultats plus immédiats. Mais c’est en 1983 que le terme « ecoterrorism » apparait aux États-Unis en 1983. [2]

ll est intéressant de voir que dès sa création, le terme “ecoterrorisme” a eu deux sens différents. “D’un côté, nous trouvons ceux qui cherchent à stigmatiser les activistes radicaux et de l’autre, ceux qui cherchent à résister à l’État autoritaire et aux industries (…) et qui utilisaient ce terme pour désigner les dommages causés à la nature”. Aujourd’hui, un seul des deux sens s’est imposé, celui qui désigne les personnes qui utilisent la violence pour faire des actions visant la protection des animaux et de l’environnement. Un choix qui n’est pas sans conséquences.

Pendant les années 80, des actions, ‘plus ou moins graves ou spectaculaires, se multiplient de par le monde, des glaces du Groenland à la forêt amazonienne”.[3]

Des groupes comme le “Front de Libération des Animaux” (FLA)ont mené des actions directes et parfois violentes pour protester contre la cruauté envers les animaux et la destruction de l’environnement. Ces actions consistaient souvent dans la libération d’animaux de laboratoire, le sabotage d’installations industrielles, et des campagnes de sensibilisation pour mettre en lumière les abus perpétrés contre les animaux et la planète. Le FLA a été l’un des groupes les plus emblématiques de cette époque et a revendiqué de nombreuses actions, bien que ses méthodes aient suscité des controverses et des débats sur la légitimité de la violence dans la lutte pour les droits des animaux et la protection de l’environnement.Pourquoi utiliser la violence? L’argumentaire du groupe est qu’il y a une urgence et que le système en place est violent et qu’il faut donc agir en conséquence, en quelque sorte de la légitime défense. Des actions qui ont eu un impact puisqu’elles ont contribué à sensibiliser le public aux problèmes liés à la cruauté envers les animaux et à la dégradation de l’écosystème mondial. Permettant finalement des changements dans la législation et les attitudes envers la protection de la faune et de l’environnement.

Ils considèrent souvent que les méthodes conventionnelles de protestation et de lobbying ne suffisent pas ou plus à contrer les dommages environnementaux causés par les activités humaines. En effet, la réussite très partielle des Marches pour le climat a amené de nombreux jeunes ou moins jeunes à vouloir passer la vitesse supérieure avec des actions plus directes et plus radicales.

Certains groupes éco-terroristes sont animés par des idéologies politiques comme l’Earth Liberation Front (ELF). Pour eux, la lutte pour l’environnement est indissociable d’une opposition radicale au système capitaliste et à la mondialisation, qu’ils perçoivent comme les principales causes de la dégradation environnementale. Aucune action efficace ne pourra être mise en place si on ne change pas fondamentalement le système politique actuel.

Les méthodes des éco-terroristes

Les méthodes utilisées par les éco-terroristes varient, allant des sabotages et incendies criminels visant des installations industrielles, des laboratoires scientifiques ou des moyens de transport, aux actions de désobéissance civile violente lors de manifestations. [4]Parmi les exemples les plus connus d’actes éco-terroristes, on peut citer les incendies criminels perpétrés par le Front de libération de la Terre (ELF) ou les sabotages du Animal Liberation Front (ALF) contre des laboratoires pratiquant la vivisection.

Au sein même des groupes écologiques, l’éco-terrorisme suscite un débat intense quant à son efficacité et à ses conséquences. Certains soutiennent que ces actes de violence attirent l’attention sur des problèmes environnementaux négligés et peuvent forcer les entreprises et les gouvernements à prendre des mesures pour protéger l’environnement. Cependant, d’autres estiment que l’éco-terrorisme nuit à la légitimité des mouvements de conservation de l’environnement en associant leurs actions à la violence et au terrorisme.Ils estiment que l’utilisation de tactiques violentes éloigne l’opinion publique et les gouvernements des problématiques environnementales.

Un autre débat éthique concerne la distinction entre l’éco-terrorisme et la désobéissance civile. Certains activistes considèrent que les actions illégales sont justifiées dans le cadre d’une résistance morale contre des pratiques qui mettent en danger la planète et ses habitants.[5]

La criminalisation des mouvements écologistes

En France, en juin 2023, Gérald Darmanin dissout Les Soulèvements de la terre, un mouvement écologiste qui rassemble 150 000 personnes suite à différentes actions coup de poing menée par le groupe: on leur reproche plusieurs envahissements d’entreprises, exactions fortes contre les forces de l’ordre, destructions de biens, des centaines de gendarmes ou de policiers blessés, plusieurs appels à l’insurrection ». [6] Mais aucun jugement pénal n’a été rendu pour justifier la dissolution. Darmanin utilise la loi dite “Séparatisme” adoptée le 24 août 2021 qui élargit considérablement les possibilités de dissolution administrative. Mais le 8 août 2023, le conseil d’état a suspendu le décret de dissolution confirmant le caractère profondément inadapté, injustifiable et présomptueux de la procédure de dissolution. « Il existe une frontière subtile mais importante entre l’activisme, la désobéissance civile et l’extrémisme.

Suite à l’échec des marches contre le climat et puisque les politiques ne bougent pas assez vite certaines personnes sont passées à l’étape suivante : la violence. Une violence qui fait peur et qui est donc sévèrement réprimée.

Mais selon les mouvements écologiques il y a quelque chose d’autre qui se passe. Selon Alessandro Manzotti, de l’association Bloom: Aujourd’hui, attaquer les groupes qui luttent pour un futur plus souhaitable, c’est juste une manière pour le gouvernement de se cacher face à l’évidence. »[7] Greenpeace indique aussi que les écologistes qui lancent l’alerte depuis plusieurs décennies n’ont jamais autant été la cible d’actes de répression et de violence.[8]

Le gouvernement français mais ce n’est pas le seul, tente de modifier progressivement l’image collective qu’on a des écologistes: de doux rêveurs, d’utopistes ou de mangeurs de graines on bascule progressivement vers celle de fous furieux, dangereux car prêts à tout pour instaurer une dictature verte et une écologie punitive.[9] Gérald Darmanin va même jusqu’à accuser les défenseurs de l’environnement de faire du « terrorisme intellectuel» et tente d’accorder les mêmes moyens de lutte contre le terrorisme et le traffic de drogue. Pourquoi mettre autant d’énergie pour connoter négativement ces groupes? Qualifier les écologistes de « terroristes » apporte au gouvernement une justification pour déployer des méthodes d’investigation étendues comme le marquage des participants aux manifestations, de justifier les violences perpétrées par les forces de l’ordre pour lutter contre les “Ennemis de la République”.

En criminalisant toutes les actions des écologistes cela pourrait avoir comme conséquence de dissuader bon nombre de citoyens et de citoyennes de s’impliquer dans des mouvements et des manifestations pourtant à la basse pacifiques puisqu’il n’y sera plus possible d’y participer sans risquer une amende ou une arrestation. En France, depuis la loi dite Séparatisme, les groupes doivent respecter un « contrat d’engagement républicain » qui est vague mais qui pourrait empêcher les associations de mener par exemple des actions de désobéissance civile sous peine de perdre leur agrément.

Cela soulève des questions sur l’équilibre entre la protection de la sécurité publique et la garantie des droits civils et politiques, notamment la liberté d’expression et le droit de manifester pacifiquement.

Conclusion

La question de l’éco-terrorisme reste un enjeu complexe et fortement débattu, qui entrelace des problématiques environnementales avec des éléments d’extrémisme et de violence. Ce concept incite à réfléchir sur les interactions entre les convictions environnementales profondes et les moyens d’action choisis pour les défendre.

D’une part, certains soutiennent que l’éco-terrorisme émerge comme une réponse nécessaire à l’urgence climatique et à la destruction croissante de la biodiversité. Ces défenseurs considèrent que les méthodes traditionnelles de plaidoyer et de sensibilisation n’ont pas réussi à générer les changements requis à la vitesse nécessaire. Pour eux, des mesures plus radicales pourraient enfin attirer l’attention du public et des décideurs sur les graves conséquences de l’inaction.

Si les groupes écologiques utilisent parfois la violence pour se faire entendre, on observe également que le spectre de l’extrémisme et de la violence est également manipulé politiquement. Les gouvernements ont recours à des étiquettes d’extrémisme ou de terrorisme pour réprimer des groupes qui remettent en question l’ordre établi ou dérangent le statu quo. Cela peut conduire à des atteintes aux droits de l’homme et à la liberté d’expression, ainsi qu’à la diabolisation injustifiée de mouvements légitimes dont la tentative de dissolution du groupe “Les soulèvements de la terre” est un exemple criant d’une telle pratique.

Ce qui met en lumière le délicat équilibre entre l’urgence de protéger l’environnement et le respect des valeurs démocratiques et des normes de non-violence. Les débats qui l’entourent reflètent la complexité inhérente à la poursuite de changements sociaux significatifs, et mettent en évidence la nécessité d’une réflexion approfondie sur les moyens les plus efficaces et éthiques de parvenir à un avenir durable.

Le féminisme peut-il être extrémiste et violent?

Pour répondre à cette question, il faudrait pouvoir définir ce qu’est le féminisme mais ce n’est pas chose facile. Christine Bard évoque cette difficulté: « La définition même du féminisme contemporain est loin d’être consensuelle, ce qui complique d’autant l’identification de ses détracteurs[10].

On a souvent du mal à imaginer que les femmes puissent être violentes. Les stéréotypes de douceur, de non violence ont encore la dent dure. Quand une femme est violente on observe que cela choque encore bien plus que dans le cas d’un homme.

Dans son ouvrage Scum Manifesto publié en 1967 Valerie Solanas défend l’idée que les hommes sont des sous-êtres qui ne devraient pas exister. [11] L’homme n’est qu’un accident biologique. Le chromosome Y étant jamais qu’un X incomplet. Elle y chante sa haine pour le genre masculin et propose une société dystopique où elle ferait disparaître les hommes.[12]Pourquoi une telle violence contre les hommes? Le monde actuel est sous domination patriarcale. Tout comme le monde de Barbie est fait pour les Barbies, notre monde actuel reste fait pour les hommes. [13] Comme la violence est inhérente au patriarcat, certains courants prônent que pour se libérer de ce carcan, le féminisme se doit donc d’être également violent. Selon Irène: “La violence comme outil du féminisme est tout simplement un moyen d’autodéfense, un moyen de survie”. [14]

Peter Gelderloos militant anarchiste expose les raisons pour lesquelles la violence est nécessaire pour mener une révolution. [15]Selon lui, on demande aux femmes de vivre des situations très violentes mais de se taire et de ne pas faire trop de bruit. Le féminisme est violent car il veut en finir avec les inégalités, et cela implique d’en finir avec les privilèges et de détruire les structures institutionnelles qui les rendent possibles. Mais est-ce que les féministes souhaitent comme Valerie Solanas l’extermination des hommes? Certainement pas mais cela arrange bien les antiféministes de diffuser de telles idées.

Dans la vraie vie, les femmes qui tuent leur ex/compagnon le font généralement pour survivre pas parce qu’elles se sentent supérieures ou pensent posséder un droit sur eux. Des femmes tuent pour obtenir la justice que le système judiciaire bourgeois, blanc et patriarcal leur refuse”. Ana Orantes a été tuée par son ex mari après qu’elle ait passé plus de 15 ans à dénoncer légalement toutes les violences qu’il lui a fait subir. Cela montre à quel point parfois les démarches légales ne sont pas suffisantes. [16] Jacqueline Sauvage a tué son mari de trois balles dans le dos pour mettre fin à des décennies de violence sur elle et ses filles. Si elle reçoit finalement une grâce présidentielle cela montre un président qui reconnait les responsabilités de l’état dans les violences subies par une femme. Elle n’était pas en situation de légitime défense mais elle vivait de la violence en permanence. Ces exemples n’illustrent pas directement ce qu’est le féminisme mais ils mettent en lumière le système violent dans lequel de nombreuses femmes vivent encore actuellement et cela partout dans le monde. Un système contre lequel les féministes doivent lutter.

Rendre illégitime le féminisme

Les féministes ont souvent été critiquées pour leur prise de parole jugée excessive et des attitudes perçues comme ridicules. Cette réalité est particulièrement prégnante au Mexique, où une moyenne de 10 féminicides et 50 viols sont dénombrés quotidiennement. Face à cette situation alarmante, les femmes, profondément affectées par ces circonstances, ont décidé de sortir dans la rue pour dénoncer cette violence. Cependant, au lieu de recevoir un soutien dans leur combat, ces manifestations ont elles aussi été critiquées pour leur véhémence, certaines personnes accusant les participantes d’affaiblir leur propre cause en utilisant des méthodes jugées trop agressives. “Il s’agit moins de questionner les histoires racontées que la façon dont ces histoires sont racontées”.[17]

Si les féministes font trop de bruit, on les taxe d’extrémisme à l’instare des mouvements écologistes. On accole souvent le mot violent pour le rendre illégitime. L’utilisation du terme ”féminazies” n’est pas récent et c’est une insulte souvent utilisée contre les féministes par leurs opposants et opposantes. [18] Rush Limbaugh, célèbre animateur radio, fait naître le terme feminazi en anglais dans les années 90. Ce mot valise n’a pas été construit au hasard. Cette insulte a surtout pour objectif d’associer féminisme et violence extrême.

“L’injure « féminazi » (…) fait partie des termes emblématiques utilisés par les communautés conservatrices et réactionnaires (ce que l’on peut appeler le « réactionnariat ») pour mettre en circulation une représentation négative des combats féministes et des femmes qui les portent..”[19] Lors de l’assassinat de Georges Besse par Joëlle Aubron et Nathalie Ménigon en 1987, c’est le féminisme qui est mis en cause alors qu’il n’était pas en avant dans les déclarations de l’organisation ou de ses membres. Dans ce cas là, cela montre également la difficulté d’imaginer que les femmes puissent s’engager politiquement et qu’elles ne sont pas limitées à être des personnes influençables et victimes de leurs sentiments. [20] Les deux femmes sont appelées les Amazones, un peuple de femmes guerrières menaçant les hommes. On fait donc ici un raccourci qui renvoie à la guerre entre les femmes et les hommes. Le féminisme devenait ainsi le bouc-émissaire de la féminisation du terrorisme. La violence des femmes est utilisée pour prouver les conséquences des excès de l’émancipation féminine.”Le propos consiste donc à mettre en relation féminisme, dérèglement social et violence, animé par la crainte que les femmes deviennent – si elles ne le sont pas déjà devenues – plus dangereuses que les hommes”. [21]

En Russie, Vladimir Poutine n’hésite pas, depuis des années, à soutenir des groupes antiféministes et homophobes comme le groupement de motards Night Wolves.[22]

En 2018, une vidéo présentant une femme aspergeant d’eau de javel l’entre-jambes d’hommes en plein « manspreading »[23] dans le métro à Saint-Petersbourg a fait grand bruit. Cette vidéo pourrait bien être une supercherie dont le contenu à été créé pour présenter le féminisme comme extrémiste et hystérique et produire un rejet chez toutes les personnes qui refusent la violence. C’est en tout cas l’avis de l’European External Action Service East Stratcom Task Force qui a jugé que la vidéo était un fake. Avant cet acte, Anna Dovgalyuk, la jeune fille qu’on voit sur la vidéo, ne se revendiquait pas féministe. De plus, la vidéo ayant été largement diffusée dans un média pro-russe financé par le gouvernement russe on peut en déduire que soit elle est le fruit d’une manipulation soit elle arrange bien le gouvernement. [24]

Le 04 avril 2023, un député de la Douma d’État, Oleg Matveïtchev, a rédigé et déposé un projet de loi proposant de qualifier officiellement le féminisme de mouvement “extrémiste”. Qu’est-ce qu’il reproche aux mouvements féministes? Ils œuvrent à détruire les valeurs traditionnelles, agissent contre la politique démographique de la Russie”. Cette loi n’est pas passée, elle est encore en cours d’étude au sein de la commission de la Douma mais rien que cette proposition montre l’état d’esprit du gouvernement vis -à -vis du féminisme.

Alors activisme ou extrémisme?

Les activistes féministes et écologiques peuvent se montrer extrême et violent. Ils le revendiquent, notre monde actuel est violent et le changement ne peut pas se faire sans casser des oeufs. Mais on assiste surtout beaucoup à l’utilisation de l’empoisonnement du puits pour les discréditer et détourner l’attention des problèmes sociaux et environnementaux auxquels ils tentent de remédier..

Il est indéniable que certains activistes féministes et écologistes adoptent des approches radicales et revendiquent l’utilisation de méthodes provocantes pour mettre en lumière les inégalités de genre et les problèmes environnementaux qui persistent dans notre société. Ils estiment que la violence symbolique est une manière de dénoncer une violence systémique bien réelle, mais cette approche divise souvent l’opinion publique et suscite des controverses.

Cependant, il est essentiel de reconnaître que le mouvement féministe et écologiste est vaste et diversifié, comprenant un éventail d’approches allant de la non-violence stricte à des formes plus radicales d’activisme. De nombreux militants et militantes travaillent de manière pacifique et constructive pour promouvoir l’égalité des sexes et la préservation de l’environnement.

      1. Définition consultée le 07 août 2023 sur le site https://www.cnrtl.fr/definition/extr%C3%A9misme
      2. P. VOITURON, «  »Écoterrorisme » à l’épreuve des représentations sociales: gouvernement et résistance », mémoire de criminologie publié en 2021-2022 et consulté sur le site file:///C:/Users/FAML/Downloads/Voituron_86801600_2022.pdf
      3. X. RAUFER, J. DUFOUR, S. QUERE, “L’éco-terrorisme : effet de loupe, pétard mouillé” dans Sécurité globale, 2018, 1, 13, p.78.
      4. C. DEMAY, B. FAVRE, « Chapitre 12. De l’état de nécessité à la désobéissance civile environnementale. Plaidoyer pour une réhabilitation macropolitique du droit », dans : Dominique Bourg éd., Désobéir pour la Terre. Défense de l’état de nécessité. Paris, 2021, p. 249-296.
      5. C. DEMAY Clémence, B. FAVRE « Chapitre 12. De l’état de nécessité à la désobéissance civile environnementale. Plaidoyer pour une réhabilitation macropolitique du droit », dans : Dominique Bourg éd., Désobéir pour la Terre. Défense de l’état de nécessité. Paris.
      6. Informations consultées le 07 août 2023 sur le site https://www.francebleu.fr/infos/societe/soulevements-de-la-terre-qui-sont-ces-militants-ecologistes-qualifies-de-radicaux-par-le-gouvernement-1200407
      7. Informations consultées le 07 août 2023 sur le site https://www.francebleu.fr/infos/societe/soulevements-de-la-terre-qui-sont-ces-militants-ecologistes-qualifies-de-radicaux-par-le-gouvernement-1200407
      8. Informations consultées le 08 août 2023 sur le site https://www.greenpeace.fr/repression-contre-les-militants-ecologistes-la-preuve-par-4/
      9. Informations consultées le 08 août 2023 sur le site https://www.greenpeace.fr/repression-contre-les-militants-ecologistes-la-preuve-par-4/
      10. Informations consultées le 12 juillet 2023 sur le site https://books.openedition.org/pur/45410?lang=fr#ftn7
      11. IRENE, La terreur féministe. Petit éloge du féminisme extrémiste, Paris, 2021, p.36.
      12. IRENE, La terreur féministe. Petit éloge du féminisme extrémiste, Paris, 2021,p.37.
      13. IRENE, La terreur féministe. Petit éloge du féminisme extrémiste, Paris, 2021,p.47.
      14. IRENE, La terreur féministe. Petit éloge du féminisme extrémiste, Paris, 2021, p.73.
      15. IRENE, La terreur féministe. Petit éloge du féminisme extrémiste, Paris, 2021, p.73.
      16. IRENE, La terreur féministe. Petit éloge du féminisme extrémiste, Paris, 2021, p.56.
      17. FAYOLLE, Le “feminist gaze” quand les femmes écrivent en féministes, 7 septembre 2023 consulté le 8 septembre 2023 sur le site
      18. A. WAGENER, « « Les féminazies sont la meilleure publicité pour le patriarcat » », Sextant [En ligne], 39 | 2023, mis en ligne le 25 mai 2023, consulté le 11 août 2023 sur le site : http://journals.openedition.org/sextant/84.
      19. A. WAGENER, « « Les féminazies sont la meilleure publicité pour le patriarcat » », Sextant [En ligne], 39 | 2023, mis en ligne le 25 mai 2023, consulté le 11 août 2023 sur le site : http://journals.openedition.org/sextant/84, p.
      20. F.Bugnon, « Chapitre 20. La médiatisation. Le cas des militantes d’Action directe », Coline Cardi éd., Penser la violence des femmes. La Découverte, 2012, pp. 361-374.
      21. Ibidem
      22. https://dandurand.uqam.ca/wp-content/uploads/2022/10/2022-10-11-CNC-femme-Washington-DGagne.pdf
      23. Le « manspreading » est un terme utilisé pour décrire le comportement où un homme s’assoit dans un espace public en écartant exagérément les jambes, occupant ainsi une partie disproportionnée. Ce comportement peut entraîner un inconfort ou une gêne pour les personnes assises à côté de lui, en réduisant leur propre espace. Le terme est souvent utilisé pour souligner les normes de genre et les privilèges associés, mettant en évidence comment certains hommes peuvent occuper l’espace public de manière plus expansive et dominante, au détriment des femmes.
      24. Informations consultées le 08 août 2023 sur le site https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/eau-de-javel-manspreading-video-operation-propagande/

Représentation de l’extrémisme, polysémie et prisme cinématographique

Lilia Vanbeveren - FAML

I.L’extrémisme, une problématique contemporaine ?

L’extrémisme est un sujet récurrent dans nos médias, nos discussions politiques et notre société en général[1]. Que ce soit en première page des journaux, au cœur de procès importants comme le verdict de la remise de peine pour les attentats de Bruxelles[2], en tant que domaine de recherche (thème central de la troisième édition de la revue scientifique Radices[3] par exemple) ou encore dans le cadre de campagnes de sensibilisation (la nouvelle campagne pour l’éducation permanente du Centre d’Action Laïque[4]), l’extrémisme en tant que concept, phénomène et débat, suscite constamment des controverses : contribuant à façonner les opinions et les représentations collectives.

Mais qu’est-ce que l’extrémisme et comment est-il représenté dans nos sociétés occidentales contemporaines ? Ces deux questions se penchent d’une part sur la définition et la délimitation du terme « extrémisme », et interrogent d’autre part les perceptions, images et idées préconçues associées à ce mot. Des perceptions qui sont, dans ce contexte-ci, étudiées principalement sous l’angle cinématographique ; un médium reconnu pour sa capacité à refléter et à questionner notre société[5], ainsi que pour ses innombrables possibilités d’inspiration et de réinvention de l’humanité, et des sociétés dans lesquelles elle évolue[6].

D’un point de vue méthodologique, cette analyse examinera dans un premier temps différentes définitions de l’extrémisme, et se concentrera par la suite sur une observation comparative de trois personnages – issues du cinéma occidental – incarnant chacun.e à leur façon une expression (d’être, de penser ou d’agir) de l’extrémisme. Les objectifs de l’article sont finalement de répondre aux deux questions initiales et de vérifier si les définitions proposées lors de la première partie correspondent aux représentations fictives, imaginaires voire potentiellement fantasmées, de l’extrémisme. Cela permettra également, en plus de présenter un point de vue socio[7] cinématographique sur ces thèmes, de déterminer dans quelle mesure les idées préconçues et stéréotypes liées à l’extrémisme influencent l’imaginaire collectif, et de quelle manière le cinéma reflète-t-il (ou pas) ces modes de pensée.

II. L’extrémisme, une complexité polysémique ?

L’extrémisme, comme mentionné précédemment, est un concept complexe qui englobe différents domaines tels que la politique[8], l’idéologie, l’éthique, la religion, la culture, les médias, l’économie et l’identité, et bien d’autres. Ses diverses transpositions soulèvent, depuis toujours, polémiques et interprétations variées selon le contexte, la culture et la perspective des analystes qui l’étudient. Malgré plusieurs tentatives de définition, sa nature multidimensionnelle le rend, du coup, encore difficile à saisir[9].

Lors de cette première partie, nous explorerons donc la polyvalence du terme « extrémisme », ainsi que les nombreux appareillements sémantiques et lexicaux qui l’étreignent – notamment avec des concepts connexes tels que le fanatisme, le fondamentalisme, le radicalisme ou encore le terrorisme ; l’intérêt étant de clarifier ces notions afin de déterminer plus précisément ce qu’est l’extrémisme, et de fournir par après des caractéristiques explicites à appliquer aux exemples cinématographiques choisis.

L’extrémisme, un terme fourre-tout ?

En dépit des divergences d’opinions, multiples sont les auteurs et autrices à relever l’ambiguïté et la porosité conceptuelles du terme « extrémisme ».

Par exemple, l’auteur Christophe BOURSEILLER a écrit – en quatrième de couverture de l’un de ses ouvrages – que « Pieuvre géante, Golem envahissant, fantasme collectif et nouvelle grande peur des bien-pensants, l’extrémisme sculpte l’actualité […] Toujours invoqué mais rarement défini, l’extrémisme serait-il la nouvelle hydre de Lerne des sciences politiques ?[10] ». Une indéfinition, mais surtout une confusion lexicale, que le philosophe Pierre-André TAGUIEFF reconnait également dans l’un de ses articles[11]. Ainsi, il y précise que la « notion d’« extrémisme » est certes une notion confuse » mais qu’« elle renvoie à des réalités qui doivent être reconnues et analysées[12] ». Une ambivalence de définition, remarque-t-il, qui résulte principalement d’une confusion systémique du mot, notamment relayée au sein de la littérature semi-savante et savante[13]. Un constat que les conférenciers Hervé LARROZE-MARRACQ et Yoan MIEYAA partagent aussi, expliquant entre autre que radicalisme et extrémisme sont généralement associés[14]. Imbrication que la chercheuse Emmanuelle HUISMAN-PERRIN relève pour sa part entre les termes radicalisme, fanatisme et extrémisme ; des dénominations souvent utilisées de manière équivalente bien que présentant chacune leurs propres « équivoques et difficultés[15] ». Enfin, le linguiste Philippe BLANCHET ajoute une dimension épistémologique à ces critiques. Il souligne que la notion de radicalisme a parfois été utilisée pour stigmatiser certaines communautés, plus particulièrement la communauté musulmane. Et que de cet amalgame – entre des pratiques culturelles ciblées et un phénomène spécifique d’utilisation et de manifestation de la terreur – est « né une perméabilité et une assimilation » entre les différents termes que sont le fondamentalisme, l’extrémisme ou encore le terrorisme[16].

Fanatisme, fondamentalisme, radicalisme et terrorisme, tous des facettes de l’extrémisme ?

La précédente partie a mis en évidence l’imprécision, même scientifique, concernant la définition de l’extrémisme et de son association (presque) systématique avec d’autres terminologies voisines. Il est de ce fait important de reprendre les terminologies citées plus haut – fanatisme, fondamentalisme, radicalisme et terrorisme – afin de les expliciter et de les nuancer par rapport à la notion d’extrémisme, qui sera définie en dernier.

Premièrement, le fanatisme se caractérise par une adhésion inconditionnelle à une cause ou à une doctrine, avec une conviction irraisonnée et une intolérance envers les autres, pouvant entraîner des actes destructeurs[17]. Forme d’extrémisme caractérisée par un engagement passionné, excessif et intransigeant envers une cause, une croyance ou une idéologie. Les fanatiques sont souvent disposés à sacrifier leurs propres intérêts, ainsi que ceux des autres, pour soutenir leur cause ou leur croyance. Le fanatisme peut être observé dans divers domaines, y compris la religion, la politique, le sport, etc.

Le fondamentalisme, quant à lui, est une forme particulière de fanatisme qui se réfère généralement à une interprétation stricte et littérale des enseignements ou des textes sacrés. Les fondamentalistes religieux, par exemple, adhèrent strictement aux principes fondamentaux de leur foi et rejettent souvent les compromis ou les interprétations modernes. Le fondamentalisme peut entraîner des attitudes rigides et parfois des actions extrêmes.se concentre principalement sur le retour aux principes fondamentaux d’une religion ou d’une idéologie politique, touchant souvent aux croyances et déclenchant des politiques éducatives conservatrices[18].

Le radicalisme, pour sa part, implique un engagement total dans les éléments essentiels de la vie, souvent associé à une dimension sacrée et à des actions sacrificielles. Il émerge d’une volonté de remettre en question ou de s’opposer radicalement à l’ordre établi, que ce soit sur le plan politique, social, religieux ou culturel. Les radicaux cherchent souvent des changements importants et sont prêts à adopter des méthodes inhabituelles ou non conventionnelles pour atteindre leurs objectifs. Le radicalisme peut être positif (comme dans le cas de réformes sociales) ou négatif (comme dans le cas du terrorisme). Il implique une processus progressif difficilement cernable, la radicalisation, car touchant d’un côté aux opinions considérées comme radicales, et de l’autre aux actes violents reliés à une idéologie. Deux aspects qui – bien que relativement proches – ne se chevauchent pas nécessairement[19].

Le terrorisme se distingue enfin par l’utilisation de la violence, des menaces ou de la coercition pour intimider ou contraindre des individus ou des gouvernements, avec le potentiel de causer des blessures graves, la mort ou la prise d’otages[20]. Il se caractérise, encore une fois, par une utilisation délibérée de la violence, de la terreur ou de l’intimidation pour atteindre des objectifs politiques, religieux, idéologiques ou sociaux. Les terroristes ciblent souvent des civils innocents dans le but de créer la peur et de faire pression sur les gouvernements ou les sociétés. Bien que le terrorisme soit souvent associé à l’extrémisme et au radicalisme, tous les extrémistes ne sont pas nécessairement des terroristes, et tous les actes terroristes ne sont pas perpétrés par des extrémistes.

Pour finir, Jacques Lesage De La Haye propose finalement une définition de l’extrémisme « comme une tendance à adopter des idées extrêmes, poussées au plus haut degré, notamment en politique et en matière de religion. Cependant, il note que l’histoire offre de nombreux exemples d’individus qualifiés à la fois d’extrémistes et de terroristes, ce qui complexifie la compréhension de ce concept[21] ». En guise de conclusion de cette phase théorique, bien que ces termes partagent des similitudes, ils ne sont pas interchangeables. Il est de ce fait essentiel de comprendre leurs distinctions pour éviter une stigmatisation souvent bien trop présente et favoriser une meilleure compréhension des comportements humains et des enjeux associés à ces notions.

III. L’extrémisme, une représentation biaisée ?

S’il est courant d’observer un large éventail lexical associé au concept d’extrémisme (ct. 1ère partie du présent article)[22] – démontrant ainsi l’omniprésence de ce sujet dans la sphère publique et médiatique – ce foisonnement documentaire s’avère cependant moins élevé lorsqu’il s’agit d’examiner les représentations de l’extrémisme dans le cinéma. Bien que les personnages de fiction ont souvent été perçus comme le reflet de préoccupations et d’enjeux de leur époque, agissant comme des miroirs des sociétés et de leurs évolutions[23], certains manquements[24] émergent quand il s’agit de trouver et de définir des personnages, ou archétypes, qui seraient « caractérisés » comme étant « extrémistes ». En effet, certaines considérations, par exemple liées aux pratiques culturelles et religieuses[25] telles que l’interdiction de personnification du sacré, peuvent parasiter la création d’images cinématographiques et limiter l’exploration scénaristique de sujets culturels « sensibles »[26]. Pourtant, malgré ces quelques entraves ou censures, il est indéniable que des représentations de ce qui est rattaché à de l’extrémisme sont largement diffusées au travers de figures fictives et de personnages de fiction. Le cinéma peut ainsi contribuer à la visibilisation et au questionnement de thématiques complexes tels que le fanatisme, la xénophobie, le racisme et l’extrémisme[27].

À titre d’exemple, il est intéressant d’examiner des personnages tels qu’Ahmed, du film Le Jeune Ahmed réalisé par Luc et Jean-Pierre Dardenne en 2019[28], V du film V pour Vendetta dirigé par James McTeigue en 2006[29], ou encore Thanos, un antagoniste majeur de l’univers Marvel créé par Jim Starlin en 1973[30]. Des exemples choisis pour leur aspect bankable mais qui semblent surtout, à première vue, très différents en termes d’origine, de position, d’idéaux et de contexte[31]. Les deux premiers sont des protagonistes ou anti-héros évoluant dans des univers qui, bien que distincts, partagent une certaine homologie avec notre réalité. Le troisième, Thanos, incarne un « méchant ultime » dans un univers métaphorique et fantastique. Trois personnages de fiction qui matérialisent chacun à leur manière une orientation possible de l’extrémisme. Alors que le jeune Ahmed illustre la manière dont les individus peuvent être manipulés pour adopter des idées extrêmes et commettre des actes violents au nom de la foi – le film explorant les mécanismes de la radicalisation chez les jeunes, mettant en lumière l’endoctrinement, la fermeture d’esprit et l’intolérance qui peuvent découler de l’extrémisme religieux – le personnage de V métaphorise quant à lui l’extrémisme politique dans un contexte dystopique. Il lutte contre un régime totalitaire oppressif mais sa quête de vengeance le pousse à utiliser des méthodes radicales, y compris la violence, pour atteindre ses objectifs. Bien qu’il soit perçu comme un héros par certains, V représente une forme d’extrémisme où les fins justifient les moyens, ce qui soulève des questions morales complexes. La fiction interroge les limites de la résistance et les conséquences de l’extrémisme politique, tout en suscitant des réflexions sur la tyrannie et la liberté individuelle. Enfin, Thanos est un antagoniste puissant de l’univers Marvel. Bien qu’il évolue dans un contexte de science-fiction, il incarne l’extrémisme idéologique à travers sa quête obsessionnelle d’acquérir les Pierres d’Infinité pour éliminer la moitié de la population de l’univers, qu’il estime être un acte de salut. Thanos représente un extrémisme de l’équilibre radical, où il est prêt à commettre des actes terribles au nom de sa vision du bien. Son personnage met en lumière les dérives de l’extrémisme idéologique, même dans des mondes imaginaires.

 

 

Illustration N° 1 : Le Jeune Ahmed, Luc et Jean-Pierre Dardenne, 2019. Illustration N° 2 : V pour Vendetta, James McTeigue, 2006. Illustration N° 3 : Avengers : Endgame, Anthony et Joe Russo, 2019.

En somme, ces trois personnages de fiction illustrent diverses interprétations de l’extrémisme. Leur présence dans le monde cinématographique offre aux spectateurs l’opportunité de réfléchir sur les mécanismes, les motivations, les conséquences et les dilemmes moraux qui peuvent en découler. Ces représentations contribuent à sensibiliser le public à ces nuances et à susciter des discussions sur ces questions complexes et pertinentes de notre société.

IV. En conclusion

En conclusion, l’extrémisme est donc bien un terme protéiforme, dont la définition, la délimitation et les embranchements sémantiques et lexicaux dépendent généralement du contexte socio-historique et culturel, ainsi que de la réception et de l’interprétation socio-situées des publics visés. Une polyvalence et une subjectivité qui se retrouvent également au cinéma. L’extrémisme peut ainsi y être représenté différemment selon les objectifs du film, le public ciblé, ou encore les attentions et la vision artistique des scénaristes et réalisateur.rice.s. Parmi ces innombrables façons et réinterprétations possibles, certains films dépeindront par exemple des portraits personnels d’’individus dont les actions sont, dans l’imaginaire populaire, apparentées à du radicalisme, du fanatisme ou de l’extrémisme (Un 22 juillet, Paul Greengrass, 2018[32]). Ces personnages peuvent ainsi être montrés en train de planifier des actes violents ou de recruter d’autres personnes dans leur poursuite de leur cause. D’autres (films) s’axeront plutôt sur la création de mouvements historiques et sur la manière dont les « groupes ou organisations extrémistes » se forment, fonctionnent et opèrent pour atteindre leurs objectifs communs (Chez nous, Lucas Belvaux, 2017[33] …). Des pratiques qui se caractérisent souvent par de la violence ou de la propagande. D’autres encore se concentreront davantage sur le processus : illustrant comment des individus ordinaires peuvent être entraînés vers l’extrémisme. Cela peut inclure des aspects psychologiques, sociaux et émotionnels du processus comme c’est le cas dans Le Jeune Ahmed (Luc et Jean-Pierre Dardenne, 2019). D’autres enfin réfléchiront aux conséquences (conflits, effets …), à la lutte ou encore aux dilemmes moraux (justice, vengeance, collaboration, dénonciation …) que peuvent engendrer les extrémismes.

Finalement , il est important de préciser que la représentation des personnages extrémistes au cinéma peut être controversée et dépend fortement de la manière dont elle est réalisée et du contexte socio-culturel dans lequel elle sera reçue. Certains films peuvent ainsi condamner et critiquer ce qui sera catalogué comme extrémisme par rapport à une norme donnée, tandis que d’autres peuvent essayer de comprendre les motivations et les facteurs qui mènent à ce phénomène. Selon leur caractéristisation, des personnages « extrémistes » peuvent ainsi être populaires et apprécié.e.s par les spectateur.rice.s pour plusieurs raisons. En effet, iels peuvent – à l’image de la personnalité humaine – être complexes et nuancé.e.s. Lorsqu’iels sont bien développé.e.s, leurs motivations peuvent être compréhensibles et faire écho à des problématiques existantes. L’adhésion et l’empathie spectatorielle n’en sont alors que renforcées. Les spectateur.rice.s loin de faire face à des personnages dichotomiques et manichéens, peuvent être interpellé.e.s, se sentir intéressé.e.s ou proches, comprendre les actions voire s’identifier à ces personnages étiquetté.e.s comme étant extrémistes et radicaux. Outre cet aspect, les personnages extrémistes servent souvent de moteur narratif à l’histoire et l’intrigue. Leurs actions, qu’elles soient jugées comme étant « bien » ou « mal », peuvent créer des tensions dramatiques qui maintiennent l’attention du public tout au long du film. Leurs (leit)motivs peuvent explorer des thèmes sociaux et politiques : leurs quêtes utilisées pour interroger des mutations sociales ou politiques et se faire mise en abyme de nos sociétés, de nos problématiques et de nos interrogations. Iels peuvent également sensibiliser, visibiliser ou même inciter le public à réfléchir à des problèmes tels que l’extrémisme, l’intolérance, l’identité, la radicalisation, etc. Et en même temps, iels peuvent également endosser un aspect exutoire ou fascinant ; représenter des facettes plus sombres de la personnalité humaine, qui existent mais qui sont souvent réprimées, mésestimées ou inconnues[34].

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    8. Entre autres, RICOTTA. Anthony. « Entre radicalisme et extrémisme : Le Vlaams Belang et Le Rassemblement national en période de crise sanitaire ». Dans RADICESInterdisciplinary Journal for the Study of Terrorism & Extremism. Organe de Coordination pour l’Analyse de la Menace. 2023. 81 pages. [Disponible en ligne]. Mis en ligne en février 2023. Consulté le 3 août 2023. URL : https://ocam.belgium.be/troisieme-edition-de-la-revue-scientifique-sur-le-terrorisme-et-lextremisme-en-ligne/.
    9. FEDIUNIN. Jules Sergei. « Des usages politiques de l’extrémisme en Russie ». Dans Cités. Vol. 92. N° 4. 2022. Pp. 165-179. [Disponible en ligne]. Consulté le 26 juillet 2023. URL : https://www.cairn.info/revue-cites-2022-4-page-165.htm.
    10. BOURSEILLER. Christophe. L’Extrémisme. Une grande peur contemporaine. CRNS Éditions. 2012. 298 pages. [Disponible en ligne]. Consulté le 3 août 2023. URL : https://www.cnrseditions.fr/catalogue/sciences-politiques-et-sociologie/lextremisme/.
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    12. Ibid.
    13. Ibid.
    14. LARROZE-MARRACQ. Hervé. MIEYAA. Yoan. « Biographies de l’extrême et parcours de radicalisation : la construction du sens au risque de la dépersonnalisation ». Dans Le sujet dans la cité. Vol. 7. N° 1. 2018. Pp. 119-134. [Disponible en ligne]. Consulté le 18 juillet 2023. URL : https://www.cairn.info/revue-le-sujet-dans-la-cite-2018-1-page-119.htm.
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    17. Ibid.
    18. Loc. Cit. BLANCHET. Philippe.
    19. BOUZAR. Dounia. CAUPENNE. Christophe. « Introduction ». Dans La tentation de l’extrémisme. Djihadistes, suprémacistes blancs et activistes de l’extrême-gauche. Mardaga. 2020. Pp. 9-14. [Disponible en ligne]. Consulté le 3 août 2023. URL : https://www.cairn.info/la-tentation-de-l-extremisme–9782804708719-page-9.htm?contenu=resume.
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    24. En tout cas en français et dans le cadre de recherche actuel.
    25. Dans cet article, ce sont « les sociétés majoritairement juives ou musulmanes dès le début du XXe siècle » qui sont étudiées. SALHAB. Sabine. « Islam, judaïsme et cinéma. Interdits religieux, questionnements identitaires ». Dans Cahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires. 2012. [Disponible en ligne]. Mis en ligne le 4 juin 2012. Consulté le 18 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/cerri/1132.
    26. SALHAB. Sabine. « Islam, judaïsme et cinéma. Interdits religieux, questionnements identitaires ». Dans Cahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires. 2012. [Disponible en ligne]. Mis en ligne le 4 juin 2012. Consulté le 18 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/cerri/1132.
    27. CONDÉ. Michel. « Le cinéma, outil d’éducation au « vivre ensemble » ? ». Dans Les Grignoux – Cinéma et Culture au cœur de la ville. 2015. 16 pages. [Disponible en ligne]. Consulté le 18 septembre 2023. URL : https://www.grignoux.be/dossiers/288/cinema_outil_educatif.
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    29. SOTINEL. Thomas. « V pour Vendetta : Londres sauvée par le terrorisme ». Dans Le Monde. [Disponible en ligne]. Publié le 18 avril 2006. Modifié le 25 avril 2006. Consulté le 18 septembre 2023. URL : https://www.lemonde.fr/cinema/article/2006/04/18/v-pour-vendetta-londres-sauvee-par-le-terrorisme_762878_3476.html.
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    31. Exemples choisis arbitrairement qui n’ont pas pour but de refléter exactement l’état des lieux actuels des représentations de l’extrémisme dans la fiction ni de recenser les personnages considérés comme extrémistes dans le domaine cinématographique ; sujet(s) et objectif(s) intéressants qui devraient, pour être complets, faire l’objet d’une étude plus approfondie.
    32. « Un 22 juillet ». Dans Wikipédia. [Disponible en ligne]. Modifié le 28 mai 2023. Consulté le 25 septembre 2023. URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_22_juillet.
    33. « Chez nous ». Dans Wikipédia. [Disponible en ligne]. Modifié le 25 juillet 2023. Consulté le 25 septembre 2023. URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_22_juillet.
    34. COTTE. Olivier. « Chapitre 8. Les personnages »,. Dans COTTE. Olivier. Adapter un livre pour le cinéma et la télévision. De l’œuvre originale au scénario : roman, théâtre, biographie, bande dessinée. Armand Colin. 2020. Pp. 139-169. [Disponible en ligne]. Consulté le 21 septembre 2023. URL : https://www.cairn.info/adapter-un-livre-pour-le-cinema-et-la-television–9782200627256-page-139.htm.